samedi 26 janvier 2019

Sam J. Miller - Le Vêlage

Le Vêlage, Sam J. Miller, 2015, 38 pages.

Le vêlage, c'est la naissance d'un veau, la mise bas d'une vache. Le vêlage, c'est aussi la rupture d'une partie d'un glacier ayant pour conséquence la création d'un iceberg. Enfin, Le Vêlage c'est le titre d'une nouvelle de Sam J. Miller qui réussit l'exploit de répondre à ces deux définitions tout en proposant un superbe texte.

Offerte gracieusement par Albin Michel Imaginaire, Le Vêlage est la meilleure publicité possible pour La Cité de l'orque, roman à paraitre de l'auteur se situant dans le même univers. Un univers post-apocalyptique où le "post" a un très fort goût d'actualité proche, entre dérèglement climatique, guerres de l'eau et réfugiés écologiques. Un univers qui apparait ici en filigrane mais suffisamment présent pour être déjà marquant.

Et s'il est ici en arrière-plan, c'est que Le Vêlage n'est pas une simple introduction au roman, c'est une véritable histoire complète. Une histoire indéniablement triste mais qui en dit beaucoup sur les relations parents/enfants et sur les relations tout court. Si le récit est indéniablement triste, il se lit tout de même très bien grâce à une écriture qui ne provoque ni apitoiement ni déprime. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'une certaine douceur se dégage, mais il y a un quelque chose qui fait que le ton reste toujours juste.

Cela dit, Le Vêlage est avant tout un texte touchant, bouleversant même, qui mérite d'être lu. Un grand petit texte. Et n'oubliez pas : communiquer, c'est important.

D'autre avis : Yogo, FeydRautha, Célindanaé, ...

dimanche 20 janvier 2019

Écran de fumée #10 - Kidding / Taboo

Au programme du jour, deux séries que rien ne rapproche à première vue. Et pourtant, quand on y regarde de plus près, les deux peuvent parfaitement répondre à cette définition : « une première saison, comportant peu d'épisodes, portée par un acteur charismatique qui laisse néanmoins de la place aux rôles secondaires, qui à défaut d'être parfaite est efficace et donne envie de voir la suite sans trop savoir où celle-ci nous mènera ».

Kidding, Saison 1, 2018, 10 épisodes de ~30 minutes

Jeff Pickles est le présentateur, depuis de très nombreuses années, d'une émission de télévision de marionnettes pour enfants. Apprécié de tous, Monsieur Pickles est la gentillesse incarné. Mais la gentillesse peut-elle suffire à vous faire survivre quand vous perdez un enfant dans un accident et que votre famille se délite ?

Kidding c'est indéniablement Jim Carrey. Michel Gondry aussi certes, à la réalisation, qui apporte indéniablement sa patte. Et  Mais Jim Carrey est tellement parfait dans le rôle de Jeff Pickles - tellement crédible que cela en devient presque effrayant - qu'il est une raison suffisante pour regarder la série. Il faut bien sûr ne pas être allergique à l'acteur, mais sachez qu'il est ici dans un rôle plus doux, loin de ses grimaces incessantes, mais toujours avec son charisme inimitable. Pour autant les personnages secondaires ne sont pas en reste et l'équilibre se fait très bien.

Kidding est l'essence du tragicomique, entre une histoire sombre d'un homme qui tente de survivre dans un monde violent auquel il n'est pas adapté et la douce folie qui se dégage de nombreuses scènes et histoires secondaires. Kidding n'est pas une série triste ou une série drôle, c'est un réel entre-deux qui vaut surtout pour ses moments de pure poésie et pour l'inventivité qui est mise à l'oeuvre, et ce dès le générique qui change à chaque épisode.

