dimanche 30 juin 2013

Kenzaburô Ôé - Le faste des morts

Le faste des morts, Kenzaburô Ôé, 1961, 171 pages.

La lecture japonaise du mois de juin, toujours dans le cadre du Challenge Écrivains Japonais d'Adalana. Ce mois-ci est consacré à Kenzaburô Ôé, prix Nobel de littérature en 1994. Et comme souvent avec ce challenge, je découvre l'auteur via un recueil de nouvelles. Le faste des morts en comporte 3 : Le faste des morts, Le ramier et Seventeen. Trois nouvelles qui font partie des premiers écrits de Kenzaburô Ôé, et qui se regroupent autour de deux thèmes majeurs : la jeunesse et la violence.

Le faste des morts, outre d'être le titre du recueil, est aussi le nom de la première nouvelle. Elle raconte la journée d'un étudiant, dont le petit boulot d'un jour est de déplacer des cadavres dans une morgue (c'est pas vraiment une morgue, mais l'idée est là). Il va être troublé par cette présence de la mort, d'autant plus que l'étudiante qui l'accompagne est elle enceinte. L'idée peut sembler bonne, l'opposition vie/mort, sauf qu'au final il ne se passe pas grand chose.

Le ramier est la deuxième nouvelle. On y suit un groupe de jeunes dans une maison de redressement, aux conditions plus que difficiles (et encore plus que ça), et plus particulièrement le personnage principal, tourmenté par une sorte de culpabilité. Une nouvelle assez étrange, avec un "héros" troublant. La plus intéressante des trois.

Seventeen termine le recueil. Imaginée d'après un fait divers réel, elle narre l'évolution d'un onaniste de 17 ans jusqu'à son engagement dans l'extrême droite. Une nouvelle que j'imagine contre l'endoctrinement et la malléabilité des jeunes. Malheureusement, je crois pouvoir dire qu'elle ne m'a pas marqué... car je ne me souviens déjà plus de la fin.

Contrairement à certaines chroniques que j'ai pu lire, je n'ai pas eu trop de mal à lire Kenzaburô Ôé, le style ne m'a pas dérangé. Par contre, je n'y ai pas trouvé vraiment d'intérêt. Il fait partie de ces ouvrages que je referme avec une impression de "Oui. Et ?".

vendredi 28 juin 2013

Harlan Coben - Balle de match

Balle de match, Harlan Coben, Tome 2/? de Myron Bolitar, 1996, 309 pages.

Deuxième étape de ma redécouverte, dans l'ordre, des aventures de Myron Bolitar, l'agent sportif enquêteur d'Harlan Coben. Après Rupture de contrat, voici Balle de match. Cette fois-ci, c'est dans le monde du tennis que va se dérouler l'action.

L'action, ou plutôt les actions. Comme d'habitude, plusieurs pistes se déroulent au début du roman, et se regroupent comme par magie à la fin. Allez, si on veut trouver une critique, ça sera surement celle-là (qui est la même pour nombre de romans policiers "basiques") : tout tombe un peu trop bien. Heureusement, cela n'empêche pas de garder du suspense. Et une fois plongé dans l'intrigue, on ne s'en soucie pas.
C'est une lecture sans prise de tête. Le duo Myron Bolitar & Windsor Horne Lockwood fonctionne très bien, avec un tas de répliques qui forcent à sourire. Même si ça peut parfois sembler un peu brouillon, l'intrigue tient la route. Petit moment d'autosatisfaction : j'ai prévu la fin à la page 268 (ok, il y a pas de quoi se vanter, mais Myron le savait pas encore !), après avoir failli la découvrir au tout début. Je pense d'ailleurs que je ne dois pas être le seul à avoir pu l'imaginer au départ, mais Harlan Coben gère très bien la chose.

Et puis c'est tout.

mercredi 26 juin 2013

Frédéric Lenoir - L'Oracle della Luna

L'Oracle della Luna, Frédéric Lenoir, 2006, 736 pages.

