vendredi 31 mai 2013

Ryû Murakami - Raffles Hotel

Raffles Hotel, Ryû Murakami, 1989, 176 pages.

Rituel de chaque fin de mois (on va considérer comme un fait que je suis toujours limite niveau temps), c'est une lecture faite dans le cadre du Challenge Écrivains Japonais d'Adalana. Le mois de mai est consacré à Ryû Murakami, à ne pas confondre avec Haruki Murakami (enfin, vous pouvez difficilement confondre si vous donnez le prénom...).

J'ai choisi ce livre pour de multiples raisons : il n'était pas trop long (raison très noble), il n'avait pas comme les autres une couverture moche avec seulement une femme ou un visage (raison très superficielle), il avait un synopsis plutôt pas mal (plus tentant que d'autres en tout cas, raison très désespéré).Wouhou, c'est parti !
« Ceci est la version romancée du film Raffles Hotel. La méthode habituelle en pareil cas consiste à partir du scénario et à l'enrichir pour en faire un roman, mais en ce qui me concerne, j'avais sous les yeux comme base un film pratiquement achevé. »
Extrait de la postface de Raffles Hotel. Je ne savais, avant la lecture, absolument rien du film (qui est de Ryû Murakami aussi), ni du Raffles Hotel (qui est un grand hôtel singapourien, datant du temps des colonies), et cela ne m'a pas gêné à la lecture. Considérez donc que ceci est un véritable livre, et que les informations réelles ne servent qu'à donner un peu de cachet au tout.

On suit trois personnages - Kariya, Taeko et Moeko - dont les chemins se croisent en divers lieux. Ou plutôt, les chemins de Kariya et Takeo croisent celui de Moeko, actrice "folle". Je mets "folle" en désespoir de trouver un mot qui correspondrait mieux. Pour résumer, les chapitres parlant de Moeko amènent très souvent à émettre des "Quoi ?!", d'incompréhension et d'étonnement.

C'est un roman court et rapide, dont je ne sais pas vraiment quoi penser. C'est une sorte d'ovni, et cette impression doit être à peu près la même que celle qu'ont les personnages en rencontrant Moeko. Cette ambiance sauve d'ailleurs la mise à des personnages que je n'ai pas trouvé plus attachants que ça. Moeko est intrigante, mais il manque encore un petit truc. A côté de ça, le livre pose des questions intéressantes sur la réalité et la fiction, et surtout sur l'être et le paraître.

Au final, c'est une petite lecture qui est pas mal. Il faudrait peut-être que je la relise en prenant plus mon temps pour en comprendre d'autres aspects. Et je serais étonné de voir comment est le film. Une bonne façon de découvrir Ryû Murakami, même si je crois avoir compris qu'elle n'est pas vraiment représentative du reste de l'oeuvre de l'auteur, souvent plus trash.

mercredi 29 mai 2013

George R.R. Martin - Le Trône de fer / Intégrale 2

Le Trône de fer, l'Intégrale 2, George R.R. Martin, Tome 2/, 1998, 955 pages.

Je continue de rattraper mon retard sur Le Trône de fer, après l'Intégrale 1 en mars dernier. J'avais encore l'histoire bien en tête, je me souvenais de l'état des intrigues à la fin du premier tome et je me sentais donc plutôt à l'aise pour reprendre. J'avais par contre un peu oublié qu'il y avait autant de personnages secondaires. J'ai finalement mis quelques dizaines de pages (un nombre dérisoire pour la taille du monstre) à complètement me remettre dedans, et à être prêt pour dévorer la suite. Et quelle suite !

Ai-je vraiment besoin de dire quelque chose d'autre ? C'est dans la continuité du premier tome, totalement maîtrisé, avec un rythme pas effréné mais constant. L'histoire se déroule parfaitement par le changement de point de vue, sans jamais tourner à la redite (je l'avais déjà dit, mais c'est vraiment une chose qui me marque). Et on ne nous fait pas juste tourner en rond : les intrigues se développent, et on obtient des réponses aux mystères précédemment posés.

Pour un pavé de ce genre, il y a relativement peu de longueurs. Pour ne pas dire qu'il n'y en a quasiment pas. Les rares viendront surement d'un personnage auquel on accroche moins. Mais même les personnages qui semble les moins intéressants (non, je ne vise pas Sansa) ne sont pas ennuyants (notamment par le fait qu'ils ne sont jamais seuls, j'imagine). Mon préféré sur ce tome est incontestablement Tyrion. Et j'attends de voir ce qui est réservé à Podrick Payne, dont je crois pouvoir aisément devenir fan (déjà que là je l'ai trouvé énorme).

