jeudi 25 juillet 2024

GennaRose Nethercott - La Maison aux pattes de poulet

La Maison aux pattes de poulet, GennaRose Nethercott, 2022, 520 pages

Bellatine et Isaac sont frère et soeur. Séparés depuis des années, ils vont se retrouver à l'occasion d'un héritage. Pas n'importe quel héritage : une maison, vivante, aux pattes de poulet, ayant appartenu à Baba Yaga, leur ancêtre ukrainienne. Et comme si les choses n'étaient pas assez étranges, il semble qu'un mystérieux individu en ait après la maison et soit sur leurs traces.

Comme toute bonne urban fantasy, l'improbabilité de cette maison disparait rapidement et cet univers - notre monde ponctué d'un peu de mythologie slave et juive - apparait tout à fait crédible et logique. C'est un peu comme un spectacle de marionnettes : si la marionnettiste est bonne, il ne faut pas longtemps pour ne plus voir les artifices et être simplement emporté par une bonne histoire. Et GennaRose Nethercott est une excellente marionnettiste.

La Maison aux pattes de poulet est un excellent roman de bout en bout et sur tous les aspects. Les personnages sont vivants et touchants, crédibles dans leurs failles et leurs faiblesses sans jamais être gémissants. L'intrigue est solide, elle ne repose pas sur de nombreux rebondissements mais parvient pourtant à conserver de l'incertitude et à ne dévoiler que tardivement sa véritable finalité. Dans un final qui justement est très réussi, utilisant astucieusement tous les éléments développés auparavant et parvenant à laisser le lecteurice avec à la fois la larme à l'oeil et le sourire aux lèvres.

Si tout ça fait déjà de La Maison aux pattes de poulet un très bon roman, il y a encore (au moins) une autre grande composante qu'il faut évoquer : sa portée. La Maison aux pattes de poulet est la preuve - non-nécessaire mais toujours bonne à rappeler - qu'au-delà de faire vivre des aventures la fantasy peut avoir une grande portée sociétale. Il est ici question d'Histoire et de mémoire, et GennaRose Nethercott utilise admirablement les frontières entre conte et réalité pour amener ça de manière à la fois subtile et évidente (comprendre : ça ne prend pas le pas sur une bonne histoire mais il n'y a pas besoin d'avoir un doctorat en lecture entre les lignes pour saisir le message). C'est absolument remarquable, à l'image du roman dans son ensemble.

Couverture : Anouck Faure / Traduction : Anne-Sylvie Homassel
D'autres avis : Tigger Lilly, FeyGirl, Gromovar, FeydRautha, Zina, Célinedanaë, Le nocher des livres, Boudicca, Sometimes a book, ...

vendredi 19 juillet 2024

Laurent Genefort - Opexx

Opexx, Laurent Genefort, 2022, 114 pages

Le Blend - une union pacifiée de millions de mondes s'étendant sur plusieurs galaxies - a récemment contacté la Terre. Avant une éventuelle intégration à sa communauté, le Blend a besoin que la Terre mette à sa disposition des soldats pour aller combattre à sa place. C'est au sein de cette unité Opexx que travaille le narrateur, atteint du syndrome de Restorff qui lui vaut un déficit d'empathie mais lui permet aussi de conserver la mémoire de toutes ses missions.

Opexx n'est pas ce qu'il semble être. Ce n'est pas exactement un texte de science-fiction militaire tel qu'on l'imagine basiquement. S'il apporte évidemment une réflexion sur la guerre au sens large, les combats y ont une place infime et ce n'est pas forcément sur ce thème qu'il est le plus marquant. Il ne faut en tout cas pas le laisser de côté par peur d'y voir un cliché d'oeuvre militariste.

Mais il ne faut pas non plus s'attendre à une grande intrigue. Pas vraiment à une intrigue tout court en fait. Il faut attendre la deuxième moitié du récit pour vraiment voir où va le texte. C'est un peu perturbant, mais c'est compensé par deux choses : la capacité - qui n'étonnera personne ayant déjà lu l'auteur - de Laurent Genefort à créer de vastes mondes et de l'altérité ainsi que le destin évocateur et touchant de ce narrateur anonyme.

Opexx n'est pas une novella palpitante ou exaltante. Elle m'a longtemps laissé de côté avant de me rattraper sur la fin et me convainc quasiment plus après sa lecture que pendant. Je n'ai pas adoré ce texte mais je suis encore plus incapable d'en dire du mal que du bien. Il me faudrait certainement une relecture pour en saisir plus de subtilités, et ce n'est pas inenvisageable.

Couverture : Aurélien Police
D'autres avis : Tigger Lilly, Vert, FeyGirl, Xapur, Le Maki, FeydRautha, Yuyine, Jean-Yves, Herbefol, Célinedanaë, OmbreBones, lutin82, Dionysos, Sometimes a book, Apophis, ...


Première escale pour le Summer Star Wars Ahsoka

samedi 13 juillet 2024

Colson Whitehead - L'Intuitionniste

L'Intuitionniste, Colson Whitehead, 1999, 366 pages

Au sein du service des inspecteurs d'ascenseurs de la ville de New-York, deux philosophies s'affrontent : les empiristes et les intuitionnistes. Lila Mae Watson, la seule femme noire - la seule femme tout court - du service est elle-même une intuitionniste. Il lui suffit de voyager à bord d'un ascenseur pour connaître son état. Et elle ne se trompe jamais. Jusqu'au jour où un appareil qu'elle a inspecté quelques jours auparavant s'écrase. Est-ce sa première erreur ou est-elle la victime collatérale d'une bataille politique ?

