Je suis un dragon, Martin Page, 2015, 278 pages
Margot est une jeune fille normale en apparence. Solitaire certes, mais rien qui ne la fasse réellement sortir du lot. Sauf que Margot a un secret qu'elle est bien déterminée à cacher : elle est indestructible, son corps ne peut pas être blessée. Mais aucun secret, surtout de cette importance, ne peut rester indéfiniment dissimulé
« - Oui, tu es un monstre. Comme pas mal de gens. Mais toi, tu es un gentil monstre.Je suis un dragon reprend le thème classique de l'apparition et du développement d'un super-héros et en propose une version aussi crédible que possible, entre honnêteté et manipulation, entre popularité et haine. S'il ne s'agit pas d'un roman de super-héros à la DC/Marvel, plein de menaces universelles et de combats épiques, ce n'est pas pour autant juste un décor pour un roman de littérature blanche. Il est évidemment question, sous la figure super-héroïque, d'humanité et de normalité - comme la majorité des ouvrages de science-fiction - mais la question du super-héros, sa gestion et son impact, est aussi une part importante du roman.
Et Janet Xanadu pensa à elle-même, à son absence de vie sociale et sentimentale, à son attirance pour la folie et le désordre, à sa conviction que les être les plus bizarres et hors normes représentaient davantage l'universel que ceux qui entraient dans la norme. »
On ne peut même pas dire qu'il y a un aspect métaphorique tant il est clair que l'anormalité de Margot permet de parler de l'anormalité de tout un chacun, et de la difficulté de trouver sa place dans le monde. Un caractère explicite, une clarté, que j'ai trouvé très agréable et qui n'empiète pas sur un récit prenant basé pourtant essentiellement sur l'évolution du personnage de Margot. Un personnage fondamentalement bon et gentil pour un roman globalement à son image. Il pourrait presque paraitre un peu gentillet par moment, notamment au début, mais il cache en fait de véritables accès de violence et un effet d'ensemble loin d'être mièvre, tout en conservant une certaine aura de douceur et en dégageant quelque chose de réconfortant. Un très bon roman.
« Margot raconta une vie d'abandon, de trahison et de coups. Factuellement elle mentait, mais émotionnellement elle disait la vérité. L'imagination est parfois ce qui rend le mieux compte de la réalité. »Couverture : Sandrine Bonini et Merwan
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