samedi 28 décembre 2024

Mu Ming - Le Bracelet de jade

Le Bracelet de jade, Mu Ming, 2022, 102 pages

Chine, 1640. Lors d'une sortie avec son père, Chen se voit offrir un bracelet de jade. Un bracelet dont la composition semble receler quelques secrets et qui offre à ses rêves de nouvelles perspectives.

Ce pitch peu vendeur ne reflète pas vraiment ce qu'est Le Bracelet de jade. C'est une plongée dans l'esprit intellectuel chinois du XVIIème siècle, aux nombreuses références explicitées par Gwennaël Gaffric dans sa préface et où les jardins ont une place très importante - ce qui m'a prouvé une nouvelle fois l'excellence de Guy Gavriel Kay -, ce qui ne l'empêche pas d'être abordable et d'avoir un côté actuel dans ses réflexions philosophico-scientifiques.

Ce court synopsis donne tout de même une information : Mu Ming n'a pas écrit un texte plein d'action où l'intrigue est centrale. Il s'y passe suffisamment de choses pour qu'il soit agréable à lire mais ce sont bien l'ambiance et les idées qui sont au coeur du récit. Pour ces dernières, c'est d'ailleurs presque une application directe de la troisième loi de Clarke : « Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie ». Quant à l'ambiance, et à la novella dans son ensemble, c'est ma définition personnelle de la poésie : on ne comprend pas tout, ça ne fonctionne pas forcément tout le temps, mais parfois il y a un "truc" qui se passe et cela crée des petits moments de grâce qui donnent tout son sens à l'ensemble. À la fois bien ancré dans une période historique et pourtant moment hors du temps, Le Bracelet de jade porte bien son nom : c'est un bijou dont les fêlures n'entravent pas la beauté.

Couverture : Anouck Faure / Traduction : Gwennaël Gaffric
D'autres avis : Vert, FeyGirl, Yuyine, Le nocher des livres, Célinedanaë, Boudicca, ...

dimanche 22 décembre 2024

Silène Edgar - Une maison de feu

Une maison de feu, Silène Edgar, Tome 1/3 de La Fille de Diké, 2023, 321 pages

Sur un monde d'îles volcaniques, la population vit en respectant au mieux les principes de l'Équilibre, guidée par leur mage local. Malgré cela, les habitants savent que la dernière année de chaque ronde, tous les cinquante ans, le monde sombrera dans le Chaos. Heureusement, ce n'est normalement pas pour tout de suite. Sauf que la naissance d'Aïone, une enfant à la peau bleue étoilée, semble bousculer cette temporalité.

Les premières pages de Une maison de feu sont quelque peu arides et ardues. Les informations s'enchaînent et il faut un peu de temps et de concentration pour appréhender ce nouveau monde. Cela vaut heureusement le coup de faire cet effort puisque cela s'équilibre bien vite et surtout parce qu'il permet de découvrir un monde dépaysant formé de petites communautés iliennes dont les croyances et traditions se teintent d'un peu de magie. Ce n'est pas forcément révolutionnaire, mais c'est une fantasy suffisamment atypique par certains aspects pour être appréciable, d'autant plus qu'elle est moderne dans ses réflexions et semble receler une part de science dans ses fondations.

Une maison de feu est une bonne aventure de fantasy, avec une petite prophétie qui parvient à ne pas amoindrir l'intérêt de l'histoire et à conserver quelques surprises - et la prophétie se termine dans ce tome, la suite est un véritable mystère. Le récit est relativement simple mais il est porté par une famille attachante. Ça donne peut-être un peu l'impression dans l'ensemble de cocher toutes les cases, mais ça n'en demeure pas moins une lecture sympathique dont je lirai la suite avec plaisir.

Couverture : Abigaïl Lacourly
D'autres avis : ...

lundi 16 décembre 2024

Laurent Genefort - Les Temps ultramodernes

Les Temps ultramodernes, Laurent Genefort, 2022, 459 pages

Années 1920. La cavorite, un nouvel élément aux propriétés flottantes, a bouleversé la face du monde, notamment au niveau des transports. Désormais les véhicules volent et Mars est en cours de colonisation. Sauf qu'en 1923, Marie Curie découvre que les facultés de la cavorite ont une durée de vie limitée, provoquant un krach boursier et un nouveau bouleversement du monde.

Une fois n'est pas coutume, je n'ai quasiment évoqué que le contexte dans mon petit résumé ci-dessus, et non pas les 4 fils narratifs qui s'y déroulent (une scientifique qui mène l'enquête, une institutrice qui recueille un martien, un artiste qui se rapproche des milieux anarchistes et un docteur intégré à un projet exécrable). Et pour cause : c'est bien l'univers de Les Temps ultramodernes qui est son plus grand intérêt. Laurent Genefort y est une nouvelle fois un très bon créateur de monde, retouchant légèrement le notre pour en proposer une France follement steampunk.