On dit parfois d'excellents auteurs que même leurs listes de courses doivent être passionnantes à lire. L'Intuitionniste n'a certes rien d'une liste de courses, mais réussir à écrire un livre intéressant ayant pour thème l'inspection d'ascenseurs et leur philosophie est une tâche surement aussi difficile et improbable. Et puisque c'est Colson Whitehead qui tient la plume, c'est évidemment une réussite.

L'Intuitionniste n'est ni le roman le plus marquant de l'auteur (coucou Underground Railroad et Nickel Boys), ni celui par lequel il vaut mieux le découvrir (Harlem Shuffle pour un démarrage plus en douceur). Mais c'est, malgré son statut de premier roman, totalement un livre de Colson Whitehead. Son côté thriller/roman noir préfigure un peu ce qui sera justement Harlem Shuffle. Mais c'est surtout le thème fétiche de l'auteur, qu'on retrouvera ensuite dans tous ses récits, qui est déjà ici en pleine lumière : la condition noire. Et cela va au-delà du simple fait de montrer une héroïne noire qui doit se battre contre le racisme. Cela ne surprendra pas totalement les habitués de Colson Whitehead, mais il y a quelque chose de plus entre ces pages et le dénouement n'est pas dénué d'une certaine jubilation. Une nouvelle preuve, encore et toujours, que Colson Whitehead est un très grand écrivain.

Couverture : Angela Rotaru, Freepik (détail) / Traduction : Catherine Gibert
D'autres avis : Le Maki, Le Nocher des livres,

dimanche 7 juillet 2024

Jean-Laurent Del Socorro - Peines de mots perdus

Peines de mots perdus, Jean-Laurent Del Socorro, 2024, 260 pages

France, 1593. La Compagnie du Chariot, une troupe de mercenaires, est emprisonnée. En échange de leur liberté, leur capitaine, Axelle de Thorenc, se voit confier une mission pour le compte du roi Henri IV : partir en Angleterre pour y récupérer le mystérieux sceau de l'enfer. Une mission qui aura des échos tout au long de sa vie.

Peines de mots perdus prend place dans un univers habituel de Jean-Laurent Del Socorro, où se sont déjà déroulés, entre autres, deux excellents textes : Royaume de vent et de colères et Le Vert est éternel. Je dis "univers" mais il vaudrait mieux dire "époque" tant c'est la partie historique qui est la plus prégnante dans cette fantasy historique. Malheureusement, cette troisième lecture fut bien moins enthousiasmante que les deux premières.

Peines de mots perdus est une sorte de fix-up de trois nouvelles, toutes mettant en scène Axelle se rendant en Angleterre, à quelques décennies d'intervalle, pour des missions ayant toute un socle commun. Ces textes ne sont pas mauvais. Ce sont des petites aventures sympathiques, où le travail historique est certainement grand et où le féminisme et la sororité ont une place importante. Ça se lit sans mal, sans déplaisir, mais sans véritable enthousiasme non plus.

Il y a deux problèmes. Premièrement tout se déroule trop rapidement et trop bien, c'est gentillet. Ce qui ne serait pas forcément si grave s'il n'y avait pas le deuxième souci : je n'ai eu aucun investissement émotionnel envers les personnages. Elles ont pourtant un fort potentiel mais tout va trop vite pour avoir le temps de s'attacher - même si ça ne gêne pas Axelle, la solitaire qui se fait des meilleures amies toutes les 5 minutes après deux phrases échangées - et ce d'autant plus qu'une grande partie des évènements les plus impactants ont lieu lors des entractes entre les différents textes. Tout ça fait que si Peines de mots perdus est loin d'être une mauvaise lecture, elle est tout de même assez anecdotique.

Couverture : Xavier Colette
D'autres avis : Yuyine, Célinedanaë, Le Nocher des livres, Boudicca, ...

lundi 1 juillet 2024

Bulles de feu #63 - Juin 2024

Un petit récapitulatif de mes lectures BDs/mangas/comics du mois, pour en garder une trace.
Le classement est absolument imparfait, insatisfaisant et un peu aléatoire mais peut donner un ordre d'idée. Les avis sont (ultra)brefs, n'hésitez pas à demander un complément d'informations en commentaire si nécessaire.

Bien / Ok / Correct


The Killing Joke - Alan Moore et Brian Bolland

Une bonne idée générale, que ça soit l'origin story du Joker ou la réflexion sur la folie et le libre-arbitre, mais j'ai trouvé ça un peu vide et un peu vain (et un peu trop trash pour moi). Mais visuellement c'est beau, c'est déjà ça.


Don't call it mystery T.4-5/? - Yumi Tamura

Deux tomes ok mais moins bons que les trois premiers, des mystères moins enthousiasmants et pas mal de blablas pour pas grand chose.


Insomniaques T.11/? - Makoto Ojiro

Un tome un peu vide mais sympathique, avec une promesse de prochains tomes un peu plus mouvementés.


