mercredi 19 août 2015

Orson Scott Card - La Stratégie Ender

La Stratégie Ender, Orson Scott Card, 1985, 383 pages.

Andrew Wiggins, dit Ender, est le Troisième enfant de sa famille. Surdoué, monitoré depuis toujours, il représente le dernier espoir de l'humanité face aux doryphores, l'envahisseur extraterrestre. Il est envoyé dans une école orbitale, basé sur les jeux, pour apprendre à devenir un grand commandant.

Sur le papier, La Stratégie Ender est un roman de sf militariste tout ce qu'il y a de plus classique. Un jeune héros intelligent qui doit sauver l'humanité après avoir passé un paquet d'épreuves, c'est presque habituel. Et pourtant, il apparaît au fil des pages être bien plus que ça : c'est un grand roman.

Si l'utilisation du jeu en tant que péripéties principales peut déjà être satisfaisante en soi, elle n'est qu'un des multiples éléments qui rendent l'intrigue prenante. Le principal étant surement Ender, héros empathique, parfaitement adulte, humain, malgré son âge, qui donne envie de le suivre et de le voir réussir.

Mais le rythme de l'intrigue ne fait pas tout et, alors qu'il aurait pu juste être un bon roman de science-fiction, La Stratégie Ender ne cesse de s'améliorer et s'avère bien plus profond que prévu, ajoutant de la qualité à la qualité. Cerise sur le gâteau, même s'il comporte des suites, il peut se lire indépendamment et ne nécessite pas impérativement de lire les tomes suivants. Aucune excuse de ne pas rattraper ce classique si ce n'est pas encore fait.


Deuxième escale pour le Summer Star Wars

dimanche 16 août 2015

Spider & Jeanne Robinson - La Danse des étoiles

 La Danse des étoiles, Jeanne & Spider Robinson, 1977, 363 pages.

Shara Drummond est une danseuse de talent. Son seul problème est sa taille et ses formes, l'empêchant de se fondre au sein d'un groupe et de faire carrière sur Terre. Mais si ce n'est pas possible sur Terre, peut-être est-ce possible dans l'espace ?

La Danse des étoiles est un roman dont le point de départ, et le fil rouge, est la danse. Sujet peu commun, surtout pour un livre de science-fiction, et qui devient pourtant ici éminemment intéressant. Le fait que Jeanne Robinson fut danseuse et chorégraphe n'est pas innocent à cela, et l'on ressent dès le premier chapitre la passion pour cet art qui se dégage au fil des phrases.

Mais La Danse des étoiles parvient dans le même temps à être un vrai roman de science-fiction aux idées très intéressantes. Surtout, il parvient à évoluer au fil des trois parties qui le composent et le rythment. On ne tombe jamais dans l'ennui ou la routine, la nouveauté est toujours présente.

Dynamique et novateur, La Danse des étoiles parvient à combiner un aspect poétique fort et touchant à un sense of wonder de qualité. Le tout offre un excellent roman qui parvient à la fois à rester dans les codes du genre tout en apportant une vraie touche de fraîcheur et de différence.


Première escale pour le Summer Star Wars

jeudi 13 août 2015

Neil Gaiman - L'Océan au bout du chemin

L’Océan au bout du chemin, Neil Gaiman, 2013, 310 pages.

De retour dans le village de sa jeunesse pour un enterrement, un homme va retrouver le lieu de son enfance. L’occasion, au détour d’un plan d’eau, de se remémorer les événements de l’année de ses 7 ans…

L’Océan au bout du chemin est typiquement gaimanien. On y retrouve tout ce qui fait le plaisir de ses romans : des personnages qui prennent vie en peu de mots et une douceur dans les mots malgré des scènes parfois « violentes » dans l’action.

Roman sur l’enfance, mais pas que, L’Océan au bout du chemin n’est absolument pas enfantin. Le ton n’est ni bête ni naïf. Bien au contraire, c’est intelligent et sensé, et cela apporte une note supplémentaire de réalisme et d’empathie. Une empathie qui ira croissante au fil des pages, de la même manière que le roman se fait de plus en plus touchant.

Je m’attendais à une lecture un peu floue, abstraite, quasi-philosophique. J’ai été agréablement surpris. Si la réflexion et le fantastique sont bien là, le récit reste parfaitement concret et clair, et surtout très palpable, augmentant là aussi le lien qui se crée avec le narrateur.

