jeudi 31 juillet 2014

Jack Vance - Le Visage du démon

Le Visage du démon, Jack Vance, 1979, Tome 4/5 de La Geste des Princes-Démons, 382 pages.

Finalement, la déception du troisième tome, Le Palais de l'amour, aura eu plus d'ampleur que je n'aurais pu le présager à l'époque. Il m'aura fallu du temps pour m'y replonger et ce non sans une once d'hésitation. Injustifiée.

Kirth Gersen poursuit sa quête de vengeance. Il est cette fois sur les traces du quatrième Prince-Démon, Lens Larque, un homme sadique et farceur. Jack Vance nous épargne les détails préliminaires et quelques coïncidences pour permettre à son héros d'entrer tout de suite dans le vif du sujet : les machinations du héros pour le rencontrer.

Le Visage du démon est comme un retour aux bases pour la série. L'accent est mis sur la traque, c'est l'essentiel du récit : il faudra attendre l'antépénultième page pour avoir le fin mot de l'identité du méchant. Et cette recherche utilise efficacement les deux grandes qualités du héros : son intelligence, avec quelques détours du côté de la justice et de l'économie, et son physique, avec quelques sympathiques scènes d'actions.

Ce qui fait aussi la force de ce roman, et participe de cette impression de renouveau, c'est l'effort particulier fait pour créer un véritable cadre à l'action. On retrouve notamment de nombreuses informations en début de chaque chapitre sur la planète ou les habitants que Kirth va rencontrer, ainsi que de multiples détails en notes de bas de page. En ressort le sentiment de vraiment découvrir de nouveaux mondes et surtout une consistance du décor qui ne donne pas l'impression de lire des aventures interchangeables.

D'une manière simple, toutes les qualités que l'on pouvait trouver dans Le Prince des étoiles et La Machine à tuer se retrouvent dans ce livre. Et même mieux, puisque Le Visage du démon est peut-être le roman le plus abouti de la saga, celui dont la ligne directrice est la plus stable en terme de satisfaction et d'intérêt. Un très bon roman d'aventure.

Cinquième participation pour le Summer Star Wars : Episode II

lundi 28 juillet 2014

Thomas Geha - Alone, L'Intégrale

Alone, l'intégrale, Thomas Geha, 2014 (2005 et 2008 originellement), 436 pages.

Cette intégrale contient deux romans, A comme Alone et Alone contre Alone, ainsi que deux nouvelles, L'Ère du Tambalacoque et Le Silence est d'or. Passons rapidement sur ces deux dernières. En soi, elles n'ont rien d'exceptionnelles mais sont pour le fan un sympathique ajout à l'ensemble.

France, futur proche. Les nadrones, robots nettoyeurs des villes, ont dégénérés, semant mort et apocalypse et rendant les villes impraticables. Dans ce nouveau monde, les survivants se divisent en deux catégories. D'un côté les Rasses, ceux qui se regroupent, souvent sous la coupe d'un leader fanatique. De l'autre les Alones, ceux qui vont seuls et évitent les premiers. Pépé, le narrateur, est un Alone.

En résulte deux bons romans d'action/aventure dans une France dévastée. Comme toute oeuvre écrite à la première personne, il faut un narrateur fort. Pépé l'est. Héros gouailleur et sympathique, il a cette petite touche de désillusion et de solitude qui le rendrait presque touchant. On pourra d'ailleurs regretter que Thomas Geha ne s'attarde pas plus à développer la profondeur et les faiblesses de son héros.

C'est un mal pour un bien. L'histoire est simple, va à l'essentiel. On ne se perd pas dans des considérations philosophiques, on évite toutes péripéties inutiles. Et c'est hautement agréable, une lecture plaisir sans prise de tête. Elle réveille même les instincts patriotiques en situant son intrigue dans l'hexagone, et ce n'en est que plus sympathique que de suivre les protagonistes déambuler sur des territoires connus.

vendredi 25 juillet 2014

Naomi Novik - Le Trône de jade

Le Trône de jade, Naomi Novik, Tome 2/9 de Téméraire, 2006, 388 pages

Après la bonne surprise que fut le premier tome, Les Dragons de Sa Majesté, il ne m'aura pas fallu longtemps pour attaquer le deuxième tome de la série Téméraire. Comment résister à un bon livre avec des dragons ?

