vendredi 28 mai 2021

Terry Pratchett - Trois soeurcières

Trois soeurcières, Terry Pratchett, Tome 6/35 des Annales du Disque-Monde, 1988, 348 pages

À la mort du roi Vérence, assassiné par son cousin le duc Kasqueth, son fils, encore nourrisson, est recueilli par trois sorcières. Pour le protéger, et lui permettre d'un jour accomplir son destin, celles-ci le confient à une troupe de théâtre sur le point de quitter le royaume.

Deuxième apparition dans les Annales pour Mémé Ciredutemps, après le peu mémorable La Huitième fille, en compagnie cette fois de ses deux consoeurs Nounou Ogg et Magrat Goussedail. Et le résultat est bien plus probant avec ce tome consacré au théâtre, avec tous les ingrédients classiques du genre, et plus particulièrement aux tragédies

Heureusement, le drame reste bien léger. S'il ne provoque pas un tonnerre de francs éclats de rire, Trois soeurcières reste un livre amusant et bien rythmé avec tout un tas de sympathiques personnages - sauf une (oui, vous, duchesse). Ni le pire ni le meilleur, un tome dans la moyenne.

Couverture : Josh Kirby / Traduction : Patrick Couton
D'autres avis : Tigger Lilly, ...

samedi 22 mai 2021

Colson Whitehead - Nickel Boys

Nickels Boys, Colson Whitehead, 2019, 255 pages

Floride, années 1960. Elwood Curtis, jeune noir passionné par le message de Martin Luther King, s'apprête à rentrer à l'université. Mais sur le trajet, il est arrêté par erreur et envoyé en maison de correction, à Nickel. Un lieu fort respectable vu de l'extérieur mais qui cache en fait une terrible face sombre et s'avèrera un véritable enfer.

"[Colson Whitehead] donne avec ce nouveau roman saisissant une sépulture littéraire à des centaines d’innocents, victimes de l’injustice du fait de leur couleur de peau" dit la quatrième de couverture. Et c'est parfaitement vrai. Car si Nickel est une école fictive, elle est plus qu'inspirée par la très réelle Florida School for Boys. Mais Nickel Boys n'est pas pour autant juste le récit d'un scandale - le mot est faible - au sein d'une école. C'est tout un système, d'éducation, politique ou de pensées, qui est à reconsidérer en le lisant.

Nickel Boys est un grand livre pour son fond implacable et nécessaire. Il l'est aussi pour sa forme, alors même qu'il n'est presque pas flamboyant - à l'exception notable de son excellente fin. Au contraire, le style est extrêmement simple et même froid, peut-être encore plus que dans les précédents écrits de l'auteur. Ça ne fait pourtant qu'en renforcer le propos. Car en ne cherchant pas à parler au coeur, c'est au cerveau que Colson Whitehead s'attaque directement, rendant encore plus terrible les actes odieux perpétrés presque anodinement. Et les émotions d'être finalement bien au rendez-vous, puissantes, après assimilation. Magistral.

Couverture : Design d'Oliver Munday - Photographie de Neil Libbert, Bridgeman Images / Traduction : Charles Recoursé
D'autres avis : Gromovar, Yuyine, ...

dimanche 16 mai 2021

Katherine Arden - La Fille dans la tour

La Fille dans la tour, Katherine Arden, Tome 2/3 de la Trilogie d'une nuit d'hiver, 2018, 402 pages

Si L'Ours et le Rossignol possédait sa propre fin, La Fille dans la tour en est tout de même la suite directe. Nouvelle plongée donc dans la Rus' médiévale où les anciennes croyances déclinent mais restent partie prenante de l'histoire, voire de l'Histoire...

C'est là peut-être le plus grand changement de ce deuxième tome. Alors que l'action de L'Ours et le Rossignol se situait presque essentiellement au sein d'un petit village de campagne, La Fille dans la tour élargit les horizons et prend la route. Bien que l'intrigue reste une nouvelle fois concentrée sur un petit groupe de personnages, la diversité et la grandeur du cadre permettent au récit de respirer et amènent un nouveau souffle, tant pour Vassia que pour le lecteur, en plus d'apporter une dose d'action bienvenue.