Je ne connaissais pas Frédéric Lenoir avant de lire ce livre. J'ai découvert ensuite qu'il était philosophe et sociologue, spécialiste des religions (d'accord, wikipédia le dit). Ce qui explique beaucoup de choses. Mais je brûle des étapes, on y reviendra plus tard. Je dois avouer qu'on m'a offert ce livre. Je ne sais pas si je l'aurais découvert sans cela. Et si comme moi, à la lecture de la quatrième de couverture, vous pensez peut-être tombé sur un livre se rapprochant des Piliers de la Terre (en forcément moins bien, mais dans l'idée), je dois vous dire... que pas du tout.

L'Oracle della Luna est l'histoire de Giovanni, jeune paysan italien du XVIème siècle. On va le suivre dans sa quête initiatique pour retrouver celle dont il est tombé éperdument amoureux au premier regard, mais qui s'avère être une aristocrate vénitienne. Étonnamment, je ne peux pas critiquer l'histoire d'amour. Bien qu'un peu surréaliste au départ (un coup de foudre quoi...), je l'ai trouvée très bien tourné. Pas gnan-gnan, intéressante et même surprenante. Je n'aurais jamais cru écrire ça un jour, mais l'histoire d'amour est un point fort de ce roman.

Mais évidemment, bien qu'elle soit toujours le but final, l'essentiel de l'histoire se concentre sur le personnage de Giovanni, et ses péripéties pour vivre avec sa bien-aimée. Bienvenue dans les aventures de Donald Duck ! Oui, après quelques temps de lecture, c'est la comparaison qui m'est venu à l'esprit. Pourquoi ? Parce qu'il va énormément voyager, et dans chaque lieu il va quasiment vivre une nouvelle vie, avec toujours à la clé des situations rocambolesques. C'est presque un enchaînement de petites histoires (j'aurais pu comparer avec les Martine, mais je maîtrise plus Donald) : Giovanni est paysan, Giovanni est apprenti, Giovanni est astrologue, Giovanni est moine,...

Bon, cela semble parfois un peu trop gros. Mais dans l'ensemble, cela reste sympathique (mais j'ai dit que j'aimais Donald... je me doute que ça ne plaira pas à tout le monde). Si ce n'est que ce parcours initiatique n'a finalement pas pour but de lui faire retrouver sa chère et tendre. Non, c'est en fait juste le moyen pour l'auteur de nous abreuver de ses connaissances sur les religions. C'est un livre comme on devait en écrire au temps des Lumières. Une histoire qui n'est là que pour permettre de servir des propos philosophiques. Il faut avouer que c'est intéressant, et qu'on sent que Frédéric Lenoir sait de quoi il parle. Mais sur la longueur, il y en a trop. Vraiment trop. D'autant plus que cela traite toujours des religions, de leurs différentes visions et de l'apport qu'on peut en tirer. Bien qu'il y ait toujours des choses à prendre, ce n'est pas non plus un sujet des plus actuels et modernes (enfin, oui mais non , le livre est vraiment axé sur la théologie). Je n'ai rien contre le principe, mais c'est lassant sur la durée.

Au final, l'histoire en elle-même n'est pas si longue que ça, mais elle reste prenante et surprenante. Malheureusement, les longueurs de l'initiation théologique font perdre du rythme. Il est toujours triste de devoir lire des passages en diagonale pour aller chercher les morceaux essentiels.

vendredi 21 juin 2013

Serge Brussolo - Ceux qui dorment en ces murs

Ceux qui dorment en ces murs, Serge Brussolo, 2007, 341 pages.

Je crois n'avoir jamais lu aucun livre de Serge Brussolo. Je ne saurais en même temps l'assurer, tant sa bibliographie s'étend dans divers genres. Ceux qui dorment en ces murs est... est beaucoup de choses. Un thriller forcément, puisque c'est écrit sur la couverture. Du mystère, il y en assurément. Presque un livre d'horreur par moment, avec une vraie atmosphère de peur et de tension qui s'abat. Sans oublier le registre fantastique et la magie, disséminés ici et là. Le tout dans un contexte contemporain réaliste. Un grand fourre-tout ? Un peu.