L'Or d'El Ouafi - Paul Carcenac, Pierre-Roland Saint-Dizier et Christophe Girard

Une bonne BD qui n'est pas parfaite mais qui complète bien l'excellent Marathon de Nicolas Debon.


Moi, ce que j'aime, c'est les monstres T.1/? - Emil Ferris

Une oeuvre impressionnante, dans tous les sens du terme. Un travail graphique incroyable, pas forcément évident au premier abord mais auquel on s'habitue très vite. L'ensemble ne m'a pas autant enthousiasmé que beaucoup, mais c'est éminemment respectable et remarquable.
Très bien


Ping Pong Intégrale T.1/2 - Taiyô Matsumoto

À l'image de Zero, Taiyô Matsumoto fait des mangas de sport différents, loin des valeurs habituelles, avec notamment pas mal de souffrance et de désillusion.


Saga T.10-11/? - Brian K. Vaughan et Fiona Staples

Une relecture du tome 10 pour profiter pleinement du tome 11. Et quel plaisir, quelle oeuvre majeure, encore et toujours.

mardi 25 juin 2024

Régis Goddyn - Le Sang des 7 Rois : Livre Trois

Le Sang des 7 Rois : Livre Trois, Régis Goddyn, Tome 3/7 du Sang des 7 Rois, 2014, 404 pages

Sans surprise, après les premier et deuxième livres, ce troisième tome poursuit les bouleversements majeurs qui ont lieu dans les 7 royaumes. Un tome qui vient confirmer qu'il vaut mieux enchaîner assez régulièrement les différents volumes pour bien garder en tête les nombreux personnages, même si leur caractérisation s'améliore. Surtout quand certains d'entre eux - un des deux fils narratifs principaux du côté des "gentils" - n'apparaissent pas avant 150 pages.

Ce Livre Trois est dans la continuité des précédents volumes. C'est efficace, c'est une grande fresque aux points de vues multiples qui parvient à avancer de manière régulière, sans précipitation mais sans chercher non plus à délayer des suspenses inutiles, sans laisser une impression d'artificialité (à l'exception peut-être de quelques dialogues qui dise plus qu'il ne montre, mais là aussi la tendance est à l'amélioration).

Un point que je n'ai pas abordé précédemment, c'est à quel point cette série est brutale et violente. L'ambiance est à la guerre, à l'esclavagisme et à la traite d'être humains. C'est à la fois constamment dur, sans être pourtant déprimant à lire grâce à des bulles de respiration fort bienvenues. Mais le plus difficile est certainement le traitement réservé aux femmes, pour qui le viol est chose commune. Fort heureusement, ce Livre Trois est (enfin) rassurant sur la volonté de l'auteur derrière tout ça, avec quelques premières remises en question concrètes. Tout ça n'est pas là juste pour faire abject, il semble y avoir une vraie idée derrière, et là aussi c'est hautement bienvenu.

Couverture : Yann Tisseron
D'autres avis : ...

mercredi 19 juin 2024

Alastair Reynolds - Éversion

Éversion, Alastair Reynolds, 2022, 304 pages

Silas Coade est chirurgien à bord d'un bateau à voiles voguant le long des côtes norvégiennes. L'objectif ? Un secret, même pour lui. Mais les recherches semblent se porter sur un passage qui serait dissimulé quelque part entre les falaises.

Évidemment, comme il s'agit d'un roman d'Alastair Reynolds publié par Le Bélial', tout le monde s'attend à ce qu'Éversion soit plus qu'un simple roman d'exploration maritime. C'est globalement l'enjeu du livre : qu'est-ce qui se cache réellement derrière cette quête, et plus encore derrière ce personnage principal ? S'il y a bien, pour celleux qui n'ont pas lu la quatrième de couverture, un petit twist au bout de quelques pages, Éversion est bien plus un roman qui joue sur le mystère que sur le twist, les révélations et l'apprentissage se faisant peu à peu, de manière régulière.

Si je lui reconnais volontiers une capacité à tenir en haleine, à donner envie d'en savoir plus et à faire une vraie proposition, je ne peux pas dire que j'ai trouvé ce mystère particulièrement éblouissant ou renversant. Et si le roman se terminait une fois que la situation est enfin (à peu près) claire, il pourrait facilement avoir un goût de "tout ça pour ça" - un "tout ça pour ça" de qualité, mais un "tout ça pour ça" quand même. Heureusement, la meilleure partie d'Éversion se cache en fait après les révélations, dans sa résolution qui apporte une vraie matière à réflexion tout en étant particulièrement touchante. Une très belle fin qui vient rehausser un roman qui était déjà tout à fait correct.

Couverture : Amir Zand / Traduction : Pierre-Paul Durastanti
D'autres avis : Tigger Lilly, Vert, Lorhkan, Yuyine, Le chien critique, Shaya, Lhisbei, Feygirl, Le Maki, Gromovar, FeydRautha, Sometimes a book, Célinedanaë, Chut... maman lit !, Elwyn, Boudicca, lutin82, Anudar, ...

jeudi 13 juin 2024

Mary Robinette Kowal - L'Homme superflu

L'Homme superflu, Mary Robinette Kowal, 2022, 470 pages

Dans un gigantesque vaisseau de croisière, Tesla Crane, une ingénieure faisant partie des femmes les plus célèbres et riches du monde, est en direction de Mars pour y passer sa lune de miel. Tout se passe bien jusqu'à ce qu'un meurtre soit commis et que le coupable désigné soit Shal, son mari, détective à la retraite.