Quant à l'histoire, elle est elle aussi digne du cliché que je me fais d'une aventure steampunk : un récit cousu de fil blanc, un long fleuve (trop) tranquille sans investissement émotionnel. Une histoire où seulement deux des quatre fils narratifs - les deux premiers cités plus haut - ont réussi à provoquer chez moi un semblant d'intérêt. Et ce n'est pas le manque de subtilité dans les questions sociales qui aura fait mieux. L'hommage à la littérature d'époque est peut-être trop bien réussi. Mais au moins l'univers était sympa, c'est déjà ça.

Couverture : Didier Graffet
D'autres avis (tous plus enthousiastes) : Tigger Lilly, FeyGirl, Gromovar, FeydRautha, Le chien critique, Le Maki, Zoéprendlaplume, Alias, Le nocher des livres, Herbefol, Sometimes a book, Lune, Célinedanaë, Dionysos, lutin82, ...

mardi 10 décembre 2024

Stuart Turton - L'Étrange Traversée du Saardam

L'Étrange Traversée du Saardam, Stuart Turton, 2020, 576 pages

En 1634, le Saardam, un navire de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, quitte Batavia pour retourner à Amsterdam. À son bord se trouve le gouverneur général, ses proches, une mystérieuse cargaison et un prisonnier, le célèbre détective Samuel Pipps. Mais juste avant le départ, le bateau subit un avertissement de la part d'un lépreux à la langue coupée : le Saardam est maudit. Et l'étrange symbole qui apparait sur la grand-voile au moment de l'appareillage n'est que le premier d'une série de phénomènes inexpliqués.

Comme il se doit, L'Étrange Traversée du Saardam étant un roman policier et non un roman fantastique, tout le sel sera de découvrir comment tout cet apparat démoniaque peut avoir des causes bien plus terre à terre. Tout n'est pas parfait au final mais le déroulé m'a happé et la résolution m'a satisfait, ce qui est à mon avis l'essentiel avec ce genre de livre. Livre qui propose avant ça tout ce qu'on peut attendre de lui : des personnages qui ont tous des secrets, des révélations régulières, un duo d'enquêteurs totalement holmésien, une suspicion envers tous et toutes et même quelques bons petits fusils de Tchekhov.

Certes, L'Étrange Traversée du Saardam n'a pas l'éclat et l'originalité de Les Sept Morts d'Evelyn Hardcastle et il ne faut pas le lire en s'attendant à prendre la même claque. Certes, Stuart Turton a pris quelques libertés et il est difficile de ne pas se dire qu'il fallait tout de même une bonne dose de chance pour que tout se déroule aussi bien. Certes, malgré le côté dramatique de la situation, c'est un roman qui reste gentillet. Certes. Mais heureusement pour moi, je suis facilement passé outre, trop pris que j'étais par l'envie de découvrir le truc suivant. Et j'en suis sorti en ayant passé un agréable moment avec un bon petit roman policier et un huis-clos maritime très plaisant à lire.

Couverture : David Mann - Rémi Pépin / Traduction : Fabrice Pointeau
D'autres avis : TmbM, Zina, Gromovar, Le nocher des livres, Sometimes a book, Yuyine, ...

mercredi 4 décembre 2024

Bulles de feu #68 - Novembre 2024

Un petit récapitulatif de mes lectures BDs/mangas/comics du mois, pour en garder une trace.
Le classement est absolument imparfait, insatisfaisant et un peu aléatoire mais peut donner un ordre d'idée. Les avis sont (ultra)brefs, n'hésitez pas à demander un complément d'informations en commentaire si nécessaire.

Mouais


River End Café T.2/? - Akio Tanaka

Un enchaînement improbable de situations diverses, ça passe sans transition du tragique au "comique", du harcèlement à la pornographie, du suicide à un concert rock. Le WTF à l'état pur.


My Dear Detective T.1/? - Natsumi Ito

Un manga pas mauvais mais gentillet et limité à tous les niveaux : des arrière-plans vides, des enquêtes simplistes et un message basique.
Bien / Ok / Correct


La Venin T.2-5/5 - Laurent Astier

Une série qui m'aura de moins en moins plu : si les tomes 2 et 3 sont de bonnes aventures dans la lignée du premier, la suite manque de crédibilité, de cohérence et d'attachement et finit par être une vraie déception.


Vagabond T.1/37 - Takehiko Inoue

Assez basique et brut pour le moment, j'attends de voir où va aller ce manga à l'excellente réputation.


The Bugle Call T.1/? - Mozoku Sora et Higoro Toumori

Un bon premier tome, plaisant à lire et fluide de bout en bout. C'est assez classique mais avec quelques bonnes idées. À voir si la série parviendra à garder de l'originalité ou si elle deviendra lambda.


Les Éphémères T.1-2/2 - Jeff Lemire

Une BD étrange (ce qui correspond parfaitement au style de Jeff Lemire), une bonne histoire fantastique qui finit étonnamment par bien retomber sur ses pattes et à boucler la boucle.
Très bien


Cache-cache bâton - Emmanuel Lepage

Un ouvrage imposant et un gros travail de mémoire, autant autobiographie que présentation du cohabitat, mais surtout une oeuvre qui parle des difficultés de la vie en collectivité et des relations humaines.


