dimanche 29 décembre 2013

L. L. Kloetzer - Anamnèse de Lady Star

Anamnèse de Lady Star, L.L. Kloetzer, 2013, 455 pages.

Ne pas savoir quoi attendre d'un livre avant de le commencer n'est pas une chose si rare. Aimer sa lecture sans véritablement comprendre pourquoi est une chose qui arrive. Refermer un livre et ne pas savoir quoi en penser ou en dire est une chose possible. Mais quand ces trois pensées découlent d'une seule oeuvre, on se retrouve devant un roman très particulier. J'appelle ça vulgairement un OLNI - un Objet Littéraire Non Identifié. Anamnèse de Lady Star est un OLNI.

Ce qui frappe en premier, c'est la forme que prend le récit. Chaque chapitre évoque un lieu et une date différente et on y suit une histoire quasi-indépendante. Au fur et à mesure, deux axes se détachent, en alternance : le "présent" et le "passé". Le "présent" suit les recherches de Magda concernant une femme qui aurait participé au Satori, un attentat ayant drastiquement changé le monde. Le "passé" raconte l'histoire de différentes personnes ayant eu un lien avec cette femme.

Pas de chronologie linéaire ici. Les époques s'alternent et se mélangent. Même si des informations sont toujours redonnées, cela demande un peu d'effort de la part du lecteur. Et globalement, Anamnèse de Lady Star est un roman exigeant. Mais qui a une vraie personnalité. Et un petit côté polar qui aide considérablement à passer les moments un peu plus difficiles.

L'entité Kloetzer a un vrai talent. Tout d'abord dans la création de cet univers, que l'on découvre petit à petit et qui nous réserve toujours des surprises. La belle idée, c'est de ne pas nous assommer d'informations dès le départ. On avance vraiment pas à pas et cela évite une overdose fatale. Et puis il y a surtout, dans les chapitres du "passé", cette capacité à changer de style d'écriture en fonction du personnage. Grandiose.

Ma chronique part dans tous les sens, j'en ai bien conscience. J'ai essayé plusieurs fois mais je n'arrive pas à structurer ce que je voudrais dire. C'est surement l'effet de ce livre où le fouillis et le doute sont omniprésents. Au final, c'est presque la meilleure manière pour moi de montrer l'impact qu'il a eu. Ce roman est vaste et il y a énormément d'éléments qui pourrait être mis en avant, par exemple son excellent titre (ou sa très belle couverture). Mais comme je ne peux pas tous les citer, je ne peux que vous conseiller une chose : lisez-le. Ce n'est pas une lecture facile et elle n'est pas sûre de vous plaire. Personnellement, j'ai eu du mal avec la dernière centaine de pages, et je garde pourtant un excellent souvenir de ce livre. Cela fait deux semaines que je l'ai lu et pourtant mon esprit tourne toujours dans tous les sens dès que j'y pense. Il est différent. Il mérite d'y accorder du temps.
« Elle veut qu’on la cherche, Christian, elle nous raconte une histoire. Pas un de ces scénarios où tout s’arrange, où chaque point répond à une question, non, elle nous raconte une histoire vraie, faite de témoignages contradictoires, de balbutiements, de rêves, faite de ce que nous sommes et de ce que nous aurions aimés être. Et chaque élément que nous découvrirons complétera l’image et la contredira, ouvrira de nouvelles portes, pour que nous continuions à travailler, à avance dans le labyrinthe, à penser à elle. Elle a besoin de nous, elle a besoin que nous la cherchions à jamais. »
Une nouvelle lecture pour le Challenge Francofou

L'avis de Julien, Tigger Lilly, Lune, Lhisbei, BlackWolf, ...

jeudi 26 décembre 2013

Keigo Higashino - Un café maison

Un café maison, Keigo Higashino, 2008, 335 pages.

La lecture japonaise du mois de décembre, toujours dans le cadre du Challenge Écrivains Japonais d'Adalana. Ce mois-ci aucun auteur n'est imposé, le choix est libre (et d'autant plus compliqué). Pour boucler la boucle et parce que ma première lecture de l'auteur m'avait donné envie de recommencer, j'ai décidé de rencontrer une nouvelle fois Keigo Higashino.

La Maison où je suis mort autrefois m'avait marqué pour son ambiance très minimaliste et son quasi-huis clos. J'ai encore quelques frissons et un peu d'angoisse rien que d'y penser. Un café maison, ce n'est pas pareil. Même si on retrouve ce côté minimaliste avec finalement très peu d'éléments abordés et aucune "action", tout étant axé sur les détails et l'avancée très petit à très petit, l'ambiance n'est pas au rendez-vous. Je ne trouve qu'un mot pour la désigner : c'est plat. Les personnages n'ont pas de profondeur, j'ai parfois eu l'impression de suivre des robots.

Heureusement, l'histoire tient la route. Kusanagi et Yukawa, un duo déjà apparu dans Le Dévouement du suspect X (que je n'ai pas lu, cela ne gêne rien la lecture de celui-ci), mène l'enquête sur ce qui ressemble à un meurtre parfait. On sait assez rapidement qui a fait le coup, mais il est impossible de comprendre comment et pourquoi il a eu lieu. Même si je ne l'ai jamais lu (à vrai dire cela m'a rappelé que je devais le faire), cela m'a fait penser au Mystère de la chambre jaune (donc peut-être à tort - cette phrase est vraiment d'une utilité toute relative).

On a envie de découvrir la solution de l'énigme et cela porte entièrement le récit. La réponse est globalement satisfaisante. L'histoire va à l'essentiel et ne traite d'aucun détails inutiles ou d'histoires parallèles. Cela permet de rester toujours dans l'expectative d'une avancée et donne un suspense constant. Malheureusement, cela participe aussi d'un manque d'ambiance général et de profondeur. Un bon livre tout de même qui repose sur une ficelle dans une atmosphère bizarre.

lundi 23 décembre 2013

Jack Vance - La Machine à tuer

La Machine à tuer, Jack Vance, Tome 2/5 de La Geste des Princes-Démons,1964, 281 pages.

Il ne m'aura pas fallu longtemps pour replonger. Après avoir dévoré Le Prince des étoiles, place à La Machine à tuer, deuxième tome de La Geste des Princes-Démons et donc deuxième Prince-Démon : Kokor Hekkus.

Après avoir bien accroché au premier tome, une seule question se posait : Jack Vance va-t-il réussir à se renouveler ? La réponse est oui. Le plus fort, c'est qu'il y arrive tout en reprenant exactement les mêmes ingrédients et les mêmes mécanismes. Je ne sais pas si ma fascination durera pour l'ensemble du cycle, mais je suis pour l'instant impressionné.

En une page, Jack Vance parvient à résumer toute l'intrigue développée précédemment. Puis c'est reparti. Kirth Gersen, avec un peu (beaucoup) de chance, se retrouve sur la piste d'un nouveau Prince-Démon. Bien sûr, Kokor Hekkus est mystérieux et plus connu de réputation que de visu. En utilisant avec réussite la même ficelle que dans le premier tome, "on ne sait pas qui il est donc il peut être n'importe où et n'importe qui", Jack Vance prouve qu'il n'a rien à envier à certains auteurs de polars, tant il parvient à garder du mystère et du doute jusqu'au bout.