L'Homme superflu est un petit whodunit dans l'espace, avec tous les éléments les plus classiques du genre, notamment la galerie de personnages ayant tous leurs petits secrets. L'aspect science-fictionnel, même s'il semble (à la lecture des remerciements de l'autrice) reposer sur de solides bases, reste cependant assez anecdotique, l'intrigue pouvant assez facilement être transposée lors d'une croisière terrienne classique.

Une intrigue qui n'a d'ailleurs rien d'exceptionnel. Elle est correcte, voire sympathique, mais elle est loin d'être ciselée comme un excellent polar, utilisant notamment quelques artifices et facilités. Cela n'est pas forcément grave si vous prenez plaisir à suivre les personnages. Ce qui ne fut pas mon cas, en tout cas pas concernant Tesla Crane, une héroïne que j'ai trouvé hautaine et insupportable (et dont la backstory ne rattrape rien, au contraire). L'Homme superflu a certainement le potentiel d'être une sympathique lecture, mais pour moi ce fut un livre seulement "ok sans plus".

Couverture : Pascal Guédin / Traduction : Patrick Imbert
D'autres avis : L'ours inculte, Yuyine, Le Maki, Le nocher des livres, Chut... maman lit, ...

vendredi 7 juin 2024

Claire North - 84K

84K, Claire North, 2018, 551 pages

Théo Miller, la personne se faisant appeler Théo Miller, mène une vie moyenne, à dessein. Que ça soit dans son travail au bureau d'audit des crimes ou dans la colocation où il vit, il fait tout pour ne pas faire de vagues et rester dans le rang. Jusqu'au jour où sa petite amie de jeunesse reprend contact, déclenchant une réaction en chaîne qui va peu à peu le voir s'émanciper de sa vie si bien réglée.

Il est possible de présenter l'histoire de 84K sous plus d'un angle. Celui-ci dessus est factuel des premiers éléments de l'intrigue. Mais il ne rend compte que d'une des deux temporalités qui se chevauchent au fil des pages, la plus ancienne. Il ne rend pas non plus compte d'une certaine ambiance road-trip post-apo qui englobe le tout. Ni qu'avant ça, c'est surtout une Angleterre dystopique qui est dépeinte, son capitalisme ayant atteint un cran supérieur, jusque dans la criminalité qui n'est qu'une question d'argent comme une autre. Le panorama n'est peut-être pas encore complet mais il représente déjà un peu plus ce qu'est ce roman : un brassage d'éléments divers qui parviennent à former un tout assez unique.

Évacuons-le tout de suite : 84K a des défauts et des faiblesses. Il est un peu trop long, il comporte quelques facilités ou improbabilités et l'un de ses personnages présenté comme principal n'aboutit finalement à rien, restant un simple figurant. C'est un roman qui est loin d'être parfait, et c'est surement le livre de Claire North que j'ai trouvé le moins excitant à la lecture. Pourtant, c'est aussi un texte tout à fait marquant.

Théo est un personnage qui n'a rien de particulièrement sympathique et qui n'est pas une figure héroïque habituelle. Il a une certaine apathie qui est très bien rendue par l'ambiance du récit, si bien que si je ne devais retenir qu'une seule chose de ce roman, ça serait celle-ci. Malgré cette apathie, le récit n'est pour autant jamais ennuyant ou mou à lire, grâce au style dynamique de Claire North, fait de nombreuses phrases courtes - si courtes qu'elles ne sont même pas toujours terminées - et de changements réguliers de temporalité. Avec aussi une vraie tension dans l'intrigue, à laquelle se mêle constamment une critique sociale via cette dystopie qui semble à portée de main. 84K n'est clairement pas parfait. Mais à défaut de l'être, il a ce petit truc qui en fait un livre unique.

Couverture : © plainpicture/NaturePL/Stephen Dalton / Traduction : Annaïg Houesnard
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samedi 1 juin 2024

Bulles de feu #62 - Mai 2024

Un petit récapitulatif de mes lectures BDs/mangas/comics du mois, pour en garder une trace.
Le classement est absolument imparfait, insatisfaisant et un peu aléatoire mais peut donner un ordre d'idée. Les avis sont (ultra)brefs, n'hésitez pas à demander un complément d'informations en commentaire si nécessaire.

Bien / Ok / Correct


Mécanique céleste T.2/? - Merwan

Une suite au très bon one-shot Mécanique céleste qui peut se lire indépendamment. Une sorte de post-apo cyberpunk qui pourrait faire un bon blockbuster. C'est ok mais bien plus lambda et moins singulier que le premier.


Fends le vent ! T.2/? - Wataru Midori

Un bon manga de sport, avec à la fois une histoire plaisante et une mise en avant du para-athlétisme avec de petites explications bien intégrées.


Calvin et Hobbes intégrale T.1/12 - Bill Watterson

Il n'est jamais trop tard pour découvrir un classique. Sympathique mais pas transcendant, moins marquant que les débuts de Peanuts.