Attention, Kidding est indéniablement une série particulière qui n'est pas nécessairement facile d'accès. J'ai personnellement mis quelques épisodes avant de m'y sentir vraiment à l'aise et d'avoir une vraie envie de la poursuivre, la série trouvant aussi réellement son rythme et son ton dans la seconde moitié de la saison. Mais la récompense est à la hauteur de l'attente, par un style propre, différent et quelques moments magiques.

Taboo, Saison 1, 2017, 8 épisodes de ~60 minutes

Londres, 1814. James Delaney rentre au pays, peu après la mort de son père, alors que tout le monde le pensait mort en Afrique. Homme changé par son récent passé, son retour vient bouleverser les plans de la royauté et de la Compagnie des Indes orientales en pleine guerre anglo-américaine. Pourquoi ? Vous regarderez.

Beaucoup n'auront besoin que d'un argument pour avoir envie de regarder Taboo : Tom Hardy. Et ils auront raison. Outre d'être avec son père et Steven Knight l'un des créateurs de la série, il en joue le personnage principal. C'est d'ailleurs faux, il ne le joue pas, il l'incarne, il l'habite, tant sa présence à l'écran est hypnotisante. Une performance magistrale, dans la lignée (pour la présence) de son rôle d'Alfie Solomons dans Peaky Blinders.

Et dans le même temps, si James Delaney est un personnage éminemment central, la série parvient à créer et faire graviter autour de lui de nombreux autres personnages qui sont chacun très bien caractérisés et s'assemblent très naturellement - exception faite peut-être de Zilpha avec laquelle j'ai eu plus que du mal. C'est d'ailleurs l'une des grandes forces de la série, ce sentiment de logique et de naturel, ce qui ne veut nullement dire que la série est prévisible, bien au contraire.

Du côté des défauts, la série est peut-être un poil lente au démarrage, mais cela monte en rythme et en puissance au fil des épisodes. Il faut aussi parler de la violence. Si celle-ci participe de la noirceur du cadre et des personnages, était-il vraiment nécessaire qu'il y ait toujours une ou deux scènes par épisode qui donnent envie de détourner le regard ?

Taboo est prévue pour durer trois saisons et cette première vient en clôturer le premier arc de manière satisfaisante, bien au-delà d'une simple introduction. Où ira la deuxième saison ? Tout est possible, et c'en est d'autant plus intéressant. Et qu'importe où cela ira : le plaisir de revoir Tom Hardy suffira.

lundi 14 janvier 2019

Laurent Genefort - Les Conquérants d'Omale

Les Conquérants d'Omale, Laurent Genefort, Tome 2/? d'Omale, 2002, 504 pages

Deuxième partie de l' "intégrale" 1 d'Omale après le roman éponyme, Les Conquérants d'Omale n'en est pas la suite car elle prend place bien plus tôt chronologiquement, à une époque où Humains et Chiles étaient en guerre ouverte. L'occasion donc d'en apprendre un peu plus sur l'Histoire d'Omale. Ou pas.

Ce deuxième tome confirme une constante : ce n'est pas pour les histoires qu'on lit Omale. Même si elle est ici meilleure - moins artificielle - que dans le premier livre, cela reste assez banal. J'y vois deux problèmes majeurs : c'est linéaire (on sait dès le départ qu'on va vivre une histoire du point A au point B et entre temps les péripéties sont... très mineures) et c'est froid (je ne me suis jamais pleinement senti investi, à l'exception des dernières pages/lignes). Sans évoquer la répartition des pages entre les trois histoires.

Quant à l'univers... Certes je l'ai mieux compris, saisi, et c'est déjà beaucoup. Mais j'en attendais un peu plus - une remarque qu'on peut généraliser à toute l'oeuvre - et surtout cela m'a semblé trop humain. Néanmoins la création reste admirable et je rejoins Gromovar sur tout le bien qu'il en dit.

Petite déception donc pour Les Conquérants d'Omale, et cette première intégrale en général. Cela manque d'un peu de flamboiement pour être réellement plaisant.

