dimanche 17 août 2025

Adam-Troy Castro - La Guerre des marionnettes

Adam-Troy Castro, La Guerre des marionnettes, Tome 3/3 d'Andrea Cort, 2010-2019, 536 pages

Après Émissaires des morts et La Troisième Griffe de Dieu, La Guerre des marionnettes est le troisième roman mettant en scène Andrea Cort, la Procureure extraordinaire qui fait à peu près tout sauf aller dans les tribunaux. Elle y continue sa quête contre de vieux ennemis en se rendant sur Vlhan, une planète où les habitants pratiquent un ballet mortel.

Avant de rentrer dans le roman en lui-même, l'ouvrage démarre par Les Lames qui sculptent les marionnettes, une longue nouvelle qui n'a rien d'extraordinaire en elle-même mais qui est absolument parfaite pour faire le lien entre les tomes 2 et 3 et pour se remettre dans l'univers. Ça permet d'attaquer le roman sans nécessiter de temps d'adaptation et d'en profiter dès les premières pages.

La Guerre des marionnettes est un bon roman, qui tient plus de l'aventure que de l'enquête. C'est peut-être en partie ce qui en fait le moins bon des trois pour moi puisqu'il sort moins de l'ordinaire. Ça vaut aussi pour le caractère de son héroïne : son évolution est logique et certainement nécessaire, mais ça la rend aussi un peu plus 'normale' et moins sensationnelle - même si elle conserve toujours une grande force de caractère.

Mon autre bémol, c'est ce sentiment de "tout ça pour ça" une fois la dernière page tournée, l'impression que la grande histoire derrière tout ça n'a absolument pas avancé. C'est encore pire pour la 'petite' histoire puisque l'ouvrage se conclut par La Cachette, une nouvelle qui vient - malgré une réflexion intéressante - remettre en question les rares avancées effectuées dans le roman.

Je me concentre sur les points négatifs parce qu'ils sont ce qui change le plus par rapport aux tomes précédents mais cela ne doit pas occulter l'essentiel : j'ai pris plaisir à lire La Guerre des marionnettes. C'est une bonne aventure et l'univers imaginé par Adam-Troy Castro reste fascinant. Je ne trouve pas que ça soit un bon tome conclusif mais ça reste un bon roman en lui-même.

Couverture : Olivier Munday / Traduction : Charles Recoursé
D'autres avis : Vert, Yuyine, Le Maki, Gromovar, FeyGirl, Le chien critique, FeydRautha, Célinedanaë, Le nocher des livres, Brize, Herbefol, Apophis, ...


Troisième escale pour le Summer Star Wars Andor S2

lundi 11 août 2025

Emma Newman - Planetfall

Planetfall, Emma Newman, Tome indépendant 1/4 de "Planetfall", 2015, 287 pages

Sur une lointaine planète, une colonie humaine s'est installée au pied d'une étrange structure, la Cité de Dieu. Leur cheffe de file, Lee Suh-Mi, y a disparu depuis plusieurs années mais les terriens, incités par des messages annuels, continuent d'attendre son retour et des révélations sur Dieu. L'arrivée de Sung-Soo, descendant de Lee Suh-Mi et rescapé inattendu de la Chute initiale, va bouleverser l'équilibre de la communauté.

Planetfall est un roman mystérieux. Et ce n'est pas qu'une formule puisque tout le récit repose sur le fait de comprendre ce qu'est cette expédition et cette planète. Et plus encore ce qu'est le secret sur lequel tout semble être construit. La réponse à la première question s'avèrera plus ou moins satisfaisante selon qu'on aime ou non les fins ouvertes et mystico-fantasmagoriques. J'ai trouvé ça un peu perturbant mais cela colle finalement assez bien avec ce qui est présenté tout au long du récit. Et puis ça tombe bien, l'important est ailleurs, dans la seconde question, le secret.

Le secret en lui-même n'est pas exceptionnel. Mais toute sa présentation et son intégration au récit sont remarquables. Et plus encore son lien avec Ren, la narratrice du récit. Un personnage exceptionnel, dans le sens où l'on ne voit presque jamais de telles représentations. Et le fait de vivre le récit à travers ses yeux rend la chose encore plus forte puisqu'il est impossible de deviner avant longtemps que Ren a quelque chose de particulier, d'anormal.