Bolchoï Arena T.1-3/? - Boulet et Aseyn

Une utilisation maline du jeu vidéo pour proposer à la fois une histoire dans le monde réel et un space-opéra. Pas très fan des dessins, surtout dans les plans plus rapprochés, mais c'est globalement efficace et solide.
Très bien


Don't call it mystery T.1-3/? - Yumi Tamura

Un bon manga d'enquête/déduction avec un héros simili-Sherlock (le même potentiel d'être un peu agaçant par moment compris) et des histoires assez longues très prenantes. Le dessin n'a rien d'exceptionnel mais il reste meilleur que les couvertures et tout à fait correct. Sabine en parle plus longuement, merci à elle pour la découverte.


La sage-femme du roi - Adeline Laffitte et Hervé Duphot

Une bonne BD historique pour mettre en lumière Madame du Coudray qui a révolutionné le métier de sage-femme et son enseignement en France, en luttant contre l'obscurantisme et le patriarcat. Avec en prime un dessin très doux et un récit qui évite l'écueil du trop-plein d'informations, parvenant à rester aéré.


La Bête T.2/2 - Zidrou et Frank Pé

Une très bonne fin de diptyque, une "origin story" réaliste très bien pensée, une aventure plaisante à suivre sur fond d'après-guerre. Mais surtout des dessins absolument somptueux, avec énormément de grandes cases voire de pleines pages, un énorme plaisir visuel.


Blacksad T.6-7/? - Juan Díaz Canalès et Juanjo Guarnido

Relecture du tome 6 pour profiter pleinement de cet excellent diptyque, à l'image de l'ensemble de la série. Une intrigue digne d'un bon roman noir et des dessins toujours magnifiques, que ce soit les personnages remarquables ou les décors richement détaillés.

dimanche 26 mai 2024

Nina Allan - Conquest

Conquest, Nina Allan, 2023, 329 pages

Frank est un jeune homme un peu différent psychologiquement. Codeur informatique, passionné de Bach, il passe énormément de temps sur un forum, LAvventura, où il peut partager ses certitudes sur l'imminence d'une invasion extraterrestre. Jusqu'à devenir proche de certains membres et se rendre à Paris pour les rencontrer. Depuis ce jour, Frank a disparu. Rachel, sa petite amie, va alors engager Robin, une détective privée, pour le retrouver.

Conquest est un roman de Nina Allan. Ce qui veut dire que, malgré ce pitch assez limpide, les choses sont évidemment bien plus embrouillées et complexes que ça. Il n'y a qu'à voir le premier chapitre, qui rend très bien le point de vue de Frank mais qui laissera plus d'un lecteurice confus. La suite est stylistiquement plus simple - même si Nina Allan en change régulièrement, subtilement, pour mieux s'accorder à ses personnages - et relativement linéaire, même si un essai ou une novella peuvent toujours s'intercaler sans crier gare.

Il y a un fourmillement unique qui parcourt les livres de Nina Allan, une incompréhensibilité qui résonne et raisonne, jusqu'à finir par être palpable. Mais ce n'est pas juste un style d'écriture pour être un style d'écriture, ça a en plus du sens vis-à-vis de la thématique de prédilection de l'autrice, à savoir les frontières de la réalité. C'est encore le cas ici, avec un accent particulier mis cette fois sur les théories complotistes et sur la faculté, le besoin de l'être humain de trouver du sens à ce qui l'entoure.

Le complotisme, les théories farfelues, la paranoïa sont des sujets qui collent parfaitement bien au style de l'autrice. Elle en propose une vision intéressante, avec indéniablement de bonnes idées, et le tout s'avère troublant. Trop troublant peut-être. Ou troublant pour les mauvaises raisons. Conquest est un livre dont il est difficile de saisir les conclusions, s'il y en a. C'est une constante chez Nina Allan, et ça n'est pas fondamentalement une mauvaise chose. Mais avec un tel sujet ça parait presque dangereux et ça m'a laissé bien plus dubitatif que d'habitude. C'est en tout cas réellement perturbant. Du Nina Allan en somme.

Couverture : Thierry Dubreuil / Traduction : Bernard Sigaud
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lundi 20 mai 2024

Régis Goddyn - Le Sang des 7 Rois : Livre Deux

Le Sang des 7 Rois : Livre Deux, Régis Goddyn, Tome 2/7 du Sang des 7 Rois, 2013, 400 pages

Après le Livre Premier, ce Livre Deux conte la suite des aventures d'Orville, de Rosa et de tous les autres. Et il y en a un paquet, des autres, car les points de vue se multiplient encore un peu plus. Ça a pour avantage de procurer du rebond régulier et de faire passer tout naturellement des petits sauts dans le temps. Le contrecoup c'est que, malgré la présence d'un résumé en début d'ouvrage, il vaut mieux ne pas trop traîner entre les tomes, au risque d'en oublier une bonne partie des personnages. Surtout qu'ils ne sont pas tous très marquants et différenciés, même en pleine lecture.