La Course du siècle - Kid Toussaint et Jose Luis Munuera

Une BD étonnante qui retrace le marathon des JO de 1904 d'une manière assez loufoque, digne des "Fous du volant", mais qui - et c'est peut-être là le plus étonnant - donne tout de même une assez bonne idée de l'évènement et permet d'apprendre des choses.


Ping Pong Intégrale T.2/2 - Taiyou Matsumoto

Dans la continuité du premier volume, un manga de sport qui développe égalitairement tous ses personnages, sans manichéisme, et qui sort de l'ordinaire, ce qui est parfois perturbant mais le rend surtout unique et appréciable.


Le dernier festin de Rubin - Ram V et Filipe Andrade

Une BD qui réussit parfaitement son challenge de mettre la cuisine - indienne en l'occurrence - au centre de son récit, ce qui implique bien plus que juste des recettes. Un roadtrip culinaire qui propose une belle balade.

jeudi 28 novembre 2024

Laurine Roux - Le Souffle du puma

Le Souffle du puma, Laurine Roux, 2023, 208 pages

Le Souffle du puma se divise en deux fils. L'un se situe de nos jours et met en scène Astrid, une légiste suédoise, venue en Argentine pour étudier trois corps momifiés retrouvés au sommet du volcan Llullaillaco. L'autre se déroule au XVIème siècle, dans l'Empire Inca, où Poma, une jeune fille, est destinée à être sacrifiée pour apaiser les dieux.

Le Souffle du puma est un ouvrage jeunesse. Je n'en suis donc pas la cible et ce n'est pas une surprise si je l'ai trouvé bien moins marquant que mes autres lectures de l'autrice, toutes excellentes (Une immense sensation de calme, Le Sanctuaire, L'autre moitié du monde). Cela reste toutefois un ouvrage de Laurine Roux : si sa plume y est quelque peu différente, plus directe notamment, elle garde toutefois son pouvoir évocateur dès les premiers mots et sa capacité à captiver le lecteurice sans multiplier les scènes d'action.

Inspirée de l'histoire vraie des Enfants du Llullaillaco, Le Souffle du puma a le mérite de mettre en scène une civilisation plutôt rare et le potentiel de donner des envies de pousser plus loin sur des aspects historiques ou scientifiques. C'est peut-être là le seul intérêt de la partie moderne du récit qui offre sinon une romance pas forcément bienvenue (voire malvenue) - mais peut-être présente pour contrebalancer l'histoire potentiellement trop pesante de Poma ? Cela n'entache heureusement pas le sentiment général du livre : c'est une bonne lecture jeunesse, simple et agréable à lire.

Couverture : Thomas Ehretsmann
D'autres avis : ...

vendredi 22 novembre 2024

John Scalzi - Superméchant débutant

Superméchant débutant, John Scalzi, 2023, 312 pages

Charlie Fitzer est divorcé, a perdu son emploi, est fauché et est sur le point de perdre son logement - tout va bien quoi. La surprise est donc plutôt bonne quand il apprend qu'il doit hériter d'un riche oncle magnat des parkings. Elle l'est un peu moins quand les funérailles n'attirent que des porte-flingues et que sa maison explose. Car Charlie n'a pas seulement hérité de la fortune légale de son oncle mais aussi de son deuxième secteur d'activité : être un superméchant.

La couverture résume parfaitement le roman : un univers de méchants, des chats et une bonne dose d'imagination débridée et amusante. Superméchant débutant n'est pas une révolution mais c'est un divertissement très efficace. Au-delà d'être facile et agréable à lire, il a le mérite d'éviter de tomber dans le "trop". L'intrigue est resserrée - tant en nombre de personnages qu'en nombre de péripéties - et n'essaye pas de multiplier les inventions et les extravagances - les dauphins marxistes suffisent bien largement. Même les petites références pop culture et les piques faciles sont, heureusement, en nombre restreint (et surtout cantonnées à la première partie du livre). Superméchant débutant est en quelque sorte un roman loufoque-raisonnable. Et c'est franchement plaisant à lire.

Couverture : Tristan Elwell / Traduction : Mikael Cabon
D'autres avis : FeyGirl, Le nocher des livres, Alias, ...

samedi 16 novembre 2024

Xia Jia - Ton temps hors d'atteinte

Ton temps hors d'atteinte, Xia Jia, 2012, 153 pages

Enfant, la narratrice a fait la connaissance d'un jeune garçon assis à un piano. S'ils n'auront fait que se croiser, elle sera marquée par cette rencontre et la gardera à tout jamais en tête, comme une âme soeur. Les hasards de la vie les feront se recroiser. Mais comment se rapprocher de lui alors qu'elle est considérée comme une fille un peu lente, toujours en léger décalage avec les autres, quand lui vit à cent à l'heure, hyperactif et insaisissable ?