Planetfall est très loin d'être un planet-opera classique. Il ne faut peut-être même pas le lire en s'attendant à un roman de science-fiction. C'est un roman qui utilise la science-fiction et la foi, toutes les palettes de l'imaginaire en somme, pour mieux proposer un portrait profondément réaliste et absolument humain. Est-ce que c'est un roman parfait ? Non. Est-ce que le personnage de Ren vaut à lui seul la lecture ? Oui, sans aucun doute.

Couverture : Anxo Amarelle / Traduction : Racquel Jemint
D'autres avis : Vert, Lhisbei, Le Maki, Shaya, Le chien critique, Lorhkan, Gromovar, FeydRautha, Xapur, Lune, Elessar, Cédric, Célinedanaë, Jean-Yves, ...


Deuxième escale pour le Summer Star Wars Andor S2

mardi 5 août 2025

Bulles de feu #76 - Juillet 2025

Un petit récapitulatif de mes lectures BDs/mangas/comics du mois, pour en garder une trace.
Le classement est absolument imparfait, insatisfaisant et un peu aléatoire mais peut donner un ordre d'idée. Les avis sont (ultra)brefs, n'hésitez pas à demander un complément d'informations en commentaire si nécessaire.

Bien / Ok / Correct


Vagabond T.12-13/37 - Takehiko Inoue

Ça poursuit son chemin de haine et de mort, tout en questionnant un peu le caractère vain de tout cela.


Teenage Mutant Ninja Turtles - The Last Ronin - Lost Years T.2/? - Kevin Eastman, Tom Waltz, Ben Bishop et SL Gallant

Une sorte de suite à The Last Ronin, dont les deux tiers forment une préquelle aux enjeux inexistants et le dernier tiers est juste une phase de transition pour une possible suite. L'univers, le potentiel et les dessins sont heureusement toujours sympas, ça sauve l'ensemble.


Insomniaques T.14/14 - Makoto Ojiro

La fin d'une sympathique série qui n'aura malheureusement jamais atteint tout son potentiel et sera un peu trop restée dans son train-train.
Très bien


Les Vieux Fourneaux T.8/? - Wilfrid Lupano et Paul Cauuet

Toujours très bon. Des secrets venus du passé, des travers modernes dénoncés et des passages vraiment amusants : un tome des Vieux Fourneaux quoi.


Bride Stories T.14-15/? - Kaoru Mori

Une relecture du tome 14 et une découverte du tome 15 toujours aussi plaisante, une galerie de personnages vraiment adorables.


Space Brothers T.44/? - Chûya Koyama

Encore un excellent tome, qui rappelle que les choses peuvent toujours empirer.


L'Héritage fossile - Philippe Valette

Un très beau sens du gigantisme, dans le récit et dans le graphisme, pour cette BD qui parle d'un voyage de colonisation d'une planète à plusieurs millénaires de la Terre. Je ne suis pas un grand fan de l'aspect 3D numérique et du mélange 2D/3D mais j'admets qu'il apporte son style et donne quelques planches marquantes. Rien de totalement révolutionnaire dans l'histoire mais c'est franchement bien mené jusqu'à la toute fin, sans temps faible. Très fluide et prenant, une vraie bonne BD.


The Nice House on the Lake T.1-2/2 - James Tynion IV et Álvaro Mártinez Bueno

Un excellent diptyque qui revisite le post-apo et le huis clos pour créer une oeuvre haletante, pleine de mystères, avec une très bonne logique interne et du sens jusqu'au bout. À la hauteur de sa réputation.

mercredi 30 juillet 2025

Eduardo Mendoza - Bataille de chats

Bataille de chats, Eduardo Mendoza, 2010, 391 pages

Madrid, 1936. Anthony Whitelands est un spécialiste anglais de la peinture espagnole du Siècle d'or. Il est appelé en Espagne, où les tensions montent de plus en plus entre républicains et nationalistes, pour estimer un tableau qui doit servir à financer la fuite du pays d'un duc et de sa famille.