Même si la finalité de l'histoire est identique, la manière d'y arriver change suffisamment pour rester intéressante. On explore un peu plus l'Œcumène, qui apparaît de plus en plus vaste, ainsi que ses populations, ses traditions et son organisation (avec une mention spéciale pour Interéchanges, la société indépendante qui gère les échanges entre kidnappeurs et payeurs de rançons). Je reste bouche bée devant la capacité de Jack Vance à créer et gérer, en si peu de mots et de descriptions, un univers si grand et qui semble maîtrisé dans ses moindres détails.

Bien sûr, on retrouve aussi notre dose d'action. Ainsi que notre dose d'intelligence et de ruses. Et même un petit peu d'humour. Voire quelques belles pensées et idées sur notre monde à nous. Sans oublier une belle demoiselle en détresse pour James Bond Kirth Gersen. Le tout forme un roman encore meilleur que le premier (grâce notamment à toute la partie concernant Interéchanges et aux textes introductifs encore plus ciselés) et qui remplit parfaitement son rôle : divertir.
« En un sens, l’expansion de l’homme dans la galaxie peut être considérée comme une régression de la civilisation. L’homme avait réussi, sur la Terre, après de nombreux milliers d’années d’efforts, à mettre au point un semblant de définition du bien et du mal. Il semble qu’en quittant la Terre pour les étoiles, il ait laissé cette définition derrière lui… »
Une deuxième lecture pour le Défi Jack Vance

vendredi 20 décembre 2013

Joe Abercrombie - L'Éloquence de l'épée

L'Éloquence de l'épée, Joe Abercrombie, Tome 1/3 de La Première Loi, 2006, 574 pages.

Avec la sortie récente de Les Héros, un one-shot bien tentant, il était temps que je me plonge dans l'univers de Joe Abercrombie et de sa trilogie La Première Loi (qui utilise le même monde que Les Héros). À noter que ce premier tome s'intitule L'Éloquence de l'épée dans sa première édition mais a été renommé Premier sang dans les versions suivantes.

Classiquement, la première partie du récit nous offre un tour d'horizon des différents protagonistes. Mais une chose est frappante : tous sont plus ou moins présentés comme mauvais. Certains peuvent avoir quelques excuses ou donner l'impression de changer, mais les faits sont là, pas de grand chevalier blanc ici. C'est une fantasy très sombre et pessimiste que décrit Abercrombie.

Cela ne donne pas une entrée en matière facile, avec des personnages que l'on a pas forcément envie d'apprécier (Logen est peut-être le seul sympathique, Glotka étant fascinant pour d'autres raisons) et quelques moments difficiles (j'ai encore des frissons de la scène de torture...), mais cela crée une vraie ambiance particulière. Certes c'est noir, mais c'est surtout rare et génial. Le style d'Abercrombie aide aussi à rentrer dedans. Tout en dialogues et en actions simples (à deux scènes près), les pages s'enchaînent facilement.

Puis vient l'histoire en elle-même. Après un début si particulier et porteur d'espoir, la suite semble malheureusement très banale. Légère déception sur ce point. Les protagonistes vont caricaturalement passer 500 pages à voyager pour se regrouper et effectuer un remake de La Communauté de l'Anneau : des personnages bien différents, qui ne s'aiment pas, sont réunis par un mage, qui en sait plus qu'il ne le dit, pour partir dans une quête qui sauvera le monde.

Comme je l'ai déjà dit, cela se lit malgré tout très bien. L'histoire de Glotka, personnage le plus trouble, donne un vrai intérêt à ce premier tome. L'ambiance est excellente et l'univers semble avoir du potentiel. Considérons que ceci est une longue introduction pour poser les bases. À voir si le deuxième tome saura redonner un peu de folie à tout cela.
« Ah, le chagrin de l’amante délaissée. Privation. Colère. Honte. Impression qu’on ne s’en remettra jamais. Quel poète a donc écrit qu’il n’y a pire chagrin que celui d’un coeur brisé ? Niaiseries sentimentales. Il aurait dû passer plus de temps dans les geôles de l’empereur. (...) Un coeur brisé finit par guérir ; des dents cassées, jamais. »
À lire aussi, l'avis de Lorhkan et BlackWolf.

mardi 17 décembre 2013

Jack Vance - Le Prince des étoiles

Le Prince des étoiles, Jack Vance, Tome 1/5 de La Geste des Princes-Démons, 1963, 319 pages.

Jack Vance est mort en mai dernier, ce qui a donné la bonne idée à Cornwall de lui rendre hommage en organisant le Défi Jack Vance, qui consiste à lire des ouvrages de l'auteur. L'occasion pour moi de le découvrir.

Le Prince des étoiles est le premier tome, sur cinq, de La Geste des Princes-Démons. Cette série conte les aventures de Kirth Gersen, un terrien qui recherche les 5 Princes-Démons qui ont réduit son village en esclavage pour se venger (et soyons clairs, se venger veut dire les tuer). 5 livres, 5 ennemis, je ne vous fais pas un dessin.

C'est une pure aventure spatiale que propose Jack Vance. Basiquement, son héros voyage dans l'espace et s'infiltre dans divers lieux (avec le lot de bagarres et d'explosions réglementaire) pour arriver à ses fins. Pas de longues explications, pas de grandes réflexions sur la vengeance et le fait de tuer, ici c'est l'action et l'aventure qui priment. Entre tout ça, Jack Vance nous explique rapidement le passé de Kirth, juste ce qu'il faut pour donner de la cohérence au tout.

Cela peut sembler un peu barbare de la manière dont je l'explique, mais c'est quand même un peu plus que ça. Pas de testostérone à profusion, Kirth agit aussi et surtout avec intelligence. D'ailleurs, le livre tournera quasiment au roman policier dans sa seconde partie quand, à la recherche de l'identité véritable d'Attel Malagate, Kirth devra démêler le vrai du faux devant trois suspects.

Bien que le livre ne soit pas saturé de descriptions, Jack Vance parvient quand même intelligemment à créer et faire découvrir son univers via des citations et extraits de textes présents à chaque début de chapitre. Toujours en rapport avec ce qui va suivre, c'est un moyen sympathique d'en apprendre un peu plus sans faire baisser le rythme du roman.

Le Prince des étoiles est une histoire tout à fait plaisante. Pas de prise de tête, ce n'est clairement pas là pour révolutionner le genre, mais c'est tout à fait efficace pour une aventure rythmée. Un bon moment à passer, c'est bien là l'essentiel.
« Qu’est-ce qu’un méchant ? Est méchant tout homme qui contraint ses semblables à l’obéissance pour atteindre ses buts personnels, détruit la beauté, provoque la douleur, supprime la vie. Il faut te souvenir qu’en supprimant les méchants, tu ne détruis pas le mal, car ce serait confondre un individu avec une situation. (...) C’est une tâche dont tu ne verras jamais la fin. »

lundi 16 décembre 2013

Ecran de fumée #1 - La Désolation de Smaug

Si l'on m'avait dit qu'un jour je parlerais de cinéma sur ce blog, je n'y aurais pas cru. Déjà que si on m'avait dit que je parlerais de littérature...
Mais là, après avoir vu La Désolation de Smaug et surtout après avoir lu la chronique de Lorhkan, j'ai eu envie de partager mes impressions. Tout comme j'ai lancé ce blog pour pouvoir dire à haute voix (oui, à haute voix, je maintiens) tous ces "Waaah" ou "Oooh" que me procuraient mes lectures, ce film me donne envie de lancer plein de remarques.