Ton temps hors d'atteinte n'est pas une histoire d'amour à proprement parler. Ou en tout cas, si c'est une histoire d'amour, bien que principalement à sens unique, ce n'est pas une romance. Cela rend d'ailleurs la chose un peu bizarre par moment, avec un côté qui flirte avec le malsain. Heureusement la novella n'y tombe jamais et ce n'est pas du tout l'impression générale qu'elle laisse. Au contraire, à la fin, la sublime fin, il ne reste qu'une chose : la beauté. Ton temps hors d'atteinte est une très belle novella. Aussi belle dans son ensemble que lors de certains passages qui se transforment en petits instants de grâce.

Plus encore qu'une histoire d'amour, Ton temps hors d'atteinte est une quête. Une quête impossible, ce qui ne l'empêche pas d'être vécu à fond, sans se retourner. Une quête improbable - même si elle s'avèrera l'être bien moins que ce qu'elle laisse paraitre -, ce qui ne l'empêche pas d'être entraînante et d'être vécue en harmonie avec son attachante narratrice. Une quête aux légers accents de science-fiction - aussi intéressants pour l'idée en elle-même que pour la métaphore qu'elle file -, ce qui ne l'empêche pas de résonner et d'avoir des échos tout à fait réels. Non, définitivement, rien ne peux empêcher Ton temps hors d'atteinte d'être une excellente novella.

Couverture : Philippe Thiollier / Traduction : Gwennaël Gaffric
D'autres avis : Lorhkan, Lhisbei, Le nocher des livres, ...

dimanche 10 novembre 2024

David Mitchell - Les mille automnes de Jacob de Zoet

Les mille automnes de Jacob De Zoet, David Mitchell, 2010, 702 pages

En 1799, le jeune clerc Jacob de Zoet fait partie d'une mission de la Compagnie néerlandaise des Indes Orientales pour remettre de l'ordre à Dejima, une île artificielle dans la baie de Nagasaki, seul comptoir de commerce étranger au Japon. C'est là, dans un milieu hostile aux étrangers, qu'il s'éprendra d'Orito, une sage-femme, et que sa vie prendra une ampleur inattendue.

Si l'histoire est inventée, bien qu'inspirée d'éléments réels, Les mille automnes de Jacob De Zoet a tout du roman historique tant David Mitchell a fait un travail minutieux pour représenter ce Japon de la fin du XVIIIème siècle. Les habitués de l'auteur, notamment les lecteurices de L'Âme des horloges, pourront y percevoir quelques (très rares) clins d'oeil qui peuvent rattacher le roman au DavidMitchellUniverse et à l'imaginaire mais ce n'est clairement pas là l'essentiel.

L'essentiel, c'est que Les mille automnes de Jacob De Zoet est un ouvrage passionnant. Bien que la présentation et le style soient différents, il m'a fait penser aux romans de Guy Gavriel Kay. On y retrouve ce même souci du détail, cette même plongée totale dans un univers réaliste et ce même talent pour donner une vie et une personnalité à tous les personnages, principaux comme secondaires, qui sont l'indéniable coeur du récit. Et avec à la clé le même plaisir de lecture.

Il n'y a rien d'extravagant, rien de stupéfiant dans ce roman. Il est simplement excellent, d'une maitrise totale qui le rend captivant du début à la fin. C'est un très beau livre qui aura squatté mon esprit pendant plusieurs jours, que je sois en train de le lire ou non. C'est le genre de roman qui est si marquant qu'il reste encore en tête une fois la dernière page tournée et qui demande un peu de temps avant de passer à autre chose. Un très grand livre comme David Mitchell sait si bien en faire.

Couverture : / Traduction : Manuel Berri
D'autres avis : Vert, ...

lundi 4 novembre 2024

Bulles de feu #67 - Octobre 2024

Un petit récapitulatif de mes lectures BDs/mangas/comics du mois, pour en garder une trace.
Le classement est absolument imparfait, insatisfaisant et un peu aléatoire mais peut donner un ordre d'idée. Les avis sont (ultra)brefs, n'hésitez pas à demander un complément d'informations en commentaire si nécessaire.

Très bien


Le Deuil de la famille, Batman DC Renaissance T.3/9 - Scott Snyder, James Tynion IV, Greg Capullo et Jock

Un bon tome, une seule longue histoire totalement thriller, avec un Joker d'un niveau de psychopathie rarement vu. Ça n'évite pas le petit doute sur la suspension d'incrédulité par moment, mais c'est un sujet évoqué et ça fait assez sens vu les personnages.


River End Café T.1/9 - Akio Tanaka

Un manga absolument improbable plein d'éléments qui pris individuellement sont du grand n'importe quoi. Et pourtant, je ne sais pas comment, l'ensemble donne une simili-tranche de vie qui fonctionne très bien et se lit toute seul. À voir sur la longueur, si ça ne sera pas "trop", mais pour le moment c'est tout à fait plaisant.


La Femme à l'étoile - Anthony Pastor

Un bon western qui, contrairement à ce qu'il peut laisser penser, se concentre sur un duo de fugitifs, pour un quasi-huis clos dans la nature sous un blizzard que l'on ressent très bien.


