mercredi 13 mars 2024

Marguerite Imbert - Les Flibustiers de la mer chimique

Les Flibustiers de la mer chimique, Marguerite Imbert, 2022, 453 pages

Ismaël, en mission pour Rome, l'un des derniers bastions de la civilisation, est naufragé en plein océan. Il est recueilli et capturé par un sous-marin, le Player Killer, domicile des Flibustiers de la mer chimique, où il fera connaissance avec leur excentrique capitaine, Jonathan. Sur la terre ferme, un autre individu est aussi capturé, par Rome cette fois : Alba, une graffeuse, une des rares personnes ayant des connaissances sur l'ancien temps.

Les Flibustiers de la mer chimique est un roman post-apocalyptique - où l'eau est toxique et où la nature a repris ses libertés, dangereuses pour les humains survivants - qui a le mérite de ne pas être réellement angoissant. Il y a une certaine excentricité générale et un ton globalement haut en couleur qui font un contrepoids efficace à ce qui pourrait sinon être assez oppressant, notre futur étant au coeur des préoccupations du roman. Ça se lit comme un roman d'aventures, un Jules Verne sous amphets.

En tout cas pour la partie "flibustiers", qui constitue une moitié du roman, intéressante à suivre et dont la réussite repose en grande partie sur l'aura du personnage de Jonathan. L'autre moitié est consacrée à Alba, un personnage dont la pénibilité est extrêmement bien rendue par Marguerite Imbert, pour le meilleur et pour le pire - le pire étant que j'avais seulement envie de repasser à l'autre fil narratif du roman - et dont l'intérêt est plus limité. Cette dualité résume finalement bien mon avis sur Les Flibustiers de la mer chimique : loin d'être mauvais mais loin d'être très bon, l'ayant lu sans mal mais sans jamais être pleinement emballé. "Juste" un bon roman.

Couverture : Sparth
D'autres avis : Tigger Lilly, Gromovar, Zina, Alys, Shaya, FeydRautha, FeyGirl, Lhisbei, L'ours inculte, Anne-Laure - Chut maman lit, Sometimes a book, Le nocher des livres, Célinedanaë, OmbreBones, Boudicca, Lectures du panda, Anudar, ...

jeudi 7 mars 2024

Daniel O'Malley - Agent double

Agent double, Daniel O'Malley, Tome 2/? de Les Dossiers de la Checquy, 2016, 881 pages

Si Au service surnaturel de sa majesté pouvait se suffire à lui-même, une révélation finale laissait la porte totalement ouverte pour une suite évidente. Une suite qui porte donc le nom d'Agent double et qui nous replonge dans cette Angleterre où existe une organisation étatique secrète, hiérarchisée comme un jeu d'échecs, gérant toutes les menaces surnaturelles : la Checquy.

Agent double reprend donc dans la continuité quasi-immédiate du premier tome - on ne remerciera jamais assez les gens qui font des résumés complets des livres sur Wikipédia, permettant de replonger bien plus facilement dans les suites. Mais là où Au service surnaturel (...) suivait essentiellement la Tour Myfanwy Thomas, dont l'amnésie permettait au lecteur d'avoir le même niveau de non-information, son point de vue est cette fois-ci plus en retrait. Deux nouveaux personnages, Odette et Felicity, sont les héroïnes principales de ce tome. Deux femmes qui vont intégrer des sphères inconnues, ce qui permet une nouvelle fois à Daniel O'Malley d'informer son lecteur en même temps que ses personnages et fait d'Agent double un tome tout aussi facile à aborder que son prédécesseur.

Une fois évacué ce qui aurait pu être le plus gros problème de cette suite - passer après le concept d'amnésie très bien utilisé dans le tome 1 - le reste est à l'avenant de Au service surnaturel (...). C'est de la très bonne urban fantasy, sans romance, avec son lot de bonnes trouvailles et de petites folies. C'est un mélange parfait d'action sérieuse et crédible et d'une atmosphère générale toujours fun. C'est vraiment le mot qui correspond le mieux à ce roman, le fun. C'est du pur plaisir à lire, ça provoque quelques vrais éclats de rire par certaines répliques tout en proposant une intrigue solide et entrainante. On en reprendrait une troisième dose avec grand plaisir.

Couverture : Jeanne Mutrel / Traduction : Valérie Le Plouhinec
D'autres avis : Alias, ...

vendredi 1 mars 2024

Bulles de feu #59 - Février 2024

Un petit récapitulatif de mes lectures BDs/mangas/comics du mois, pour en garder une trace.
Le classement est absolument imparfait, insatisfaisant et un peu aléatoire mais peut donner un ordre d'idée. Les avis sont (ultra)brefs, n'hésitez pas à demander un complément d'informations en commentaire si nécessaire.

Bien / Ok / Correct


Black Star - La véritable histoire de Satchel Paige - James Sturm et Rich Tommaso

Une BD qui a le mérite de faire découvrir Satchel Paige mais qui n'en est nullement une biographie, s'en servant plus comme un prétexte pour évoquer la ségrégation. L'idée n'est pas mauvaise, sauvant la BD d'un "mouais", mais ça reste décevant et un peu limité dans ce que ça raconte.


