jeudi 28 février 2013

Haruki Murakami - Saules aveugles, femme endormie

Saules aveugles, femme endormie, Haruki Murakami, 2006, 428 pages.

Oui, je sais, encore. Promis, c'est le dernier, au moins pour quelque temps. Mais il fallait bien que je finisse mon triptyque sur les nouvelles d'Haruki Murakami. Et en le chroniquant ce mois-ci, je peux dire que février était vraiment le mois Murakami. Grâce au Challenge Écrivains Japonais d'Adalana, encore merci.
Pour rappel, j'ai déjà lu Après le tremblement de terre et L'éléphant s'évapore. D'ailleurs, si vous voulez mon avis sur Saules aveugles, femme endormie, je ne peux que que vous inviter à lire celui de L'éléphant s'évapore, puisque fondamentalement les deux vont se confondre. C'est normal, les deux livres ont le même principe : des nouvelles (23 pour ce recueil) qui partent généralement d'un quotidien banal et normal jusqu'à ce qu'un élément absurde ou fantastique apparaisse. Bon, c'est caricatural (légèrement) car on ne peut pas résumer 40 nouvelles en une phrase, mais l'idée est plutôt là.

Du coup, je ne vais pas radoter et reprendre ce que j'ai écrit sur le premier livre, vous irez lire le premier avis si vous en avez envie. Par contre, je peux me permettre d'évoquer quelques points plus spécifiques. Comme la présence de Murakami en tant que personnage dans une des nouvelles. Son nom est cité et le personnage est aussi écrivain, il est dur d'y voir une simple coïncidence. Bon, c'est surprenant, un joli clin d'oeil, mais pas de quoi en faire des tonnes a priori. Sauf qu'après avoir lu cette nouvelle, j'ai repensé à toutes les autres où le personnage principal est aussi écrivain... une chose assez fréquente avais-je remarqué. Surgit alors l'interrogation : Murakami se met-il en scène très souvent ? Y a t-il une part de vérité dans tout cela ?

Ah, tout plein de questions sans réponse, d'idées filées et mélangées, de petits mystères qu'on se crée nous-mêmes, c'est totalement murakamiesque ! Parce que si cet afflux de questions m'est advenu avec la présence de Murakami, cela arrive fréquemment, notamment au sujet des personnages. Avec par exemple des noms qui reviennent d'une nouvelle à une autre : même personnage ? simple homonyme ? Je n'ai jamais été sûr de rien... Sacré Notoboru Watanabe !

Bref, c'est un recueil à lire. Particulier, mais tellement bon. D'ailleurs, je pense que pour le savourer au maximum, il faut aller y piocher une nouvelle par-ci, par-là, de temps en temps, et ne pas le lire d'une traite. Pour laisser à chaque histoire le temps d'être savouré et de libérer ses sensations, individuellement. Enfin, je dis ça, mais vous pouvez aussi le dévorer d'un bout à l'autre comme moi, et n'y revenir ainsi que plus tard. Libre à vous !

lundi 25 février 2013

Haruki Murakami - Après le tremblement de terre

Après le tremblement de terre, Haruki Murakami, 2000, 158 pages.

Haruki Murakami ? Tiens, n'aurions-nous pas déjà vu ce nom il y a peu de temps ? Il se pourrait bien... Peut-être avec L'éléphant s'évapore, recueil de nouvelles que j'avais fortement apprécié. Le tout découvert dans le cadre du Challenge Écrivains Japonais d'Adalana.

Une deuxième lecture de Murakami donc. Et encore un recueil de nouvelles, 6 cette fois. Je n'ai même pas fait exprès. Je l'ai découvert, tout petit, tout fébrile, dans les rayons de la bibliothèque, exhibant à mes yeux le nom de Murakami, m'implorant de le lire. Je n'ai pas pu résister (après un petit coup d'oeil à la quatrième de couverture quand même). Ainsi je me retrouve devant 6 nouvelles, traitant chacune de la vie d'un personnage, affecté d'une manière ou d'une autre par le séisme de Kobe (fait réel). Plutôt d'une autre manière d'ailleurs, car les références au tremblement de terre ne sont pas forcément très explicites, ni très cruciales à première vue.

