mercredi 29 juillet 2015

Roger Zelazny - La Main d'Oberon

La Main d’Oberon, Roger Zelazny, Tome 4/10 du cycle des Princes d’Ambre, 1976, 268 pages.

Après Les Neuf princes d'Ambre, Les Fusils d'Avalon et Le Signe de la licorne, La Main d’Oberon est le quatrième tome du cycle des Princes d’Ambre et vient poursuivre les aventures de Corwin et de sa famille. Pour le résumé complet, le deuxième chapitre fait cela très bien en reprenant tous les éléments des trois premiers tomes, et c’est impressionnant de densité.

Faut-il encore le répéter ? Cette série est bonne, très bonne. Et ce tome le confirme encore une fois. On y retrouve toutes les qualités des romans précédents, bien que l’ennemi et le mystère se situent de plus en plus à l’extérieur de la famille et que la mythologie ne cesse de s’élargir.

La Main d’Obéron est un roman extrêmement vif et compact. En un peu plus de 250 pages, il se passe un nombre incroyable d’événements et de rebondissements. Sans aucun temps mort pour le lecteur, qui ne se retrouve pour autant jamais perdu, la plume de Roger Zelazny étant d’une redoutable efficacité.

Outre le plaisir immédiat de cette rapidité d’exécution et de ce rythme élancé, cela permet aussi d’empêcher le naïf lecteur de réfléchir et d’anticiper le twist final, bien caché mais pourtant parfaitement anticipable. Cela ne fait que renforcer le talent de Roger Zelazny.

À l’issue de ce quatrième tome, tous les éléments sont en place pour que la résolution soit phénoménale. Réponse très vite dans Les Cours du chaos.


Septième lecture pour le challenge Summer Short Stories of SFFF

dimanche 26 juillet 2015

Patrick Rothfuss - La Musique du silence

La Musique du silence, Patrick Rothfuss, 2014, 167 pages.

Si vous lisez un jour La Musique du silence, vous aurez peut-être un léger sentiment de déjà-vu vis-à-vis de tout ce que je vais écrire ci-dessous. Car la préface de Patrick Rothfuss est déjà une chronique parfaite de son livre et un modèle d’objectivité et de lucidité.

La Musique du silence traite d’Auri, un personnage de la série Chronique du tueur de roi du même auteur, et du Sous-Monde. L’histoire se déroule pendant La Peur du sage, même si elle n’apporte aucune information essentielle au récit de ce dernier et que Kvothe n’y apparait pas.

Si La Musique du silence n’est pas un complément nécessaire de la série, c’en est encore moins une bonne introduction. C’est simple : si vous ne lisez pas la série, ne lisez pas ce livre, il vous serait bien incompréhensible.

Alors, qu’est-ce que ce livre ? C’est un moment onirique, une parenthèse dans un autre monde à l’ambiance bien particulière. C’est différent de tout. C’est extrêmement spécial et c’est déroutant. Cela semble même décevant pendant bien longtemps, et puis le charme finit par opérer, doucement, sans qu’on s’en rende compte, et on retrouve tous les sentiments qu’Auri a pu nous faire ressentir.

La Musique du silence est une expérience. À l’attention d’un public très ciblé, exclusivement réservé aux lecteurs acquis à Patric Rothfuss, elle a tout de même tous les risques de ne pas vous plaire. Et pourtant, il y a aussi cette possibilité qui fasse de cette lecture un moment tout particulier et charmant, une sympathique addition à la série.

Sixième lecture pour le challenge Summer Short Stories of SFFF

jeudi 23 juillet 2015

Xavier Bruce - La République des enragés

La République des enragés, Xavier Bruce, 2015, 297 pages.

En 1952, 9 enfants aux talents particuliers, cobayes du professeur Frédéric Heintelle, s’évadent de l’institut qui les retient. En Mai 1968, tous ont grandi et plusieurs se retrouvent mêlés au fameux événement historique.

