vendredi 8 décembre 2023

Claire North - Le Voleur

Le Voleur, Claire North, Tome 2/3 de La Maison des jeux, 2015, 153 pages

Après Le Serpent, Le Voleur est la deuxième novella de Claire North mettant en scène l'univers de la Maison des jeux, cet établissement où les parties se jouent à l'échelle mondiale et où les enjeux ne se limitent pas à un peu d'argent et d'honneur. La Maison des jeux ouvrent cette fois ses portes à Bangkok, en 1938, pour une gigantesque partie de cache-cache dans toute la Thaïlande entre Rémy Burke et Abhik Lee.

Le Voleur est une novella différente de Le Serpent, mais tout aussi excellente. Là où la première était presque strictement un jeu de manipulation et de luttes de pouvoir, Le Voleur est bien plus une course-poursuite et se lit comme un thriller. Un très bon thriller tant la lecture est tendue et haletante - ce qui donne encore plus de poids à la rencontre entre Rémy et Fon, une très belle parenthèse et l'un des plus beaux passages du récit.

C'est donc déjà un très bon texte sur ses 100 premières pages. Puis vient le dernier tiers, et son ampleur explose. D'haletant, ça devient exaltant. De manière très fluide, on en revient à un jeu d'anticipation et d'atouts, autant à l'échelle du cache-cache en cours que de l'intrigue plus globale de la Maison des jeux. Car Le Voleur n'est pas juste une petite partie lambda. C'est un exemple parfait pour apercevoir les dessous de la Maison des jeux et voir les pièces de la table finale se mettre en place. Après deux excellentes novellas, tout est en place pour que le troisième tome, Le Maître, soit une apothéose.

Couverture : Aurélien Police / Traduction : Michel Pagel
D'autres avis : Yuyine, Boudicca, Dionysos, FeydRautha, Gromovar, Xapur, Le Maki, OmbreBones, Célinedanaë, lutin82, ...

samedi 2 décembre 2023

Bulles de feu #56 - Novembre 2023

Un petit récapitulatif de mes lectures BDs/mangas/comics du mois, pour en garder une trace.
Le classement est absolument imparfait, insatisfaisant et un peu aléatoire mais peut donner un ordre d'idée. Les avis sont (ultra)brefs, n'hésitez pas à demander un complément d'informations en commentaire si nécessaire.

Bien / Ok / Correct


Kaiju n°8 T.9/? - Naoya Matsumoto

Bim, bam, boum !


L'Homme à tête de lion - Xavier Coste

Une vie de freak. Ça a un style tant sur la forme que sur le fond, mais aucun des deux ne m'a particulièrement accroché. C'est quasiment la définition du "correct", sans plus mais sans vrai moins non plus.


Tempête de cristal T.1-3/3 - Aki Aoi

Une courte série étonnante, au cadre intéressant (des tempêtes de sable qui cristallisent des paysages) mais pleine de défauts (arrière-plans inexistants, successions de cases trop brusques, gouttières trop importantes, manque de développement, ...) pour un sentiment pourtant assez positif en fin de lecture. Ça donne envie de voir d'autres oeuvres de l'autrice.


Le Bel Âge T.1-3/3 - Merwan

Une trilogie sur l'entrée dans la vie adulte de trois jeunes filles un peu perdues. Pas forcément enthousiasmant à lire, mais c'est accrocheur et surtout ça sonne vrai, tant par les difficultés rencontrées que dans l'imperfection des personnages.


La Boîte lumineuse T.2/? - Seiko Erisawa

Un peu moins bon que le premier tome - qui avait été une excellente surprise et qui aurait pu rester un one-shot - mais tout de même sympa et très fluide à lire.


L'Espoir malgré tout T.1-4/4 - Émile Bravo

Une bonne série pour avoir un grand résumé de la Seconde Guerre Mondiale vu de Belgique à hauteur de personnes lambdas, avec toutes les problématiques associées qui peuvent résonner n'importe où, n'importe quand. Parfait pour devenir misanthrope - et pas seulement à cause de Fantasio.


