samedi 24 juillet 2021

Écran de fumée #17 - Imaginaire netflixien

Sweet Tooth, Saison 1/?, 2021, 8 épisodes de 40-50 minutes

Deux évènements majeurs arrivent simultanément sur la planète : un virus très mortel et contagieux décime une grande partie de la population et des hybrides, mi-humains mi-animaux, naissent inexplicablement. Les deux sont-ils liés et, si oui, dans quelle mesure ? Mystère. Quelques années plus tard, dans un monde effondré, Gus, hybride mi-garçon mi-cerf vivant au fin fond d'une forêt, va devoir prendre la route pour essayer de retrouver sa mère.

Oui, on ne sait pas vraiment comment ce monde post-apocalyptique continue de vivre aussi bien en matière de pétrole et d'électricité. Voilà pour le défaut de la série - avec les, rares, effets spéciaux sur les animaux sauvages, à la rigueur. Si vous êtes capables de passer outre cela, pour le reste c'est du tout bon.

Certes, Sweet Tooth est une série sensiblement calibré qui coche tout un tas de cases du bingo des séries. Mais ce n'est pas grave parce que ça fonctionne excellemment bien. C'est prenant, entraînant, frais, tout en étant joyeux et dur à la fois. Et, surtout, Gus a une bouille incroyable, la mignonitude incarnée, en plus d'un caractère particulièrement attachant. Ce qui ne doit rien enlever au reste du casting, lui aussi de qualité. Il n'y a pas à bouder son plaisir : ça fonctionne très bien et je reprendrai une saison 2, Ô combien nécessaire, avec grand plaisir.

Disponible sur Netflix


Katla, Saison 1/1, 2021, 8 épisodes de 40-45 minutes

Depuis un an, le Katla, volcan islandais enfoui sous une calotte glaciaire, est réveillé. La petite ville de Vik, à proximité, subit de plein fouet ses effets, avec en premier lieu les cendres volcaniques qui obstruent le ciel et recouvrent tout, donnant au paysage des allures apocalyptiques. Alors que la plupart sont partis, quelques habitants continuent d'y vivre, espérant la fin prochaine de l'éruption. Une vie presque tranquille. Jusqu'à ce qu'une femme recouverte de cendres apparaisse à proximité du volcan.

Si ce mystère est un élément essentiel et important de la série, le focus principal se porte sur les différents personnages principaux. Impossible néanmoins d'en dire beaucoup plus, le thème du récit étant lui-même une clé de la série et doit se découvrir au visionnage. Notez seulement que le sujet est fort, essentiel, et très bien pensé. Surtout, pour une série "à personnages", l'intrigue n'est pas en reste et permet de conserver une tension permanente et régulièrement ravivée, ajoutant une agréable facilité de visionnage.

Katla est une excellente série teintée d'imaginaire. Puissante et sans compromis dans son propos - attention, le dernier épisode est particulièrement violent psychologiquement, au point de démarrer par un trigger warning -, elle est aussi somptueuse dans son cadre islandais cendreux. Assurément une série à voir.

Disponible sur Netflix
D'autres avis : Poutine Hurlante (merci à lui pour la découverte !), ...

dimanche 18 juillet 2021

Une Heure-Lumière - Hors-Série 2021 (Greg Egan - Un Château sous la mer)

Un Château sous la mer, Greg Egan, 2020, 73 pages

Rufus, Linus, Caius et Silus sont des quadruplés, semblables physiquement et partageant un lien psychique très fort. Et ce n'est pas qu'une image. En effet, sujets d'expérience lorsqu'ils étaient petits, ils partagent désormais tous leurs souvenirs, chacun récupérant chaque nuit les souvenirs de sa fratrie comme si c'étaient les siens. Mais un jour, le lien avec Linus est coupé et ce dernier disparait brutalement.