D'autre avis : Tigger Lilly, Vert, Xapur, Lorhkan, Julien, Le chien critique, ...

mardi 8 janvier 2019

Écran de fumée #9 - Mozart in the Jungle

Mozart in the Jungle, 2014-2018, terminée en 4 saisons de 10 épisodes de 25-30 minutes.

Ce n'est certes pas la série de la décennie, mais Mozart in the Jungle est suffisamment sympathique pour mériter quelques mots et, pourquoi pas, quelques heures de votre temps de visionnage. Après tout, qui peut résister à une bonne dose de folie douce et de bonne humeur ? C'est en tout cas le programme de cette comédie dramatique (comprendre : on s'amuse mais pas que, et ce sans ridicule ni vannes à gogo) qui tourne autour de l'orchestre du New York Symphony. Ah oui, j'ai oublié : la série parle de musique classique.

Ne partez pas en courant ! Oubliez vos clichés et vos mauvaises impressions : c'est de la musique classique mais c'est cool, bien plus "rock'n'roll" que ce qu'on peut imaginer. Et ce grâce aux personnages tous plus ou moins doux dingues. Ils peuvent paraitre un peu exagérés, voire caricaturaux, au premier abord mais c'est finalement pour la bonne cause et pour apporter une saine loufoquerie qui ne tourne jamais au ridicule. Tout cette bande est sublimée par le "héros" de l'histoire, le nouveau chef d'orchestre Rodrigo De Souza (et son maté), interprété magistralement par Gael Garcia Bernal, bien loin d'un chef banal et ordinaire, respirant la bonne humeur et la différence.

Mozart in the Jungle compte de nombreuses qualités mais l'une de ses principales est certainement de sans cesse se réinventer et de tenter des choses. C'est florissant et ça en est jubilatoire de voir quelles surprises nous réserve la suite. C'est étonnant et surprenant dans le bon sens des termes. Ajoutez à ça un intelligent format court (des épisodes de 25-30 minutes qu'on prend plaisir à laisser dérouler jusqu'à la dernière seconde pour profiter des morceaux de musique classique habillant les génériques de fin) qui permet de garder de la fraîcheur et vous avez une très sympathique série aussi imaginative que plaisante !

mercredi 2 janvier 2019

Laurent Genefort - Omale

Omale, Laurent Genefort, Tome 1/? d'Omale, 2001, 537 pages

Sur Omale cohabitent, plus ou moins difficilement - plutôt difficilement d'ailleurs - trois peuples : des Humains, des Chiles et des Hodgqins. Sur ce monde au passé mystérieux, plusieurs individus convergent dans une même direction, suivant d'anonymes instructions. Pour qui, pour quoi ? Telles sont les questions...

Mais plus que la quête des personnages, l'intérêt d'Omale repose sur la découverte de cette planète et de ces deux peuples extraterrestres que sont les Chiles et les Hodgqins. Ce n'est d'ailleurs pas toujours facile à imaginer et visualiser - ne me demandez pas d'expliquer clairement Omale - mais cela reste une intéressante gymnastique de l'esprit, même si de nombreux éléments rappellent - un peu trop - un certain passé terrestre.

Omale a tout du tome d'introduction. L'histoire en elle-même est peu mouvementée et est surtout une excuse pour découvrir le passé des personnages, et par conséquent visiter la planète. Cela mène à une fin assez brusque, ce qui n'est heureusement pas si dérangeant étant donné les faibles enjeux soulevés par l'intrigue.

J'aurais certainement été (très) déçu si Omale avait été un one-shot - je le suis quand même un peu, avouons-le. En l'occurrence, d'autres romans et nouvelles prennent place dans cet univers, ce qui rend acceptable ce premier volume - et première moitié de cette "intégrale 1" pour la version présentement lue. Une lecture sympathique en tant qu'introduction, qui pose plus de questions et d'envies qu'elle n'apporte de satisfaction immédiate.