Asadora ! T.8/? - Naoki Urasawa

Un très bon tome, touchant, qui continue d'évoluer et de brasser large.


Planètes T.1-4/4 - Makoto Yukimura

Un très bon manga, qui n'est pas parfait (des changements de tons étonnants et un manque d'approfondissement sur certains points) mais qui propose de bonnes tranches de vie dans les étoiles sur fond de pollution de l'espace.


Le Serpent et la Lance T.1-3/5 - Hub

Petite relecture des deux premiers tomes pour profiter pleinement du troisième. C'est vraiment très beau graphiquement, à la fois dans l'abondance de détails que dans les palettes de couleurs, et l'histoire est solide dans un cadre rare (l'empire aztèque).

mardi 29 octobre 2024

Nana Kwame Adjei-Brenyah - Friday Black

Friday Black, Nana Kwame Adjei-Brenyah, 2018, 258 pages

Friday Black est un recueil de 12 nouvelles teintées de science-fiction. Une utilisation de l'imaginaire qui permet d'exacerber certains aspects de notre monde dans un futur proche. Et pas les aspects les plus enviables, évidemment. Nana Kwame Adjei-Brenyah y expose sans fard, entre autres, le consumérisme, la violence et le racisme.

Comme dans tous les recueils, tous les textes ne s'apprécient pas de manière égale. Mais, à l'exception peut-être de Lark Street qui m'a laissé dubitatif, toutes les nouvelles sont au minimum vraiment bonnes à lire - je dirais bien "plaisantes" mais ce n'est pas un terme particulièrement approprié vu les contextes. Le plus souvent elles sont même très bonnes.

Si toutes offrent un point de vue individuel qui permet de tirer des conclusions d'ordre plus général, je distingue tout de même deux catégories dans ces 12 nouvelles. Il y a d'un côté des nouvelles plus "personnelles", des histoires de vie quotidienne aux fins ouvertes et aux finalités un peu nébuleuses. De l'autre il y a des textes plus frontaux, sans équivoque sur leurs messages. C'est dans ce deuxième groupe que se trouve mes nouvelles préférées, les plus puissantes, celles qui donnent des coups et me resteront en tête : Zimmer Land et son parc d'attractions pour blancs voulant se défendre contre l'envahisseur non-blanc ; Les 5 de Finkelstein et son racisme d'état, tristement réaliste, un chef-d'oeuvre qui vaut à elle-seule la lecture du recueil.

Mes attentes initiales me faisaient espérer plus de textes de ce genre, très marquant. Ce n'est pas nécessairement le cas, il y a de l'alternance et des choses relativement plus légères. Mais cela n'enlève finalement rien à la qualité générale du recueil qui vaut largement le détour. Notamment pour un dernier point que Gromovar a parfaitement explicité et que je me permets de citer pour conclure puisque je ne pourrais rien dire de mieux et qu'il résume très bien l'essence de ce recueil :
« Dans les nouvelles de Adjei-Brenyah, la parole officielle, juridique, historique, peut tuer ou meurtrir encore et encore, mais la parole humaine, celle qu'on donne intuitu personæ, celle qui nécessite qu'on se mette en état d’attention à l'autre qui parle et à qui l'on parle, est source de reconnaissance, de soin, d’apaisement. C'est parce qu'ils ne se parlent pas que les humains souffrent, c'est parce qu'ils ne s'écoutent pas qu'ils se divisent en clans irréconciliables ou parviennent à chosifier l'autre jusqu'à ce qu'il ne soit plus qu'un obstacle ou un moyen. »
Couverture : Favor Nnebedum - EyeEm - Getty Images / Traduction : Stéphane Roques
D'autres avis : Gromovar, FeydRautha, Lhisbei, Yuyine, TmbM, ...

mercredi 23 octobre 2024

Elisa Beiram - Le premier jour de paix

Le premier jour de paix, Elisa Beiram, 2023, 184 pages

Fin du XXIème siècle. Le dérèglement climatique a entraîné un bouleversement du monde, entre exodes, guerres et famines. Dans un territoire isolé de Colombie, Aureliano rêve encore, difficilement, d'une issue à l'autodestruction de son village. Esfir parcourt elle le monde pour résoudre des conflits. Quant à América, c'est au plus haut niveau des instances mondiales survivantes qu'elle essaye de faire entendre raison.

Le premier jour de paix se divise en trois parties. La première, celle d'Aureliano, est un peu déconnectée des deux suivantes mais elle permet de présenter l'état du monde et le désespoir qui s'y déploie. Ce n'est pas joyeux mais c'est nécessaire pour montrer les choses telles qu'elles sont. La suite continuera dans cette direction mais en y apportant de l'espoir, prenant le point de vue d'émissaires de la paix oeuvrant à trouver des solutions. Et la solution finale, c'est la paix.