Contrairement à ce que son titre indique, il n'est nullement question de félins dans Bataille de chats. La possible confusion vient du jeu de mots intraduisible qu'est le titre original, Riñas de gatos, où les gatos sont bien le terme espagnol désignant les chats mais aussi, et surtout dans le cas présent, le surnom des madrilènes.

Loin des rixes félines donc, ce sont les prémices de la guerre civile espagnole qui sont au coeur du récit. Le principe est assez malin : prendre un personnage neutre, un anglais en l'occurrence, et le mettre dans une situation qui va l'amener à côtoyer les deux camps, pour pouvoir évoquer leurs idéaux et leurs fonctionnements. Sauf que cet aspect reste trop en surface et ne donne pas envie de s'intéresser à la situation.

Le problème majeur, qui parasite le potentiel historico-social, c'est que la majeure partie du récit est un vaudeville. Et pas vraiment un bon en plus, bien que je ne sois pas le mieux placé pour juger le genre. Mais il y a une chose dont je suis sûr : les personnages féminins sont bien trop jeunes pour que cela soit sain. Ce n'est pas le seul problème de ce roman qui jongle très bizarrement entre ses différents projets mais c'est un problème rédhibitoire. D'Eduardo Mendoza j'avais grandement apprécié les excellents Sans nouvelles de Gurb et Le Dernier Voyage d'Horatio II. J'aurais peut-être mieux fait de m'en tenir à sa science-fiction humoristique.

Couverture : Virginie Perrollaz / Traduction : François Maspero
D'autres avis : ...

jeudi 24 juillet 2025

Raphaël Bardas - Les Fourneaux de Crachemort

Raphaël Bardas, Les Fourneaux de Crachemort, 2024, 356 pages

Quatre jeunes adultes se sont liés d'amitié lors de leurs cours de théâtre. Ils forment une vraie petite bande, au point de parfois commettre quelques cambriolages pour passer le temps. Jusqu'au jour où l'un de ces larcins, chez un dramaturge fraichement décédé, tourne mal et qu'ils doivent fuir leur ville de Brillanza à bord d'un food-truck. Mais les quatre objets qu'ils ont innocemment récupéré pourraient bien avoir lancé à leurs trousses des problèmes bien plus graves qu'une simple poursuite pour vol.

Les Fourneaux de Crachemort peut être résumé très facilement en trois thématiques : nourriture, théâtre et sexualité. L'ambiance méditerranéenne des débuts laissera plus tard place à des contrées moins chaleureuses mais l'esprit lui restera toujours le même : la fête et le plaisir comme mots d'ordre, malgré tous les problèmes. Encore plus face à certains d'entre eux, d'ailleurs.

Il y a un vrai ton, une vraie ambiance différente dans Les Fourneaux de Crachemort. Ce n'est pas une révolution mais ça donne un vrai charme à l'ensemble, surtout que ce n'est pas qu'une façade et que cela fait partie intégrante de l'histoire. L'univers parait parfois un peu foutraque et le récit en lui-même n'est pas le plus palpitant, mais c'est compensé par le vent de fraicheur et de liberté qui souffle entre ces pages - et ce malgré le monde bien sombre qu'elles décrivent -, à l'image de la dynamique rafraichissante et pas si commune entre les quatre héro.ïne.s. L'ensemble a un côté facétieux qui n'accrochera pas tout le monde mais qui en fait une bonne aventure.

Couverture : Emiliano Renzi
D'autres avis : L'ours inculte, Le nocher des livres, Célinedanaë, ...

vendredi 18 juillet 2025

Alastair Reynolds - La Maison des Soleils

La Maison des Soleils, Alastair Reynolds, 2008, 504 pages

Campion et Purslane sont deux fragments de la Lignée Gentiane, clones d'Abigail Gentian parcourant l'univers depuis des millions d'années. Tous les deux cent mille ans, les mille clones se réunissent pour faire la fête et partager leurs découvertes. Une réunion est justement sur le point de commencer, à laquelle Campion et Purslane sont en retard. Ce qui s'avèrera être une chance, et le début d'une aventure aux enjeux encore plus gigantesques que leurs périples habituels.