Cette fois-ci, direction la Chine pour notre duo d'héros, dans la logique des événements précédemment rencontrés. Les deux premiers tiers se passent en mer et sont parfois un peu longuets dans le fait que certaines péripéties n'apportent vraiment pas grand chose. Le dernier tiers, se déroulant en Chine, est quant à lui un rush d'intensité et de dénouements. Une apothéose de fin qui me fait espérer qu'on reviendra visiter la Chine ultérieurement.

On retrouve tous les éléments qui font la force du premier tome, notamment quelques grandes batailles aéro-navale (bien que la plus haletante ne contienne étonnamment pas de dragons). La trame générale n'avance pas énormément mais ce tome comporte tout de même des éléments essentiels pour la suite de l'aventure, ne serait-ce que pour le développement de Téméraire.

Je n'attendais pas grand chose du premier tome et j'avais été agréablement surpris de trouver quelque chose de plus intelligent qu'un simple divertissement. Je pensais avoir désormais saisi le principe. Mais Naomi Novik a encore réussi à me surprendre par l'aspect politique et philosophique des réflexions portées par Téméraire dans ses dialogues avec Laurence. Le dragon révolutionnaire s'interroge sur les concepts de liberté, de gouvernement, de devoir,... et la justesse de certaines de ses pensées, malgré une certaine naïveté, sont troublantes.

Dans la continuité de son prédécesseur, bien que légèrement en dessous, Le Trône de jade est donc un bon roman, un divertissement dragonesque de qualité. La suite surement dans les prochains mois.


Dix-huitième participation au challenge SFFF au féminin

mardi 22 juillet 2014

John Scalzi - Redshirts

Redshirts, John Scalzi, 2012, 331 pages.

2460. Andrew Dahl, ainsi que 4 autres enseignes, prend son poste au sein de l'Intrépide, le principal vaisseau spatial de l'Union Universelle. Au programme pour les 5 recrues : de dangereuses missions et la découverte de leur nouvel environnement.

Le concept de "redshirt" naît dans Star Trek. Il désigne les nombreux personnages secondaires, portant des tenues rouges, qui partent en mission avec les héros et dont la principale utilité est de mourir. Par extension, le terme "redshirt" désigne un type de personnage secondaire destiné à mourir pour accentuer le danger d'une scène et servir de faire-valoir aux héros.

Redshirts, c'est un hommage à tous ces personnages, cette chair à canon nécessaire, ces anonymes sacrifiés sur l'autel de l'intrigue et du suspense. C'est par la même occasion un hommage à de nombreuses séries de science-fiction, Stargate et Star Trek en tête, qu'elles soient télévisuelles ou littéraires. Il parlera à tous : qui n'a jamais croisé ce type de personnages ?

Je ne dirais pas grand chose de l'intrigue pour éviter tout risque de spoilers. Avec intelligence, John Scalzi ne l'a pas fait reposer sur une seule bonne idée en tirant à la ligne pour la préserver. Au contraire, une fois la première grande révélation venue, l'intérêt reste de mise, l'auteur parvenant à trouver de nouvelles voies pour développer son idée de base et ajouter à la surprise du lecteur.

Un mot résume pour moi parfaitement le sentiment de ma lecture : fun. Facile à lire grâce à une écriture simple et efficace et globalement très amusant, c'est un bon mélange de scènes d'actions et de réflexions qui tient en haleine jusque dans ses codas. Vraiment, Redshirts est fun.

Quatrième participation pour le Summer Star Wars : Episode II

samedi 19 juillet 2014

Pierre Bottero - Les Limites obscures de la magie

Les limites obscures de la magie, Pierre Botero, 2010, 187 pages.