Si vous n'avez pas encore commencé Le Trône de fer, foncez sur la première intégrale ! Personnellement, j'attends avec impatience le moment où j'ouvrirai la troisième. Et peut-être vais-je me lancer dans la série télévisée. Assez vite, car l'hiver vient.

dimanche 26 mai 2013

Philip K. Dick - Le Maître du Haut Château

Le Maître du Haut Château, Philip K. Dick, 1962, 318 pages.

De nombreuses fois, j'ai pu lire des avis sur ce livre, Le Maître du Haut Château. Et des avis (plus que) positifs. Il fallait donc que je passe le pas, et que je lise du Philip K. Dick, chose que je ne me souviens pas avoir déjà fait (ou du moins pas dans un passé proche). Oui, je sais, je suis vraiment irrécupérable...

La quatrième de couverture a fait la différence. C'est une uchronie des plus basiques dans l'idée, sur un des éléments les plus importants de notre histoire, et pourtant cela m'a semblé original. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? Bref, je me suis plongé dans ce monde où, à l'instar de l'Allemagne après notre Seconde Guerre Mondiale, les Etats-Unis sont divisés entre les vainqueurs de la guerre, le Japon et l'Allemagne.

On y suit plusieurs personnages, de tous bords et de préoccupations différentes. Chacun vit sa propre aventure, nous invitant à découvrir ce monde sur plusieurs échelles (du plus haut niveau politique à la vie d'un ouvrier). Il est intéressant d'envisager ce qui aurait pu se passer, mais j'avoue n'avoir pas profité pleinement des références politiques. Il m'aurait fallu je pense faire quelques recherches sur l'état du monde en 1962 et sur le fonctionnement du système nazi pour en profiter pleinement. Ça sera pour une relecture, les bases que j'avais m'ont suffi pour cette fois (même si les intrigues politiques sont quand même un peu compliquées...).

Tous les personnages sont liés par quelques rapides interférences. Mais ils sont surtout liés par deux livres : le Yi-king et La sauterelle pèse lourd. Le premier est un outil de divination, d'origine chinoise, que tous utilisent. J'ai l'impression de lire en ce moment beaucoup de livres utilisant le Tao, et cela me donne de plus en plus envie de m'y intéresser sérieusement. Le deuxième (aussi nommé Le poids de la sauterelle selon les traductions) est une uchronie où les Alliés remportent la Seconde Guerre Mondiale. Vous la sentez la mise en abyme ?

On ne sait pas énormément de choses sur La sauterelle pèse lourd, seulement des bribes ici ou là. Mais tous les personnages vont s'y retrouver confrontés, et cela va apporter son lot de réflexions et d'interrogations. Et surtout, il va se développer un grand jeu de mise en abyme et de double sens, absolument fabuleux.

Toutes les petites histoires que l'on suit sont sympathiques, mais tout ce qui tourne autour de La sauterelle pèse lourd est vraiment à un niveau au-dessus. Au point d'en vouloir plus, et surtout plus tôt dans le récit. Le petit point faible du livre peut-être : ne pas décoller assez rapidement. Mais cela reste un bon livre, qui attendra une relecture pour potentiellement devenir un très bon livre.

mercredi 22 mai 2013

Fabrice Colin - La Fin du monde

La Fin du monde, Fabrice Colin, Tome 1/2, 2009, 190 pages.
« La Fin du monde n'est pas un texte « sur » la guerre nucléaire, de même qu'Invisible n'était pas un roman « sur » les nanotechnologies ou Memory Park un livre « sur » les génocides. Le destin de mes personnages est ce qui m'importe avant tout, d'autant que ce roman comporte une suite. A plusieurs reprises toutefois, je me suis demandé si je ne devais pas montrer les choses de façon plus directe encore - détailler les conséquences globales d'une attaque atomique et leurs effets sur les êtres humains. Finalement, jugeant le texte suffisamment sombre ainsi, j'ai décidé de m'abstenir. »
Je continue ma découverte de l'hétéroclite bibliographie de Fabrice Colin avec une lecture "jeunesse" : La Fin du monde. Et je commence ce billet en citant un extrait de la postface, parce qu'il comporte quasiment tous les éléments que je vais aborder.