Avant tout, un rapide avis général : ce film est très bon. J'ai passé 2h40 très plaisante, sans voir le temps passer. Ma seule envie quand le nom de Peter Jackson s'est inscrit sur l'écran était de voir la suite (bon, la manière de finir le film y est surement pour quelque chose, on y reviendra). Alors oui, ce n'est pas un film qui développe grandiosement l'univers, c'est bourré de scènes d'actions surréalistes, mais j'y ai pris du plaisir. L'intrigue est globalement respectée et il y a plein de nains, que demander de plus ?

Pourtant, si je trouve La Désolation de Smaug excellent en tant que plaisir pur, il y a des tas de détails et de remarques à souligner. En voici 42, positives, négatives ou neutres, sur tout et n'importe quoi.
Attention, il y a dans cette liste un fort risque de spoiler vis-à-vis du film (je resterai vague concernant le livre ou je préciserai le cas échéant).


  1. "Mince, ils se sont trompés, ils projettent La Communauté de l'Anneau !" - cette première scène sent vraiment le copier/coller.
  2. Pour rester sur la première scène, son intérêt est assez flou... Un petit rappel du but de l'histoire pour les amnésiques ?
  3. Comment peut-il n'y avoir qu'un seul nain sur l'affiche ?
  4. Je viens de voir le mot "Ouargues" s'inscrire sur l'écran... Really ?
  5. Les Wargs sont vraiment classes.
  6. Trois films ne donnaient pas assez de temps à Peter Jackson, il a été obligé de raccourcir au maximum le passage de Beorn (qui m'avait semblé une partie assez conséquente du livre).
  7. Bilbo n'a pas l'anneau et il ne comprend pas les araignées. Il met l'anneau, il comprend les araignées. Il enlève l'anneau, il comprend les araignées.
  8. Dans mon souvenir, c'est un faux banquet organisé par les elfes qui faisait dévier la compagnie de la voie de la forêt (et renforçait le côté méchant des elfes).
  9. "Eh mince, il est vraiment là" - Legolas entre en scène.
  10. Ils ont quand même osé donner un peu de noirceur à Legolas, je leur accorde un bon point.
  11. Je suis pas un spécialiste, mais il n'y a aucun risque de contradictions à faire apparaître Legolas ici ?
  12. Evangeline Lily qui joue un personnage qui parle des étoiles et de mysticisme : un hommage à Lost ?
  13. Excusez-moi, mais je ne vois absolument pas comment ces tonneaux peuvent flotter pendant toute la descente...
  14. Ceci dit, cette scène est tout à fait exceptionnelle, la deuxième meilleure du film et peut-être ma nouvelle scène de combat préférée de l'univers de Tolkien au cinéma.
  15. J'ai mis beaucoup trop longtemps à me rendre compte que le Monsieur, c'est Bard.
  16. D'ailleurs, Bard ressemble à quelqu'un, mais je ne trouve pas qui. Peut-être un côté Leonardo DiCaprio.
  17. Avec tous les poissons passés par dessus bord, je ne crois pas qu'il puisse en rester autant dans les tonneaux...
  18. Donc Kili est mis en avant. Et Fili, on le laisse tomber ?
  19. Pourquoi Girion n'a pas tiré sa dernière flèche noire ?
  20. "He is Thorin, son of Thrain, son of Thror, and king under the hill !"
  21. Ça y est, Peter Jackson prend un peu trop ses aises et fait n'importe quoi avec les nains.
  22. Kili et Fili étaient mes préférés dans le livre après Thorin. J'ai l'impression que leur histoire est en train d'être gâchée et j'ai peur pour le troisième film. Et puis c'est vraiment injuste pour eux de ne pas être là pour l'ouverture.
  23. Bifur (ou Fili ? ou un autre, je ne suis pas sûr) trouve exactement les herbes qu'il faut, mais tout le mérite revient à Thauriel...
  24. Pendant ce temps-là, Bombur parvient lui jusqu'à la porte, ce qu'il ne fait pas dans le livre selon mon souvenir (ils ne peuvent pas le tirer via la corde, corde inutilisée ici)
  25. La grande énigme de la porte dure tellement peu de temps.
  26. Les nains courent vite, c'est connu, mais au point de remonter l'escalier en quelques secondes...
  27. La conversation entre Balin et Bilbo est excellente...
  28. ... sauf qu'on ne voit pas Balin expliquer à Bilbo de flatter Smaug, ce qui aurait donné un surplus d'explication et de crédibilité utile.
  29. Je remarque que la musique n'est pas remarquable. Habituelle et dans l'ambiance, mais rien de transcendant comme le Misty Mountains qui revenait dans Un Voyage inattendu.
  30. La rencontre tant attendue entre Bilbo et Smaug, et l'apparition entière du dragon : très réussie.
  31. Malgré la voix modifiée, on reconnait quelques intonations à la Sherlock de Benedict Cumberbatch, ce qui rend les dialogues avec Martin "Watson" Freeman encore plus savoureux.
  32. Pendant que j'y suis, je trouve que Martin Freeman campe vraiment un très très bon Bilbo. Et quelle capacité d'expression de son visage !
  33. J'ai toujours trouvé ironique que Bilbo le Hobbit soit un livre enfantin alors que Thorin est pour moi l'un des personnages les plus travaillés et complexes de Tolkien. C'est d'ailleurs très bien rendu jusqu'à présent par Peter Jackson, un grand bravo.
  34. Assez logiquement, toute cette fin Nains vs Dragon manque un peu de crédibilité. Il n'en attrape aucun ? Vraiment ?
  35. Heureusement que Thorin a lancé son commandement dans la salle des forges, cela m'a fait me rendre compte que j'étais en apnée depuis le début du combat.
  36. La question qui n'aura jamais de réponse : fallait-il vraiment ajouter le "What have we done ?" de Bilbo ? Ou finir sur la phrase précédente (la meilleure du film) ?
  37. C'est peut-être en partie attendu, mais malgré tout cela fonctionne : quelle fin !
  38. La chanson d'Ed Sheeran ne parait pas complètement déplacé.
  39. J'ai complètement oublié Gandalf. Des scènes sympathiques qui offre une respiration.
  40. J'ai hâte de voir le dernier film. J'ai des doutes sur certains aspects (ok, j'ai des doutes sur Kili et Fili), mais il y a vraiment de quoi finir en apothéose, avec encore des actions par centaines. Plus qu'un an.
  41. Les nains sont les meilleurs.
  42. "I am fire ! I am death !"

vendredi 13 décembre 2013

Gérard Klein - Le Gambit des étoiles

Le Gambit des étoiles, Gérard Klein, 1958, 254 pages.

Le Gambit des étoiles est le, quasiment, premier roman de Gérard Klein et en tout cas le premier que je lis de l'auteur. Je ne peux m'empêcher de souligner la sympathique couverture de Manchu, dont je ne peux m'empêcher de remarquer la ressemblance avec la couverture de La Tour de Babylone, d'un certain... Manchu.

Avant tout, j'ai apprécié la préface de Gérard Klein (de 1986), qui recontextualise le récit, offre un petit aperçu des objectifs et de l'état d'esprit du monsieur et m'a surtout fait commencer le roman avec un état d'esprit positif. Elle est d'ailleurs lisible ici.