Le premier jour de paix est un ouvrage qui a à la fois des airs d'apocalypse et de feel-good. Le parallèle avec Becky Chambers est facile sur de nombreux points mais Elisa Beiram trace sa propre route. C'est un roman qui peut sembler parfois naïf et facile mais ça n'est pas vraiment un problème car l'enjeu est ailleurs. Le but n'est pas d'être photoréaliste mais de proposer des idées et une réflexion globale sur la notion de paix. Et ça fonctionne, parce que le propos est intéressant et donne lieu à quelques très bons passages, notamment lors des moments de doute des personnages, mais aussi car l'histoire (et les protagonistes) est plaisante à suivre en elle-même, avec même une petite surprise dans sa troisième partie. La frontière entre espoir et niaiserie est souvent mince, et je ne doute pas que certains tomberont du deuxième côté de la pièce. Pour ma part, Le premier jour de paix est totalement resté du côté de l'espoir, ce qui en a fait une vraiment bonne lecture.

Couverture : Thomas Dambreville
D'autres avis : Alias, Le nocher des livres, Zoéprendlaplume, Lectures du Panda, ...

jeudi 17 octobre 2024

Lucius Shepard - Aztechs

Aztechs, Lucius Shepard, 1999-2003, 491 pages

Aztechs est un recueil de 6 (longues) nouvelles, entre science-fiction et fantastique, qui fait visiter du pays, du Mexique au Congo, des États-Unis à la Russie. Mais la visite n'a rien de touristique car ce sont plutôt les recoins mal famés qui sont à l'honneur, des prisons aux décombres de Ground Zero, des territoires des cartels à ceux de la mafia. En toute logique, les personnages ne sont pas des enfants de choeur. Ce qui n'en fait pas pour autant des personnages antipathiques. Car ils en ont conscience. Car ils ne sont pas le mal incarné. Ce sont juste des êtres qui cherchent à (sur)vivre dans des vies qui sont loin d'être manichéennes mais qui tendent bien plus vers le noir que vers le blanc.

C'est sûrement là qu'est l'unité de ce recueil qui peut sembler partir dans tous les sens. Il est question de (sur)vie d'individus face à des considérations bien trop grandes pour eux, face à des entités qui flirtent avec le divin ou en tout cas d'une ampleur proche. Comment résister à cela, comment trouver sa place ? Des questions qui se posent pour eux comme elles peuvent se poser pour nous - et dont la réponse shepardienne est presque toujours dans l'amour. C'est bien pourquoi on peut malgré tout se sentir proche de ces personnages avec lesquels on n'a à priori rien en commun et adorer ces textes alors qu'ils sentent à plein nez la drogue, l'alcool et le sexe.

Il faut lire du Lucius Shepard pour vraiment se rendre compte de ce qu'est le style de Lucius Shepard. C'est à la fois cru, violent, direct mais c'est aussi magnifiquement écrit, d'une écriture riche qui emporte et qui peut se faire hypnotisante dans des longs paragraphes hallucinés. Aztechs est un excellent recueil sans fausse note dont les fins ouvertes - à l'exception peut-être du dernier texte, plus déstabilisant - ne laissent aucune frustration. Plus qu'un voyage à travers le monde, c'est un voyage tout court, une expérience comme nul autre que Lucius Shepard ne sait en procurer.

Couverture : Marc Simonetti / Traduction : Jean-Daniel Brèque
D'autres avis : Gromovar, Boudicca, ...

vendredi 11 octobre 2024

Une Heure-Lumière - Hors-Série 2024 (Rich Larson - Comment Quini le Calmar a égaré son Klobucar)

Comment Quini le Calmar a égaré son Klobucar, Rich Larson, 2020, 61 pages

Comme chaque année, Le Bélial' devient le démon le plus gentil de l'édition et offre à ses lecteurices un hors-série - pour l'achat de deux novellas de l'excellente collection Une Heure-Lumière, il ne faut pas pousser non plus. Au programme, comme d'habitude, un mot du patron, le catalogue de la collection et une nouvelle, en l'occurrence de Rich Larson.

Contrairement à ce que peut laisser penser son titre, Comment Quini le Calmar a égaré son Klobucar est une nouvelle assez limpide qui se situe en majorité sur la terre ferme. C'est une bonne histoire de casse qui réussit à proposer une préparation, des rebondissements et une conclusion, à développer plusieurs personnages et à dépeindre une Catalogne science-fictive qui conserve un accent local. Le tout en seulement quelques dizaines de pages, dans un format compact qui ne réduit en rien tout le plaisir de ce genre d'histoire. Encore une belle réussite de la part de Rich Larson.

Couverture : Aurélien Police
D'autres avis : Le Maki, Le nocher des livres, Célinedanaë, ...

samedi 5 octobre 2024

Bulles de feu #66 - Septembre 2024

Un petit récapitulatif de mes lectures BDs/mangas/comics du mois, pour en garder une trace.
Le classement est absolument imparfait, insatisfaisant et un peu aléatoire mais peut donner un ordre d'idée. Les avis sont (ultra)brefs, n'hésitez pas à demander un complément d'informations en commentaire si nécessaire.

Bien / Ok / Correct


Kaiju n°8 T.11/? - Naoya Matsumoto

Du pur combat, encore.