La Fin du monde n'est peut-être pas un texte « sur » la guerre nucléaire, mais elle reste un élément très important. En effet, c'est le point de départ du livre : des bombes atomiques sont lâchées un peu partout dans le monde, rayant un par un les pays de la carte. C'est une Troisième Guerre Mondiale qui n'a même pas le temps de donner son nom. Mais il est vrai que l'on ne suit que de loin les raisons de la guerre et ce qui se passe au niveau planétaire.

Plutôt que de voir ces événements au niveau macroscopique, on suit le destin de 4 adolescents : Jim l'américain, fils d'un haut fonctionnaire ; François le français (non, je ne blague pas...), fils de riche dont la mère est malade ; Xian le chinois, prodige des échecs ; Hafsa l'égyptienne, musulmane ex-terroriste. Quatre personnages opposés, qui vivront chacun leurs histoires, tout en étant liés par un même but : survivre.

C'est une lecture rapide : peu de pages, et une histoire qui passe d'une personnage à l'autre, pour un rythme qui ne se perd jamais. Mais surtout, ce qui est le plus frappant et prenant, c'est le ton du roman. Le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est sombre. Ce n'est pas un livre gentillet, où tout se passe bien et facilement. Non, ici tout est possible. Je ne suis pas spécialiste des "romans jeunesse", mais j'ai trouvé ça assez osé et percutant. Je ne sais pas s'il est abordable pour tous les jeunes, de par la dureté des faits. Et en même temps, c'est ce qui permet de passer un message avec une si grande force. Un message qui est complété par une belle postface informative sur le nucléaire.

C'est donc un bon livre, à la fois pour suivre la lutte de ces 4 jeunes dans la tourmente, que pour faire réfléchir sur la guerre nucléaire, notamment auprès des jeunes. Il n'y a plus qu'à attendre la suite (gros cliffhanger pour terminer), dont le titre est donné à la fin du livre : Après.

vendredi 17 mai 2013

Eoin Colfer - Artemis Fowl 3 : Code éternité

Code éternité, Eoin Colfer, Tome 3/8 d'Artemis Fowl, 2003, 385 pages.

La suite des mes aventures en compagnie d'Artemis Fowl, troisième partie ! Après un premier tome étonnant et très engageant, j'avais trouvé le deuxième tome un peu décevant. On tombait dans de l'attendu et le tout était un peu gentillet. Mais ça, c'était avant.

Je ne vous refais pas le speech : Artemis Fowl est un jeune garçon, mettant globalement son génie aux services du mal. Sauf qu'après sa rencontre avec le peuple des fées, le petit a tendance à se tourner du côté du bien (j'ai essayé, je ne peux pas faire plus manichéen). Ce changement va plutôt se poursuivre dans ce volume (ou au moins ne pas faire vraiment machine arrière) mais d'une manière beaucoup moins bébête, et en fait moins manichéenne. C'est bien mieux amené, avec un surplus de réflexions, qui rendent la chose moins niaise.

Mais de toute manière, ce n'est pas l'élément principal de ce livre. Car cette fois, nous avons le droit à un véritable condensé d'actions, sans temps mort. En effet, c'est la guerre entre Artemis Fowl et Jon Spiro, businessman américain à tendance mafieux, pour la possession du Cube C. Forcément, les personnages féeriques des tomes précédents vont faire leur réapparition, mais d'une manière moins envahissante que d'habitude. Oui, enfin, Artemis Fowl est mis en avant ! Enfin nous allons pouvoir le suivre et voir son intelligence à l'oeuvre. Et ça, ça fait plaisir.

De l'action et un Artemis Fowl en continu, que demandez de plus ? Un duo de gros bras aussi idiots qu'hilarants ? Accordé, Pex et Chips sont là. Une fin donnant envie de lire la suite ? Accordé. Mais alors je vous rajoute le supplément "épilogue avec un monologue à vous faire dresser les poils".

mercredi 15 mai 2013

Stephen King - 22/11/63

22/11/63, Stephen King, 2011, 937 pages.

Je suis en possession de ce livre depuis quasiment sa sortie. J'étais plutôt motivé par sa lecture, mais j'ai tout de même attendu le moment propice, celui où je me sentirai capable d'enchaîner ce pavé sans trop bloquer. Et paf, d'un coup, c'était le moment ! (oui, j'aime raconter des faits très concrets et parlants).