Je dois l'avouer, je m'attendais à quelque chose d'un peu plus concret (vis-à-vis du séisme). Pour moi, chaque nouvelle pourrait exister indépendamment du "recueil spécial séisme", et quasiment du séisme en lui-même. Après, c'est sûr qu'en y réfléchissant, on peut véritablement trouver des liens entre les réactions des personnages et le désastre, mais on ne sait jamais si c'est ce qu'a voulu dire l'auteur, ou si c'est nous qui cherchons trop loin, pour forcément y trouver une raison. D'un autre côté, c'est un peu la magie de Murakami : on ne sait jamais véritablement, il faut juste accepter et apprécier. Mais quand même.

Au final, je crois que je n'ai pas trouvé cette lecture aussi fantastique que la première. D'ailleurs, dans tous les sens du terme, car les histoires sont plus réelles, moins surnaturelles et inexplicables. A l'exception de Crapaudin sauve Tokyo, qui est totalement folle, et encore, il peut y avoir une rationalisation. Cela reste néanmoins une lecture sympathique.

vendredi 22 février 2013

Laurent Genefort - Points chauds

Points chauds, Laurent Genefort, 2012, 229 pages.

Oui, vous ne rêvez pas, c'est un français ! Un auteur français ! Hip hip hip... Hourra !
Hum, excusez-moi, mais il faut bien que je rattrape mon manque de patriotisme dans mes lectures... car oui, c'est tout de même assez rare que je lise de la littérature qui n'a pas eu besoin de traduction pour arriver jusqu'à moi.
Bref, je me suis porté vers un livre de Laurent Genefort, auteur prolifique. Pourquoi je dis ça ? Hum, je ne sais pas... peut-être parce qu'en ouvrant le livre, la deuxième page comporte la liste des oeuvres du même auteur. Juste impressionnant. (merci à Lune, d'Un papillon dans la Lune, pour avoir pris la photo et m'éviter de le faire)


Mais cela ne veut pas forcément dire grand chose (ok, un petit peu quand même). J'ai donc plongé dans un futur proche, où les aliens débarquent sur la Terre. Je généralise en disant "aliens", mais il ne s'agit pas que d'extraterrestres verts ressemblant à E.T. Non, nous avons le droit ici à toute une panoplie d'aliens en tout genre et en toute forme. Et cette précision me permet de remercier le carnet de croquis à la fin du livre, qui donne rapidement une idée de ces diverses formes, et qui est bien pratique.

Ils débarquent donc. Quelle va pouvoir être l'histoire ? Et bien, je viens de vous le dire : ils débarquent. Pas de reconquête de la planète, pas d'anéantissement de la race humaine, non, juste de l'adaptation. Comment réagirait-on face à une arrivée extraterrestre ? Ce sont des éléments de réponse à cette question que nous fournit Laurent Genefort, via le suivi de quelques humains en contact avec les aliens, chacun en un lieu, une année et une situation différente.

On est vraiment face à un livre de science-fiction qui nous amène à réfléchir sur nous-même, que ce soit dans un futur remplit d'aliens (aidé en cela par le fait que l'histoire se déroule à partir de 2019, dans un monde que l'on peut reconnaître), autant que dans notre présent.
C'est différent d'une histoire classique, avec un schéma narratif strict. C'est différent, et c'est bien.

mardi 19 février 2013

Haruki Murakami - L'éléphant s'évapore

L'éléphant s'évapore, Haruki Murakami, 1993, 416 pages.

Ma deuxième lecture faite dans le cadre du Challenge Écrivains Japonais d'Adalana, qui permet de découvrir chaque mois un auteur japonais différent. Et le mois de février est consacré à Haruki Murakami. Autant avec Keigo Higashino le choix était restreint, autant cette fois les possibilités sont nombreuses. J'ai pas mal hésité avant de me décider : de nombreux romans étaient à disposition, mais aucun résumé ne m'a totalement emballé. Heureusement, Murakami n'écrit pas seulement des romans, mais aussi énormément de nouvelles. Et après avoir lu la quatrième de couverture présente au-dessus, comment ne pas être tenté ?
C'est donc parti pour L'éléphant s'évapore, recueil de 17 nouvelles.