Insomniaques T.12/14 - Makoto Ojiro

Dans la continuité, bien sans être incroyable, mais avec une petite ellipse temporelle qui laisse entrevoir la fin de la série.


Tsugai - Deamons of the Shadow Realm T.4/? - Hiromu Arakawa

C'est bien et ça reste plaisant à lire mais ce n'est quand même pas facile à suivre, il y a beaucoup de pièces en mouvement dont les objectifs ne sont pas forcément clairs.


Blue Lock T.9-10/? - Muneyuki Kaneshiro et Yûsuke Nomura

C'est toujours aussi dommage pour l'esprit/cadre parce que la partie purement sportive est vraiment solide.


La Route - Manu Larcenet

Une excellente adaptation, tant dans l'aspect graphique parfait pour l'ambiance que dans le peu de paroles, qui rend parfaitement toute la noirceur et le désespoir du roman. Je ne peux pas dire que j'ai apprécié le moment passé, mais c'est objectivement une très grande oeuvre. N'hésitez pas à aller lire l'avis dithyrambique de Gromovar.


La Nuit des hiboux, Batman DC Renaissance T.2/9 - Scott Snyder, James Tynion IV, Greg Capullo, Becky Cloonan, Rafael Albuquerque, Andy Clarke et Jason Fabok

La "fin" de l'arc des hiboux entamé dans le tome 1, plus dans l'action que dans l'enquête mais toujours bien. Suivi de deux courtes histoires bonnes mais plus insignifiantes (pour le moment ?).
Très bien


Frieren T.12/? - Kanehito Yamada et Tsukasa Abe

Un bon tome avec une péripétie qui apporte de la fraicheur et permet de se rendre compte d'une partie du chemin parcouru depuis le début de la série.


Le Fils de Pan - Fabrizio Dori

La pas-vraiment-suite de Le Dieu vagabond qui peut se lire de manière indépendante. Une bonne aventure aux accents psychédéliques, tant dans le dessin que dans les couleurs ou les péripéties, et pourtant ça reste palpable et facile à lire. Fabrizio Dori crée vraiment un univers à part, une oeuvre à lui, et c'est forcément une bonne chose.


Les Quatre de Baker Street T.10/? - Olivier Legrand et David Etien

Une aventure très simple mais c'est toujours aussi agréable et joli à lire.


Eight Billion Genies - Charles Soule et Ryan Browne

Un excellent comics qui part d'une idée simple aux possibilités infinies - tous les humains se voit accorder un voeu - pour proposer une solide histoire qui va (très) loin mais sans se perdre en chemin, en gardant la dose de cohérence nécessaire et en parvenant même à conclure joliment.


Space Brothers T.43/? - Chûya Koyama

Un excellent tome, plein de tension et qui promet un nouveau très grand moment dans le tome suivant.

dimanche 29 septembre 2024

Michael McDowell - Les Aiguilles d'or

Les Aiguilles d'or, Michael McDowell, 1980, 517 pages

New-York, 1882. Dans les beaux quartiers vit la famille Stallworth, sous la houlette du juge James Stallworth. À des fins d'avancées politiques et sociales, ses membres vont lancer une grande campagne d'élimination du crime et du vice dans les quartiers pauvres. C'est là que vit la famille Shanks, sous la houlette de la receleuse Lena Shanks, qui va se retrouver dans le viseur des Stallworth.

En un peu de plus de 500 pages, Les Aiguilles d'or conte une grande rivalité familiale qui prend autant la forme d'un roman social que d'un roman noir. Michael McDowell propose une plongée dans la fin du XIXème siècle, des deux côtés du spectre de l'argent, et le récit d'un affrontement à la violence bien réelle. Les péripéties tiennent en haleine - au moins pendant la grande majorité du récit, même si le côté implacable du final est un peu moins enthousiasmant bien que faisant complètement sens au regard du caractère tragique de l'ensemble - mais ce sont certainement les personnages qui sont les plus marquants. Tous et toutes sont uniques, loin d'être forcément sympathiques mais iels ont le mérite d'être droits dans leurs idées, agissant avec logique ce qui les rend au minimum supportables, jusqu'à fascinant pour certains (les jumeaux Rob et Ella notamment).

Au grand jeu des comparaisons, j'ai trouvé Les Aiguilles d'or meilleur que la saga Blackwater. Plus satisfaisant à la lecture en tout cas. Pour son absence de personnage insupportable ou lassant donc, mais surtout pour son rythme plus entrainant et actif. Tout se résume finalement à son format, un one-shot plus compact qui évite les petits coups de mou à tous les niveaux. Et qui fait de Les Aiguilles d'or un très bon roman qui se lit tout seul.

Couverture : Pedro Oyarbide / Traduction : Jean Szlamowicz
D'autres avis : Vert, Zoéprendlaplume, Gromovar, TmbM, ...

lundi 23 septembre 2024

Hiro Arikawa - Les Mémoires d'un chat

Les Mémoires d'un chat, Hiro Arikawa, 2017, 325 pages

Cinq ans auparavant, Satoru a soigné un chat errant, l'a recueilli et l'a nommé Nana. Mais aujourd'hui, pour des raisons personnelles, il doit s'en séparer et lui trouver une nouvelle maison. Dans cette quête, ils vont tous les deux parcourir le Japon pour rencontrer d'anciens camarades de Satoru, ce qui sera l'occasion d'en apprendre plus sur son passé.