Je ne suis pas un grand connaisseur de Stephen King, mais j'ai quelques bases, dont La Tour Sombre. Une saga qui ne représente pour moi qu'une des meilleures de tous les temps. Et que vous devez vous empresser de lire si ce n'est pas déjà fait, en vous forçant à continuer après le premier tome.

Bref, 22/11/63. Date de l'assassinat de Kennedy à Dallas. Enfin, l'attentat possible. Puisque, la quatrième de couverture vous l'aura surement fait deviner, l'histoire va peut-être changer. En effet, par le biais de son ami Al Templeton qui a trouvé un portail temporel (ou je-ne-sais-comment-on-peut-appeler-ça), Jake Epping va être capable de remonter le temps, et plus précisément en 1958, et décide (est légèrement forcé de décider) d'empêcher le meurtre de JFK.

L'idée de départ est bonne, et les 100 premières pages aussi. C'est bien amené, le personnage principal est attachant, et on a le droit à un peu de réflexion sur les conséquences du voyage dans le temps. Pour un sujet très abordé en science-fiction, j'ai trouvé ça plutôt clair et bien parti. Allez hop, il part en 1958, et on s'attend à passer assez rapidement à une uchronie (on voit tout de même JFK des deux côtés de la couverture...). Oui, mais non. Car nous n'atteindrons pas la date du 22/11/63 avant environ la 800ème page... La centaine de pages qui conclut le livre est du niveau de la première, avec un mélange d'actions, de réflexions et d'une uchronie troublante (ce qu'elle nous amène à penser est assez particulier...).

Et entre temps me demanderez-vous ? Et bien, nous avons le droit à une histoire d'amour. D'accord, je grossis un peu le trait, mais fondamentalement je n'en suis pas loin... Il y a des éléments importants dans ce coeur du roman, et de très bons passages. Mais pas de quoi justifier près de 700 pages... Le pire, c'est que ça se lit plutôt bien, mais j'attendais toujours le moment où ça allait vraiment décoller.

   Finalement, je ne sais pas trop quel est mon avis sur ce livre. Je m'attendais à quelque chose de plus uchronique, et ça a perturbé ma lecture. Si je n'avais pas attendu autant de ce changement du cours de l'Histoire (et je n'en prends pas l'entière responsabilité, on nous parle du sauvetage de Kennedy au début du roman, forcément on y pense...), peut-être l'aurais-je encore plus apprécié, puisqu'il y a vraiment de bonnes choses, une vraie plongée dans les années 60, une belle histoire et de nombreuses questions posées. A tenter si vous êtes capable de patienter avant de voir Kennedy.

samedi 11 mai 2013

Fabrice Colin - Dreamericana

Dreamericana, Fabrice Colin, 2003, 442 pages.

Il y a peu de temps, j'ai fait mon entrée dans la mirobolante bibliographie de Fabrice Colin avec A vos souhaits, un roman déjanté qui ne m'avait pas totalement emballé, mais m'avait fait penser du bien de Fabrice Colin. Du genre "Oh, il a forcément dû écrire des romans épatants !". Effectivement (et je m'offre gratuitement un moment d'auto-satisfaction).

Je vais directement commencé par ce qui pourrait être ma conclusion, et mon avis d'ensemble. A vos souhaits était un livre qui avait tout pour me plaire, notamment par son univers de douce folie. Et j'avais étonnamment eu du mal à accrocher, et n'avais pas pleinement apprécié. Dreamericana avait son lot d'éléments pour que je n'aime pas totalement sa lecture, notamment son aspect compliqué, aux réponses un peu floues. Et étonnamment, alors qu'il n'est pas parfait, j'ai trouvé ce livre énorme et en garde un très bon souvenir (il aura même le droit à un 5/5, qui ne veut pas dire grand chose, mais que d'autres n'ont pas eu). Tout le monde n'aimera pas, c'est certain.