Des nouvelles qui ont toutes quelques caractéristiques communes. En effet, elles prennent toutes racines dans  la vie d'une personne ordinaire, d'un quidam (oui, je suis assez fier de pouvoir placer "quidam"). Une personne quelconque vivant sa vie normale (mais si, fabriquer des éléphants est tout à fait commun). Jusqu'à ce qu'un petit quelque chose dérape et qu'un soupçon de fantastique et d'irréalisme apparaisse. Avis à ceux qui n'aiment que les histoires carrés, où tout est expliqué et où les histoires ont un début et une fin, mieux vaut que vous passiez votre chemin.

Je ne peux que citer la quatrième de couverture, puisqu'elle dit vraiment bien les choses : "délicieusement drôle, poétique et bizarre", "des situations d'apparence anodine qui basculent dans l'absurde". C'est exactement ça. Il y a une vraie part de mystère, de folie et de poésie. Et souvent pas de véritables fins : l'histoire peut se terminer à n'importe quel moment, laissant plus ou moins de travail à notre imagination. Cela peut être déstabilisant. Mais cela créé aussi une atmosphère autour de ces histoires, et nous plonge dans un état d'esprit tout particulier.

Il faut que je le dise : j'ai trouvé ça tout simplement beau. Des petits moments de vies qui font voyager et réfléchir. De l'ordinaire qui devient unique.
Cela ne peut que me pousser à continuer ma découverte d'Haruki Murakami, et aller surement flâner du côté de ses romans, voir si on y retrouve la même magie.

samedi 16 février 2013

Alfred Bester & Roger Zelazny - Le Troqueur d'âmes

Le Troqueur d'âmes, Alfred Bester & Roger Zelazny, 1998, 221 pages.

Ce n'est pas tous les jours que l'on lit une oeuvre doublement posthume. Surtout écrite par deux des pionniers de la science-fiction américaine (enfin, je crois, plus ou moins...). C'est pourtant le cas ici. Commencée par Alfred Bester, elle sera terminée par Roger Zelazny (dont je pense avoir déjà entendu le nom, cité par Asimov dans The Early Asimov) après la mort de ce premier, mais publié seulement trois ans après le décès de ce dernier. C'est déjà une aventure en soi.

Compliqué ? Pourtant, ce n'est que la partie facile à comprendre du livre.
J'en rajoute peut-être un peu. C'est vrai, le début n'est pas si dur. Il est même plutôt engageant. Un journaliste en reportage dans une bourse d'échange de morceaux d'êtres humains (ou pas, d'ailleurs), c'est prometteur. On sent le mystère sous-jacent, et on imagine le potentiel qu'a ce système d'échange de capacités.
La peur commence légèrement à percer quand on se rend compte qu'il faut un peu de connaissance pour comprendre les péripéties en référence à Beethoven ou Poe... Mais cela passe, on comprend au moins dans les grandes lignes, et on se dit que, de toute manière, par la suite on va avoir le droit à une plus grosse intrigue.

Bingo ! Sauf que c'est le début de la fin. C'est peut-être seulement moi, puisque je sais que j'ai toujours un peu de mal avec la science-fiction quand ça se complexifie un peu trop, que la technicité est trop présente. Mais tout de même... c'est super compliqué.
De deux manières : dans les explications de certains phénomènes (ça encore, ça peut passer), mais aussi dans l'intrigue en elle-même (qui découle en partie des explications ardues, mais pas que). Réellement, j'ai rarement aussi peu compris un livre. Je suis quasiment incapable de vous expliquer la deuxième moitié de l'histoire. Ce qui n'est pas bon signe.

On ne peut pas nier qu'il y a de bonnes idées. Mais peut-être trop d'idées justement, qui ne se permettent pas les unes les autres de se développer correctement. Une petite déception après un bon départ.

mercredi 13 février 2013

David Gemmell - Renégats

Renégats, David Gemmell, 1989, 441 pages.