Radium Girls - Cy

Une BD importante pour mettre en lumière le scandale éponyme.
Très bien


Hirayasumi T.1/? - Keigo Shinzô

Franchement sympa, doux et agréable. À voir comment ça va tourner, mais c'est pour l'instant une bonne tranche de vie feel-good avec de sympathiques personnages.


La longue marche des dindes - Kathleen Karr et Léonie Bischoff

Adaptation d'un roman jeunesse américain qui voit Simon, un garçon pas très doué à l'école, prendre la route pour l'autre bout du pays avec un convoi de 1000 dindes. C'est du jeunesse mais c'est tout de même consistant, c'est simple à lire mais c'est surtout très agréable avec de bons messages. Très bien autant pour les petits que pour les grands !

dimanche 26 novembre 2023

Une Heure-Lumière - Hors-Série 2023 (Christian Léourier - Le Trophée)

Le Trophée, Christian Léourier, 2023, 64 pages

Comme chaque année, l'opération UHL permettait d'obtenir ce hors-série gratuit pour l'achat de deux titres de l'excellente collection Une Heure-Lumière. En plus de l'édito d'Olivier Girard et de la présentation de la collection par Camille Vanille Vinau sous forme de parcours touristiques, l'édition 2023 propose une nouvelle de Christian Léourier, Le Trophée.

Le Trophée raconte l'histoire d'Ilann, un mesk, un sang-mêlé issu d'un Haelite et d'une Étrangère, qui participe à une chasse traditionnelle aux mattor pour tenir une parole de jeunesse et prouver qu'il vaut autant qu'un Haelite. Cette phrase est un résumé des premières pages dans une version un peu plus claire que l'originale, ce qui laisse imaginer le petit côté ardu du démarrage. Mais on s'y fait assez vite et l'on suit un peu aveuglément, comme Ilann, le chemin proposé par le trophée et Le Trophée.

C'est un peu le problème de cette nouvelle : même une fois arrivé à destination, on ne sait pas trop pourquoi on a fait tout ce chemin. Il y a certainement une notion de métissage et d'union, avec un respect et une compréhension à acquérir pour tous les êtres vivants. Des thèmes chers à l'auteur mais qui ne sont pas forcément présentés ici de la manière la plus limpide et claire. Il n'en reste pas moins une petite aventure correcte mais qui n'est pas le texte le plus marquant ou enthousiasmant de l'auteur.

Couverture : Aurélien Police
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lundi 20 novembre 2023

Claire Duvivier - L'Armée fantoche

L'Armée fantoche, Claire Duvivier, Tome 6/6 de la Tour de Garde, Tome 3/3 de Capitale du Nord, 2023, 537 pages

Après Citadins de demain et Mort aux geais !, L'Armée fantoche conclut la trilogie Capitale du Nord et clôt définitivement la saga de La Tour de Garde.

À l'image de Les Contes suspendus pour la trilogie de Guillaume Chamanadjian, L'Armée fantoche est un troisième tome dans la lignée des deux précédents, avec les mêmes qualités. Les mêmes petits défauts aussi, mais rares et minimes sur l'ensemble. Amalia y est ainsi toujours un peu trop plaintive par moment, même si les circonstances sont difficiles, a des pulsions de divulgachâge de la suite du récit et n'est peut-être pas aussi bien connecté au mystère sous-jacent de la Tour de Garde que peut l'être Nox.

À bien y réfléchir, ce ne sont même pas réellement des défauts. C'est bien plus une histoire de goût, ayant préféré l'aventure sudiste. Ce qui ne doit pas donner une image négative de l'épopée nordiste. J'ai préféré Nox à Amalia de la même manière qu'on préfère remporter 10.000€ au loto plutôt que 9000€. Ce qu'il faut retenir, c'est que les deux sont très bien. Et qu'ils se complètent admirablement bien, sans se marcher dessus. Il n'y a guère que la rencontre entre les deux personnages principaux - et c'est parfaitement normal - qui a des airs de redite pour quiconque a lu Les Contes suspendus récemment, mais cela ne dure que quelques pages et la suite s'imbrique parfaitement.

