mardi 30 mai 2023

P. Djèli Clark - Maître des djinns

Maître des djinns, P. Djèli Clark, 2021, 468 pages

Le Caire, 1912. L'ensemble de la Fraternité d'al-Jahiz - du nom de l'homme qui a ouvert la brèche ayant permis l'entrée des djinns sur le plan terrestre des décennies auparavant - est retrouvé mystérieusement mort. L'enquête est confiée à Fatma el-Sha'arawi, la toujours impeccablement habillée enquêtrice du ministère de l’Alchimie, des Enchantements et des Entités surnaturelles.

Maître des djinns prend place dans le même univers, et avec la même héroïne, que L'Étrange Affaire du djinn du Caire. Une affaire à laquelle il est d'ailleurs fait référence ici. La lecture de la nouvelle avant le roman est loin d'être indispensable, mais reste préférable si vous en avez la possibilité. Il est aussi fait mention de Le Mystère du tramway hanté, l'autre novella se déroulant dans cette même Égypte uchronique, mais bien plus comme un clin d'oeil que comme un élément important de l'histoire.

Maître des djinns est un très bon roman, très plaisant à lire, porté par des personnages fort sympathiques ainsi qu'un cadre dépaysant, autant pour la présence de la mythologie arabe que pour la simple localisation en Égypte. C'est un livre qui s'améliore au fil des pages. Si la première moitié est un peu trop dans l'action à mon goût, la deuxième retrouve un rythme d'enquête plus propice à la rencontre de personnages, dont les interactions font une bonne partie du charme du roman. Jusqu'au dénouement qui comporte évidemment une grande scène d'action-résolution finale mais qui parvient à ne pas sonner comme un passage obligé et à rester palpitante jusqu'au bout.

Dans un genre tout à fait différent, Maître des djinns m'a un peu fait penser au Journal d'un Assasynth de Martha Wells : des personnages attachants, une enquête douce, sans grandes surprises mais solide, et surtout une intrigue sérieuse ponctuée de pointes d'humour qui donnent le sourire sans rien enlever au côté dramatique de l'ensemble. Avec un même résultat final : un immense plaisir de lecture.

Couverture : Stephan Martinière / Traduction : Mathilde Montier
D'autres avis : Zoé, Le nocher des livres, Célinedanaë, Boudicca, Apophis, Marc, ...

mercredi 24 mai 2023

Michael McDowell - Pluie

Michael McDowell, Pluie, Tome 6/6 de Blackwater, 1983, 253 pages

Après La Crue, La Digue, La Maison, La Guerre et La Fortune, Pluie - et non "La Pluie", l'un des rares défauts de cette série - est le sixième et dernier tome de la saga Blackwater. La très bonne saga Blackwater, je peux maintenant l'affirmer en toute connaissance de cause.
« Les traiteurs s'inquiétèrent du risque de pluie, mais les Caskey n'avaient aucune crainte. Elinor avait déclaré, avec son autorité et son laconisme habituels : "Pas de pluie, aujourd'hui." »
Après plusieurs décennies de cohabitation entre eux et le lecteur, comment conclure l'histoire des Caskey ? À l'image du reste de la série, dans la simple continuité des évènements précédents et de la manière la plus logique qui soit. Le récit prend parfois, dans cet ultime volume, un peu plus le jetski que le canot pour arriver au bout de sa rivière et y emmener tous ses affluents, mais sans que cela soit vraiment dérangeant, la conclusion étant à la hauteur. Blackwater ne pouvait que se terminer ainsi. Sans grande surprise mais de manière tout à fait satisfaisante, au moment où il était opportun de conclure. Merci Monsieur Michael McDowell, merci Monsieur Toussaint Louverture : ce fut une très bonne traversée !

Couverture : Pedro Oyarbide / Traduction : Hélène Charrier et Yoko Lacour
D'autres avis : FeyGirl, Gromovar, Célinedanaë, Vert, Lorhkan, ...

jeudi 18 mai 2023

Anthony Doerr - Le Nom des coquillages

Le Nom des coquillages, Anthony Doerr, 2002, 248 pages

Le Nom des coquillages est un recueil de 8 nouvelles d'Anthony Doerr - monsieur La Cité des nuages et des oiseaux, excellent roman et raison de cette nouvelle lecture. Point d'imaginaire ici mais des textes entre tranches de vie et nature writing, où la chasse et la pêche font souvent partie du paysage mais rarement au détriment mortel des animaux.

Plus que la nature, c'est l'humain qui est au centre de ces nouvelles, la manière dont il cohabite avec son environnement et la place qu'il parvient à s'y faire. Il n'y a guère de finalité concrète à ces textes, en tout cas rien d'évident, pas de résolution à une problématique claire. Mais la recherche de leur place en ce monde pour ces individus un peu perdus est certainement un fil qui les relie et peut accrocher le lecteur. C'est en tout cas le cas pour les 4 nouvelles qui sont pour moi au-dessus du lot : Le nom des coquillages et son pêcheur de coquillages aveugle, Les chances qu'on se donne et sa jeune fille qui vient de déménager, Le gardien et son réfugié en quête de deuil, Mkondo et son couple aux deux faces entre vie citadine et vie sauvage.