Comme son titre l'explicite très bien, Le Gambit des étoiles se passe dans les étoiles et a trait aux échecs. Jerg Algan, petit pion humain, est propulsé dans l'au-delà pour initialement découvrir de nouveaux mondes et pour finalement se retrouver à démêler les arcanes du pouvoir en place (pourquoi ? parce que). Le mystère plane sur comment l'univers est dirigé et qui le dirige vraiment. La lecture est intéressante, surtout avec la métaphore des échecs qui revient donner de la voix assez régulièrement (parce que c'est sympa les échecs), bien que ça soit parfois un peu flou de comprendre exactement ce que cela peut vouloir signifier.

On pourra tout de même regretter plusieurs choses. Le livre repose sur le mystère et le suspens mais il ne se laisse pas assez de temps pour être totalement efficace. C'est à la fois sympathique de ne pas avoir des centaines de pages à lire pour découvrir la conclusion, mais on y arrive si rapidement que le questionnement n'a pas eu véritablement le temps de nous imprégner.

Ne vous attendez pas non plus à des batailles spatiales et à énormément d'actions. Ici, l'histoire se déroule majoritairement par des dialogues, et les actions sont le plus souvent racontées et non vécues. Je n'ai pas trouvé ça particulièrement gênant, tout comme je n'ai pas été gêné par l'aspect scientifique peu développé (au contraire, mais si jamais vous avez plus d'exigences que moi...). Le décalage temporel, qui fait que le temps s'écoule différemment pour ceux qui se déplacent à une vitesse proche de celle de la lumière, est une donnée essentielle de l'univers décrit mais n'est finalement que très peu expliqué.

Bien, sans être excellent, Le Gambit des étoiles ne me laissera pas un souvenir impérissable. Malgré tout, cela reste un bon moment à passer. Une lecture simple et rapide, efficace sans rien avoir d'exceptionnel. Mais tous les livres ne peuvent pas l'être, n'est-ce pas ?

Une nouvelle lecture pour le Challenge Francofou

mardi 10 décembre 2013

3 nouvelles de la collection Micro Walrus

Walrus est une maison d'édition numérique indépendante. Grâce à un partenariat avec le JLNN, j'ai pu découvrir quelques titres de la collection Micro Walrus qui, comme son nom l'indique, donne la part belle aux textes courts :
La nouvelle n’est pas morte ! Avec Micro, la collection de textes courts de Walrus, redécouvrez le plaisir de vous plonger dans l’univers d’un auteur sans pour autant y passer des heures. Ces histoires courtes, format épisodes de série, vous demanderont de trente minutes à une heure de votre temps et vous feront voyager loin !

Titre : 1888
Auteur : Céline Etcheberry
Date de première publication : 2013
Nombre de pages : 55 (epub)

"Entre Jack et sa montre à gousset, c’est une vieille histoire d’amour : la délicate pièce d’horlogerie est une fidèle amie et il ne faudrait pas qu’il lui arrive malheur. Mais les rues de Londres, en cette fin de dix-neuvième siècle, sont quelquefois mal fréquentées. Et ce ne sont pas les victimes de Jack qui vous diront le contraire. Nuit après nuit, alors que la célébrité n’a pas encore frappé à la porte, Jack écume les ruelles sombres pour assouvir sa soif de sang. Mais cette soif lui appartient-elle vraiment ?"

Une relecture de Jack l'éventreur (accompagné d'une montre) sur fond de faits historiques et de voyage dans le temps. J'ai malheureusement eu du mal à admettre la vraisemblance de l'histoire, pour ne pas dire que je ne l'ai pas comprise. C'est sans doute aussi la raison pour laquelle je n'ai pas vraiment compris la fin. Point positif tout de même, l'écriture est très fluide et la lecture est agréable. Et bonne idée d'avoir Jack en tant que personnage principal et de suivre son point de vue. Du potentiel.


Titre : En Adon je puise mes forces
Auteur : Dominique Lémuri
Date de première publication : 2013
Nombre de pages : 50 (epub)

"Elthya est une prêtresse phénicienne qui pleure son roi défunt. Mais alors qu'elle récite ses oraisons, un vent étrange se met à souffler sur le tombeau. Pendant ce temps, Vjlir se lance à la poursuite d'un redoutable criminel qui vient d'échapper à sa vigilance et à celle de ses gardiens. Le fugitif, Majjaar, a volé une capsule de sauvetage du vaisseau qui les transportaient tous vers le bagne de Mamm et a dirigé ses propulseurs vers une petite planète. Quel rapport entre les deux ? Et bien Elthya s'apprête à faire une incroyable rencontre."

Une histoire qui prend place en Phénicie, ce n'est pas commun. Alors quand en plus des extraterrestres s'y mêlent, le dépaysement est garanti. On enchaîne les points de vue de trois personnages qui n'ont rien en commun dans cette nouvelle pleine d'action et sans temps mort. Un bon mélange de science-fiction et d'Histoire fantastique pour une lecture très agréable, dotée d'une conclusion inattendue. Et puis, ne serait-ce que pour une course-poursuite extraterrestre en Phénicie...


Titre : Carpe Sesamum
Auteur : Esteban Bogasi
Date de première publication : 2013
Nombre de pages : 53 (epub)

"Vladimir est un vampire bien embêté : prisonnier d’un mauvais sort lancé par son épouse - sans doute un peu trop jalouse de ses aventures extraconjugales avec une louve-garou - le voilà bloqué sur une plage déserte, à quelques heures du lever du soleil. Dans sa grande mansuétude, l’épouse bafouée a néanmoins pensé à lui laisser son cercueil... sauf que le vampire tête-en-l’air a oublié la formule pour l’ouvrir. Ah, ces systèmes modernes ! Au gré de ses rencontres improbables et fantaisistes, Vladimir va devoir faire preuve d’ingéniosité pour se tirer de ce mauvais pas."

La nouvelle qui me faisait le plus envie tant l'idée me semblait folle. Et elle l'est : un vampire est échoué une nuit sur une plage avec un cercueil dont il a oublié le mot de passe et seulement quelques heures pour trouver une solution, au gré peut-être des différentes rencontres qu'il va faire sur cette plage bien fréquentée. Les situations s'enchaînent, tout comme les sourires. C'est un peu du n'importe quoi (dans le bon sens du terme), et ça mériterait même d'oser partir encore plus loin. Un moment sympathique en tout cas, avec un dénouement dans la lignée du reste, qui m'aura naturellement fait sortir un "ahaha, c'est le pompon !".


Une participation de plus pour le JLNN

Une nouvelle lecture pour le Challenge Francofou

lundi 9 décembre 2013

Greg Egan - En apprenant à être moi

En apprenant à être moi, Greg Egan, 1990, 27 pages.

À l'occasion de la sortie en numérique des trois tomes de l'Intégrale raisonnée des nouvelles de Greg Egan, Le Bélial' offre pendant le mois de décembre la nouvelle En apprenant à être moi, extraite du recueil Axiomatique.

En me renseignant un peu sur l'auteur, je m'attendais, avec un peu d'appréhension, à une lecture potentiellement hard science. Et en fait, pas du tout. Le narrateur, comme tous les êtres humains de ce monde, a un cristal dans la tête qui "apprend à être lui", pour pouvoir remplacer son cerveau un jour et le rendre potentiellement immortel. Voilà à peu près tout pour le côté science-fiction.

L'aspect essentiel de cette nouvelle est le questionnement philosophique du narrateur. Sera-t-il toujours lui-même quand le cristal aura remplacé son cerveau ? Et très globalement, qu'est-ce que la vie et la mort ? Intéressant, mais pas forcément inédit. J'ai même trouvé ça légèrement angoissant.

