jeudi 27 décembre 2018

Thierry Di Rollo - Proscenium

Proscenium, Thierry Di Rollo, 2017, 22 pages.

Sorn est un semi-mort : son corps ne ressent plus rien, n'a plus de besoin et n'est maintenu en vie que grâce à des injections de succédanés toutes les six heures. Juste de quoi lui permettre de poursuivre sa quête : retrouver Naëva.

Proscenium est une nouvelle frustrante. Frustrante car on s'attache à cet étonnant héros qu'est Sorn. Frustrante car on aime découvrir cet univers. Frustrante car on voudrait que cela continue, qu'il se passe plus de choses, ... Mais la fin arrive vite, après une histoire simple, sans guère de rebondissements. Entendons-nous bien : Proscenium est une bonne nouvelle, douce-amère. Mais un peu frustrante - dans le bon sens ?

vendredi 21 décembre 2018

Yoss - Planète à louer

Planète à louer, Yoss, 2002, 265 pages.

La Terre n'appartient plus aux humains. Alors qu'une guerre nucléaire s'apprêtait à être déclenchée, les xénoïdes sont arrivés et en ont pris le contrôle d'une main de fer. La Terre est désormais un monde touristique où les humains survivent, misérablement, avec pour seul espoir de quitter la planète.
« Toute ressemblance entre la Cuba des années 1990 et cette Terre du XXIe siècle est purement intentionnelle. »
Tout est dit dans cet extrait de la courte préface écrite par l'auteur. Et si l'on pourrait s'inquiéter de la nécessité de préciser ce fait, il n'en est rien : cette précision ne fait que renforcer notre nécessaire perception du texte. Un texte ou même des textes d'ailleurs : Planète à louer est un fix-up de 7 nouvelles suivant chacune un personnage - prostituée, policier, sportif, scientifique, ... - cherchant à améliorer ses conditions de vie. Et un fix-up de qualité, les différents récits se faisant écho les uns les autres via leurs personnages secondaires.

L'analogie à Cuba est parfaitement compréhensible et frappante, à en faire froid dans le dos. Pour autant, Planète à louer n'est pas juste un triste constat - sans apitoiement - sur un pays au travers de ses habitants. Il est bien plus que ça. C'est Cuba mais c'est aussi tout le reste du monde. C'est le passé, le présent et le futur. Ce sont des propos forts qui n'oublient pas le plaisir de la lecture. C'est la forme - les formes mêmes, tant le style d'écriture varie au gré des récits - et le fond au service d'un même objectif : informer plaisamment.

Pour moi, Planète à louer représente l'intérêt même de la science-fiction. Grâce à l'universalité qui en découle. Grâce à cet aspect imaginaire qui permet un certain recul psychologique et un plaisir de lecture augmenté, mais sans jamais atténuer la force des propos, bien au contraire. Pour toutes ces raisons et bien d'autres, Planète à louer est un chef-d’œuvre jusqu'à la dernière ligne. Une lecture indispensable. Gracias señor Yoss.

D'autre avis : Xapur, Lhisbei, Gromovar, Julien, ...

samedi 15 décembre 2018

Ayerdhal - Le Chant du Drille

Le Chant du Drille, Ayerdhal, 1992, 358 pages.
« En six ans, le seul intérêt que la mission a porté aux Drilles se résume aux examens qui lui ont permis d'exclure l'espèce des créatures intelligentes et, consécutivement, d'ouvrir en toute bonne foi la planète à la colonisation. »
Les Drilles, des sortes de lémuriens imberbes, sont l'espèce autochtone vivant sur Tehani, une planète nouvellement colonisée par les humains. Problème : ils viennent désormais s'amasser par vagues à proximité des villes des colons pour y rester immobiles jusqu'à leurs morts. C'est pour élucider ce mystère qu'est envoyée Lodève Dalellia, du département Xénologie de l'Inspection Générale des Colonies.

