La Maison aux pattes de poulet, GennaRose Nethercott, 2022, 520 pages
Bellatine et Isaac sont frère et soeur. Séparés depuis des années, ils vont se retrouver à l'occasion d'un héritage. Pas n'importe quel héritage : une maison, vivante, aux pattes de poulet, ayant appartenu à Baba Yaga, leur ancêtre ukrainienne. Et comme si les choses n'étaient pas assez étranges, il semble qu'un mystérieux individu en ait après la maison et soit sur leurs traces.
Comme toute bonne urban fantasy, l'improbabilité de cette maison disparait rapidement et cet univers - notre monde ponctué d'un peu de mythologie slave et juive - apparait tout à fait crédible et logique. C'est un peu comme un spectacle de marionnettes : si la marionnettiste est bonne, il ne faut pas longtemps pour ne plus voir les artifices et être simplement emporté par une bonne histoire. Et GennaRose Nethercott est une excellente marionnettiste.
La Maison aux pattes de poulet est un excellent roman de bout en bout et sur tous les aspects. Les personnages sont vivants et touchants, crédibles dans leurs failles et leurs faiblesses sans jamais être gémissants. L'intrigue est solide, elle ne repose pas sur de nombreux rebondissements mais parvient pourtant à conserver de l'incertitude et à ne dévoiler que tardivement sa véritable finalité. Dans un final qui justement est très réussi, utilisant astucieusement tous les éléments développés auparavant et parvenant à laisser le lecteurice avec à la fois la larme à l'oeil et le sourire aux lèvres.
Si tout ça fait déjà de La Maison aux pattes de poulet un très bon roman, il y a encore (au moins) une autre grande composante qu'il faut évoquer : sa portée. La Maison aux pattes de poulet est la preuve - non-nécessaire mais toujours bonne à rappeler - qu'au-delà de faire vivre des aventures la fantasy peut avoir une grande portée sociétale. Il est ici question d'Histoire et de mémoire, et GennaRose Nethercott utilise admirablement les frontières entre conte et réalité pour amener ça de manière à la fois subtile et évidente (comprendre : ça ne prend pas le pas sur une bonne histoire mais il n'y a pas besoin d'avoir un doctorat en lecture entre les lignes pour saisir le message). C'est absolument remarquable, à l'image du roman dans son ensemble.
Couverture : Anouck Faure / Traduction : Anne-Sylvie Homassel
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