David Gemmell est, de ce que j'ai lu, un grand auteur d'heroic fantasy britannique. Je dois avouer que je ne connaissais son nom que très vaguement, et n'avait jamais rien lu de sa part (oui, je dis souvent cela...). Vous vous demandez surement pourquoi j'ai choisi de lire ce livre ? Non ? Vraiment ? Bon, je vous le dis quand même : le titre était sympa. Bien meilleur à mon goût que sa version anglaise d'ailleurs : Knights of Dark Renown. Y'a pas à dire, Renégats, ça fait un bon titre. Ajoutez à cela une couverture qui donne le ton du récit, et une quatrième de couverture pas repoussante, et c'est parti !

Oh, j'ai parlé plus haut d'heroic fantasy. Ma connaissance des termes permettant de classer les livres en différentes catégories étant aussi grande qu'un haricot blanc dans un champ de ballons de kinball, tout ce que j'en dis peut être soumis à contestation. L'heroic fantasy se caractérise principalement, selon moi, par une histoire se déroulant dans un univers moyenâgeux, avec souvent un peu de magie et une lutte du bien contre le mal (en très résumé). Ce qui collerait pour Renégats.

Mais en cherchant un peu (ok, j'ai lu wikipédia, mais ça compte quand même, non ?), il semblerait qu'une nuance m'ait échappé. Dans l'heroic fantasy, il y a un héros, potentiellement accompagné d'un ou deux camarades. Mais quand il s'agit d'un groupe ou de plusieurs personnages principaux, on se retrouve dans de la high fantasy. Ce qui est le cas ici. Ça n'apporte pas grand chose pour la lecture, mais un peu de culture inutile et conflictuelle (parce que j'imagine bien que tout le monde ne doit pas être en accord sur ça), ça ne peut pas faire de mal.

Bref, le livre en lui-même.
Si vous voulez faire découvrir la high/heroic/blabla fantasy à quelqu'un, je pense que ce livre est parfait. Il comporte tous les éléments de base, c'est simple, ça se lit facilement. Rien de vraiment particulier, hormis la manière dont la magie est perçue (une jolie trouvaille). On devine la plupart des rebondissements avant qu'ils n'aient lieu, mais pour autant ça reste un livre sympa, grâce notamment au nombre de personnages que l'on suit, donnant du rythme au roman.
Il faut tout de même que j'évoque la fin. Assez brusque. Personnellement, ça ne me dérange pas particulièrement. L'essentiel y est, et je préfère cela à une fin à rallonge qui n'apporte rien et gâche un peu le dénouement. Mais cela pourra "choquer" certains d'entre vous.

Je vais moi-même finir légèrement brusquement, mais pour une autre raison : léger "coup de gueule" contre la traduction. J'ai rarement vu autant de coquilles et de mots manquants dans un livre. J'ose presque espérer qu'il n'y a pas eu de relecture, cela pourrait donner une explication...

dimanche 10 février 2013

Neil Gaiman - Neverwhere

Neverwhere, Neil Gaiman, 1996, 360 pages.

Je ne peux pas me retenir, je dois commencer en le disant : comment peut-on oser publier une couverture aussi moche ? Cela ne parait peut-être pas énorme comme ça, en image (quoique déjà, c'est assez affreux), mais en vrai, en dur, c'est réellement horrible. D'autant plus que même en ayant lu le livre, je n'en comprends pas du tout la signification... Un mauvais point de départ, compensé par ma précédente expérience de lecture de Neil Gaiman, American Gods (qui avait une bien meilleure couverture).

Oui, deuxième lecture de Gaiman en peu de temps. Cela ne peut que vous confirmer mon appréciation de la première. Soyons clairs tout de suite : celle-ci est au moins aussi bonne. Peut-être même un peu meilleure. Différentes en tout cas (avec quelques similitudes de style, mais c'est un bon point). Si American Gods revisitait le road-trip, Neverwhere reprend lui le principe de la quête (il doit y avoir un mot pour mieux définir le genre, mais je ne le trouve pas) : la formation d'un groupe de héros, un objectif, des lieux à découvrir, des épreuves, ... Cela peut paraître banal, mais à la sauce Neil Gaiman, c'est juste savoureux.