Il y a un fort côté Le Nom du monde est forêt d'Ursula Le Guin dans le contexte de départ. La suite s'avère différente, Ayerdhal déroulant lui un récit lorgnant vers le polar/thriller avec cette double enquête sur la compréhension des Drilles et sur la disparition de Vernang Lyphine, romancier et poète ayant vu une intelligence dans cette espèce. La comparaison à Le Guin n'est pourtant pas vaine, un intéressant côté ethnographique se retrouvant nécessairement ici.

Premier roman de l'auteur, Le Chant du Drille - paru initialement en deux tomes, Le Syndrome des baleines et Le Mystère Lyphine - n'est certainement pas son meilleur. La faute notamment à une certaine confusion entre les multiples entités œuvrant à la colonisation de Tehani ainsi qu'à un rythme assez bizarre, les évènements s'enchainant parfois trop rapidement bien que la longueur de l'ensemble n'aurait pas gagné à être augmentée. Mais malgré cela, la lecture reste bonne et sympathique.
« Les Drilles méritent plus que le respect zoologique accordé par l'humanité aux fossiles des espèces qu'elle a exterminées. »

dimanche 9 décembre 2018

Liu Cixin - Avec ses yeux

Avec ses yeux, Liu Cixin, 2011, 20 pages.
« Elle m’en donna la localisation ; je me mis en route avec ses yeux. »
Ses yeux, ce sont des lunettes capables de proposer au récepteur toutes les sensations perçues par leur porteur. L'occasion pour les nombreux individus vivants dans l'espace de passer des vacances à moindre frais sur notre bonne vieille planète bleue.

L'intérêt d'Avec ses yeux réside dans le mystère que l'on sent exister sur l'identité et la situation de cette jeune femme pour laquelle le narrateur utilise ses yeux. Pour autant, le dénouement est amené avec calme et simplicité, comme l'ensemble de la nouvelle, ce qui donne pas une réelle sensation de "Wahou !" propre aux nouvelles à chute. Si cela freine quelque peu l'enthousiasme immédiat vis-à-vis de ce récit, Avec ses yeux reste une très bonne nouvelle. Simple et touchante, elle propose un cadre rare tout en faisant la part belle aux petits plaisirs de la vie et à la beauté de la Terre. Et c'est déjà beaucoup.

lundi 3 décembre 2018

Hugh Howey - Phare 23

Phare 23, Hugh Howey, 2015, 233 pages.
« Et je me dis que jusqu'à ce qu'on arrive à surpasser l'Intelligence Artificielle, la Nasa aura toujours besoin de singes comme nous dans l'espace. Pour prendre ce genre de décisions stupides. »
Milieu du XXIIIème siècle. Le narrateur vit seul dans une balise, dans l'espace, au bord d'un champ d'astéroïdes. Gardien de phare moderne, il doit gérer les imprévus tout en ressassant son passé de soldat.

Le pitch n'est pas forcément des plus enthousiasmants, mais pourquoi pas. Surtout que le démarrage est plutôt actif, au contraire de ce que l'on pourrait imaginer dans l'histoire d'un gardien de phare solitaire. L'intérêt est là dans toute la première moitié, entre plaisir d'observer un phare de l'espace et quelques étrangetés du narrateur.

Et puis ça se tasse. Ce n'est pas mauvais en soi, mais le désintérêt pointe un peu dans la seconde moitié. La lecture n'est pas nécessairement désagréable mais il manque quelque chose d'accrochant, de marquant, de réellement intéressant. Un sentiment qui n'est pas aidé par un cinquième chapitre - ou cinquième nouvelle tant on peut considérer, dans la forme et dans le fond, que Phare 23 est un fix-up de 5 nouvelles - qui est sûrement le plus faible malgré une bonne idée de fond. Reste au final une lecture mitigée sans réellement réussir à cerner les points négatifs.

D'autre avis : Lune, Samuel Ziterman, Yogo, AcrO, ...