Les Limites obscures de la magie est le deuxième tome de la série A comme Association. Le premier écrit par Pierre Bottero et donc le premier à avoir pour narratrice Ombe.

Si l'on caricature Jasper, le héros d'Erik L'Homme, comme un garçon axé sur l'intellect, que ce soit par ses blagues ou son utilisation de la magie, Ombe pourrait être tout son contraire, une fille pour qui la force physique est son atout principal. Car, quasiment allergique à la sorcellerie, Ombe compte sur ses caractéristiques corporelles hors du commun - elle est presque incassable - pour régler ses problèmes avec un solutions simples : des baffes.

Bien que les différences des deux héros s'expriment dans leurs narrations, l'écriture repose dans les deux cas sur des ressorts communs. Ainsi, la narration d'Ombe est très orale, pleine d'apartés et de remarques, impliquant le lecteur et offrant une lecture très facile (et même encore plus).

Ce deuxième tome, bien qu'étant comme une deuxième introduction par la découverte d'une nouvelle héroïne, repose les bases sans jamais être redondant. Mieux, on y découvre agréablement le deuxième moitié des quelques péripéties impliquant les deux personnages.

Étonnamment, bien qu'Ombe soit plus un personnage d'action et que le roman soit un peu plus long, j'ai trouvé que Les Limites obscures de la magie comportait une intrigue moins importante, plus vite expédiée et avec moins de scènes d'actions que La pâle lumière des ténèbres. Ce qui n'enlève en rien à sa qualité et au plaisir pris à sa lecture.

mercredi 16 juillet 2014

Francis Valéry - Bal à l'Ambassade

Bal à l'Ambassade, Francis Valéry, 1997/2014, 23 pages.

À l'occasion du retour de CyberDreams, revue des années 90, sous la forme d'une collection de livres audios dirigée par Francis Valéry, la nouvelle gratuite du mois de juillet offerte par Le Bélial' est Bal à l'Ambassade du même Francis Valéry, à télécharger ici.

Ce texte n'est quasiment pas résumable. D'abord parce qu'il est court, et chaque élément dévoilé est d'autant moins de découverte à faire. Et des découvertes, il y en a déjà peu. Comme il y a peu d'actions, peu de personnages, peu de révélations. Un certain minimalisme est de mise.

On pourrait facilement dire qu'il ne se passe rien dans cette nouvelle. Un huis-clos dans une ambassade où deux personnages discutent. Point. Et pourtant, le récit est captivant, la tension est présente. Une part de cette réussite vient selon moi du récit à la deuxième personne du pluriel ("vous" donc). Déroutant au départ, cela s'avère un choix de plus en plus intéressant au fur et à mesure que le texte se déroule, qui renforce le ton aigre et l'impact de la conclusion.

Bal à l'Ambassade est donc un texte succinct mais fort, qu'on ne peut que conseiller à la lecture, ne serait-ce que par le peu de temps qu'il vous faudra pour le lire. Et personnellement, il m'aura enfin permis de trouver mon bonheur dans une nouvelle du Bélial, une chose disparue depuis plusieurs mois.

dimanche 13 juillet 2014

Naomi Novik - Les Dragons de Sa Majesté

Les Dragons de Sa Majesté, Naomi Novik, Tome 1/9 de Téméraire, 2006, 347 pages.

C'est grâce à Vert que j'ai véritablement découvert cette série qui m'avait déjà fait de l'oeil sur les rayonnages de la bibliothèque. Il ne m'en fallait pas moins pour me laisser tenter.

Téméraire, c'est le - sympathique - nom d'un dragon. Un jeune dragon aux caractéristiques exceptionnelles dont la charge revient au capitaine Laurence de la Navy. Une recrue de choix pour les anglais dans leur guerre contre les troupes françaises menées par Napoléon.

Car nous sommes au début du XIXème siècle. Les guerres napoléoniennes font rage, l'Histoire est presque identique à celle que nous connaissons. À une exception près : dans cet univers, les dragons existent et servent d'armée de l'air.