Un Château sous la mer est une novella très prenante qui se lit comme un thriller. Le postulat science-fictif servant de base au récit est abordable, malgré une aura assez impressionnante, et ajoute des complications intéressantes à l'intrigue. Rien n'est particulièrement très développé, mais cela n'empêche pas le texte d'être fort plaisant et accessible.

À l'exception de sa fin, abrupte au possible. J'ai beau avoir relu trois-quatre fois les trois dernières pages, je suis absolument incapable de les expliciter. C'est au-delà de la fin ouverte : quelques infimes indications sont données et au lecteur de se débrouiller avec ça, sans réels indices. J'ai surement raté quelque chose ou suis trop bête pour le comprendre, je peux l'admettre. Mais la frustration est d'autant plus forte que la rupture est vraiment brutale et inattendue. C'est d'autant plus dommage que tout ce qui précédait était vraiment appréciable.

Couverture : Aurélien Police / Traduction : L'Épaule d'Orion
D'autres avis : FeydRautha, Dionysos, Apophis, Vert, Célinedanaé, ...

lundi 12 juillet 2021

Rosa Montero - Le Temps de la haine

Le Temps de la haine, Rosa Montero, Tome 3/3 des aventures de Bruna Husky, 2018, 354 pages

Le Temps de la haine est le troisième et dernier roman mettant en scène la réplicante Bruna Husky, après Des Larmes sous la pluie et Le Poids du coeur. Il est dans la droite lignée de ce dernier, c'est-à-dire bon sans être au niveau d'excellence du tome initial.

Le Temps de la haine est un roman qui se lit comme un énième tome d'une série policière. Vous y retrouvez avec plaisir un cadre et des personnages connus, évoluant - un peu - en marge d'une intrigue de type thriller. Cette dernière ne révolutionne rien, voire est globalement prévisible, mais reste pourtant très efficace. C'est une alternance, à parts quasi-égales, de petites choses bien pensées et d'autres petites choses moins inspirées et plus faciles - dont la fin en mode TGV. Le tout reste majoritairement positif, fonctionnant surtout par l'attachement préalable que le lecteur a pour la série.

Couverture : Illustration © Westend61 - Getty images / Traduction : Myriam Chirousse
D'autres avis : Lune, Gromovar, Yogo, ...

mardi 6 juillet 2021

Lucius Shepard - Abimagique

Abimagique, Lucius Shepard, 2007, 100 pages

Tu ouvres le livre et, connaissant l'auteur, tu crois savoir à quoi t'attendre. Pourtant une première surprise t'attend avec cette narration à la deuxième personne. L'étonnement sera bref. Quelques pages et tu as déjà oublié le procédé, preuve suffisante qu'il fonctionne. Tu en découvriras les raisons en postface. Peu importe qu'elles soient anecdotiques et importantes à la fois : ta lecture est plaisante et tu es pleinement dans l'ouvrage.

Tu fais la rencontre d'Abi - personne ne l'appelle réellement Abimagique - et tu es rapidement envouté. C'est une attirance inexplicable, presque magique, qui bouleversera ta vie de manière inattendue. C'est sexuel oui, forcément, mais ce n'est pas que ça, c'est bien plus que ça. Tu côtoieras l'insaisissable et tu tenteras d'y appliquer des mots pour lui donner du sens. Peine presque perdue. Mais ton corps ressent, comprend, lui, et c'est ce qui compte.

Tu vivras une histoire d'amour, une sorte d'histoire d'amour, comme seul Lucius Shepard sait en faire. Tu regretteras ton manque de foi initial : rien de rétrograde ici, au contraire. C'est crue, brute, étrange, atmosphérique. C'est la vie, une certaine vie, dérangeante mais finalement si vraie. Et tu concluras ta lecture par des mots sublimes, marqué par cette rencontre, une rencontre comme on en fait peu.

Couverture : Aurélien Police / Traduction : Jean-Daniel Brèque
D'autres avis : Vert, Gromovar, FeydRautha, Lorhkan, Celinedanaé, Elhyandra, OmbreBones, Apophis, Boudicca, Yuyine, ...