Et puis est arrivé le twist. Je ne peux pas dire que je m'y attendais à 100%, mais je ne peux pas dire non plus que j'étais surpris, malheureusement. La fin qui suit perd un peu l'intérêt qu'avait posées les réflexions du narrateur et laisse un goût d'inachevé, de "Oui. Et ?".

L'idée de départ est bonne. Malheureusement, elle n'est pas suffisante pour porter la nouvelle dans son entièreté, tout du moins de la manière dont l'auteur l'utilise. Dommage.

Une participation de plus pour le JLNN

dimanche 8 décembre 2013

Ted Chiang - La Tour de Babylone

La Tour de Babylone, Ted Chiang, 2002, 341 pages

Ted Chiang est un auteur rare. Depuis 1990 et sa première nouvelle parue (La Tour de Babylone, justement), il a publié en tout et pour tout 14 nouvelles. De quoi être qualifié de rare, il me semble. Ce qui ne l'empêche pas de crouler sous les récompenses (Hugo, Nebula, Locus, ...). Intrigué, je me suis lancé dans la lecture du recueil La Tour de Babylone, qui regroupe les 8 premières nouvelles de l'auteur.

La Tour de Babylone, la nouvelle, est la première à entrer en scène. Alors que le reste du recueil tiendra de la science-fiction pure, pour ne pas dire hard-science si j'étais sûr de ce que ça veut dire, ce premier texte s'en éloigne quelque peu. Comme son nom l'indique, il reprend le mythe de la Tour de Babel. Sauf qu'ici, la tour construite par les hommes atteint la voûte du ciel et des mineurs sont appelés pour creuser cette voûte. Improbable ? Délirant ? Absolument pas. Ted Chiang offre un premier texte très crédible et très visuel. La fin est un peu attendue, mais cela ne pose même pas de problème tant le déroulé de l'histoire est maîtrisé.

Comprends est un techno-thriller. Un homme reçoit un traitement médical pour lui permettre de retrouver ses capacités mentales. Sauf qu'il finit par se retrouver avec une intelligence surhumaine (on pensera forcément à Des Fleurs pour Algernon, la suite sera différente) et est recherché par la CIA. Pendant que l'auteur va faire monter l'histoire pour poser la question de "Comment utiliser une intelligence supérieure ?", le narrateur va lui se demander "Comment communiquer efficacement ?", permettant d'aborder un thème qu'on reverra plus tard. La fin en laissera assurément certains perplexes, j'ai personnellement bien aimé.

Division par zéro met en parallèle une histoire d'amour et une histoire de mathématiques. J'ai eu du mal à accrocher sur les passages les plus compliqués, ne comprenant que vulgairement ce qui est expliqué. Simplement pas fait pour moi.

L'histoire de ta vie conte la rencontre entre des humains et des extraterrestres et comment une linguiste va essayer d'entrer en contact. Une superbe nouvelle qui m'a appris plein de choses sur la linguistique et sur les principes variationnels de physique, que l'auteur met en application dans la structure et l'écriture même de son récit. Un foisonnement d'idées mises à la portée de tous. Une belle réussite.

Comme la précédente, les deux nouvelles suivantes ont un thème commun : la communication (avec tout ce que ça implique : la langue orale, la langue écrite, la compréhension mutuelle, ...), un thème qui semble cher à Ted Chiang. Soixante-douze lettres met en scène une société industrielle avec automates et golems d'argile, avec réflexions sur les noms d'un point de vue un peu plus religieux. L'Evolution de la science humaine est une nouvelle de trois pages sur un futur où les humains seraient scientifiquement dépassés par des méta-humains. Sentiment mitigé : il y a de bonnes choses dans ces deux textes, mais ils sont en dessous des précédents.

L'Enfer, quand Dieu n'est pas présent est, comme son titre l'indique, une nouvelle sur la religion (un thème déjà aperçu auparavant), et plus précisément sur l'amour de Dieu. Des idées intéressantes, toujours, mais j'attends encore l'illumination qui me permettra d'apprécier ce texte.

Enfin, alors que je commençais à perdre espoir, le recueil se termine avec Aimer ce que l'on voit : un documentaire. Un documentaire effectivement, puisque c'est une succession de prises de parole de différents intervenants qui débattent de la calliagnosie : la désactivation de la partie du cerveau qui juge la beauté corporelle. Ce texte est bon pour deux raisons. D'abord il apporte de la fraîcheur grâce à une narration différente qui donne un rythme idéal pour un échange d'idées. Et surtout le sujet en lui-même est excellent : comment la beauté nous influence t-elle ? peut-on s'en passer ? quels en sont les enjeux ? Un foisonnement d'idées et d'arguments sur un thème rarement abordé et très intéressant.

Ajoutez à cela une sympathique postface où Ted Chiang explique le but qu'il a recherché avec chaque texte, et vous aurez compris que ce recueil est bon. Tous les textes ne m'ont pas emballé, les plus scientifiques m'ont été un peu difficiles, mais l'ensemble est convaincant. Je peux comprendre pourquoi l'auteur a une si bonne réputation : l'écriture est fluide, avec souvent la bonne dose d'histoire et d'éléments de réflexions/scientifiques. Un peu trop froide peut-être pour certains, mais l'essentiel ici n'est clairement pas les personnages. Malgré quelques thèmes plutôt récurrent, le renouvellement est au rendez-vous, et il y a forcément, parmi ces 8 nouvelles, des textes qui vous plairont.

Une participation de plus pour le JLNN

jeudi 5 décembre 2013

Lucius Shepard - Le Dragon Griaule

Le Dragon Griaule, Lucius Shepard, 2011, 444 pages.

Après avoir lu maints avis positifs sur Le Dragon Griaule, et plus récemment maints avis positifs sur Le Calice du Dragon, il était tant que je me lance enfin à la découverte de Lucius Shepard et de son univers dragonesque.

Le Dragon Griaule est un recueil de 6 nouvelles ayant pour point commun ce fameux dragon. Mais Griaule n'est pas un personnage au sens premier du terme. En premier lieu, il est le paysage de ces récits. Pétrifié par un sorcier des siècles auparavant, la faune et la flore se sont emparées de lui pour le faire s'apparenter désormais à une chaîne de montagnes, avec son propre écosystème. Mais alors que son corps est mort, son esprit est lui bien vivant et influence les hommes qui vivent à proximité. C'est cette influence que l'on va découvrir à travers ces six histoires.

L'homme qui peignit le dragon Griaule est la nouvelle originelle à cet univers, et ça se sent. Plus courte que les autres, on y suit, comme prévu, un homme qui veut peindre le flanc du dragon, pour à la fois réaliser une oeuvre majestueuse et empoisonner la bête. L'histoire en elle-même est bonne, mais la structure du récit est un peu plus compliquée à appréhender. Diverses narrations s'entrecoupent et s'étalent sur une longue période chronologique, rendant la lecture un peu hachée. Une bonne entrée en matière tout de même, qui donne envie d'en lire plus sur cet intrigant univers.

La fille du chasseur d'écailles nous fait visiter l'intérieur du dragon et ce qui s'y est développé. Une novella qui permet d'explorer une facette étonnante du dragon et qui démontre concrètement son influence. J'ai eu du mal à accrocher à l'histoire en elle-même, un peu longue et inactive à mon goût.

