Planète à louer, Yoss, 2002, 265 pages.
La Terre n'appartient plus aux humains. Alors qu'une guerre nucléaire s'apprêtait à être déclenchée, les xénoïdes sont arrivés et en ont pris le contrôle d'une main de fer. La Terre est désormais un monde touristique où les humains survivent, misérablement, avec pour seul espoir de quitter la planète.
« Toute ressemblance entre la Cuba des années 1990 et cette Terre du XXIe siècle est purement intentionnelle. »
Tout est dit dans cet extrait de la courte préface écrite par l'auteur. Et si l'on pourrait s'inquiéter de la nécessité de préciser ce fait, il n'en est rien : cette précision ne fait que renforcer notre nécessaire perception du texte. Un texte ou même des textes d'ailleurs : Planète à louer est un fix-up de 7 nouvelles suivant chacune un personnage - prostituée, policier, sportif, scientifique, ... - cherchant à améliorer ses conditions de vie. Et un fix-up de qualité, les différents récits se faisant écho les uns les autres via leurs personnages secondaires.
L'analogie à Cuba est parfaitement compréhensible et frappante, à en faire froid dans le dos. Pour autant, Planète à louer n'est pas juste un triste constat - sans apitoiement - sur un pays au travers de ses habitants. Il est bien plus que ça. C'est Cuba mais c'est aussi tout le reste du monde. C'est le passé, le présent et le futur. Ce sont des propos forts qui n'oublient pas le plaisir de la lecture. C'est la forme - les formes mêmes, tant le style d'écriture varie au gré des récits - et le fond au service d'un même objectif : informer plaisamment.
Pour moi, Planète à louer représente l'intérêt même de la science-fiction. Grâce à l'universalité qui en découle. Grâce à cet aspect imaginaire qui permet un certain recul psychologique et un plaisir de lecture augmenté, mais sans jamais atténuer la force des propos, bien au contraire. Pour toutes ces raisons et bien d'autres, Planète à louer est un chef-d’œuvre jusqu'à la dernière ligne. Une lecture indispensable. Gracias señor Yoss.