March comes in a like a lion T.5-6/16 - Umino Chica

Un manga toujours aussi "bizarre", dont je ne suis toujours pas sûr quoi penser, à la fois peu enthousiasmant et en même temps ayant une certaine profondeur, abordant des sujets difficiles comme le harcèlement.


Ama - Le souffle des femmes - Franck Manguin et Cécile Becq

Une bonne BD tout en jolies nuances de bleu. Ça manque de quelque chose de marquant et peut-être d'un dossier complémentaire, mais ça a le mérite de mettre en lumière les amas.


La Venin T.1/6 - Laurent Astier

Un bon premier tome, du western assez classique dans les figures proposées mais avec une héroïne forte et un mystère qui laisse présager un potentiel plus marquant pour les tomes suivants.


La louve boréale - Núria Tamarit

Une bonne BD par la dessinatrice de Géante, avec son dessin caractéristique. Une histoire de sororité et de respect, agréable à lire mais qui manque d'un petit quelque chose pour être pleinement marquant.
Très bien


Un été sans maman - Grégory Panaccione

Un exercice de style réussi - une BD quasiment sans dialogue - qui ne propose pas une intrigue lambda mais conte une vraie aventure aux accents miyazakiesque tout en proposant un hommage à un drame historique.


Le Maître des livres T.13-15/15 - Umiharu Shinohara

Une très bonne fin de série, comme toujours entre rire et émotion, débordant d'amour pour les livres et les bibliothèques, et parvenant jusqu'au bout à intégrer des récits jeunesse dans son intrigue.

samedi 24 février 2024

Ayerdhal - Balade choreïale

Balade choreïale, Ayerdhal, 1994, 380 pages

L'humanité a pris son envol dans l'espace et découvert sa première planète habitée, Azir, où vit une espèce humanoïde moins avancé technologiquement. Méline, vice-consul, est l'ambassadrice de la Fédération terrienne sur Azir, avec l'objectif officiel d'y préparer une coopération commerciale. Face à un peuple morcelé en chorês, des petits territoires, Nerbrume devient son interlocutrice principale, une azirie ayant pleinement conscience que les terriens peuvent apporter autant de bienfaits que de calamités.

Peut-on débarquer sur un territoire déjà habité de manière éthique ? Peut-on coloniser sans dénaturer ? Comment se défendre face à une colonisation technologique aux bénéfices indéniables et préserver ses particularités ? Ce sont ces questions et ces thématiques qui sont au coeur de Balade choreïale. Une réflexion qui se joue à l'échelle d'une planète mais se vit à taille 'humaine' - tant terrienne qu'azirie - par le prisme d'individus au coeur du grand changement en cours.

Au-delà de ce fond, il y a une intrigue maitrisée avec son lot de rebondissements, sur fond d'amicale manipulation constante entre Méline et Nerbrume, parvenant à rendre compte du temps qui passe sans jamais paraitre précipitée. Mais l'autre point fort du roman, ce sont ses personnages. Des personnages aux caractères affirmés, ne restant pas assignés à un rôle de gentil ou de méchant, évoluant aux fils des évènements - et leurs relations entre eux évoluant avec - pour un résultat qui fait pleinement sens.

Balade choreïale est un très bon planet-opera, alliant parfaitement un plaisir simple et immédiat de lecture à des réflexions finement distillées au fil des pages. Et je n'ai même pas évoqué le Lo-Yendi, le sport local, qui jouera un rôle imprévu mais sera surtout l'occasion d'un des plus beaux passages du roman. Une franche réussite.

Couverture : Olivier Fontvieille

Première lecture pour le challenge 365 jours avec Ayerdhal organisé par le RSF Blog

dimanche 18 février 2024

Claire North - Le Maître

Le Maître, Claire North, Tome 3/3 de la Maison des Jeux, 2015, 159 pages

Après Le Serpent et Le Voleur, Le Maître clôt la trilogie de la Maison des Jeux. Sans surprise, les deux premiers tomes ayant mis en place les pièces du jeu, c'est l'heure de la partie finale.

Qui aurait cru que les échecs et le cache-cache ont tant de similitudes ? Le Maître a, au moins dans sa première partie, des airs de Le Voleur, en plus. Plus grand, plus violent, plus planétaire. Si les deux premières novellas avait déjà mis en scène des terrains de jeux et des enjeux d'une ampleur bien supérieure à la moyenne, ce n'est rien en comparaison du gigantisme de cette partie là. C'est si énorme, si explosif, si 'toujours plus' que ça a totalement des airs de blockbuster, ce qui donne un cachet unique à cette troisième novella.

Heureusement, Le Maître n'est pas qu'un texte bourrin. L'affrontement, instillé depuis le début de la trilogie, se révèle métaphorique de deux visions de la vie et donne une certaine raison d'être - ou tout du moins une raison de questionner - à toute la brutalité de ce tome. Jusqu'à une fin sublime, qui n'a pas besoin que ses derniers rebondissements soient surprenants pour être efficace et mémorable. Le point d'exclamation parfait d'une excellente trilogie dont chaque tome aura su avoir son identité sans jamais se départir d'une même grande qualité.

Couverture : Aurélien Police / Traduction : Michel Pagel
D'autres avis : Vert, Yuyine, Zoéprendlaplume, FeydRautha, Chut maman lit, Xapur, Le Maki, Célinedanaë, lutin82, Lullaby, Boudicca, OmbreBones, ...