Le Père des pierres est une novella qui se présente comme un polar. On y suit un avocat désillusionné chargé de défendre un meurtrier plaidant avoir agi sous l'influence du dragon. L'histoire est prenante et surprenante de bout en bout, et s'accommode parfaitement avec de nombreuses réflexions, notamment sur la justice et le libre-arbitre. Ma novella préférée du recueil.

La Maison du menteur présente une sorte d'histoire d'amour entre un homme et une dragonne. Je me souviens que j'ai aimé ce texte, mais je n'arrive pas à me souvenir pourquoi, si ce n'est qu'il y avait encore une fois, je crois, une bonne adéquation entre histoire et pensées.

L’Écaille de Taborin aurait aussi pu se nommer Bataille Royale sur Griaule. Des gens sont téléportés prisonniers sur le dragon et doivent survivre. Je dois avouer ne pas avoir compris ce texte, si ce n'est que la fin est une étape essentielle de la mythologie griaulienne, mais tombant un peu au hasard pour moi.

Le Crâne voit se déplacer l'action. On quitte la vallée de Carbonales pour se retrouver au Guatemala, à notre époque. J'ai failli ne pas finir cette novella tant le fait de revenir dans le monde moderne est un choc. En rupture totale avec les textes précédents, Lucius Shepard sert un texte très politisé, renouant avec l'enjeu initial de L'homme qui peignit le dragon Griaule. Le temps d'absorber la surprise pendant la première partie du texte, la seconde partie est sympathique.

Presque une nouvelle à part, la postface nous offre le regard de Lucius Shepard sur chaque texte, avec son contexte d'écriture et le but recherché. Très intéressant, on y découvrira notamment le premier récit sous un jour complètement différent.

Au final, malgré des textes qui ne m'ont pas tous complètement emballés, Le Dragon Griaule est un recueil exceptionnel, pour au moins trois raisons. Tout d'abord, l'univers créé autour du dragon est inédit et superbement bien décrit. Dans cette continuité, il faut saluer la plume de Lucius Shepard : les descriptions sont magistrales et le texte est aiguisé. Mais surtout il sait terminer ses histoires. Même sans chute étonnante, chaque page finale est ciselée pour finir en toute beauté. Enfin, et peut-être même surtout, Le Dragon Griaule offre de nombreux moments réflexions, avec le libre-arbitre et la question des influences au coeur de tout. Mais peut-être est-ce Griaule qui influence ces mots pour vous inciter à le lire, qui sait ?


Une participation de plus pour le JLNN

lundi 2 décembre 2013

50 auteurs - 50 micronouvelles

50 micronouvelles, 50 auteurs différents, 2013, 105 pages.

50 micronouvelles, 50 auteurs est un recueil numérique de micronouvelles, et plus particulièrement de textes de moins de 140 caractères (toute ressemblance avec un réseau social n'est absolument pas fortuite), proposant un panorama de 50 auteurs différents, certains connus, d'autres anonymes, à mes yeux au moins. Découvert grâce à Lune, il est téléchargeable gratuitement ici.

Je m'étais légèrement initié au domaine de la nouvelle brève, voire ultra brève, avec la lecture de 188 contes à régler de Jacques Sternberg. J'avais apprécié le recueil, mais je crois que je l'apprécie encore plus aujourd'hui. Car la première conclusion que j'ai tiré de 50 micronouvelles est simple : n'est pas Sternberg qui veut.

À l'image de ces micronouvelles, je ne vais pas faire très long, et je ne vais pas vous détailler les 50 textes. Dans l'ensemble, le recueil est inégal. Il y a une quinzaine de récits qui tiennent la route, avec quelques textes vraiment  bons, dans des genres assez variés. Pour le reste, j'ai trouvé ça vraiment moyen, ne voyant souvent pas l'intérêt. J'ai eu mon lot de "Oui. Et ?" à la fin d'un certain nombre de nouvelles.

Le format aidant, je ne résiste pas au fait de vous proposer trois exemples de ces micronouvelles, parmi celles qui m'ont convaincu. J'ai dû relire trois fois la première avant de la comprendre, et j'ai aimé l'image qui s'en dégage. La deuxième m'a décroché un rire. La troisième est excellemment bien pensée.
« Nue dans son appartement, elle est surprise de le voir passer si vite du 58e au 56e étage. »
Henri Lehalle
« - Me quitte pas, ai-je dit en regrettant le sang qui coulait de sa lèvre fendue.
- Fumier, jamais plus je vivrai aux crochets d’un boxeur ! »
Pierre Hanot
« ... boucle immédiatement. Police paradoxale ! Quittez cette ... »
Serge Lehman
Au final, je suis un peu mitigé. Mais pour le temps très réduit que prend la lecture, et pour le prix que cela coûte, vous ne prenez pas un grand risque à lire ce recueil. Si ce n'est de croiser quelques bonnes idées. Un bon risque, non ?

Une participation de plus pour le JLNN

samedi 30 novembre 2013

Hiromi Kawakami - Abandons

Abandons, Hiromi Kawakami, 1999, 153 pages.

La lecture japonaise du mois de novembre, toujours dans le cadre du Challenge Écrivains Japonais d'Adalana. Ce mois-ci est consacré à Hiromi Kawakami.

Abandons est un recueil de 8 nouvelles sur le thème... du couple, et plus généralement de l'amour sous toutes ses formes. On pourrait peut-être, en trifouillant un peu les mots, se dire que le thème de l'abandon est présent (les personnages cherchent très souvent à être aimé, et donc à ne pas être abandonner), mais "Abandons" est surtout le titre d'une des nouvelles.

Outre le thème commun, les 8 textes sont comparables pour leur structure : des récits courts (une vingtaine de pages) racontés d'un point de vue interne par une narratrice. Le résultat en est un panorama de situations à la fois toujours différentes et toujours identiques. Deux textes penchent vers le fantastique, les autres sont des instants de vie communs, faisant parfois penser à une photographie. Le tout sent le minimalisme.

Il y avait du potentiel dans ce recueil, mais le plaisir n'a pas été au rendez-vous. Outre quelques histoires franchement bizarres, à la limite d'être mal à l'aise, les autres manquent d'un petit truc pour être bonnes. Dû en grande partie au format très court, il n'y a pas de sympathie pour les personnages et les histoires s'enchaînent, répétitives, sans qu'il se passe véritablement grand chose. À vous donner envie d'abandonner.


Une participation de plus pour le JLNN

jeudi 28 novembre 2013

Leigh Brackett - La Route de Sinharat

La Route de Sinharat, Leigh Brackett, 1963, 42 pages.

La Route de Sinharat est une nouvelle de Leigh Brackett, extraite du recueil Le Grand Livre de Mars, offerte gratuitement par Le Bélial' pendant le mois de novembre (pour célébrer ce qui aurait dû être la sortie d'un recueil de nouvelles de l'auteure, Stark et les rois des étoiles, finalement repoussée en mars). L'occasion pour moi de découvrir une précurseur de la science-fiction américaine qui a notamment écrit le script originel de L'Empire contre-attaque.

Je dois avouer que j'avais un peu peur de cette lecture. Je me l'imaginais comme une sorte de nouvelle hard-science, avec de la science-fiction "exploration de planètes" qui n'est pas vraiment mon fort. Et voilà que j'ai tout faux, pour mon plus grand plaisir.