Avoir découvert l'univers de la Lignée Gentiane dans La Millième Nuit permet d'entrer plus sereinement et facilement dans La Maison des Soleils mais les premières pages font tout de même leur effet. Un effet wahou tant les chiffres, de distances et de durées, sont vertigineux. Tout est démesuré dans La Maison des Soleils, inimaginable, et pourtant cela reste constamment à portée d'appréhension. Cela ne veut pas dire que tout est parfaitement compréhensible mais cela se fait sans frustration.

Le sense of wonder est sans aucun doute la qualité première de La Maison des Soleils. Ses personnages sont aussi très bons et l'histoire tient bien la route. J'ai un peu plus de bémols concernant la structure et le rythme du récit. J'y ai discerné trois grandes parties qui ne s'imbriquent pas idéalement les unes dans les autres : une première qui prend le temps de présenter, avec force détails, son univers et ses concepts ; une deuxième bien plus terre-à-terre où des êtres surhumains s'avèrent être aussi bêtes et détestables que des humains lambdas ; un brusque basculement vers une troisième partie finale qui propose une aventure et une conclusion. C'est cette dernière qui est d'ailleurs la meilleure parce qu'elle mélange mieux ses différents éléments pour en faire une lecture à la fois prenante et émerveillante, et avec bien moins de lassitude.

Si ce bémol est l'un des éléments les plus saillants de mon ressenti, il ne doit pas éclipser le fait que La Maison des Soleils est un vrai bon roman. Ça n'aura pas été un coup de coeur et j'ai préféré La Millième Nuit, mieux rythmé et plus constant, mais cela reste rare de pouvoir lire un texte avec un tel sens du gigantisme.

Couverture : Amir Zand / Traduction : Pierre-Paul Durastanti
D'autres avis : Tigger Lilly, Vert, Lhisbei, shaya, FeyGirl, Lorhkan, Gromovar, Le Maki, FeydRautha, Anne-Laure, Apophis, Célinedanaë, Anudar, Cédric, ...


Première escale pour le Summer Star Wars Andor S2

samedi 12 juillet 2025

Claire North - Sweet Harmony

Sweet Harmony, Claire North, 2020, 159 pages

Tout va bien pour Harmony Meads. Un corps parfait, une santé parfaite, un petit ami parfait, un emploi parfait. Jusqu'au jour où apparait, sur son visage, un bouton. Ce qui est strictement impossible puisque les nanos dans son corps font en sorte de lui assurer une apparence parfaite. Mais tous ces abonnements ont un coût... et les finances d'Harmony ne sont pas parfaites, elles.

Sweet Harmony est une novella qui parle, sans surprise, du culte de l'apparence. Et ce sans évoquer les réseaux sociaux. Il n'y en a pas besoin, les relations sociales de la vie de tous les jours suffisent largement à pousser l'envie du corps parfait, confortable, attractif, qui ouvre toutes les portes ou presque. Mais le texte de Claire North ne se limite pas à dénoncer les ravages et les risques de cette beauté à tout prix. Ce n'est qu'un des multiples thèmes évoqués, avec aussi la pression sociale, les relations toxiques ou encore le cercle vicieux de la dette.

Sweet Harmony est un récit qui ne donne pas de leçon mais pousse à réfléchir sur son propre rapport au corps, au sien comme à ceux des autres. Le constat proposé par Claire North n'est pas joyeux. Il est même triste, mais tristement vrai. C'est aussi effarant que lucide, et c'est symbolisé par une héroïne avec laquelle on ne peut ni être complètement dans l'empathie ni être complètement dans le dédain tant elle est aussi imparfaite que réaliste. Indéniablement un texte fort.

Couverture : Aurélien Police / Traduction : Michel Pagel
D'autres avis : Vert, Tigger Lilly, FeyGirl, Yuyine, Le Maki, FeydRautha, Gromovar, Jean-Yves, Xapur, Boudicca, Zoé, Célinedanaë, Herbefol, ...

dimanche 6 juillet 2025

Bulles de feu #75 - Juin 2025

Un petit récapitulatif de mes lectures BDs/mangas/comics du mois, pour en garder une trace.
Le classement est absolument imparfait, insatisfaisant et un peu aléatoire mais peut donner un ordre d'idée. Les avis sont (ultra)brefs, n'hésitez pas à demander un complément d'informations en commentaire si nécessaire.