Je ne sais pas quel avis j'ai de ce livre. Il y a presque autant de choses que j'ai aimé, que d'éléments que je n'aime pas. Il faut d'abord diviser le livre en deux parties. La première traite de la vie générale dans la cité de Sâo Carmino, ville de vieux riches, avec favela intégrée, au milieu de la jungle (en bien résumé). Cela commence bien, mais cela tourne rapidement un peu en rond. Il manque selon moi un but. On suit l'histoire sans trop savoir pourquoi. Jusqu'à la deuxième partie, qui devient une sorte de roman d'aventure. Plus prenante, plus intéressante, mais en même temps un peu bizarre : l'aventure sort un peu de nulle part, et on perd le lien avec le "Maître d'école", personnage énigmatique dont parle la quatrième de couverture.

C'est en fait un problème plus global : la quatrième de couverture est quasiment mensongère. Je ne sais pas vous, mais moi, après l'avoir lu, je m'attendais à suivre la vie d'une ville, en quasi auto-gestion, avec le juge blanc pour chapeauter le tout. Avec des réflexions sur le bien et le mal. Bon d'accord, dit comme ça, ça ressemble beaucoup à ce que j'ai décrit pour la première partie... Mais en fait non. Je ne saurais pas vraiment l'expliquer, mais je n'ai pas du tout eu ce à quoi je m'attendais. Je voyais peut-être ça plus comme une prison. Et puis, la deuxième partie s'éloigne énormément de ce qui faisait selon moi l'intérêt du livre. Alors est-ce que c'est juste personnel, ou est-ce que ça peut s'appliquer à vous, vous lirez et vous me direz.

Malgré tout, il y a de très bonnes choses. Notamment la fin. Par contre, il y a un élément dont je n'arrive pas à savoir si je l'ai apprécié ou non : les personnages sont tous méchants (caricaturalement). Le petit David est surement le seul qui ne l'est pas, mais je n'ai eu absolument aucune empathie pour lui. C'est surprenant. Cela m'a donné un sentiment assez particulier, mitigé. Cela symbolise bien ce que j'ai ressenti un peu sur l'ensemble du livre : je suis partagé.

mardi 18 juin 2013

Roy Lewis - Pourquoi j'ai mangé mon père

Pourquoi j'ai mangé mon père, Roy Lewis, 1960, 181 pages.

Je ne sais pas si je peux parler de relecture. Enfin, si, littéralement c'est une relecture, puisque je l'avais déjà lu il y a quelques années. Mais, même si j'avais une idée globale de l'histoire, je n'aurais pas été capable d'en donner un avis. Pour combler ce manque, quelqu'un a eu la gentillesse de me le mettre entre les mains, en me faisant comprendre qu'il était impensable que je ne puisse pas le considérer comme un grand livre. Soit, allons-y.

C'est indéniablement un bon livre. C'est bien écrit, et c'est intéressant. Par contre, je ne l'ai pas trouvé hilarant. J'ai souri gentiment, il y a des choses très bien trouvées, mais jamais plus. Voilà. A la prochaine. Ok, je vais essayer de développer, même si je ne sais pas trop quoi dire. Ce livre est une sorte de grande métaphore de notre époque. Ou bien est-ce l'époque précédente, vue la date de publication ? C'est une chose vraiment étonnante : pour un livre qui traite de notre monde, et presque d'actualité, il n'est absolument pas daté, il aurait tout aussi bien pu être écrit aujourd'hui. Cela peut peut-être s'expliquer par le fait que cela parle plutôt de généralités, mais tout de même, ça veut dire qu'on a pas vraiment évolué (d'une certaine manière au moins).