Rares sont les romans d’imaginaire à traiter de Mai 68, pour ne pas dire qu’ils sont inexistants. À ce titre, La République des enragés est déjà rafraîchissant et marque des points avant même de démarrer. La lecture ne fait que confirmer cette impression : le cadre soixante-huitard est bien présent, d’autant plus grâce à plusieurs faits et anecdotes réels, et donne une vraie atmosphère au récit.

Logiquement, La République des enragés est de fait un roman au parfum politique, que cela soit dans les messages que dans l’intrigue qui navigue dans ce Mai 68. Pour autant, ce n’est pas un récit purement et essentiellement politique, et ce n’est pas forcément ce qui marquera le plus le lecteur. Surtout que Mai 68 reste bien le cadre et non l’intrigue de l’œuvre.

L’intrigue – les intrigues – est teintée de fantastique et alterne différents fils narratifs dans de courts chapitres découpés selon la trame horaire de l’action. Cela en fait un récit très vif et rythmé où il n’est pas permis de s’ennuyer. D’autant plus que les personnages ont de fortes personnalités et attirent l’attention.

Pour être complet, il faut tout de même rajouter qu’un autre aspect est fortement présent dans le récit : la sexualité. Rien de cru ou d’osé ici, rien qui puisse contre-indiquer la lecture, mais le plaisir charnel est un élément moteur des pensées, des relations et des actions des personnages et pèse un poids important dans le récit. Heureusement, l’écriture de Xavier Bruce fait passer cela très naturellement.

La République des enragés est un très bon roman. Presque uchronique, il navigue entre art et politique au cours d’une intrigue très rythmée mais toujours maîtrisée. La bonne plume de Xavier Bruce en fait un livre à la fois plaisant et intelligent.


Cinquième lecture pour le challenge Summer Short Stories of SFFF

lundi 20 juillet 2015

René Barjavel - Le Voyageur imprudent

Le Voyageur imprudent, René Barjavel, 1944, 245 pages.

En 1940, Pierre Saint-Menoux est à la guerre quand il fait la rencontre de M. Essaillon, un physicien avec lequel il a déjà correspondu dans une revue de mathématiques. Ce dernier vient de finir une découverte et lui propose de l'essayer avec lui : voyager dans le temps.

Écrit en 1943, à l’exception de sa postface dickienne écrite par René Barjavel en 1958, Le Voyageur imprudent ne fait pas sentir le poids des années écoulées. À l’exception de quelques phrases sexistes, peu nombreuses heureusement, le roman n’apparaît que très peu daté. Au contraire, il semble même encore tout à fait d’actualité.

Évidemment, le sujet pourra sembler déjà lu pour les adeptes du genre. Mais il faut recontextualiser l’œuvre pour bien en saisir toute sa force. Après le fameux La Machine à explorer le temps de H.G. Wells, Le Voyageur imprudent est l’un des premiers romans à traiter du voyage temporel.

Et il le fait bien, en évoquant toutes les grandes problématiques du sujet : autocorrection du passé, analyse du futur, influence sur soi-même,... Avec en prime quelques idées intéressantes et un sens du rythme certain : le roman est à la fois très cadré dans ses nombreuses questions posées qui n’empiètent pas les unes sur les autres, mais pourtant tout à fait fluide et sans temps mort.

Le Voyageur imprudent est un court roman – d’une taille parfaite pour le sujet à développer - qui se lit très bien. C’est aussi, surtout, une excellente introduction à la thématique du voyage temporel, balayant ses principales contraintes de manière simple et efficace.


Quatrième lecture pour le challenge Summer Short Stories of SFFF

Quatrième décalage temporel pour le challenge Retour vers le Futur

vendredi 17 juillet 2015

Régis Goddyn - Le Sang des 7 rois, Livre Quatre

Le Sang des 7 Rois, Livre Quatre, Régis Goddyn, Tome 4/7, 2014, 401 pages.