Ce livre comporte deux légers obstacles. Le premier, c'est que le cadre historique, bien qu'omniprésent, n'est pas vraiment rappelé, Naomi Novik comptant sur les connaissances de ses lecteurs. Le deuxième, c'est que le point de vue est anglais et que le "méchant" est français. Une fois que votre esprit est parvenu à franchir ses deux contraintes, le reste n'est que du bonheur.

Je n'attendais pas forcément grand chose à la lecture de ce roman, si ce n'est un petit divertissement avec des dragons (un argument en soi). Divertissant, il l'est assurément, ne serait-ce que pour ses manoeuvres aériennes très visuelles. L'écriture est limpide et va à l'essentiel, ne jouant pas sur de grands rebondissements mais assurant une tension constante.

Mais Les Dragons de Sa Majesté est plus qu'un simple divertissement. L'aspect dragon est bien développé et décliné (races, caractéristiques et croisements compris). Outre cette belle galerie de dragons, Naomi Novik offre aussi une belle galerie de personnages humains. Mais c'est surtout le duo principal qui fait la différence. Pas d'initiation adolescente, pas de longue mise en route, Naomi Novik évite toutes les habitudes du genre. Téméraire est intelligent, responsable, adulte-né. Laurence a déjà de l'expérience, est noble et respectueux tout en sachant s'adapter. Les deux forment rapidement un couple attachant.

Ce n'est pas forcément le roman le plus révolutionnaire de la littérature, mais il est tout de même au-dessus de simplement faire le boulot et juste proposer quelque chose de sympathique. Il y a une vraie ambiance qui se dégage de cette série. Et avec elle l'envie d'y revenir. Ça tombe bien, Téméraire compte 8 tomes pour le moment. De quoi voir venir.

Dix-septième participation au challenge SFFF au féminin

jeudi 10 juillet 2014

Ursula Le Guin - Terremer

Terremer, Ursula Le Guin, 1968/1971/1972, 477 pages.

Le Cycle de Terremer est un cycle de fantasy d'Ursula le Guin composé de multiples romans et nouvelles. Terremer, le livre présenté ici, comporte les trois premiers romans de ce cycle : Le Sorcier de Terremer, Les Tombeaux d'Atuan et L'Ultime rivage. Et c'est la lecture du mois de juin du Cercle d'Atuan.

Le Sorcier de Terremer conte la jeunesse et la première aventure de Ged avant qu'il ne devienne une légende dans tout Terremer. Ce premier roman a tout d'une geste (à l'exception de la prose), une épopée racontée au coin du feu. Roman d'apprentissage en accéléré, il permet de visiter et découvrir une bonne partie du monde.

Changement de point de vue dans Les Tombeaux d'Atuan. Ged n'est cette fois là qu'en personnage secondaire. On suit Tenar, une jeune fille supposément la réincarnation de la grande Prêtresse d'Atuan, qui veille sur les anciens dieux ténébreux et leur trésor. L'opposition entre cette jeune demoiselle et les sombres souterrains qu'elle parcourt a de quoi donner quelques frissons.

Pour L'Ultime rivage, on retrouve Ged dans un rôle principal en compagnie d'Arren, jeune fils d'un noble reconnu. La magie disparaît et ils partent en quête de la source du problème. Nouvelle visite de Terremer et nombreuses péripéties.

Contrairement à sa science-fiction, la fantasy d'Ursula Le Guin est plus agitée, bien plus remplie d'actions et de péripéties. Par contre, on y retrouve cette écriture posée, calme, presque gentille. Lire Terremer, c'est rentrer dans une atmosphère totalement différente de tout ce qui peut se faire en fantasy actuellement. C'est plonger dans un univers où le chemin est bien plus important que la destination.

Écrit par quelqu'un d'autre, ces trois romans auraient eu toutes les chances de me tomber des mains. Mais Ursula le Guin sait manier les mots : pas d'ennui à la lecture, mais un voyage en terre étrangère où l'on pourra peut-être croiser un dragon au détour d'un chemin. Un vrai périple sur les mers de Terremer, qu'on suivra avidement sur la magnifique carte qui l'accompagne.