Gaiman fait ce qu’il sait faire et il le fait bien, très bien. Avec son écriture caractéristique, il offre un roman touchant qui monte crescendo en intensité, tant dans l’action que dans l’émotion. Un beau moment à passer. Et qui sait, peut-être finirez-vous aussi pour découvrir un océan au bout du chemin…

« Personne ressemble vraiment à ce qu’il est réellement à l’intérieur. Ni toi. Ni moi. Les gens sont beaucoup plus compliqués que ça. C’est vrai pour tout le monde. »


Dixième lecture pour le challenge Summer Short Stories of SFFF

lundi 10 août 2015

Andrus Kivirähk - Les Groseilles de novembre

Les Groseilles de novembre, Andrus Kivirähk, 2000, 266 pages.

Sous la coupe d’un seigneur vivant dans son manoir, un village estonien n’en fait qu’à sa tête. Le vol est le sport national et les anciennes croyances sont toujours bien présentes malgré l’évangélisation : le Diable et autres créatures rôdent dans les parages, prêts à ajouter de la zizanie à la zizanie.

Comme dans L’Homme qui savait la langue des serpents, Andrus Kivirähk base son roman sur l’histoire estonienne et ses traditions. Le Moyen-Âge tardif du pays est une nouvelle fois le cadre du récit, l’occasion de prendre une légère leçon d’Histoire. Légère, car cela tourne bien rapidement à la comédie, et l’on en apprendra bien plus sur le folklore ancestral que sur l’Histoire en elle-même.

Les Groseilles de Novembre est un roman très étrange. Sans intrigue réelle, il suit simplement la vie de tout un village en alternant les différentes aventures de ses habitants. Et des aventures, il y en a à la pelle !

Pour autant, pas de grand bazar dans le déroulé du récit. Andrus Kivirähk parvient très habilement à livrer un panorama complet et clair de son univers, dans lequel le lecteur se sent parfaitement à l’aise. On se sent rapidement membre à part entière de ce village et l’on suit avec joie ses péripéties quotidiennes.

Mais l’atout majeur de ce roman, c’est son ton. Bizarre et surprenant au départ, il devient rapidement très amusant par son côté loufoque et parfaitement incroyable. Bien que n’étant pas seulement une comédie, cela reste l’ambiance principale du récit et en fait une lecture fort plaisante.

Sympathique et prenante lecture, Les Groseilles de Novembre est surement, en comparaison de L’Homme qui savait la langue des serpents, une porte d’entrée plus simple à l’univers d’Andrus Kivirähk, un auteur qui est définitivement à suivre dans ses prochaines parutions françaises tant son style à quelque chose d’unique et de différent.


Neuvième lecture pour le challenge Summer Short Stories of SFFF

samedi 1 août 2015

Roger Zelazny - Les Cours du chaos

Les Cours du chaos, Roger Zelazny, Tome 5/10 du cycle des Princes d’Ambre, 1978, 224 pages.

Après Les Neuf princes d'Ambre, Les Fusils d'Avalon, Le Signe de la licorne et La Main d'Oberon, Les Cours du chaos est le cinquième tome du cycle des Princes d’Ambre. C’est surtout la fin du sous-cycle de Corwin et la conclusion des quatre romans précédents.

Alors que tout était en place, alors que « La Main d’Obéron » avait apporté son lot de nouveautés à détailler et utiliser, Les Cours du chaos ne prend absolument pas la route prévisible. Pas de retournements de situation en série, pas de poker menteur à quadruple anticipations, pas de complot avec triple machination, pas de folle guerre et de fiers combats.

L’action a bien lieu. Mais le lecteur ne la voit pas, il ne fait que l’imaginer en arrière-plan et en rattraper le dénouement au dernier moment. Car la caméra est braquée sur Corwin, et Corwin est seul dans un périple quasi-psychédélique pour la majeure partie du roman.

Les Cours du chaos est un tome étonnant, et la différence avec l’attente du lecteur et avec les tomes précédents peut facilement en faire un tome moins apprécié. Et pourtant, il possède d’autres forces qui lui font garder toute sa qualité. Avec en premier lieu le talent de conteur de Roger Zelazny, qui se permet de revenir plus concrètement à ses influences et thèmes favoris.

Et si ce roman est longtemps étrange et moins dans l’abondance, la dernière partie revient à une formule bien plus connue et offre une très bonne conclusion qui récupérera même l’enthousiasme des plus dubitatifs. Une conclusion à la hauteur de cet excellent cycle de Corwin. Un cycle assurément à conseiller et une œuvre qui mérite bien sa réputation et ses éloges.


Huitième lecture pour le challenge Summer Short Stories of SFFF