La Route de Sinharat est une aventure qui porte bien son nom. L'histoire se passe sur Mars, que l'on comprend avoir été conquis par les terriens qui y vivent en cohabitation avec les martiens. On y suit Carey, un archéologue terrien, dans sa quête pour rejoindre Sinharat, une ancienne cité mystérieuse qui recèlerait des informations importantes.

Je reste volontairement assez vague pour ne rien vous gâcher. Sachez seulement qu'il s'agit d'une aventure avec un peu d'action. Le trio de personnes principaux est sympathique, presque tout comme le "méchant" de l'histoire. Le style de Brackett est un très bon accord entre des dialogues qui donnent du rythme et font avancer le récit et des descriptions qui posent efficacement le paysage en peu de mots. J'ai trouvé que l'écriture était très visuelle, qu'on imaginait facilement l'univers décrit, et c'est très agréable.

Mais la grande force de cette nouvelle, ce sont les sujets qu'elles abordent. Entre réflexions sur le colonialisme et interrogations sur la technologie, c'est une nouvelle très écologique que nous livre l'auteure. Pourtant écrite en 1963, La Route de Sinharat n'a absolument pas pris une ride et est toujours d'actualité. Aucune raison pour que sa lecture ne soit pas la vôtre, d'actualité.
« - Pourquoi vous tracasser à ce point pour de la poussière et de vieux os ?
- Question de curiosité. Je ne connaîtrai jamais la fin de l’histoire, mais je saurai au moins comment elle a commencé. »
Une participation de plus pour le JLNN

lundi 25 novembre 2013

Thomas Day - Du sel sous les paupières

Du seul sous les paupières, Thomas day, 2012, 288 pages.

Thomas Day est génial (entre autres superlatifs). C'est ce que je pensais avant de lire Du sel sous les paupières. Et puis, une fois ma lecture terminée, j'ai pensé : Thomas Day est génial. Le fait n'avait pas vraiment besoin d'être confirmé, mais ça fait quand même toujours plaisir de s'en rendre compte en dévorant un de ses bijoux.

Selon moi, la force de Thomas Day repose sur deux éléments importants. Premièrement, sa capacité à faire évoluer son histoire à chaque fois dans un univers différent. Ici, c'est la Bretagne et l'Irlande qui sont à l'honneur, dans un entre-deux-guerres aux accents légèrement uchroniques. Personnellement, encore plus que d'habitude, je me suis retrouvé conquis et en immersion dans ce décor dès les premières pages, visualisant parfaitement l'ambiance décrite.

La deuxième chose qui rend le travail de Thomas Day toujours aussi impressionnant, c'est justement son travail, et cette impression que rien n'est laissé au hasard, que tout est porteur de références et de réflexions. Comme toujours, Thomas Day offre un livre qui donne envie de lire plein de pages Wikipédia (et d'ouvrir une carte de la région de Saint-Malo).

La particularité de Du sel sous les paupières, outre de raconter une belle histoire, c'est d'arriver à parfaitement mélanger les genres. La première partie du livre a des sonorités de science-fiction, alors que la deuxième partie se rapporte clairement plus d'une affiliation de fantasy aux accents mythologiques. À la fois on a l'impression de lire deux livres en un, et à la fois l'enchaînement se fait plutôt en douceur, sans que l'on ait l'impression en tout cas que ce soit deux histoires raccrochées artificiellement. Cela donne un roman hybride qui fonctionne parfaitement.

Encore une fois Thomas Day parvient à se renouveler tout en faisant du Thomas Day. Une belle plongée dans les contrées celtiques autour d'une histoire d'amour étonnante mais qui ne tombe jamais dans le niaiseux.

Une nouvelle lecture pour le Challenge Francofou

samedi 23 novembre 2013

Robert Charles Wilson - Les fils du vent

Les fils du vent, Robert Charles Wilson, 1989, 316 pages.

J'ai découvert Robert Charles Wilson avec Darwinia, un roman pour lequel je respecte l'auteur tant j'ai le souvenir d'avoir été très longtemps berné. Serais-je surpris une deuxième fois ? En un sens oui, mais pas pour les mêmes raisons.

Les fils du vent (fils comme enfants, pour ceux qui se demanderaient) commence plutôt bien. Un mystère d'entrée, agrémenté d'un personnage étrange, et le livre semble partir pour développer un sujet bien connu de la science-fiction : les mondes parallèles. Sauf que l'idée ne va finalement pas être si développé que ça.

Les voyages entre diverses dimensions vont apporter le peu d'actions que ce roman comporte. Mais finalement, plus qu'un livre axé sur la science-fiction, c'est presque plus un livre sur les liens familiaux que nous livre Robert Charles Wilson. On suit en fait la vie et les relations d'une famille qui a son lot de secrets, comme beaucoup d'autres familles, à la seule différence que les implications sont ici un peu plus bizarres.

Les fils du vent est un des premiers romans de l'auteur, et cela explique peut-être certaines choses. L'histoire est sympa, mais sans plus. On n'a pas forcément plus de sympathie que ça pour les personnages, et on aimerait voir plus développer l'univers et l'intrigue qu'on entraperçoit dans les interludes (qui sont quasiment les moments les plus intéressants du livre...). Malgré tout, l'écriture est simple et fluide, et le livre se lit plutôt facilement.

Vous l'aurez compris, ce n'est pas à mon avis un grand roman ni un premier choix à conseiller. Mais cela peut tout de même rester à disposition pour un petit moment de détente, loin des histoires compliquées et des flopées de personnages.

jeudi 21 novembre 2013

Xavier Mauméjean - American Gothic

American Gothic, Xavier Mauméjean, 2013, 397 pages.

 C'est en lisant la chronique de Julien, le Naufragé Volontaire, que j'ai découvert American Gothic, l'inclassable oeuvre de Xavier Mauméjean. Entre beaucoup d'autres raisons, je dois avouer que le fait que cela parle de la Warner Bros m'a donné envie de le lire. Il s'est avéré que son impact s'estompe après quelques dizaines de pages, mais la déception n'était pas au rendez-vous.

Je vais déjà me répéter, mais American Gothic est vraiment inclassable. Pour être honnête, je ne sais toujours pas s'il s'agit d'une fiction ou d'une recherche romancée sur un personnage réel. Le livre se présente sous la forme d'un enchaînement de divers documents (conversations, rapports, témoignages, ...) rassemblés par François Parisot, auteur de ce livre, pour comprendre et retracer la vie de Daryl Leyland, auteur d'un recueil de contes célèbre aux Etats-Unis. Ça peut paraître compliqué (et encore, j'ai fait simple, je n'ai pas évoqué Jack Sawyer), mais cela ne pose aucun problème à la lecture.

La quatrième de couverture conte bien le début du roman, avec l'apparition des frères Warner, les recherches de Sawyer et le maccarthysme ambiant. Mais on s'éloigne rapidement de ce début en forme d'enquête pure pour se consacrer entièrement à la découverte de la vie de Daryl Leyland. Une vie chaotique et pleine de souffrances, mais absolument prenante.