Comparé à ce que j'ai pu lire du Cycle de l'Ekumen, je place Terremer un chouïa en dessous. Mais comme ce premier tient de l'excellence, ce dernier se place tout de même à un très bon niveau. Et quelque chose de différent de ce que l'on peut lire ailleurs.

Seizième participation au challenge SFFF au féminin

Deuxième emprunt à la bibliothèque pour le challenge Morwenna's List

lundi 7 juillet 2014

Écran de fumée #3 - Doctor Who : Saison 1 à 7


Allons-y !

La série télé Doctor Who naît en 1963 sur la BBC. Elle raconte l'histoire d'un extraterrestre, le Docteur, ressemblant à un humain, dans ses péripéties à travers l'univers. Mais ce n'est pas n'importe quel extraterrestre : c'est un Seigneur du Temps (Time Lord en vo) qui possède un TARDIS, une machine à voyager dans le temps et l'espace. Et puis, parce que c'est mieux, il est - presque - toujours accompagné d'un "compagnon" humain.
Mais la vraie particularité du Docteur, c'est sa capacité de régénération : à l'agonie, il peut revenir en pleine forme mais sous une apparence et un caractère différent. Concrètement : un nouvel acteur. D'où, entre autres, la longévité de la série.
Une naissance en 1963 donc pour la "première" série. 26 saisons et 8 Docteurs plus tard, nous sommes en 1989 et la BBC arrête Doctor Who. Jusqu'à la ressortir des cartons en 2005 dans une "deuxième" série qui perpétue l'héritage de la "première" tout en étant parfaitement visionnable indépendamment. C'est, logiquement, de cette "deuxième" série (qui comporte 7 saisons jusqu'à présent) que je parlerai ici.

Alors pourquoi regarder Doctor Who ?
La série a plusieurs forces. La première, la plus évidente, c'est le Docteur. Un personnage qu'on ne peut qu'apprécier : à la fois extravagant et loufoque, intelligent et réponse à tout, mais aussi terriblement humain, sombre et tourmenté. Il ne s'explique pas, il se regarde. En tout cas, un vrai grand personnage. Il faut bien cela pour tenir 50 ans.
Si le Docteur est un personnage extraordinaire, la série regorge aussi de seconds rôles intéressants. En premier lieu les compagnons du Docteur qui sont bien plus que de simples faire-valoir. Et puis il y a les ennemis du Docteur, dont certains sont plus ou moins récurrents. Dans quelle autre série est-ce un tel plaisir de revoir des méchants ? Dans Doctor Who cela peut être le cas. Vraiment, qui n 'aime pas les Sontariens ?
Mais surtout, ce qui fait le succès de Doctor Who, c'est sa diversité et son évolution. Malgré un déroulement d'épisodes parfois proche du procedurial, il n'y a pas deux épisodes qui se ressemblent. Et pour cause, quand vous avez tout le temps et l'espace pour poser vos valises, les possibilités sont infinies ! Entre situations inédites et trame de fond, la série se renouvelle et avance constamment. Sans parler des différentes incarnations du Docteur qui amènent régulièrement de la fraîcheur et un style particulier.