J'ai découvert Hiro Arikawa avec l'excellent Au prochain arrêt, qui multipliait les petites tranches de vie au cours d'un trajet en train. C'est en voiture cette fois que l'on parcourt le Japon pour aller à la rencontre de nouvelles tranches de vie, tout aussi excellentes. Mais la principale, celle qui les unit toutes et les transcende, c'est celle de Satoru et Nana. Deux personnages extrêmement attachants, entre la gentillesse de Satoru et l'amusante verve de Nana, lui aussi un des narrateurs du roman.

C'est surement un peu réducteur et cliché tout en étant assez logique mais Les Mémoires d'un chat a un côté très japonais. Dans la société décrite bien sûr, mais aussi dans le ton du roman, avec une certaine douceur, toujours une petite distance respectueuse et quelque chose d'un peu feutré. Ce qui ne veut pas dire que le récit est plat, bien au contraire. C'est une histoire très émouvante, une ode à la vie et à l'amitié, globalement joyeuse mais qui laisse les larmes aux yeux, ce qui ne réduit en rien son côté feel-good. Les Mémoires d'un chat est comme un arc-en-ciel : il a autant besoin de soleil que de pluie pour resplendir de mille feux.

Couverture : Irina Garmashova-Cawron / Traduction : Jean-Louis De La Couronne

mardi 17 septembre 2024

Alastair Reynolds - La Millième Nuit

La Millième Nuit, Alastair Reynolds, 2005, 135 pages

Tous les deux cents mille ans, les membres de la Lignée Gentiane - tous "descendants" quasi-immortels d'Abigail Gentian - se réunissent pendant mille jours. C'est l'occasion pour eux de partager leurs pérégrinations depuis leur dernière rencontre avant de repartir explorer les galaxies et les différentes évolutions de l'humanité. Mais lors de leur dernière réunion, deux membres mettent le doigt sur une incohérence qui pourrait bien cacher un très grand secret.

En 135 pages, La Millième Nuit est une oeuvre absolument complète. Il n'en faut pas plus à Alastair Reynolds pour proposer un univers époustouflant aux proportions aussi inimaginables qu'accessibles, de sympathiques personnages, un récit sous forme d'enquête et de mystère et une résolution totalement satisfaisante alors que la barre était haute au regard des enjeux démentiels mis en place. C'est la fusion parfaite entre un cadre plein de sense of wonder et une solide intrigue. Même la couverture est d'une grande qualité, et encore plus après lecture. Une très (très) bonne novella.

Couverture : Aurélien Police / Traduction : Laurent Queyssi
D'autres avis : Tigger Lilly, Vert, FeyGirl, Lhisbei, FeydRautha, Lorhkan, Gromovar, Le Maki, Célinedanaë, Le chien critique, OmbreBones, Herbefol, lutin82, Jean-Yves, Elwyn, f6k, ...

Sixième et dernière escale pour le Summer Star Wars Ahsoka

mercredi 11 septembre 2024

Alexandra Koszelyk - À crier dans les ruines

À crier dans les ruines, Alexandra Koszelyk, 2019, 251 pages

2006. Lena retourne pour la première fois à Prypiat, en Ukraine, sa ville de naissance. Elle en est partie vingt ans plus tôt, à l'âge de 13 ans, fuyant la catastrophe de Tchernobyl avec sa famille pour s'installer en France. Elle a laissé derrière elle ses origines ainsi qu'Ivan, son amour d'enfance. Deux absences qui ne cessent de la hanter depuis.

Plus que ce retour en Ukraine, c'est la vie de Lena jusqu'à ce moment qui compose l'essentiel du récit. Et si la catastrophe de Tchernobyl est une facette importante du récit - tout autant pour l'évènement en lui-même que pour ses conséquences naturelles, sociales et psychologiques - la réflexion sur l'exil, sur l'oubli, sur la construction de soi ou le besoin de racines est tout à fait universelle. Pour autant, malgré son sujet, À crier dans les ruines n'est pas un livre déprimant, Alexandra Koszelyk parvenant à conter tout ça d'une manière assez lumineuse.

À crier dans les ruines est un livre bien plus abordable que La Dixième Muse. La plume y est plus simple mais surtout le récit est limpide et l'héroïne tout à fait sympathique. Mais comme La Dixième Muse, c'est un livre que je n'aurais pas dû aimer. C'est un pur roman de littérature générale et c'est, plus que tout et en fil rouge de tout le reste, une histoire d'amour. Et pourtant. Pourtant j'ai aimé cette romance, prenante, extrêmement attachante et qui fait chaud au coeur, peu importe son improbabilité. Alexandra Koszelyk a définitivement un petit truc en plus.

Couverture : Elena Vieillard
D'autres avis : Le Maki, ...