Les Enfants d'Icare, Arthur C. Clarke, 1953, 253 pages.
En pleine Guerre Froide, la course aux étoiles fait rage. Alors que les États-Unis et la Russie sont tous les deux sur le point de faire décoller leurs fusées, un évènement bouleverse complètement la donne : des vaisseaux extraterrestres abordent la Terre.
Par nécessité de pouvoir parler quelque peu de l'histoire, j'évoque ce retournement de situation qui arrive après quelques pages. L'effet est excellent. Et si on ne l'a pas lu sur la quatrième de couverture ou dans une chronique auparavant, ou si on a la chance de l'avoir oublié comme ce fut mon cas, il est encore plus excellent. Et si au lieu de partir à la conquête des étoiles, les étoiles elles-mêmes venaient nous apporter leurs lumières ? En renversant la donnée initiale, Arthur C. Clarke parvient à créer une sorte de planet-opera terrestre, où l'on redécouvre, sur une période de temps assez longue, notre planète Terre et ses évolutions.
Les Enfants d'Icare est un très bon roman. Il allie à la fois un côté mystérieux, et une recherche de réponses qui tient en haleine le lecteur, à un environnement plaisant. Pas (ou peu) de luttes et de conflits ici, l'histoire s'avère presque paisible et reposante. Un premier trait de caractère inhabituel et fort agréable.
Le second, c'est son aura de grande science-fiction, celle qui apporte quelque chose, qui voit plus loin et différemment. J'ai été il y a peu scotché par La Création a prix huit jours de Robert Heinlein. Bien que le traitement diffère sensiblement, leurs idées générales peuvent se rapprocher, tout comme les sensations qui s'en dégagent. C'est fascinant et l'on se sent tout petit une fois la dernière page tournée. Mais pas de tristesse ou de gêne pour autant. Le sentiment d'inéluctabilité et la douce mélancolie qui en découle ne sombrent jamais dans le pathos. Tout est juste dit, simplement dit, bien dit. Cela suffit. Et fait ce de roman, un grand roman.