Reprenons les choses d'une manière correcte. Dreamericana est l'histoire... Hum, non. Dreamericana commence par l'histoire d'Hades Shufflin, écrivain d'un gigantesque saga sur un monde alternatif, se retrouvant en panne d'inspiration. la première partie du récit nous raconte sa vie, présente et passé, entrecoupée de divers autres textes (résumés de ses romans, extraits de journaux, extraits de thèse sur son univers, ...). Un peu brouillon au départ, on finit par réussir à mettre les choses plus ou moins en ordre, et nous nous retrouvons devant un récit amenant à réfléchir sur l'écriture. C'est intéressant. Ça le devient encore plus à partir de la page 126, où tout part en cacahuètes, que ce soit au niveau de l'histoire que de la typographie.

Tout cela pour nous amener à la page 143, où l'on peut commencer la lecture de Dreamericana, le dernier roman écrit par Hadès Shufflin, avec lui-même à l'intérieur. Vous êtes en droit de trouver ça compliqué (surtout que je n'aide pas trop à rendre les choses claires), mais à la lecture cela passe bien. La deuxième partie du roman est une oeuvre de science-fiction steampunk, où deux grandes entités jouent le destin de la planète. Et jouer est le terme exact, puisque la métaphore du jeu d'échec est présente tout au long du récit. Autant vous le dire, cela un peu tendance à partir en "j'avais prévu que tu aurais prévu que j'aurais prévu...".

Les personnages ne sont pas particulièrement attachants. L'intrigue est un peu compliquée, et pas forcément claire une fois la dernière page tournée. Mais je ne sais pas pourquoi, j'ai complètement accroché, et j'ai aimé même les moments d'incompréhension. Je crois que ce livre est un jeu. Un jeu de pistes à la suite du héros, un jeu de stratégie pour comprendre l'histoire, un jeu de réflexion pour saisir tous les sous-entendus, références et mises en abyme, un jeu pour stimuler notre imagination et nos idées. Et je crois que j'aime les jeux.

mercredi 8 mai 2013

Pierre Pevel - Les Ombres de Wielstadt

Les Ombres de Wielstadt, Pierre Pevel, Tome 1/3 du Cycle de Wielstadt, 2001, 307 pages.

J'ai découvert Pierre Pevel avec Viktoria 91, un roman steampunk à l'histoire minutée et à l'atmosphère parfaitement ressenti. C'était tout ce qu'il me fallait pour passer à l'étape suivante : commencer une série. Sans véritable raison, c'est le Cycle de Wielstadt qui a l'honneur de débuter.

Commençons par parler de l'univers. L'histoire se déroule au XVIIème siècle, dans le contexte historique réel de la Guerre de Trente Ans (un petit peu compliqué au départ, mais on raccroche vite, et il n'y a pas besoin de saisir toute l'intrigue externe pour comprendre le livre). Sauf qu'il existe une ville un peu particulière : Wielstadt. Protégée par un dragon, c'est une sorte de mégalopole libre, où toutes les sensibilités religieuses et culturelles sont autorisées. Ajoutez quelques êtres fantastiques (faunes, centaures, fées,...), et vous obtenez un endroit incroyable. Une ambiance de cape et d'épée avec le petit soupçon de fantastique qu'il faut. Une magnifique atmosphère, telle que Pierre Pevel sait les faire (oui, je généralise à partir d'un 2 sur 2 de réussite).

Du côté de l'histoire en elle-même, on suit le Chevalier Kantz, personnage mystérieux, exorciste de la main gauche, épéiste de la main droite, qui se retrouve impliqué dans une enquête sur des meurtres sanglants. Rien de très très innovant dans le récit, mais il y a suffisamment de rythme pour ne pas s'ennuyer. Un petit regret du côté du suspense, ou plutôt du non-suspense : on a assez rapidement les clés pour dénouer l'énigme, et cela entraîne un manque de rebondissements.

Globalement, c'est un bon livre. Un premier tome qui permet de nous familiariser avec l'univers, et qui donne envie de lire la suite, notamment pour en savoir plus sur Kantz (qui tient véritablement le livre à bout de bras). En espérant que l'histoire saura prendre plus d'ampleur, et nous réserver plus de surprises.

dimanche 5 mai 2013

Christopher Moore - Le secret du chant des baleines

Le secret du chant des baleines, Christopher Moore, 2003, 400 pages.

Après une splendide découverte de Christopher Moore via L'agneau, j'ai décidé de poursuivre l'aventure avec Le secret du chant des baleines (et ce n'est pas un titre juste pour faire beau : l'histoire a vraiment trait au secret du chant des baleines). J'avais d'assez hautes espérances avant le début de la lecture, même si je savais qu'il y avait peu de chances pour que ça atteigne le niveau de L'agneau. Effectivement, ça ne l'atteint pas.