Suite des aventures d'Orville et de tous les sept royaumes après le Livre Premier, le Livre Deuxième et le Livre Trois.

Le Sang des 7 rois est une série dense en nombre de personnages et d'intrigues. Pourtant, elle n'a le droit qu'à moins d'une petite page de résumé avant de repartir dans sa narration. Largement insuffisant, en tout cas pour moi, pour parvenir à se remémorer de toute la richesse de la série.

Il m'aura donc fallu un bon tiers du livre pour parvenir réellement à revenir dans l'univers des sept royaumes et c'est fort dommage. Désormais, j'envisage d'attendre la fin de la publication de la série pour lire les trois derniers tomes, histoire de pouvoir en profiter pleinement. Mais vais-je réussir à patienter ?

Car une fois le cerveau mis en ordre de marche, le plaisir est totalement au rendez-vous et la lecture devient totalement prenante. Tout le travail mis en place durant les trois premiers tomes porte ses fruits et les pièces du vaste puzzle commencent à s'imbriquer tout naturellement, donnant un récit encore plus constant et intéressant.

Et si l'histoire générale est de grande qualité, il s'avère qu'un autre mystère refait son apparition et se dévoile de plus en plus, offrant des horizons fort prometteurs pour la suite. Reste à voir comme se concrétiseront toutes ces bonnes choses. Mais vu la maîtrise dont a fait preuve Régis Goddyn jusqu'à présent, il n'y a pas de raison de ne pas avoir confiance.

mardi 14 juillet 2015

Nicolas Le Breton - Les Âmes envolées

Les Âmes envolées, Nicolas Le Breton, 2014, 321 pages.

Paris, 1912. Les dirigeables, le moyen de transport normal de l'époque, fleurissent dans le ciel. Louis Lépine, préfet de police, se retrouve à enquêter sur une mort aux apparences normales mais qui l'emmènera sur les traces d'une mystérieuse organisation qui pourrait bien bouleverser l'ordre du monde.

Steampunk. Ce simple mot suffit à expliquer très facilement l'ambiance de ce roman. L'atmosphère steampunk est là, bien visible, dans l'omniprésence des aérostiers et de leurs atours. Je ne suis absolument pas un spécialiste du genre, mais la thématique semble bien respectée. Et au milieu de cela se côtoient les personnages plus ou moins célèbres, remis en situation pour les besoins de l'intrigue.

Qui dit steampunk dit aventures. Le rythme est enlevé, envolé même, dès le prologue qui nous plonge en plein coeur de l'action. Et cela enchaîne, s'enchaîne, sans cesse, avec tout de même quelques scènes un pu plus reposantes. Et pourtant.

Pourtant, je n'ai pas réussi à accrocher. Je n'ai pas réussi à trouver ce petit plus pour garder mon intérêt passer le premier tiers du livre. Pas d'empathie pour les personnages, pas de véritable intérêt pour suivre ces innombrables péripéties, pas plus d'envie que cela de dévoiler le mystère. Comme souvent pour moi avec ces livres axés sur l'action-aventure, ça passe ou ça casse sans que j'arrive à identifier précisément les raisons. Ici, ça casse.

Les Âmes envolées parlera surement aux amateurs du genre. D'autant plus que sa conclusion est de qualité permettant aussi bien d'en faire un surprenant one-shot ou le départ d'une potentielle série. Elle aura malheureusement été trop tardive pour que mon plaisir général soit comblé.


Troisième lecture pour le challenge Summer Short Stories of SFFF

dimanche 12 juillet 2015

Yves et Ada Rémy - L'Apocalypse selon Eusèbe

L'Apocalyspe selon Eusèbe, Yves et Ada Rémy, 1979, 30 pages (pdf).

La nouvelle gratuite du mois de juillet offerte par Le Bélial' est L'Apocalypse selon Eusèbe, une nouvelle d'Yves et Ada Rémy, à télécharger ici, à l'occasion de la sortie prochaine du Bifrost n°79 qui leur est consacré.