Bien / Ok / Correct


Thermae Romae T.3/6 - Mari Yamazaki

La série continue de s'améliorer sur la durée : les histoires se permettent de durer plusieurs chapitres et il y a une plus grande continuité globale, sans pour autant délaisser les improbables voyages temporels et le thème des bains.


Thunder 3 T.2-3/? - Yuki Ikeda

Ça s'avère être une sorte de One Punch Man en plus sérieux. Ça manque peut-être d'un enjeu dramatique plus fort et d'un peu de tension, mais c'est agréable et surprenant à lire.


The Private Eye - Brian K. Vaughan et Marcos Martin

Un bon polar/thriller dans un futur où Internet n'existe plus, portant une réflexion sur la vie privée. Une histoire noire aux dessins énergiques et aux couleurs lumineuses.
Très bien


Evol T.5/? - Atsushi Kaneko

Ça évolue juste ce qu'il faut pour ne pas être répétitif.


Célestin et le coeur de Vendrezanne, Les Contes de la Pieuvre T.3/? - Gess

Une nouvelle très bonne histoire qui continue de faire grandir un univers riche et fascinant, autant dans son aspect fantastique qu'historico-géographique, peuplé de personnages charismatiques.


Shin Zero T.1/3 - Mathieu Bablet et Guillaume Singelin

Un duo d'auteurs qui fait rêver et un ouvrage à la hauteur des attentes, sur le fond et sur la forme. C'est un hommage aux sentai qui fait bien plus que ça, c'est une bonne aventure mais surtout de très bonnes tranches de vie de personnages qui se cherchent.


Blue Giant T.1-5/10 - Shinichi Ishizuka

Un manga sur un jeune homme voulant devenir le meilleur saxophoniste de jazz au monde. Ça sonne comme un manga d'apprentissage classique mais ça ne tombe pas du tout dans cette routine ou dans le didactique. C'est absolument excellent et très intelligemment écrit. Le jazz y est décrit comme une musique d'émotions et c'est exactement ça que rend le manga : des émotions. C'est puissant, ça prend au coeur, à mettre les larmes aux yeux de joie.

lundi 30 juin 2025

Christelle Dabos - Les Disparus du Clairdelune

Les Disparus du Clairdelune, Christelle Dabos, Tome 2/4 de La Passe-Miroir, 2015, 551 pages

Les Disparus du Clairdelune prend place dans la continuité directe de Les Fiancés de l'hiver. Ce premier tome ne se terminait pas sur un énorme cliffhanger mais il s'arrêtait clairement avant le début d'une nouvelle phase pour Ophélie. Une nouvelle phase qui ne révolutionne pas l'histoire mais effectue un léger changement de cadre et de rapports de force, juste ce qu'il faut pour donner une couleur un peu différente à ce deuxième tome.

Mais dans l'ensemble il n'y a guère de surprise : celleux qui ont aimé Les Fiancés de l'hiver devraient aimer Les Disparus du Clairdelune tant le récit suit le même rythme, l'univers continue de se développer peu à peu et les personnages restent attachants, Ophélie en tête. Ce qui change un peu, c'est l'ampleur que commence à prendre l'histoire. Quelques premières réponses apparaissent et les enjeux ne cessent de prendre de l'envergure.

J'ai évité de faire la comparaison dès le premier tome mais il est difficile de ne pas penser à la saga Harry Potter. Les deux séries sont évidemment différentes sur bien des points, mais l'attrait de l'univers, la croissance des personnages et des enjeux et le côté très prenant de l'histoire rappellent tout le côté positif qui peut ressortir de la lecture d'Harry Potter. La Passe-Miroir ne doit pas être résumée à cette comparaison mais elle permet de comprendre rapidement ce qui peut être attendu de sa lecture : une vraie grande aventure, une immersion totale et un très grand plaisir.

