La Brume l'emportera, Stéphane Arnier, 2024, 364 pages
Depuis la fin de la guerre, huit ans auparavant, entre les Daks et les Ta’moaza, une brume monte inexorablement à la surface du monde, faisant disparaitre tout ce qu'elle engloutit. Keb est un berger Dak grimpant inlassablement de plus en plus haut pour échapper à la brume. Jusqu'au jour où il rencontre Maramazoe, une guerrière Ta’moaza qui semble avoir une piste sur l'origine de la brume et va l'entraîner dans sa quête pour la stopper.
Ces deux personnages, anciens ennemis qui vont peu à peu devenir amis, sont les piliers du roman. Leur dynamique est assez classique mais elle fonctionne parfaitement bien car, au-delà d'être extrêmement attachants et touchants, les deux ont des personnalités fortes, imparfaites et crédibles. Cette crédibilité se retrouve aussi chez les antagonistes qu'ils rencontrent, aux motifs plausibles et concevables.
C'est là que se trouve la vraie particularité de La Brume l'emportera, au-delà de son cadre : la crédibilité du problème induit par la brume et l'absence de bonne réponse évidente à y apporter. Tout le roman est une longue opposition entre deux points de vue compréhensibles. Et derrière ce questionnement concret sur les conséquences de la modification du passé se cache la véritable thématique du livre : le deuil. Je dis "se cache", mais elle ne se cache en fait pas vraiment. Elle est assez limpide à appréhender tout en étant parfaitement bien intégrée et en ne prenant jamais le pas sur le récit. Ni en étant pesante d'ailleurs, en tout cas pas au-delà de la bonne tension d'un roman.
Les personnages sont excellents. Le fond est excellent. Et l'histoire en elle-même ? Excellente, évidemment. C'est un récit prenant, avec des rebondissements et surprises bien dosées, qui garde ses concepts de "fantasy temporelle" toujours compréhensibles et très visuels. La Brume l'emportera est une réussite sur tous les aspects. C'est très bien dès le début, et ça ne cesse de s'améliorer. Jusqu'à une fin absolument parfaite, pleinement dans le ton de l'ensemble, vibrante et émouvante, et qui donne encore plus de sens à tout ce que l'on vient de lire. Kiza pe !
Couverture : Cyrielle Foucher
D'autres avis : L'ours inculte, Sometimes a book, Boudicca, ...