L'histoire est bonne, mais ce qui fait vraiment la différence, selon moi, ce sont les personnages. Tous plus énormes les uns que les autres. La plupart mériterait un livre à part entière sur leur vie. Chacun à son caractère et ses caractéristiques, mais tous ont en commun d'être attachants (par des côtés différents) et surtout drôles (pas forcément volontairement d'ailleurs, mais l'addition de leurs folies respectives donnent des dialogues qui vous obligeront à garder le sourire).
Et s'il ne fallait en retenir qu'un, j'en garderais deux, mais qui ne font qu'un : Croup et Vandemar. Pardon : M. Croup et M. Vandemar. Duo de tueurs, ce sont les méchants de l'histoire, mais vous ne pourrez que les adorer.
« Il existe quatre moyens faciles, si l'on est observateur, de distinguer M. Croup et M. Vandemar : d'abord, M. Vandemar mesure deux têtes et demie de plus que M. Croup ; ensuite, M. Croup a des yeux d'un bleu de porcelaine fané tandis que M. Vandemar a les yeux marrons ; en troisième lieu, si M. Vandemar a fabriqué à partir des crânes de quatre corbeaux les bagues qu'il porte à la main droite, M. Croup n'arbore aucun bijou visible ; quatrièmement, M. Croup aime les mots, tandis que M. Vandemar a toujours faim. Et de plus, ils ne se ressemblent absolument pas. »
Il y aurait tellement de citations à retranscrire. Mais le plus simple, c'est que vous lisiez Neverwhere.

jeudi 7 février 2013

Robert Charles Wilson - Darwinia

Darwinia, Robert Charles Wilson, 1998, 375 pages.

J'avais souvent entendu parler de Robert Charles Wilson, auteur multiplement primé, toujours en bien, mais n'était encore jamais allé à la rencontre d'un de ses livres. C'est fait.

Les débuts furent difficiles. L'Europe disparaît et est remplacée par des terres sauvages ; cela fascine Guildford Law, qui veut s'y rendre pour percer le mystère de cette disparition (car oui, il trouve ça plutôt bizarre qu'un continent disparaisse, je ne comprends pas pourquoi...). La première partie se concentre donc sur l'expédition et l'exploration du nouveau monde. Et en la lisant, je dois avouer que j'ai été obligé de  vérifier si ce livre ne datait pas du XIXème siècle, car j'avais l'impression d'être devant un roman d'aventures de Jules Verne.
Je vous entends crier : "Oh, mais Jules Verne c'est bien, pourquoi il critique Jules Verne, c'est un grand auteur, etc.". Je suis d'accord, et ce n'est pas véritablement une critique que je fais, juste une comparaison pour que vous compreniez bien mon problème. Cela partait comme un roman d'aventures sympa, mais sans grande originalité, un peu "bateau" (aucun jeu de mots avec l'histoire ou la couverture). Pour un auteur ayant sa réputation, cela me paraissait un peu faible. Accordons quand même du crédit au personnage d'Elias Vale, qui laisse planer l'espoir que quelque chose se trame.

Oui, quelque chose se trame. Laissez passer cette première partie, attendez l'Interlude, et comprenez que l'histoire ne fait que commencer. A partir de là, on plonge totalement dans le mystère et l'univers de la Darwinie. Et on se retrouve face à la rencontre entre Jules Verne et la science-fiction. C'est prenant, c'est surprenant (je pourrais placer "comprenant" aussi, mais je le garde pour une autre fois). Une belle montée en puissance pour un livre qu'on apprécie de plus en plus au fil des pages.

lundi 4 février 2013

Clifford D. Simak - Demain les chiens

Demain les chiens, Clifford D. Simak, 1944, 311 pages.

En m'informant sur Des milliards de tapis de cheveux, j'avais lu qu'on y trouvait un système de "nouvelles cohérentes" (oui, si on veut..), tout comme, notamment, Demain les chiens. Une bonne raison d'essayer ce livre. Même si ce genre d'attente préalable peut jouer sur l'avis qu'on va se faire d'un livre. Elle va jouer. Surtout quand on se rend compte que Demain les chiens n'a aucun rapport avec l'oeuvre d'Andreas Eschbach.