Couverture : Laurent Gapaillard
D'autres avis : Vert, Yuyine, Alys, Acr0, Elessar, ...

mardi 24 juin 2025

Antoine Bello - Enquête sur la disparition d'Émilie Brunet

Enquête sur la disparition d'Émilie Brunet, Antoine Bello, 2010, 252 pages

Émilie Brunet a disparu en compagnie de son amant. C'est son mari, Claude Brunet, qui a signalé la disparition, mais il se révèlera rapidement le principal suspect. Pour aider à résoudre l'affaire, il est fait appel à Achille Dunot, un enquêteur qui a la particularité de souffrir d'amnésie antérograde, ce qui l'oblige à tenir un journal quotidien pour pouvoir se remémorer chaque matin ses avancées sur l'enquête.

Ce cas rare d'amnésie a le mérite de donner une raison à la narration de type journal, ce qui correspond à une présentation classique des romans d'Agatha Christie. Cette comparaison n'est pas qu'un détail puisque Enquête sur la disparition d'Émilie Brunet est un hommage aux romans policiers classiques et à ceux d'Agatha Christie en particulier.

Mais plus qu'un hommage, c'est une grande restitution de connaissances et d'analyses sur les oeuvres de l'autrice anglaise, divulgâchage d'un grand nombre d'intrigues inclus. Cela plaira peut-être aux spécialistes mais cela aura sinon de grands risques de ressembler à un vain étalage de savoirs. Et ce n'est pas l'intrigue qui pourra rattraper ça. Elle n'est là que pour permettre des digressions sur Agatha Christie mais n'est absolument pas un bon polar en elle-même. Il ne faut en fait presque pas considérer Enquête sur la disparition d'Émilie Brunet comme un roman : c'est entre l'essai et l'exercice de style. Et ce n'était pas pour moi.

Couverture : Pauline Daniel - Picturetank
D'autres avis : TmbM (dont j'aurais mieux fait de me souvenir de l'avis), ...

mercredi 18 juin 2025

Christelle Dabos - Les Fiancés de l'hiver

Les Fiancés de l'hiver, Christelle Dabos, Tome 1/4 de La Passe-Miroir, 2013, 519 pages

Jeune fille pouvant lire le passé des objets, Ophélie tient tranquillement un musée sur Anima. Jusqu'au jour où les matriarches de son Arche la force à se marier avec Thorn, un membre de la glaciale Arche du Pôle. Au-delà de l'aspect non-désirée de cette union, c'est un mariage qui se révèlera bien plus dangereux et mystérieux qu'imaginé.

Toute l'intrigue repose sur un mariage arrangé, et donc sur le potentiel d'une romance "ennemis qui deviennent amoureux". Et il y a un peu de ça, indéniablement. Sauf qu'il y a aussi une grande lucidité sur cette situation, tant de la part de Christelle Dabos que d'Ophélie, l'héroïne. Ça rend la chose bien plus digeste et acceptable, sans compter que cela s'accompagnera de quelques surprises.

Mais résumer Les Fiancés de l'hiver à une romance serait une grosse erreur, autant que l'enfermer dans une case jeunes adultes. Ça serait passer à côté de l'univers de La Passe-Miroir, un univers extrêmement riche dans son potentiel et qui offre déjà un paquet de bonnes idées, notamment sur les différents pouvoirs que peuvent avoir les personnages. C'est un univers où la magie et l'émerveillement sont partout, tout en donnant une image de "magie douce", en quantité limitée qui n'empiète pas sur l'importance des personnages en eux-mêmes.

Les Fiancés de l'hiver est un excellent premier tome, à la hauteur de sa réputation. Il est passionnant de bout en bout, bien rythmé, avec un vrai sens de l'aventure qui embarque et dépayse. Mais surtout il y a Ophélie. Une héroïne exceptionnelle, qui est imparfaite et maladroite mais qui ne se révèle jamais pitoyable ou gênante. Elle sonne vraie et elle agit avec intelligence malgré les difficultés. L'intrigue mystérieuse rend la lecture prenante mais c'est bien Ophélie qui la rend attachante. J'ai hâte de la retrouver dans le tome 2.