Ce Livre Deux est totalement dans la lignée du premier. C'est une bonne aventure, agréable à suivre même si elle est régulièrement (très) violente, dans ce qu'elle raconte et parfois même dans ce qu'elle montre. Ce deuxième tome est aussi le lieu de mon dernier grand souvenir de la saga - une des raisons qui m'a poussé à enfin la terminer - un chapitre de quelques pages qui laisse penser que la série n'est pas exactement ce qu'elle prétend être depuis le début. Il fait même plus que le laisser penser, étant étonnamment clair sur certaines surprises que va nous réserver cet univers. Mais il faudra poursuivre pour savoir exactement quand et comment cela interviendra.

Couverture : Yann Tisseron
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mardi 14 mai 2024

Stéphane Arnier - La Brume l'emportera

La Brume l'emportera, Stéphane Arnier, 2024, 364 pages

Depuis la fin de la guerre, huit ans auparavant, entre les Daks et les Ta’moaza, une brume monte inexorablement à la surface du monde, faisant disparaitre tout ce qu'elle engloutit. Keb est un berger Dak grimpant inlassablement de plus en plus haut pour échapper à la brume. Jusqu'au jour où il rencontre Maramazoe, une guerrière Ta’moaza qui semble avoir une piste sur l'origine de la brume et va l'entraîner dans sa quête pour la stopper.

Ces deux personnages, anciens ennemis qui vont peu à peu devenir amis, sont les piliers du roman. Leur dynamique est assez classique mais elle fonctionne parfaitement bien car, au-delà d'être extrêmement attachants et touchants, les deux ont des personnalités fortes, imparfaites et crédibles. Cette crédibilité se retrouve aussi chez les antagonistes qu'ils rencontrent, aux motifs plausibles et concevables.

C'est là que se trouve la vraie particularité de La Brume l'emportera, au-delà de son cadre : la crédibilité du problème induit par la brume et l'absence de bonne réponse évidente à y apporter. Tout le roman est une longue opposition entre deux points de vue compréhensibles. Et derrière ce questionnement concret sur les conséquences de la modification du passé se cache la véritable thématique du livre : le deuil. Je dis "se cache", mais elle ne se cache en fait pas vraiment. Elle est assez limpide à appréhender tout en étant parfaitement bien intégrée et en ne prenant jamais le pas sur le récit. Ni en étant pesante d'ailleurs, en tout cas pas au-delà de la bonne tension d'un roman.

Les personnages sont excellents. Le fond est excellent. Et l'histoire en elle-même ? Excellente, évidemment. C'est un récit prenant, avec des rebondissements et surprises bien dosées, qui garde ses concepts de "fantasy temporelle" toujours compréhensibles et très visuels. La Brume l'emportera est une réussite sur tous les aspects. C'est très bien dès le début, et ça ne cesse de s'améliorer. Jusqu'à une fin absolument parfaite, pleinement dans le ton de l'ensemble, vibrante et émouvante, et qui donne encore plus de sens à tout ce que l'on vient de lire. Kiza pe !

Couverture : Cyrielle Foucher
D'autres avis : L'ours inculte, Sometimes a book, Boudicca, ...

mercredi 8 mai 2024

Vlad Eisinger - Du rififi à Wall Street

Du rififi à Wall Street, Vlad Eisinger, 2020, 309 pages

Ancien journaliste, Vlad Eisinger est devenu un romancier dont la carrière végète. Il est heureusement contacté pour écrire la biographie d'un grand patron. Sauf que cela ne se passe pas très bien, Vlad ayant des envies de Littérature, et le projet s'arrête. Vlad va alors répondre à une autre commande et écrire un roman noir très codifié, mettant en scène un écrivain travaillant sur la biographie d'un grand patron et y découvrant des choses louches. Du rififi à Wall Street conte autant l'histoire vécue par Vlad que l'histoire écrite par Vlad.

Jusque-là, tout semble à peu près normal. Surtout si on ne sait pas que Vlad Eisinger était un des personnages de Roman Américain d'Antoine Bello. Antoine Bello qui est le traducteur de ce livre, expliquant en préface avoir reçu ce texte de Vlad Eisinger, aujourd'hui porté disparu. Il n'y a donc pas seulement un roman dans le roman, il y a un auteur d'un auteur d'un auteur.

Pourtant tout est extrêmement fluide et compréhensible à la lecture, bien plus que mes premiers paragraphes. Du rififi à Wall Street est un ouvrage très joueur, brouillant les frontières entre l'écrivain et sa création, questionnant sans cesse la frontière entre fiction et réalité (avec notamment une très intéressante explication de la "non-fiction" de Truman Capote). Le tout en rendant hommage au roman noir, en en décortiquant les codes et en les appliquant parfaitement. C'est d'une manière générale un roman très riche, mais qui ne perd jamais le lecteurice, restant simple en toutes circonstances.

Il y a énormément de points que je pourrais évoquer, mais Antoine Bello le fait bien mieux que moi. Car l'auteur est si lucide (et taquin) que les réactions que peut provoquer Du rififi à Wall Street se trouvent à l'intérieur même du livre. Rien ne vaut donc mieux que de le lire. Mais c'est en résumé une très grande réussite, un ouvrage très intelligent et bien mené, et ça l'est peut-être encore plus en connaissant le reste de la bibliographie de l'auteur. Ça m'aura en tout cas confirmé dans mon idée de continuer à la découvrir.