Je prends conscience que je suis absolument incapable de rendre compte de toute l'étendue de ce livre tant il foisonne d'idées différentes. C'est premièrement la biographie de Daryl Leyland, ainsi que l'enquête de Jack Sawyer. C'est aussi un tour d'horizon d'une certaine période de l'histoire américaine (c'est à un tout autre niveau, notamment parce que l'ambition est différente, mais j'ai été obligé de penser à Forrest Gump). On peut aussi y voir une certaine réflexion sur la littérature en elle-même, ainsi que sur la mythologie américaine (et là je suis obligé de penser à American Gods). Sans évoquer ce flou et ce doute qui planent au-dessus de l'oeuvre. Et j'omets forcément des aspects, que cela soit par oubli ou parce que je ne les ai pas compris.

Ce foisonnement peut faire peur, mais il ne m'a personnellement posé aucun problème. Au contraire, c'est ce qui fait la force de ce livre. On est face à une histoire principale intrigante et attirante qui rencontre de nombreuses voies secondaires, en les empruntant toujours juste le temps qu'il faut, jamais trop, jamais pas assez. À l'image d'un Thomas Day, Xavier Mauméjean propose un roman qu'on sent intelligent et recherché. Et qui nous donne envie à notre tour de faire plein de recherches pour approfondir et comprendre entièrement notre lecture.

samedi 16 novembre 2013

Jean-Laurent Del Socorro - La Mère des mondes

La Mère des mondes, Jean-Laurent Del Socorro, 2012, 20 pages.

La Mère des mondes est le premier texte publié de Jean-Laurent Del Socorro. Lauréate d'un concours du Bélial' pour la sortie de Points Chauds et Aliens Mode d'emploi, cette nouvelle se déroule dans le même univers que l'histoire de Laurent Genefort. Elle est (en ce moment) en téléchargement gratuit sur le site du Bélial', avec une très belle et souriante couverture du Cédric Bucaille.

Ayant lu Points Chauds, je ne saurais pas vous dire si cette nouvelle peut se lire indépendamment. Je pense que c'est fortement possible, mais il ne faudra pas vous étonner de ne pas voir de grandes descriptions du monde. C'est l'avantage d'écrire une histoire dans un univers déjà créé : les bases sont déjà posées, et le lecteur arrive avec son expérience préalable.

Je ne garde pas forcément un énorme souvenir de Points Chauds - un bon livre grâce à un questionnement sur l'autre, mais une histoire assez froide et en retrait - mais j'ai été étonnamment heureux de retrouver son monde. Surtout que Del Socorro apporte vraiment de la nouveauté par rapport au travail de Genefort.

Tout d'abord, l'écriture est plus personnelle. Je me base peut-être sur un souvenir défectueux, mais j'ai eu l'impression de suivre plus intérieurement le narrateur, de recevoir plus d'émotions et de sentiments. Et puis, l'histoire en elle-même, dans les faits (peut-être pas dans la réflexion), est à l'opposé. Ainsi, alors que Genefort traitait des conséquences sur la Terre de l'apparition des Bouches, genre de portails de téléportation pour les extraterrestres, Del Socorro fait voyager son héros à travers une de ces Bouches, pour aller porter la sainte parole.

Oui, l'histoire est centrée sur un prêtre catholique qui part évangéliser les extraterrestres. L'idée est bonne, d'autant plus que le prêtre n'est pas un imbécile (certains le trouveront peut-être trop peu croyant, mais bon). Il va rencontrer un groupe d'aliens, mais les choses ne vont pas se passer comme prévu. Une bonne histoire sur le choc des cultures aux accents théologiques bien dosés. Une ode à la compréhension et à la tolérance.
« Au-delà des Bouches, l’alien, c’est vous. »
Une participation de plus pour le JLNN
Une nouvelle lecture pour le Challenge Francofou

mardi 12 novembre 2013

Jean-Philippe Jaworski - Profanation

Profanation, Jean-Philippe Jaworski, 2013, 17 pages.

En participant, même tardivement, au JLNN de Lune, j'ai eu l'honneur de pouvoir choisir une nouvelle chez ActuSF. Malins comme vous êtes, vous aurez remarqué tout le diabolisme de la manœuvre sélène : je lis une nouvelle et je la chronique, donc je gagne une nouvelle, donc je la lis et la chronique.

Après quelques hésitations, je n'ai pas pu résister au plaisir de retrouver la plume de Jean-Philippe Jaworski avec Profanation, une nouvelle parue dans Les coups de coeur des Imaginales, l'anthologie 2013 des Imaginales. D'autant plus qu'elle se déroule dans le même univers que Gagner la guerre, plus précisément deux siècles avant, pendant la guerre des Grands Vassaux (la postface explique cela très bien, avec florilège de détails).

Profanation conte le procès de Sabaude Cufart, accusé d'être un détrousseur de cadavres. Avant tout, et Jaworski utilise à juste titre le mot à plusieurs reprises, Sabaude est un coquin. En mauvaise situation, il tente d'utiliser sa gouaille pour s'en sortir. Mais les ennemis ne sont peut-être pas là où il les attend...

Une nouvelle fois, Jaworski prouve qu'il maîtrise à la perfection les personnages de "méchants sympathiques". Le style est travaillé, mais ne fait que rendre la lecture encore plus fluide. Un bon moment de lecture, avec une histoire qui parait d'abord banale et amusante, mais qui s'avère être plus grave et étonnante dans sa conclusion.


Une nouvelle lecture pour le Challenge Francofou

dimanche 10 novembre 2013

Peter S. Beagle - Le Rhinocéros qui citait Nietzsche

Le Rhinocéros qui citait Nietzsche, Peter S. Beagle, 1997, 264 pages.

Dans la série "le titre du livre donne complètement envie de le découvrir", voici Le Rhinocéros qui citait Nietzsche, un recueil de Peter S. Beagle. Et cela fait une participation de plus pour le JLNN de Lune.

Avant toute autre chose, une précision. Malgré ce qu'en dit la quatrième de couverture, ce recueil ne contient que 6 nouvelles, et non 7. J'ai rarement vu une erreur aussi énorme, mais je crois savoir d'où elle provient. En VO, le recueil original contient effectivement 7 histoires. Mais allez savoir pourquoi, la version française n'a gardé que les 5 premières, tout en rajoutant une autre nouvelle, Une danse pour Emilia, publiée précédemment à part.

Quoiqu'il en soit, ce sont donc 6 nouvelles qui nous sont proposées. Je m'attendais à quelque chose d'un peu fou et qui part dans tous les sens. Pas du tout. Bon, d'accord, il y a toujours un élément de fantastique qui vient déclencher une histoire qui sort de l'ordinaire. Mais ensuite, tout semble se dérouler normalement. On a l'impression que ce qui se passe est juste logique. Une sensation qui fait aussi écho aux réactions des personnages. Pas vraiment étonnés, jamais paniqués, rien de particulièrement bizarre ne semble être en train de leur arriver.

Déroutant au début, on s'habitue petit à petit à vivre ce recueil à la manière d'un conte de fée où le merveilleux à une place attitrée. C'est doux à lire (ne me demandez pas ce que ça veut dire concrètement, mais c'est ce que je ressens). Le contrecoup, c'est que je suis rentré dans un état un peu apathique. Il n'y a pas de gros rebondissements ni de grands coups d'éclats, et tout ce que je lisais me semblait couler de source. "Oui, d'accord, oui, suivant".

L'ensemble du recueil dégage tout de même une certaine beauté et une simplicité sympathique. Le Professeur Gottesman et le rhinocéros indien, une fois passée la déception de la folie non-présente, s'avère être plutôt touchante. Ma préférence ira pour Entrez, Lady Death, une poétique histoire où la Mort est invitée à un grand bal londonien.