Si L'Ours et le Rossignol m'avait un peu laissé sur ma faim, La Fille dans la tour m'aura enchanté de bout en bout, améliorant à tous niveaux le premier tome. Sans pour autant ne se reposer que sur les effets de surprises - ce qui n'empêche pas les rebondissements, mais de manière sensée - ni oublier son fond de conte de fée féministe, l'intrigue est bien moins linéaire et n'est pas juste une série de péripéties un peu artificielles. Au contraire, ici la crédibilité règne et il y a du sens derrière les non-dits qui ne se prolongent pas de manière irraisonnable. Une nette progression qui donne un roman prenant et très agréable à lire.

Couverture : Aurélien Police / Traduction : Jacques Collin
D'autres avis : Vert, Lune, Gromovar, Célindanaé, Boudicca, Lhisbei, Yuyine, Alys, ...

dimanche 9 mai 2021

Richard Matheson - Journal des années de poudre

Journal des années de poudre, Richard Matheson, 1991, 265 pages

En 1876, plusieurs années après leur dernière rencontre, Frank Leslie croise dans un saloon Clay Halser, as de la gâchette et véritable légende de l'Ouest. La rencontre est de courte durée puisque Clay sera tué quelques minutes plus tard. Chargé de ses affaires suite à son décès, Frank va tomber sur les carnets intimes du pistolier et découvrir la dure réalité derrière la légende.

Chose étonnante vu la collection où il est édité, Journal des années de poudre n'est nullement un roman d'imaginaire mais bien un western. Loin des représentations parfois idéalisées, Richard Matheson propose un Far-West sombre et cruel où il ne fait pas bon vivre. Plus encore, l'auteur détricote le mythe de la "légende", rendant son sens premier au terme, plein d'embellissement et d'exagération.

S'il n'a rien de transcendant, Journal des années de poudre reste un western plus que correct qui se lit de manière tout à fait agréable. Outre les qualités du récit en lui-même, il possède un très bon rythme notamment grâce à un astucieux système de coupes et de résumés réalisés par Frank Leslie dans le journal de Clay Halser. Un journal qui sent toujours la poudre mais qui n'a nullement pris la poussière.

Couverture : Benjamin Carré / Traduction : Brigitte Mariot

lundi 3 mai 2021

Terry Pratchett - Sourcellerie

Sourcellerie, Terry Pratchett, Tome 5/35 des Annales du Disque-Monde, 1988, 287 pages

Il est connu que les huitièmes fils de huitième fils deviennent des mages. Mais qu'adviendrait-il si, à l'encontre de toutes les règles leur enjoignant de ne pas fréquenter de femmes, un mage avait lui-même un huitième fils ? Ce dernier serait alors un sourcellier, une source de magie pure d'une puissance incomparable. C'est justement le cas de Thune, huitième fils du mage Ipslore. Oh, ne vous inquiétez pas, ce n'est rien de très grave, cela pourrait juste entraîner l'apocralypse.

Retour sur le Disque-monde un peu moins de 8 ans - ce qui aurait été hautement symbolique - après ma dernière exploration. Si mes précédentes lectures ne m'avaient pas laissé un souvenir irrésistible, Sourcellerie pourrait bien marquer un tournant majeur. Ce cinquième volume est en effet fort plaisant, avec un très bon dosage entre les aventures de Rincevent et compagnie - le Bagage et le Bibliothécaire en tête -, prenantes et engageantes (plus que leurs prédécesseuses), et la régularité des petites phrases rigolotes et amusantes. Un tome tout simplement fun qui se lit d'une traite.

Couverture : Marc Simonetti / Traduction : Patrick Couton
D'autres avis : Tigger Lilly, ...