Tout commence à Hawaï, où l'on découvre les protagonistes et le monde des baleines. C'est du Christopher Moore, c'est très documenté, et ça se sent. Il ne se passe pas énormément de choses dans cette première partie, on se familiarise avec le sujet et on sent un petit mystère pointer le bout de son nez. Ensuite, ça part en cacahuètes.

Alors que le début est complètement ancré dans le réel, on entre par la suite, et sans transition, dans un univers totalement fantastique et fou. Univers auquel je n'ai absolument pas accroché. Peut-être cela vient-il de la rupture, du fait que je m'étais habitué et préparé à finir l'aventure sur un ton réaliste. Je ne sais pas.

Je suis obligé de faire une comparaison avec Bernard Werber. Dans les deux cas, on a à la fois une grande dose de connaissances et d'informations réelles, et une histoire à la frontière entre polar et science-fiction. Sauf que ce livre n'a pas fonctionné pour moi aussi bien que peuvent le faire les romans de Werber. Peut-être un peu trop compliqué parfois (notamment sur l'intrigue finale, où je ne pourrais pas assurer d'avoir tout saisi), même si l'ensemble est intéressant, et engagé (au moins écologiquement).

Ce n'est donc pas une grande lecture pour moi. Néanmoins, je ne peux pas totalement la déconseiller, puisque je pense qu'elle a de quoi plaire à d'autres. A vous de voir. En tout cas, si vous êtes fan de baleines, foncez !

jeudi 2 mai 2013

Jacques Sternberg - 188 contes à régler

188 contes à régler, Jacques Sternberg, 1988, 378 pages.

Je n'avais jamais entendu parler de Jacques Sternberg. En tout cas pas avant de voir que Lune classe 188 contes à régler parmi ses livres à sauver en cas de fin du monde. Et oui, le gros 42 qu'on peut voir à la fin de sa chronique est un argument pour la lecture de ce livre (je n'ai jamais admis être logique et rationnel).

J'ai donc essayé ce livre, ou plutôt ce recueil. Car comme son nom l'indique, Jacques Sternberg nous livre 188 histoires (je ne les ai pas comptés, mais j'ai confiance), des nouvelles (peut-on dire nouvelles ?) brèves, pouvant faire une ligne ou quelques pages, pour une moyenne globale et à vue d'oeil de 1 page.
Les clichés
« D'après les estimations, 250 000 japonais eurent le temps et l'idée de prendre un cliché de l'explosion atomique qui devait les tuer et raser Tokyo à la fin de la guerre sino-japonaise de 2014. »
Il y a un peu de tout parmi ces brefs contes, mais on peut définir des grands thèmes récurrents : la science-fiction (inventions, autres planètes, extraterrestres,...), le nautisme, la guerre (notamment 39-45 et les camps), le sexe, le cinéma, Dieu. Mais plus que des thèmes, ce qui revient au fil de toutes les pages, c'est un pessimisme et une ambiance très sombre. Jacques Sternberg dépeint des humains méchants et mauvais, une société où tout va mal et où rien n'ira mieux. Soyez prévenus, c'est plutôt dur.

C'est une expérience toute particulière que de lire ce livre. On est continuellement à la frontière entre l'humour très noir, le sarcasme, et l'envie de se suicider. Il y en a un paquet qui m'ont plu, et m'ont fait rire (noir ou jaune, au choix). Le ton est critique et acerbe, et ça fonctionne. Mais il y en a d'autres où j'ai eu plus de mal (souvent celles où il est plus question de pure science-fiction il me semble). Ce qui est normal je pense, pour un livre qui comporte 188 textes différents. On peut difficilement tout mettre au même niveau.

Au final, cela donne une plutôt bonne lecture, avec des hauts et des bas. Un livre parfait pour piocher dedans de temps à autre, à condition de ne pas être d'humeur trop morose.
L'invention
« Il avait inventé une petite antenne portable qui supprimait radicalement les pensées parasites du cerveau humain.
Il l'essaya avec succès sur sa propre personne. A peine avait-il donné le contact qu'il ne pensait plus qu'à la mort, à l'inutilité de toute entreprise, à la vanité d'avoir mis au point un engin révolutionnaire. Le temps de penser à couper le contact, il s'était suicidé. »