Le grand intérêt de ce livre est forcément la double lecture qu'on peut en avoir. Sauf que moi, petit esprit un peu idiot (qui a dit beaucoup ?), je ne peux pas vraiment dire avoir tout compris. Enfin, si, dans l'ensemble je pense avoir saisi les références, et j'ai eu de quoi réfléchir. Mais il y a une chose qui me pose problème, c'est que je n'arrive pas à savoir s'il y a une conclusion ou une morale à en tirer. L'auteur cherche t-il à passer un message ? Ou est-ce juste pour laisser chacun penser et en conclure ce qu'il veut ? Si c'est la première hypothèse, je dois avouer que c'est un petit peu flou pour moi... (pour la deuxième hypothèse aussi, mais c'est moins grave)

J'ai un autre problème qui va avec celui-ci : j'ai toujours peur d'aller chercher trop loin. De m'inventer des histoires tout seul. Ce qui n'est pas obligatoirement un mauvais problème, un livre étant là pour stimuler l'esprit. Bref. Il faut que je couche par écrit mes idées, pour pouvoir les contredire une prochaine fois. Personnellement, je pense que la métaphore globale incite à se méfier des apparences. Et plus précisément d'où vient le danger. Edouard, symbole des découvertes et des technologies, peut apparaître comme le danger, notamment par son insouciance. D'autant plus si l'on associe le feu préhistorique à notre nucléaire. Néanmoins, la fin du livre (que je ne dévoilerai pas, mais qui est évidente...) m'amène à penser que le danger n'est pas Edouard, qui symboliserait plutôt la recherche fondamentale, naïve, mais ses enfants, qui cherchent à récupérer ses idées pour en tirer un profit personnel. Alors que tout au long du livre, on éprouve plutôt de l'empathie pour Ernest et ses frères, que l'on suit dans leurs péripéties et qui cherchent à protéger les autres (et eux-mêmes) des catastrophes paternelles. D'où l'idée finale qu'il faut se méfier d'où est véritablement le danger.

Ce n'est qu'une petite idée, mais qui m'a permis de trouver une finalité à ce livre (là où il n'y en a peut-être pas). Même si je suis sûr que je pourrais me contredire en le relisant avec l'idée en tête... Il y aurait d'autres choses à dire, comme se demander ce qu'il faut comprendre de la critique des écologistes (Back to the trees !), mais ça sera pour une prochaine fois. C'est là qu'on peut dire que ce livre est un grand livre : il apporte énormément de réflexions, de questions à se poser, plus intéressantes les unes que les autres. Du coup, si vous avez d'autres avis, ou si vous voulez en parler, n'hésitez pas ! ;-)

vendredi 14 juin 2013

Pierre Pevel - Le Chevalier de Wielstadt

Le Chevalier de Wielstadt, Pierre Pevel, Tome 3/3 du Cycle de Wielstadt, 2004, 316 pages.

Il ne m'aura pas fallu longtemps pour conclure la trilogie de Pierre Pevel. Après Les Ombres de Wielstadt et Les Masques de Wielstadt, voici Le Chevalier de Wielstadt, fin du cycle de... Wielstadt (étonnant, non ?). Comme son titre l'indique, ce dernier tome sera consacré au Chevalier Kantz. Vous me direz : "un livre consacré à son héros, ce n'est pas révolutionnaire". Mais c'est que vous n'avez pas suivi le début de l'histoire !

Enfin ! Vous vouliez en savoir plus sur Kantz ? Vous vouliez des réponses ? Vous vouliez une histoire qui reprenne tous les éléments des deux premiers tomes en les transcendant ? Vous vouliez une fin en apothéose ? Pierre Pevel vous sert tout cela sur un plateau. Si vous hésitiez à commencer la série en appréhendant la fin, n'hésitez pas, elle est à la hauteur. Cette série prend vraiment de l'ampleur au fur et à mesure des tomes. Au passage, ce tome est plus long (en fait, il fait le même nombre de pages... mais est écrit deux fois plus petit), ce qui permet de faire durer le plaisir.

Je ne sais que rajouter pour vous convaincre. Je trouve une grande force à Pierre Pevel dans la manière de structurer son récit, et de donner des explications. Parole de quelqu'un qui est vite perdu dès que ça devient un peu compliqué, il y a toujours juste la bonne dose de rappels et de clarifications pour rendre l'histoire limpide. Tout en sachant laisser la part de mystère et d'interprétation personnelle pour certaines choses, notamment tout ce qui concerne le passé de Kantz. Mais qui n'est pas flou pour autant, j'ai l'impression d'avoir tout compris même si les informations sont données par bribes et à recouper nous-même (hormis la perle noire... si quelqu'un peut me dire si j'ai raté quelque chose...). Pour résumer : tout ce que je viens de dire n'est pas clair, n'est-ce pas ? Et bien si c'était Pierre Pevel qui l'avait écrit, vous auriez tout saisi !