Mais le meilleur argument pour tomber sous le charme de Doctor Who, c'est de la regarder.
Vous commencerez par la saison 1 avec le 9ème Docteur, Christopher Eccleston. Une bonne saison pour apprivoiser la série, apprendre les bases et cerner le genre. Même si les premiers épisodes ont une photographie légèrement vieillotte, la saison reste parfaitement d'actualité (et très rapidement on ne sent même plus l'ancienneté). Le seul problème de cette saison, c'est que c'est la seule du 9ème Docteur, un Docteur pas facile à prendre en main, qui n'aura pas eu le temps de faire un énorme impact, alors qu'il devient de plus en plus sympathique au fil de la saison.
Mais la déception va très (...) très vite passée. Parce qu'ensuite vient David Tennant, le 10ème Docteur. Mon préféré. Il est simplement incroyable, un jeu d'acteur exceptionnel et une sympathie instantanée. Il apporte un Docteur survitaminée et drôle mais aussi le Docteur le plus apparemment sombre et tourmentée. Si j'adore le jeu de David Tennant, j'aime aussi ce Docteur grâce au travail de Russell T. Davies, scénariste principal des saisons 2, 3 et 4. J'aime cet arc narratif qui se concentre principalement sur l'évolution de ses personnages et sur des histoires simples. C'est principalement à cause de ce cycle que j'ose dire que Doctor Who est la série la plus triste de tous les temps. Il n'y a qu'un seul reproche à lui faire : des fins un peu trop deus ex machina.
Ce n'est pas ce qu'on retiendra de l'arc suivant, les saisons 5, 6 et 7, dirigé par Steven Moffat. Matt Smith, dans le rôle du 11ème Docteur, réussit l'exploit de ne pas souffrir la comparaison avec David Tennant en proposant un Docteur à la fois proche (avec beaucoup de mimiques, de folie et de vitesse) et particulier. L'arc lui est complètement différent. Plus - un peu trop - compliqué, avec une grande trame de fond sur les trois saisons et complètement timey wimey. Un arc en dents de scie, avec du très bon et du moins bon, qui heureusement se conclut en apothéose.

Il n'y a qu'une conclusion à tout cela : Doctor Who c'est excellent. C'est une série éminemment riche, en renouvellement perpétuel, dans laquelle le spectateur est obligé de se retrouver impliqué émotionnellement.
Il n'y a qu'une seule chose à faire si ça ne l'est pas encore : l'essayer, en se forçant à aller au moins jusqu'à début de la saison 2.

Pour finir, le podium de mes épisodes préférés :

Une mention spéciale pour Blink/Les Anges pleureurs (S03E10), un épisode effrayant qui ne vous fait plus voir les statues de la même manière.
En troisième place, Vincent and the Doctor/Vincent et le Docteur (S05E10), ne serait-ce que pour ses magnifiques dix dernières minutes.
En deuxième position, The Day of the Doctor/Le Jour du Docteur (Spécial 50ème anniversaire), parce que c'est du pur plaisir.
En numéro 1, l'épisode qui m'a surement le plus marqué de toute la série, The Family of Blood/Smith, la Montre et le Docteur (S03E09) (indissociable de son prédécesseur Human Nature/La Famille de sang), magnifique palette de la personnalité du Docteur.

Geronimo !

Troisième participation pour le Summer Star Wars : Episode II

vendredi 4 juillet 2014

Arthur Conan Doyle - Le Monde perdu

Le Monde perdu, Arthur Conan Doyle, 1912, 252 pages.

Arthur Conan Doyle. Sir Arthur Conan Doyle. Le Conan Doyle. Sans qui Benedict Cumberbatch et Martin Freeman seraient encore figurants dans des soaps anglais (bon, d'accord, peut-être pas...). Le papa, contrarié, de Sherlock Holmes. Mais aussi l'auteur de nombreux autres romans, dont ceux dédiés à un autre héros récurrent, le Professeur Challenger. Le Monde perdu est le premier le mettant en scène.

Pour autant, le Professeur Challenger n'est pas le personnage principal. S'il fallait en nommer un, ce serait surement le narrateur, le journaliste Edouard Malone. Mais plus vraisemblablement, le personnage principal est le groupe de 4 personnages dans son entièreté : à Malone et Challenger, rajoutez le Professeur Summerlee (le rival de Challenger) et John Roxton l'aventurier.

Après diverses péripéties préalables, ce groupe est établi pour partir en Amérique du Sud où le professeur Challenger pense qu'il existerait encore des dinosaures. S'en suit un véritable roman d'aventures, qu'on pourrait qualifier d'à l'ancienne même si sa date de parution ne se laisse absolument pas sentir.