Recueil de littérature blanche, Le Nom des coquillages ne provoque pas d'effet wahou, ne repose pas sur des péripéties et peut même être un peu déstabilisant dans ses fins de textes presque insignifiantes. Et pourtant ça fonctionne plutôt bien, voire très bien par moment, grâce à l'écriture d'Anthony Doerr. Il y a un fort potentiel évocateur dans les mots de l'auteur ainsi qu'une capacité à donner du corps à ses personnages. Il y a surtout une puissance qui se dégage de certains passages, et même quelques moments de bravoure dans le premier et dernier texte. Ce n'est pas nécessairement ce que je lirais tous les jours, mais à petite dose c'est agréable. La preuve : nul doute que même si je n'avais pas déjà lu l'excellent La Cité des nuages et des oiseaux, j'aurais envie de poursuivre ma découverte de l'auteur.

Couverture : Nicholas Veasey / Traduction : Valérie Malfoy

vendredi 12 mai 2023

Titiou Lecoq - Les grandes oubliées

Les grandes oubliées - Pourquoi l'Histoire a effacé les femmes, Titiou Lecoq, 2021, 324 pages

Les grandes oubliées est un essai qui revisite l'Histoire de l'humanité par le prisme d'une moitié de la population habituellement omise : les femmes. Et "l'Histoire de l'humanité" n'est pas une exagération puisque Titiou Lecoq part de la préhistoire pour aller jusqu'à notre époque. En s'appuyant sur les travaux de nombreuses historiennes et chercheuses, elle remet sur le devant de la scène un grand nombre de femmes méconnues.

Mais bien plus qu'une liste de noms, Les grandes oubliées est un ouvrage de fond sur le travail de sape qu'ont réalisé les hommes, de tous temps, pour ancrer dans l’inconscient collectif une image de la femme soumise et inférieure à l'homme. Si la réponse à la question du pourquoi, présente en sous-titre, est évidente, il est surtout intéressant de voir comment cela s'est passé - et se passe toujours - et de prendre conscience de certains stéréotypes et fausses idées bien enracinées en nous - les femmes préhistoriques, ça vous parle ?

Dans un style très oral et familier, offrant une grande simplicité de lecture, Titiou Lecoq parvient à faire un rapide tour d'horizon de l'Histoire. À chacun et chacune - mais surtout à chacun - d'aller ensuite approfondir à l'envie chaque période et question spécifique. Mais l'essentiel est ici fait : offrir une désinvisibilisation des femmes à travers les époques. Et ainsi faire ce que l'école française ne fait pas : parler (et encore moins parler avec justesse) de 50% de la population mondiale.

Couverture : Quintin Leeds - Image © Look and Learn / Illustrated Papers Collection / Bridgeman Images
D'autres avis : Vert, OmbreBones, ...

samedi 6 mai 2023

Bulles de feu #49 - Avril 2023

Un petit récapitulatif de mes lectures BDs/mangas/comics du mois, pour en garder une trace.
Le classement est absolument imparfait, insatisfaisant et un peu aléatoire mais peut donner un ordre d'idée. Les avis sont (ultra)brefs, n'hésitez pas à demander un complément d'informations en commentaire si nécessaire.

Bien / Ok / Correct



Banana Sioule T.2/? - Michaël Sanlaville

Fun et vitaminé, un bon divertissement.



Kaiju n°8 T.6-7/? - Naoya Matsumoto

De la pure action très efficace.



Frieren T.6/? - Kanehito Yamada et Tsukasa Abe

Sympa, joue toujours aussi bien avec les codes du genre.



Les vieux fourneaux T.7/? - Wilfrid Lupano et Paul Cauuet

Un petit manque de résolution, mais toujours un incroyable état des lieux du climat social et de l'actualité et une machine à punchlines amusantes.



Le Château des animaux T.3/4 - Xavier Dorison et Félix Delep

Un tome un peu moins dur mais aussi un peu moins marquant que ses prédécesseurs, ce qui ne l'empêche pas de rester de qualité et de poursuivre son exploration de la désobéissance et de la lutte non-violente.



Blissful Land T.5/5 - Ichimon Izumi

Un dernier tome à l'image du reste de la série : agréable et sympa.



1629... ou l'effrayante histoire des naufragés du Jakarta T.1/2 - Xavier Dorison et Thimothée Montaigne

Un bon récit historique, implacable, qui sera certainement encore meilleur avec son deuxième tome.
Très bien



L'Attaque des titans T.7-13/34 - Hajime Isayama

Toujours très bien, le rythme des rebondissements est impressionnant.



Arslân T.15-16/? - Hiromu Arakawa et Yoshiki Tanaka

Si l'histoire n'a rien de très originale, c'est si bien mené et dessiné que c'est un régal à lire.



Les 5 Terres T.6/? - Lewelyn et Jérôme Lereculey

La fin d'un premier cycle qui aura été très solide du début à la fin. Une série qui a tout pour devenir un monument du genre.



Vinland Saga T.26/? - Makoto Yukimura

Un tome plutôt joyeux et positif, mais les ennuis sont en approche...



Journal inquiet d'Istanbul T.1/? - Ersin Karabulut

Une autobiographie d'Ersin Karabulut qui en retraçant son parcours de bédéaste retrace aussi celui de la Turquie. Un ouvrage au cadre difficile mais qui parvient à garder une certaine légèreté. Excellent et nécessaire.

Pour plus d'informations, n'hésitez pas à lire la chronique de Gromovar