En parlant d'écriture, parlons de dessin (mais si, mais si, c'est logique). J'ai toujours pensé que les couvertures avaient une grande importance. Elles peuvent faire pencher la balance pour le choix d'un livre, et sont la première impression qu'on en a. Du coup, et parce qu'on ne le fait pas assez (moi le premier), je tiens à souligner le très beau travail de Julien Delval, qui a réalisé les trois couvertures, que je trouve superbes. Merci à lui, il m'a toujours fait ouvrir ces livres avec le sourire !

Pour terminer, je suis donc totalement satisfait de ce Cycle de Wielstadt, et j'attends avec impatience de lire d'autres oeuvres de Pevel. Le Chevalier Kantz restera je pense très longtemps dans mon esprit en tant que personnage exceptionnel : sombre, mystérieux, intelligent, humain (dans l'idée que ce n'est pas un super-héros, et qu'il sonne "vrai", ne fait pas niais). Bref, un personnage marquant. Je ne peux donc que, si vous ne l'aviez pas encore compris, vous conseillez de lire la saga de Wielstadt !

mardi 11 juin 2013

Neil Gaiman - Anansi Boys

Anansi Boys, Neil Gaiman, 2005, 488 pages.

Après un début d'année quasiment dédiée à sa découverte, c'est le retour d'une lecture de Neil Gaiman. De Monsieur Neil Gaiman. Et en plus aux éditions du Diable Vauvert, éditions que je trouve toujours belles et agréables à lire. Que demander de plus ? Que cela soit bien ? Mais ça l'est, évidemment !

L'action d'Anansi Boys se situe dans le même univers qu'American Gods, soit un monde contemporain où cohabitent de nombreuses divinités. Ce n'est pas pour autant une suite, bien qu'on y retrouve le personnage de M. Nancy, personnage secondaire d'American Gods. De toute manière, l'histoire se concentre plus sur ses enfants que sur M. Nancy. Mais ça, vous le saviez déjà, puisque vous aviez lu le titre du roman...

Si je devais définir Anansi Boys, je prendrais la définition que donne Neil Gaiman sur la quatrième de couverture. C'est exactement ça, c'est du Gaiman. On y retrouve sa plus grande force : des personnages hauts en couleur et complètement loufoques. Plus toujours une dose d'humour. Au passage, le citron vert (une sorte de running gag hilarant) m'a fait pensé au cachalot et au pot de pétunia d'H2G2. J'avais juste envie de le dire.

Au niveau de l'histoire en elle-même, cela met un peu de temps à se déclencher. La première partie existe sans véritable but, si ce n'est de suivre la vie d'un personnage. Puis, alors qu'on se fait à l'idée que ce livre n'ira nul part, une intrigue se crée. Ce n'est peut-être pas exceptionnel, on sait globalement où le récit va aller, mais la plume de Neil Gaiman sait faire la différence, et rendre cela prenant. Et on pourra peut-être y voir quelques belles métaphores et réflexions sur les histoires et l'enfance.

vendredi 7 juin 2013

Gabriel Garcia Marquez - Chronique d'une mort annoncée

Chronique d'une mort annoncée, Gabriel Garcia Marquez, 1981, 200 pages.

Gabriel Garcia Marquez (et non pas Gael Garcia, ça c'est pour Bernal), ça vous dit quelque chose ? Cent ans de solitude ? Un Prix Nobel de Littérature ? Je ne vous jetterai pas la pierre de ne pas l'avoir lu, ne l'ayant moi-même pas (encore) fait. Quoiqu'il en soit, avant d'attaquer un jour ce pavé, j'ai découvert du même auteur, suite à la chronique de Julien, le Naufragé Volontaire, merci à lui, Chronique d'une mort annoncée.
« Le jour où il allait être abattu, Santiago Nasar s'était levé à cinq heures et demie du matin pour attendre le bateau sur lequel l'évêque arrivait. »
Si ça ce n'est pas un incipit qui envoie de la tartiflette ! Oui, Chronique d'une mort annoncée est bien l'histoire de Santiago Nasar. Mais pas l'histoire de sa vie. Non, l'histoire de sa mort. En effet, le narrateur, un proche de l'événement, a décidé de narrer cette incroyable histoire. C'est raconté tel un reportage, avec des faits entrecoupés de témoignages et de retours sur le passé. Et c'est étonnamment prenant. Pire : j'ai ressenti une tension et un suspense jusqu'à la dernière page.