Couverture : / Traduction : Antoine Bello
D'autres avis : Alys, TmbM, ...

jeudi 2 mai 2024

Bulles de feu #61 - Avril 2024

Un petit récapitulatif de mes lectures BDs/mangas/comics du mois, pour en garder une trace.
Le classement est absolument imparfait, insatisfaisant et un peu aléatoire mais peut donner un ordre d'idée. Les avis sont (ultra)brefs, n'hésitez pas à demander un complément d'informations en commentaire si nécessaire.

Bien / Ok / Correct


Le ciel dans la tête - Antonio Altarriba et Sergio García Sánchez

La migration d'un enfant-soldat congolais vers l'Europe, désespérant comme il se doit, malgré le style graphique plutôt lumineux. Une BD tout à fait ok mais un peu trop décousue.
Très bien


Frieren T.10-11/? - Kanehito Yamada et Tsukasa Abe

Deux volumes qui prolongent le tome 9 et constituent quasiment un seul même grand arc. Et c'est peut-être le meilleur de la série, une histoire portée par des personnages forts, qui font sens, une vraie réussite.


Vinland Saga T.27/? - Makoto Yukimura

Un tome complètement dans le thème de la série, questionnant le pacifisme et la peur de l'autre, aussi juste qu'énervant.


Giant T.1-2/2 - Mikaël

Un très bel hommage à l'émigration irlandaise qui a contribué à la construction du New-York moderne, avec une histoire qui sonne vraie et une belle place laissée à la narration par l'image.


Hirayasumi T.4/? - Keigo Shinzô

Toujours du pur bonheur, doux et attachant.


Friday T.2/3 - Ed Brubaker, Marcos Martín et Vicente Muntsa

Un deuxième tome aussi réussi que le premier. Une enquête très prenante qu'on relira avec grand plaisir quand sortira le dernier volume.


Zero - Taiyô Matsumoto

Un excellent manga de boxe, un one-shot volumineux qui ne plaira pas à tout le monde, qui ne prône pas les grandes valeurs du sport, mais qui s'est avéré une lecture puissante et haletante.


Perpendiculaire au soleil - Valentine Cuny-Le Callet et Renaldo McGrith

Un ouvrage massif à tous les niveaux, dont ni l'épaisseur (plus de 400 planches, mais c'est aéré et ça se lit tout seul) ni le thème (la relation épistolaire entre l'autrice et un condamné à mort aux USA, en parallèle de la création de cette BD) ne doivent effrayer. C'est une grande oeuvre, qui donne à réfléchir et qui est graphiquement très riche.

vendredi 26 avril 2024

Régis Goddyn - Le Sang des 7 Rois : Livre Premier

Le Sang des 7 Rois : Livre Premier, Régis Goddyn, Tome 1/7 du Sang des 7 Rois, 2013, 400 pages

Tout commence par l'enlèvement de deux jeunes enfants dans le fief de Hautterre. Un évènement qui aurait pu se limiter à la poursuite des ravisseurs par le sergent Orville, promu pour l'occasion capitaine-ambassadeur-militaire. Mais c'est aussi le début d'un bouleversement de grande ampleur qui s'étendra à l'ensemble des sept royaumes et réveillera d'anciens secrets sur le sang bleu, aux propriétés surnaturelles, qui coule dans les veines d'une partie de la population.

J'ai recommencé Le Sang des 7 Rois avec deux envies : lire une grande épopée de fantasy et enfin terminer, en en profitant pleinement, cette série que j'avais arrêté après le quatrième tome. Et vu la qualité de ce premier tome, nul doute que ces deux souhaits sont et seront exaucés.

Ce Livre Premier a toutes les caractéristiques du genre : un monde d'inspiration médiévale, un héros aux capacités supérieures, une situation impossible, des antagonistes très puissants, des grands secrets à découvrir, ... Du classique mais qui n'apparait pourtant pas lambda ou quelconque à la lecture, avec un univers qui parvient à se démarquer et à proposer quelques suprises, notamment grâce à cette idée de sang bleu au sens littéral. C'est surtout extrêmement efficace, avec une écriture et un déroulé simple et clair à suivre, et déjà beaucoup de révélations et d'avancées dans l'histoire, ça n'a rien d'un longuet tome d'introduction.

Tout n'est peut-être pas parfait dans ce premier tome, mais l'impression générale est très largement positive. Sa réussite se mesure facilement : j'ai grandement envie de lire la suite. D’autant plus que, à une exception près, tout ce dont je me souvenais s'étant avéré se trouver dans ce Livre Premier, la suite aura bien plus des allures de lecture que de relecture.

Couverture : Yann Tisseron
D'autres avis : ...

jeudi 18 avril 2024

Claire Garand - Paideia

 

Paideia, Claire Garand, 2023, 321 pages

Dix jeunes filles vivent dans des stations orbitales, seules avec leurs parents. Alors que la Terre a été dévastée, elles sont le dernier espoir de l'espèce humaine, destinées à devenir les mères d'une nouvelle humanité sur la Lune. Mais une jeune fille, la narratrice, le souffre-douleur du groupe, a d'autres rêves : l'exploration et la conquête spatiale, à commencer par Mars.

