Golden Age, Fabrice Colin, 2022, 382 pages
Juillet 1914. Reporter londonien, Trevor Sinclair se rend à Dandelion Manor, dans le Dorset, pour rencontrer Kembell Gradey, un très célèbre écrivain. Ce dernier n'est pas seul, puisque trois autres grands auteurs de littérature féérique visitent la demeure. Mais Trevor semble surtout intéressé par le fils de Kembell, Albert, alors qu'un pook observe tout cela.
« Dans l'industrie du cinématographe, les producteurs ne jurent que par l'intrigue, les personnages, les arcs narratifs, et cetera. Ce qui importe, c'est l'édifice, le réceptacle, la solidité du canevas. Le prurit de l'inspiration ? Un truc de poètes. La première rose de mars, la main calleuse du capitaine, une volée de passereaux sur une place vénitienne, ça ne fait pas une histoire. Un frôlement involontaire, l'émeraude d'un regard ? Là, peut-être que si. »Cette citation est un excellent résumé de ce qu'est Golden Age, une auto-critique ou une preuve de lucidité de ce qui compose cet ouvrage. Car son intrigue est au final très mince, une sorte de tragédie aux multiples coucheries. Elle est surtout vaporeuse, s'échappant entre les doigts du lecteur qui voit plusieurs fils commencer à être tricotés pour ne jamais former un ouvrage complet et laissant derrière eux une pelote bien emmêlée.
Golden Age est un roman sur l'inspiration, sur les fées, sur le changement des temps. C'est un livre sur une époque révolue ou en train de l'être. C'est un récit qui évoque la poésie d'un passé qu'on n'entend plus et auquel je n'entends pas grand chose. Il a beau après lecture laisser en tête l'impression qu'il y a des seuils à franchir, les portes sont trop peu entrouvertes pour moi. Ce n'est pas un mauvais livre, mais le voyage a manqué d'escales enthousiasmantes pour me faire oublier qu'il ne menait à rien.
Couverture : Pauline Ortlieb
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