L'idée de base est vraiment intelligente : commencer par ce qui pourrait être le dénouement. C'est un vrai travail de plume que de réussir à garder l'envie du lecteur de continuer. Mais il faut dire que la dernière journée de Santiago Nasar est tout à fait particulière : c'est la foire aux invraisemblances et aux impossibilités. Tout le monde sait qu'il va mourir (sauf lui), mais personne ne le sauvera, volontairement ou non. C'est à la fois complètement fou, et terriblement addictif. Je pense qu'une des grandes forces de ce livre est l'opposition entre le réalisme et l'objectivité avec lesquels l'histoire est racontée, et l'improbabilité de cette même histoire. Cela apporte deux choses : un flou sur quoi penser, et une sorte d'atmosphère de doux absurde.

C'est un court roman (je pense pouvoir dire novella ?) qui se lit bien. J'ai peut-être eu un peu de mal à vraiment entrer dedans après le superbe incipit, et il y a quelques moments où ça redescend un peu. Mais dans l'ensemble, c'est super. Une pure perle de talent d'écriture.

mercredi 5 juin 2013

Pierre Pevel - Les Masques de Wielstadt

Les Masques de Wielstadt, Pierre Pevel, Tome 2/3 du Cycle de Wielstadt, 2002, 304 pages.

Souvenez-vous, le mois dernier j'ai lu Les Ombres de Wielstadt, premier tome de la trilogie de Pierre Pevel consacré à Wielstadt. Un bon tome pour entrer dans la série, et qui laissait présager de bonnes choses. Enfin, qui me laissait présager de bonnes choses. Et pour savoir si j'avais raison, j'ai attaqué assez impatiemment Les Masques de Wielstadt, dont l'histoire prend place 3 ans après Les Ombres de Wielstadt.

On retrouve dans ce deuxième tome tous les éléments plaisants du premier. L'atmosphère est toujours là, un XVIIème siècle sombre où la guerre fait rage. Les personnages sont eux aussi tous au rendez-vous, accompagnés de quelques nouveaux protagonistes (et plus souvent antagonistes). Et le Chevalier Kantz va une nouvelle fois se trouver confronté aux forces du Mal. C'est simple : si vous avez aimé le premier tome, vous aimerez le deuxième, tant leurs caractéristiques sont identiques.

Mais, évidemment, reprendre une formule qui fonctionne ne suffit pas. Il faut un petit plus pour ne pas faire que du radotage. Heureusement, Pierre Pevel passe à la vitesse supérieure. Tout d'abord par l'intrigue, plus complexe (et un peu plus compliqué à suivre, mais c'est vraiment bien expliqué, et on est bien accompagné), et plus intéressante. Ce qui va de pair avec des rebondissements plus présents, et un suspens qui nous tient en haleine jusqu'au bout. Mais aussi par les actions : les combats à l'épée (ou à la rapière pour être précis) sont somptueux, j'avais véritablement l'impression de les vivre (et de voir Jean Marais exécuter les bottes...).

J'attendais de ce deuxième tome qu'il prenne de l'ampleur par rapport au premier, et c'est le cas. Le Chevalier Kantz est un personnage extraordinaire, tout sauf manichéen, et encore parfaitement mystérieux. On pourrait peut-être faire le reproche à ce livre de ne dévoiler que quelques tout petits fragments d'indices sur Kantz, mais c'est pour moi presque une qualité. Au moins pour l'instant. Car forcément, après ce crescendo, et tous les éléments qui ont été mis en place, on ne peut qu'attendre pour le troisième tome une apothéose ! Réponse très vite.