Paideia est un ouvrage étonnant, un quasi-huis-clos spatial qui tourne autour d'enfants de 7 ans génétiquement modifiées, les rendant bien plus adultes que ce que leur âge laisse présumer, mais ayant aussi des comportements totalement enfantins. Au centre de ce groupe inhabituel, la narratrice est encore plus atypique, elle qui est continuellement rabaissée à sa condition de fillette moins intelligente que les autres et qui a des idées différentes, ne se rangeant ni à l'avis général, ni au bien commun. Elle n'est pas particulièrement sympathique, elle n'est pas une grande héroïne classique, mais sa manière de foncer malgré ses erreurs et d'aller au bout de ses idées lui donne une personnalité très forte et remarquable.

Surtout, elle permet de créer une réflexion globale sur l'égoïsme et l'altruisme, sur le libre arbitre et la liberté individuelle. Paideia est un roman qui donne à réfléchir et à aller au-delà de ses premières impressions - un peu, dans un genre totalement différent, comme le faisait L'Incivilité des fantômes de Rivers Solomon. Je ne peux pas dire que j'ai trouvé ma lecture particulièrement enthousiasmante, plutôt même un peu laborieuse par moment. Mais, à froid, je respecte énormément la proposition que Claire Garand fait avec Paideia. L'atypisme est toujours bon à prendre.

Couverture : Anna Parraguette
D'autres avis : Vert, Yuyine, Lhisbei, Marc, Le Maki, ...

vendredi 12 avril 2024

Tristan Garcia - 7

7, Tristan Garcia, 2015, 570 pages

Une nouvelle drogue qui fait rajeunir, une archéologie de la musique, deux visages liés entre eux, une révolution uchronique, la croyance envers les extraterrestres, des bulles communautaires et un homme immortel. C'est le (vague et imparfait) programme des 7 textes qui composent 7. Un ouvrage qui doit être considéré comme un recueil de nouvelles, même si le dernier texte, La Septième, est bien plus long - la moitié du livre environ - et qu'il dévoile quelques éléments "méta", reliant l'ensemble, qui restent toutefois assez anodins.

Il y a pas mal de bonnes choses dans 7. À commencer par des petites idées fantastico-SF qui servent de base aux différentes histoires. Agrémentées d'une écriture qui sait se faire captivante par moment, cela donne six nouvelles tout à fait correctes à lire, avec Sanguine et L'Existence des extraterrestres un cran au-dessus des autres.

Malheureusement, la novella qui conclut l'ouvrage est à mon goût le texte le plus faible du recueil. Là où les autres récits peinaient seulement dans leurs démarrages, la longueur de La Septième fait revenir plus d'une fois une certaine lassitude et désintérêt - surtout à la 42ème évocation de l'odeur de la cannelle. Il y a indéniablement des idées et un projet mais, pour être dans le cliché, là où il existait une certaine balance entre littérature blanche et littérature de genre dans les textes précédents, elle semble pencher ici vers la littérature générale, avec des considérations et des thématiques qui ne m'ont pas emballées. Une lecture en dents de scie qui se termine sur une note un peu négative, pour un ouvrage qui n'a pourtant pas que du négatif à proposer.

Couverture : /
D'autres avis : Vert, ...

samedi 6 avril 2024

Bulles de feu #60 - Mars 2024

Un petit récapitulatif de mes lectures BDs/mangas/comics du mois, pour en garder une trace.
Le classement est absolument imparfait, insatisfaisant et un peu aléatoire mais peut donner un ordre d'idée. Les avis sont (ultra)brefs, n'hésitez pas à demander un complément d'informations en commentaire si nécessaire.

Bien / Ok / Correct


L'Oxalis et l'Or T.1-2/10 - Eiichi Kitano

Un manga consacré à l'émigration irlandaise et à la ruée vers l'or, qui sans être mauvais est à deux doigts du "mouais", à cause surtout de son mélange des tons perturbant, à la fois très dramatique mais aussi très loufoque par moment.


Panda Detective Agency T.1/? - Pump Sawae

Un manga dont les "enquêtes" sont une excuse pour proposer de petites tranches de vie sur des individus atteints de métamorphie, une maladie les faisant se changer peu à peu en animaux. Ce n'est pas mauvais mais c'est trop rapide et survolé pour être réellement attachant.


Fends le vent ! T.1/5 - Wataru Midori

Un bon premier tome pour ce manga de sport assez classique mais qui a un mérite : parler de handisport avec son héros amputé d'une jambe.


Insomniaques T.10/14 - Makoto Ojiro

Un tome un peu vide, mais tout de même toujours agréable.
Très bien


Hirayasumi T.2-3/? - Keigo Shinzô

Une série vraiment agréable à lire, feel-good, aux personnages attachants.


Friday T.1/3 - Ed Brubaker, Marcos Martín et Muntsa Vicente

Un tome introductif mais très prometteur pour ce polar/thriller fantastique sur une base très maline d'un duo de jeunes détectives type Sherlock/Watson qui a grandi et dont la relation a changé.


Tsugai - Deamons of the Shadow Realm T.1-2/? - Hiromu Arakawa

Une très bonne surprise que cette nouvelle série de l'autrice, avec toujours ses dessins caractéristiques mais un univers bien différent, plus urban fantasy moderne que ce que la couverture et le titre laissent penser ; un très gros potentiel.