Couverture : Laurent Gapaillard
D'autres avis : Vert, Yuyine, Alys, Acr0, TmbM, ...

jeudi 12 juin 2025

Paolo Bacigalupi - Machine de guerre

Machine de guerre, Paolo Bacigalupi, Tome 3/3 des Cités englouties, 2017, 312 pages

Après Ferrailleurs des mers et Les Cités englouties, Paolo Bacigalupi revient une dernière fois dans l'univers post-apocalypse climatique des Cités englouties. Mais alors que le deuxième tome pouvait être considéré comme indépendant du premier (et possédait une fin en soi), ce troisième volume en est une suite quasi-directe, avec un focus encore plus important sur le personnage de Tool, le mémorable mi-homme mi-bête à la puissance dévastatrice et au passé compliqué.

Machine de guerre n'est pas le meilleur des trois récits proposés par Paolo Bacigalupi. Il est un chouïa moins bon parce que son déroulé est un peu trop évident et qu'il est un tout petit peu répétitif. C'est peut-être juste le contrecoup d'être la suite du tome précédent : il lui manque l'effet de surprise et de découverte. Cela dit, la différence est assez minime et, sans rien révolutionner, cela reste une lecture agréable et efficace qui offre une bonne conclusion tant au personnage de Tool, fil conducteur de la trilogie, qu'à la série dans son ensemble - tome 1 compris, oui. Agréable et efficace, ça aura été le mot d'ordre de ces Cités englouties.

Couverture : Olivier Fontvieille / Traduction : Sara Doke
D'autres avis : Xapur, ...

vendredi 6 juin 2025

Bulles de feu #74 - Mai 2025

Un petit récapitulatif de mes lectures BDs/mangas/comics du mois, pour en garder une trace.
Le classement est absolument imparfait, insatisfaisant et un peu aléatoire mais peut donner un ordre d'idée. Les avis sont (ultra)brefs, n'hésitez pas à demander un complément d'informations en commentaire si nécessaire.

Bien / Ok / Correct


Passé, présent, futur, Batman DC Renaissance T.6/9 - Scott Snyder et vraiment beaucoup d'autres personnes

Un "tome" de transition, recueil d'histoires courtes publiées ici et là. Une tentative de donner une continuité à l'ensemble - un effort louable mais presque désespéré dans l'univers des comics de superhéros.


Kaiju n°8 T.13/? - Naoya Matsumoto

Même les tomes de transition sont des tomes de purs combats !


All Out!! T.1/17 - Shiori Amase

Une base classique de manga sportif pour cette série sur le rugby. Les personnages ont un bon potentiel donc ça devrait être sympa.


Thermae Romae T.2/6 - Mari Yamazaki

La bonne surprise. Alors que je trouvais que ça devenait déjà répétitif dans le tome 1, ce tome 2 est étonnamment agréable à lire avec de bonnes idées pour continuer d'allier thermes romains et bains modernes.


FRNCK T.2-4/? - Olivier Bocquet et Brice Cossu

Moins bon que le tome 1 mais le niveau remonte peu à peu jusqu'à une vraiment bonne fin de cycle dans le tome 4. L'ensemble est assez inoffensif mais c'est sympa à lire - et avec des voyelles, désormais.


Daytripper - Fábio Moon et Gabriel Bá

Une suite de tranches de vie d'un même personnage, auteur et nécrologue, qui se terminent toujours pas sa mort. Un concept surprenant pour un livre qui n'a rien de triste et qui parle de vie, de famille et d'instant présent. Une bonne BD même s'il m'a manqué un petit truc pour dépasser le stade du juste bien.


Le Coeur en braille - Joris Chamblain et Anne-Lise Nalin

Une mignonne romance adolescente aux personnages sympathiques et attachants.


Rebels - Brian Wood et Andrea Mutti

Une sorte de petite anthologie sur la guerre de Sécession, du point de vue de personnages presque lambdas, des petites mains de la guerre. Un bon comics qui parle de luttes et de sacrifices avec diversité, sans donner un cours d'Histoire.


