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lundi 7 avril 2025

Margaret Killjoy - L'Agneau égorgera le lion

L'Agneau égorgera le lion, Margaret Killjoy, Tome 1/? de Danielle Cain, 2017, 132 pages

Danielle Cain débarque à Freedom, une ancienne ville délabrée où vit désormais une communauté anarchiste. Elle est à la recherche de réponses sur ce qui a pu pousser son ami Clay, ancien citoyen de Freedom, à se suicider. Sa quête commencera par la découverte d'Uliksi, un cerf rouge à trois bois qui rend la justice et est suivi par un cortège d'animaux morts-vivants.

La première qualité de L'Agneau égorgera le lion, c'est de parvenir à rendre ce pitch parfaitement normal et logique dès les premières pages. Ça fait bien lever un sourcil à la première mention d'Uliksi - voire un deuxième à la vue de la vitesse d'intégration de l'héroïne, même si cela peut se justifier - mais il se rebaisse très rapidement tant cela laisse immédiatement place à une très bonne histoire fantastique, simple et efficace, à l'intrigue resserrée mais qui n'a aucun goût de 'pas assez'.

Mais ce qui fait passer la novella dans une autre dimension et lui donne tout son intérêt, c'est que cette part fantastique n'est pas juste là pour faire jolie, elle sert un propos. Avec tact et par petites touches, L'Agneau égorgera le lion questionne les fondements de la liberté, du pouvoir et de la justice. Elle traite d'anarchisme en somme, sans tomber dans le dithyrambique ou le prosélytisme. C'est donc tout autant une bonne base de réflexion qu'une plaisante histoire à lire, ce qui est globalement la définition d'une excellente novella.

Couverture : Anouck Faure / Traduction : Mathieu Prioux
D'autres avis : Vert, Yuyine, Le nocher des livres, Boudicca, Célinedanaë, ...

samedi 28 décembre 2024

Mu Ming - Le Bracelet de jade

Le Bracelet de jade, Mu Ming, 2022, 102 pages

Chine, 1640. Lors d'une sortie avec son père, Chen se voit offrir un bracelet de jade. Un bracelet dont la composition semble receler quelques secrets et qui offre à ses rêves de nouvelles perspectives.

Ce pitch peu vendeur ne reflète pas vraiment ce qu'est Le Bracelet de jade. C'est une plongée dans l'esprit intellectuel chinois du XVIIème siècle, aux nombreuses références explicitées par Gwennaël Gaffric dans sa préface et où les jardins ont une place très importante - ce qui m'a prouvé une nouvelle fois l'excellence de Guy Gavriel Kay -, ce qui ne l'empêche pas d'être abordable et d'avoir un côté actuel dans ses réflexions philosophico-scientifiques.

Ce court synopsis donne tout de même une information : Mu Ming n'a pas écrit un texte plein d'action où l'intrigue est centrale. Il s'y passe suffisamment de choses pour qu'il soit agréable à lire mais ce sont bien l'ambiance et les idées qui sont au coeur du récit. Pour ces dernières, c'est d'ailleurs presque une application directe de la troisième loi de Clarke : « Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie ». Quant à l'ambiance, et à la novella dans son ensemble, c'est ma définition personnelle de la poésie : on ne comprend pas tout, ça ne fonctionne pas forcément tout le temps, mais parfois il y a un "truc" qui se passe et cela crée des petits moments de grâce qui donnent tout son sens à l'ensemble. À la fois bien ancré dans une période historique et pourtant moment hors du temps, Le Bracelet de jade porte bien son nom : c'est un bijou dont les fêlures n'entravent pas la beauté.

Couverture : Anouck Faure / Traduction : Gwennaël Gaffric
D'autres avis : Vert, FeyGirl, Yuyine, Le nocher des livres, Célinedanaë, Boudicca, ...

dimanche 7 juillet 2024

Jean-Laurent Del Socorro - Peines de mots perdus

Peines de mots perdus, Jean-Laurent Del Socorro, 2024, 260 pages

France, 1593. La Compagnie du Chariot, une troupe de mercenaires, est emprisonnée. En échange de leur liberté, leur capitaine, Axelle de Thorenc, se voit confier une mission pour le compte du roi Henri IV : partir en Angleterre pour y récupérer le mystérieux sceau de l'enfer. Une mission qui aura des échos tout au long de sa vie.

Peines de mots perdus prend place dans un univers habituel de Jean-Laurent Del Socorro, où se sont déjà déroulés, entre autres, deux excellents textes : Royaume de vent et de colères et Le Vert est éternel. Je dis "univers" mais il vaudrait mieux dire "époque" tant c'est la partie historique qui est la plus prégnante dans cette fantasy historique. Malheureusement, cette troisième lecture fut bien moins enthousiasmante que les deux premières.

Peines de mots perdus est une sorte de fix-up de trois nouvelles, toutes mettant en scène Axelle se rendant en Angleterre, à quelques décennies d'intervalle, pour des missions ayant toute un socle commun. Ces textes ne sont pas mauvais. Ce sont des petites aventures sympathiques, où le travail historique est certainement grand et où le féminisme et la sororité ont une place importante. Ça se lit sans mal, sans déplaisir, mais sans véritable enthousiasme non plus.

Il y a deux problèmes. Premièrement tout se déroule trop rapidement et trop bien, c'est gentillet. Ce qui ne serait pas forcément si grave s'il n'y avait pas le deuxième souci : je n'ai eu aucun investissement émotionnel envers les personnages. Elles ont pourtant un fort potentiel mais tout va trop vite pour avoir le temps de s'attacher - même si ça ne gêne pas Axelle, la solitaire qui se fait des meilleures amies toutes les 5 minutes après deux phrases échangées - et ce d'autant plus qu'une grande partie des évènements les plus impactants ont lieu lors des entractes entre les différents textes. Tout ça fait que si Peines de mots perdus est loin d'être une mauvaise lecture, elle est tout de même assez anecdotique.

Couverture : Xavier Colette
D'autres avis : Yuyine, Célinedanaë, Le Nocher des livres, Boudicca, ...