Enfin, pas sentir... Peut-être que les descriptions de certains dinosaures vous feront bondir si vous êtes un spécialiste, les connaissances d'aujourd'hui n'étant pas celles du début du XXème siècle. Néanmoins, il est bon de rappeler que Le Monde perdu était à l'époque un roman à la pointe de l'actualité. Pour écrire, Conan Doyle se base sur des découvertes récentes d'ossements préhistoriques et sur les récits d'un ami explorateur en... Amérique du Sud.

Bon, il y a des dinosaures, c'est cool. Mais finalement, bien qu'ayant une grande place, ils ne sont pas le véritable coeur de l'intrigue. Pas le seul en tout cas. Ce qui aura été une surprise. La surprise, c'est d'ailleurs un motif récurrent de ce roman. Beaucoup de rebondissements et une lecture jamais prévisible.

Au final, Le Monde perdu est un bon roman d'aventures prenant et surprenant. Des personnages un poil caricaturaux mais finalement sympathiques et une histoire qui tient la route. Et des dinosaures.

Deuxième participation au Rupestre Fiction

mardi 1 juillet 2014

Ursula Le Guin - Les Dépossédés

Les Dépossédés, Ursula le Guin, 1974, 391 pages.

Le cycle de l'Ekumen a une constante : Ursula Le Guin nous emmène chaque fois à la découverte d'une nouvelle planète, avec son habitat, son mode de vie et toute une étude anthropologique qui s'y rapporte. Et c'est super. Avec Les Dépossédés, c'est double ration de plaisir puisque l'on part à la découverte d'une planète, mais de deux !

D'un côté Urras, la planète mère, aux accents de la Terre : contrôlée par une élite riche, misogyne, peuplée de guerres nationales et de luttes de classes. De l'autre Anarres, la planète fille, peuplée quelques générations auparavant par des révolutionnaires urrastis : une utopie anarcho-communiste, basée sur la liberté, le partage, la solidarité et l'égalité, pauvre, en retard technologique et aux conditions de vie difficiles. Chacune est la lune de l'autre. Hormis un cargo de temps en temps pour échanger des marchandises, aucun contact.

Pour partir à la découverte de ces deux planètes et de leurs fonctionnements opposés, on suit le personnage de Shevek, un physicien annaresti. Un premier fil narratif le voit partir pour Urras, le premier à jamais faire le voyage en ce sens. Un deuxième nous montre sa jeunesse sur Anarres et les raisons l'ayant poussé à prendre le risque de partir.

Il faut bien le dire, ces presque 400 pages ne sont pas remplies de grandes actions et de multiples rebondissements. Il ne se passe même pas grand chose. Le rythme est lent. Et pourtant. Pourtant c'est une nouvelle oeuvre d'art ciselée par Ursula Le Guin. L'écriture est riche, précise, attentive.

Mais c'est bien le propos qui est au centre et qui est le plus remarquable. Les Dépossédés est éminemment politique. Encore plus concrètement que d'habitude. Cette communauté anarchiste annarestie qui fonctionne est un vrai exemple de modèle de société alternatif. En opposition avec le capitalisme détestable d'Urras, il est simple de savoir de quel côté le coeur de l'auteur la porte.

Mais ce roman n'est absolument pas une bête éloge de l'anarchisme. Pas de manichéisme ici : Ursula Le Guin montre aussi les limites du système et les sacrifices nécessaires. Ainsi que tous les aspects qui peuvent de près ou de loin se rapporter à cette "politique", le langage et l'éducation en tête.

Les Dépossédés est un roman riche qui regorge de bonnes choses et dont on pourrait tirer des lignes et des lignes. En résumé, ce sont deux modèles de société scrutés à la loupe. Mais cette macrosociologie est portée en parallèle par le développement d'un petit être humain qui nous montre les choses à son échelle. Micro et macro sont réunis. Pour un livre qui n'a rien de petit mais bien tout d'un grand.

Quinzième participation au challenge SFFF au féminin

Deuxième participation pour le Summer Star Wars : Episode II

Premier emprunt à la bibliothèque pour le challenge Morwenna's List