Dr Brain saison 1 - Hongjacga

Un concept (la 'lecture' des souvenirs des morts) qui demande une petite suspension d'incrédulité mais qui permet de mener un bon polar/thriller efficace et prenant, aéré dans son propos et dans sa présentation.


Frieren T.13/? - Kanehito Yamada et Tsukasa Abe

Toujours une ambiance unique, toujours le chemin plus important que la destination, toujours d'une même qualité.
Très bien


Evol T.4/? - Atsushi Kaneko

La continuité dans le jusqu'au-boutisme et la violence mais aussi le début d'un nouvel arc/affrontement.


Thunder 3 T.1/? - Yuki Ikeda

Trois jeunes garçons basculent dans un monde parallèle où ils ont l'apparence de personnages d'animes et semblent dotés d'une grande puissance. Un monde parallèle qui semble identique au leur, si ce n'est pour les aliens qui ont récemment débarqué. Un démarrage très intrigant et franchement original qui rend curieux de la suite.


Blue Period T.15/? - Tsubasa Yamaguchi

La fin de l'arc des vacances d'été qui aura été de bout en bout très bon, surement le meilleur arc de la série.


Bootblack T.1-2/2 - Mikaël

Après Giant, une nouvelle plongée dans l'immigration américaine, cette fois avec un bootblack, un cireur de chaussure d'origine allemande qui cherchera son chemin entre New-York et la seconde guerre mondiale. Une vraie réussite, une histoire au découpage très bien mené et une ambiance très bien rendue, avec une économie de mots très bien compensée par les dessins.


Un Destin de trouveur, Les Contes de la Pieuvre T.2/? - Gess

La confirmation : le tome 1 était très bien, le tome 2 (indépendant) l'est tout autant, en étant à la fois pareil et différent. L'histoire n'est pas forcément des plus originales mais son traitement est impeccable et son univers général est fantastique. C'est très plaisant à lire et ça a une vraie âme.

samedi 31 mai 2025

A.E. Van Vogt - Le Cycle de Linn

Le Cycle de Linn, A.E. Van Vogt, 1956-1962, 394 pages

Sur une Terre future, quelques millénaires après une apocalypse nucléaire, les vestiges de cette catastrophe sont devenus à la fois une sorte de religion, un moteur technologique pour l'expansion galactique et un danger toujours vif. C'est à cause de ces radiations que Clane Linn, fils de l'Empereur régnant sur la Terre, est né difforme. Mais alors que les mutants sont d'ordinaire rejetés voire tués, Clane va être protégé et va se révéler d'une intelligence hors norme.

Cette intégrale du Cycle de Linn se compose de deux courts romans dont l'enchaînement est plus que bienvenu car c'est ensemble qu'ils forment un véritable récit. Ou en tout cas quelque chose s'en rapprochant plus que la longue introduction/présentation que semble être le premier tome, L'Empire de l'atome, une fois sa dernière page tournée. Il permet tout de même de découvrir ce monde mi-futuriste mi-ancien et surtout le personnage atypique de Clane Linn, handicapé physique en proie à des difficultés dans les relations sociales et à l'esprit à part. Même si malheureusement les deux premiers éléments vont peu à peu s'atténuer au fil des pages, laissant Clane dans un schéma de "génie différent de la norme" bien plus commun.

Une autre facette du récit est elle aussi atypique : son ambiance. L'atmosphère dégagée est assez étrange, avec peu d'émotions, un peu comme si tout était capitonné. Les enjeux qui finissent par se dévoiler, surtout dans le deuxième tome, Le Sorcier de Linn, sont assez démentiels et pourtant tout se déroule de manière assez clinique, très calmement, sans rendre pleinement compte du caractère extraordinaire des évènements. Ça manque de chaleur et d'un sentiment d'urgence.

Le Cycle de Linn est donc un ouvrage globalement atypique. Mais, une fois n'est pas coutume, ce n'est pas forcément avec une finalité très positive. Ce n'est pas un mauvais récit mais il n'est pas non plus particulièrement bon. Un peu à l'image de son ambiance, et malgré son potentiel, c'est un ouvrage assez neutre.

Couverture : Atelier Octobre Rouge / Traduction : Pierre Billon
D'autres avis : Anne-Laure, ...