Des larmes sous la pluie, Rosa Montero, Tome 1/? des aventures de Bruna Husky, 2011, 402 pages
Les réplicants sont des androïdes perfectionnés, créés à l'origine par les humains pour les servir mais ayant depuis acquis certains droits. Ils deviennent ainsi libres et indépendants après avoir servi deux ans. C'est le cas de Bruna Husky, une réplicante de combat désormais détective privée, qui va se retrouver au milieu d'une affaire de réplicants atteints de folies meurtrières. Quatre ans, trois mois et vingt-sept jours.
« Il y avait quelque chose dans ce foutu roman qui semblait n'avoir été écrit que pour elle. Quelque chose de terriblement proche, reconnaissable. Quelque chose qui frôlait l'insoutenable. »
Un sentiment semblable pourrait quelque peu s'emparer du lecteur à la lecture de Des larmes sous la pluie. Car bien que l'action se déroule en 2109, dans les désormais États-Unis de la Terre, toute ressemblance avec notre présent, notamment son traitement de certaines catégories d'individus, ne peut pas être purement fortuite. L'approche est habile, jamais pleinement explicitée, jamais forcée, juste logiquement présente ce qui la rend d'autant plus frappante et intelligente. Quatre ans, trois mois et vingt-six jours.
Des larmes sous la pluie n'est pas de ces livres qui apparaissent époustouflant à la lecture, mais il n'en demeure pas moins très bon tant il sonne juste de bout en bout. C'est une enquête SF rondement menée, réussissant tout à la fois à présenter un monde futur, à créer une intrigue prenante et à multiplier les pistes de réflexion, sur les minorités donc mais plus généralement sur tout un tas de sujets dont la mort, les réplicants ayant une durée de vie de 10 ans et le compte à rebours s'égrenant dans l'esprit de Bruna au fil des pages. Le tout avec un très bon sens de la formule donnant maintes fois envie d'en sortir des citations, sans que cela ne semble jamais forcé, Rosa Montero ayant simplement un excellent phrasé. Cerise sur le gâteau, elle trouve même le temps d'insuffler un peu d'espoir. À découvrir avant que votre échéance n'arrive à son terme. Quatre ans, trois mois et vingt-cinq jours.
« C'était l'un des rares avantages de sa différence : elle était méprisée à cause de ça, mais aussi redoutée. »
Couverture : Photo de Luca Pierro / Traduction : Myriam Chirousse
Huitième escale, Europe méridionale, pour le #DéfiCortex