L'Armée fantoche est une très bonne conclusion à une excellente saga. Une oeuvre unique sur la forme et extrêmement plaisante sur le fond. Une réussite totale, jusque dans les couvertures d'Elena Vieillard et les titres des livres remarquablement bien choisis, fondamentaux sans être divulgâcheurs. À coup sûr une oeuvre majeure de la fantasy française. Et maintenant que tout est paru, vous n'avez aucune excuse de ne pas vous lancer.

Couverture : Elena Vieillard
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jeudi 9 novembre 2023

Guillaume Chamanadjian - Les Contes suspendus

Les Contes suspendus, Guillaume Chamanadjian, Tome 5/6 de la Tour de Garde, Tome 3/3 de Capitale du Sud, 2023, 501 pages

Après Le Sang de la Cité et Trois lucioles, Les Contes suspendus est la conclusion de Capitale du Sud et le début de la fin pour l'inédite saga de La Tour de Garde menée avec Claire Duvivier. Et si quelqu'un hésitait encore à se lancer en se demandant si la qualité serait au rendez-vous jusqu'au bout, iel peut maintenant commencer sans crainte.

S'il y avait peu de doute, après deux excellents premier romans, que Guillaume Chamanadjian allait nous offrir un nouveau très bon livre, la seule petite interrogation qui subsistait concernait la rencontre concrète entre les personnages des deux trilogies parallèles et comment chaque histoire allait se raconter, et encore plus se conclure, sans empiéter sur le récit de l'autre. Toute inquiétude est à dissiper : comme tout le reste de la série, c'est parfaitement maitrisé. Les espaces libres pour l'histoire de Claire Duvivier sont évidents et visibles, mais cela ne semble jamais forcés, chaque personnage gardant son histoire propre au sein de cet univers partagé, d'une manière qui fait totalement sens.

C'est admirable, au même titre que tout ce que propose Guillaume Chamanadjian ici. Les Contes suspendus est une nouvelle fois un tome qui se dévore - quasi-littéralement tant il conserve jusqu'au bout son ambiance unique où la nourriture est importante. Les personnages sont mémorables, les petits rebonds et surprises sont régulières, la temporalité est palpable et l'ensemble fait sens en toutes occasions. Jusqu'au final qui parvient à la fois à être absolument logique, ne pouvant que se conclure ainsi, tout en ne faisant jamais ressentir un quelconque "passage obligé" plus faible, gardant de la fraîcheur jusqu'au bout pour un aboutissement parfait.

La fraîcheur, c'est un terme qui caractérise très bien cette lecture. Le confort aussi, tant il est confortable de retourner à Gemina et ses environs, où quelques pages seulement sont nécessaires pour s'y retrouver pleinement à l'aise. Et puis il y a le plaisir. Capitale du sud est simplement un immense plaisir de lecture, de la première à la dernière page. Et je n'ai même pas évoqué l'habileté avec laquelle Guillaume Chamanadjian utilise la notion de conte, entre invention et réalité, et joue avec jusqu'au terme d'un intelligent épilogue. Il y aurait beaucoup à dire tant tout ce qui fait les trois tomes de cette série est excellent. Mais aucun mot ne vaudra la lecture de ceux de l'auteur.

« Une pièce d'argent pour un conte en or » dit l'adage repris régulièrement durant la trilogie. Nul doute que le conte de Guillaume Chamanadjian est fait de l'or le plus pur, mais il vaut certainement bien plus d'une pièce d'argent.

Couverture : Elena Vieillard
D'autres avis : Tigger Lilly, Le Nocher des livres, Célinedanaë, Boudicca, Sometimes a book, ...