Un homme découvre dans une vieille abbaye un manuscrit du XIIème siècle, écrit par un certain Eusèbe, relatant des conflits meurtriers de l'humanité. Mais quelle est la véritable nature de ce livre ?

L'Apocalypse selon Eusèbe est une nouvelle captivante. Elle est énergique dans son déroulement, entre passages du manuscrit et découvertes qui remontent les échelons du pouvoir, et intrigante dans son sujet. Et ce malgré la prévisibilité du dénouement, qui n'empêche pas d'être tenu en haleine par une écriture vive.

L'Apocalypse selon Eusèbe est une nouvelle plutôt intelligente où tout le monde en prend pour son grade : l'Église et l'État en première ligne, et à travers eux l'être humain dans son ensemble. C'est à la fois parfaitement simple, voire basique, dans l'idée et le déroulé, et pourtant cela fonctionne. Après tout, la bêtise de l'homme et l'horreur de la guerre ont-ils besoin de plus pour être abordés efficacement ?

samedi 4 juillet 2015

Feux Divers #9 - En route pour l'été !

Les chroniques ne se multiplient pas, mais pourtant je n'ai pas su résister à l'appel de deux nouveaux challenges pour l'été : l'un est légendaire et incontournable, l'autre a déjà un excellent acronyme pour le devenir !

Summer Star Wars épisode III

Le Summer Star Wars, organisé par Lhisbei et M. Lhisbei, revient pour son épisode III, soit sa 6ème édition. Du 21 juin au 23 septembre, il consiste toujours à chroniquer des oeuvres de space-opera ou de planet-opera.
Assurément, je ferai plus d'un tour dans l'espace cet été !


Summer Short Stories of SFFF

Le Summer Short Stories of SFFF est organisé par Xapur du 21 juin au 23 septembre. Le S4F3, de son petit nom, consiste en la lecture de romans ou recueils de nouvelles SFFF de moins de 350 pages.
Ça tombe bien, si la production actuelle n'est pas friande de textes courts, ils foisonnent au siècle dernier et j'ai des tas de choses à rattraper !

Déjà deux participations :

- Les Fusils d'Avalon de Roger Zelazny
- Le Signe de la licorne de Roger Zelazny


Et n'oublions pas les challenges présents précédemment. L'un est terminé, l'autre se poursuit et désespère de se remplir :

Morwenna's List

Le challenge Morwenna's List est organisé par Cornwall et s'est terminé le 1er juillet 2015. Il consistait en la lecture d'oeuvres citées dans Morwenna, le livre de Jo Walton.
Au final, 12 participations pour moi, et beaucoup de belles découvertes. Outre les mythiques Ursula Le Guin, Roger Zelazny et Poul Anderson, il ne faut pas oublier la très belle surprise qu'a été le trop méconnu Pavane de Keith Roberts. Merci Cornwall pour m'avoir poussé à lire autant de bonnes choses !

- Les Dépossédés d'Ursula Le Guin
- Terremer d'Ursula Le Guin
- Le Vagabond de l'espace de Robert Heinlein
- Terremer d'Ursula Le Guin
- Un Cantique pour Leibowitz de Walter M. Miller
- Morwenna de Jo Walton
- L'Épée brisée de Poul Anderson
- Tous à Zanzibar de John Brunner
- Les Neuf princes d'Ambre de Roger Zelazny
- La Patrouille du temps de Poul Anderson
- Les Fusils d'Avalon de Roger Zelazny
- Le Signe de la licorne de Roger Zelazny


Retour vers le Futur

Le challenge Retour vers le Futur est organisé par Lune jusqu'au 21 octobre 2015. Évidemment, le voyage dans le temps est à l'honneur !
Les 12 participations semblent toujours bien lointaines, mais le chiffre augmente peu à peu...

- Les Lumineuses de Lauren Beukes
- Black-Out de Connie Willis
- La Patrouille du temps de Poul Anderson