Ok, "aucun rapport" est peut-être un peu exagéré. D'accord, on peut dire qu'il s'agit de nouvelles, et qu'elles sont liées entre elles pour créer quelque chose de plus grand. Mais c'est vraiment différent. Il y a un point primordial, selon moi, de distinction : dans Des milliards de tapis de cheveux, on rentre dans un univers, au fur et à mesure, et on avance avec chaque chapitre ; dans Demain les chiens, on rentre, on sort, on va plus loin, on re-rentre, on re-sort, etc.
Et c'est à force d'écrire (hop, vous avez le droit au making-off de la chronique en même temps que la chronique) que je comprends enfin la différence : dans le premier, je n'ai vu qu'une histoire, avec beaucoup de personnages ; dans celui-ci, je vois plusieurs histoires différentes.

Revenons sur le livre en lui-même : nous sommes face à 8 nouvelles se déroulant à des époques différentes, mais avec un élément commun : la famille Webster. Le tout entrant dans une histoire commune, ou plutôt dans l'Histoire commune. En effet, il semble que ce recueil soit une sorte de mythologie pour chiens, les récits traditionnelles sur leurs origines.
Soit. L'idée est bonne. Mais elle ne nous apporte, à nous humains, rien. On nous offre cela comme des mystères, les notes entre les nouvelles parlent des différentes interprétations des philosophes canins,... Sauf que pour nous, ce sont juste des histoires de science-fiction.

Tout cela m'a un peu gâché la lecture. J'ai d'abord attendu longtemps l'arrivée des chiens (avec un vrai rôle) dans les nouvelles, puis j'espérais quelque chose qui pourrait me faire lire ça comme une bible canine, je cherchais le mystère et la recherche. J'ai fini le livre en cherchant toujours, avec un goût bizarre en bouche.
Pourtant, il n'est pas mauvais. Pire : plus j'y pense, plus il me parait bon. L'histoire est vraiment originale, il y a de bonnes idées (si vous avez l'impression que j'écris souvent cette phrase, sachez que moi aussi), et ça peut même tenir debout en tant que tradition canine.

Mais pourquoi, pourquoi nous le vendre ainsi ? Pourquoi me gâcher le plaisir que j'aurais eu en lisant simplement un livre dont l'histoire aurait été la montée de la civilisation canine ? Pourquoi m'obliger à ne même pas savoir en définitive ce que je pense de ce livre ?

vendredi 1 février 2013

Neil Gaiman - American Gods

American Gods, Neil Gaiman, 2001, 687 pages.

Prenez des dieux scandinaves, égyptiens, indiens,... un peu de tout (enfin, avouons-le, les nordiques ont quand même une classe supérieure). Prenez un monde moderne. Prenez des symboles de ce monde moderne. Ajoutez un homme ayant à la fois des accroches du côté des Dieux et du côté du modernisme. Mélangez le tout. Saupoudrez d'humour. Savourez American Gods.

Évidemment, les différents ingrédients offrent un cocktail savoureux et explosif. Guerrier même, on peut le dire, puisque c'est quasiment le point de départ de l'intrigue : une guerre entre anciens et "nouveaux" Dieux. Cela semble prometteur, n'est-ce pas ? Ça l'est.

L'histoire se concentre sur la préparation de cette guerre, en suivant le personnage d'Ombre, recruté par Voyageur. Beaucoup de mystères et d'incompréhensions pour Ombre. Pour nous aussi. Au fur et à mesure, quelques révélations, une compréhension globale pour Ombre, ou plutôt une acceptation de la situation. Pour nous aussi.
C'est l'un des gros points forts du livre à mon avis : on se retrouve complètement dans la même situation que le personne principal, à essayer de comprendre ce qui se passe, à se demander si tout cela est réel, à se questionner sur ce que cela représente. Comme lui, on est longtemps incapable d'expliquer clairement et dans le détail tous les éléments, mais on s'intègre au schéma global, on comprend inconsciemment et on accepte. Et cela crée une véritable empathie pour Ombre

Pour le reste, c'est finalement un road-trip (même si honnêtement, je n'y ai pas pensé en le lisant) à travers l'Amérique, ponctué d'aventures, de rebondissements, d'humour et de simplicité (dans le style et la langue), qui donne envie, une fois la lecture complétée, d'aller à la recherche de certains lieux.

Un vraiment bon moment à passer. À essayer (et aimer).