vendredi 17 mars 2023

Fabrice Colin - Golden Age

Golden Age, Fabrice Colin, 2022, 382 pages

Juillet 1914. Reporter londonien, Trevor Sinclair se rend à Dandelion Manor, dans le Dorset, pour rencontrer Kembell Gradey, un très célèbre écrivain. Ce dernier n'est pas seul, puisque trois autres grands auteurs de littérature féérique visitent la demeure. Mais Trevor semble surtout intéressé par le fils de Kembell, Albert, alors qu'un pook observe tout cela.
« Dans l'industrie du cinématographe, les producteurs ne jurent que par l'intrigue, les personnages, les arcs narratifs, et cetera. Ce qui importe, c'est l'édifice, le réceptacle, la solidité du canevas. Le prurit de l'inspiration ? Un truc de poètes. La première rose de mars, la main calleuse du capitaine, une volée de passereaux sur une place vénitienne, ça ne fait pas une histoire. Un frôlement involontaire, l'émeraude d'un regard ? Là, peut-être que si. »
Cette citation est un excellent résumé de ce qu'est Golden Age, une auto-critique ou une preuve de lucidité de ce qui compose cet ouvrage. Car son intrigue est au final très mince, une sorte de tragédie aux multiples coucheries. Elle est surtout vaporeuse, s'échappant entre les doigts du lecteur qui voit plusieurs fils commencer à être tricotés pour ne jamais former un ouvrage complet et laissant derrière eux une pelote bien emmêlée.

Golden Age est un roman sur l'inspiration, sur les fées, sur le changement des temps. C'est un livre sur une époque révolue ou en train de l'être. C'est un récit qui évoque la poésie d'un passé qu'on n'entend plus et auquel je n'entends pas grand chose. Il a beau après lecture laisser en tête l'impression qu'il y a des seuils à franchir, les portes sont trop peu entrouvertes pour moi. Ce n'est pas un mauvais livre, mais le voyage a manqué d'escales enthousiasmantes pour me faire oublier qu'il ne menait à rien.

Couverture : Pauline Ortlieb
D'autres avis : Célinedanaë, ...

samedi 11 mars 2023

Michael McDowell - La Maison

Michael McDowell, La Maison, Tome 3/6 de Blackwater, 1983, 238 pages

Après La Crue et La Digue, La Maison est le troisième tome de la série Blackwater. Un tome qui porte très bien son nom, une certaine maison étant clairement centrale dans ce volume, et ce à plus d'un titre.

Après un deuxième tome ronronnant, j'espérais un peu de rebond. C'est chose faite grâce à un petit saut temporel qui fait suffisamment évoluer les personnages et la situation pour donner une impression de changement. Cette bienvenue évolution se prolonge par une histoire qui comprend plusieurs petits arcs narratifs qui avancent réellement l'intrigue générale. Rien d'incroyable - quoique, au sens littéral... - évidemment, Blackwater reste une saga calme, mais juste ce qu'il faut pour que la lecture soit vraiment agréable.

Couverture : Pedro Oyarbide / Traduction : Hélène Charrier et Yoko Lacour
D'autres avis : Lorhkan, FeyGirl, Gromovar, Célinedanaë, Brize, ...

dimanche 5 mars 2023

Bulles de feu #47 - Février 2023

Un petit récapitulatif de mes lectures BDs/mangas/comics du mois, pour en garder une trace.
Le classement est absolument imparfait, insatisfaisant et un peu aléatoire mais peut donner un ordre d'idée. Les avis sont (ultra)brefs, n'hésitez pas à demander un complément d'informations en commentaire si nécessaire.

Mouais



Black-Box T.4-5/6 - Tsutomu Takahashi

La grande désillusion : les deux premiers tomes étaient très bons, le troisième comportait une planche abjecte, ces tomes 4 et 5 poursuivent la déchéance de la série.
Bien / Ok / Correct



Le Maître des livres T.3-4/15 - Umiharu Shinohara

Deux tomes qui confirment que c'est une agréable série avec des personnages attachants et une intelligente utilisation de la littérature jeunesse (et le tome 4 cite même Terremer !).



Blue Period T.11/? - Tsubasa Yamaguchi

La qualité des tomes de Blue Period est inconstante mais ce tome 11 est certainement le meilleur de la série tant il arrive enfin à parler aussi bien au cerveau qu'au coeur. Un très bon volume consacré à un cours d'art pour enfants qui permet d'aborder intelligemment la place de l'art chez les enfants, les attentes d'autrui et ce qui change en grandissant.



Kaiju n°8 T.5/? - Naoya Matsumoto

Toujours hyper efficace, il n'y a plus la surprise de la découverte mais ça continue de tabasser !



Blanc autour - Wilfrid Lupano et Stéphane Fert

Intéressant pour découvrir l'histoire d'une des premières écoles afro-américaines. C'est malheureusement assez peu marquant, un peu lambda, mais ça reste évidemment une histoire importante à perpétuer.



Toutes les morts de Laila Starr - Ram V et Filipe Andrade

Une bonne lecture mais pas le coup de coeur espéré. Étonnament le style graphique m'a plus convaincu que ce que le feuilletage me laissait présumer, mais j'ai manqué d'attachement pour les personnages et le fond est assez commun.
Très bien



L'Attaque des titans T.3-4/34 - Hajime Isayama

Toujours aussi haletant. Il y a un vrai sentiment d'urgence à la lecture, ce qui va parfaitement avec la situation.



Emma T.5-6/10 - Kaoru Mori

Toujours aussi bien, avec même un rebondissement inattendu au regard de la relative tranquilité de la série. Vive Colin !



Blissful Land T.3-4/5 - Ichimon Izumi

C'est totalement Bride Stories en un chouïa moins bien à tous les niveaux. Mais un peu moins bien que l'excellence, ça reste très bon.



Saga T.9-10/? - Brian K. Vaughan et Fiona Staples

Avec raison et déraison, j'ai relu le tome 9 (et sa fin terrible). Puis j'ai dévoré le tome 10 (et sa fin terrible). Trois ans de pause n'ont rien changé : Saga est d'une excellence rare, certainement la meilleure série graphique SF à l'heure actuelle (avec Space Brothers). Si je n'étais pas si prudent en éloges pour les séries non-terminées, elle aurait déjà 4 flammes et le rang de "chef d'oeuvre".

lundi 27 février 2023

Ken Liu - Toutes les saveurs

Toutes les saveurs, Ken Liu, 2012, 125 pages

Idaho City, XIXème siècle, en pleine conquête de l'Ouest. Une petite communauté chinoise de chercheurs d'or s'installe à proximité de la maison des Seaver. Lily, leur fille, sympathise avec eux, particulièrement avec leur leader, Lao Guan, un géant au visage rouge. Il lui apprendra à jouer au wei qi, lui contera les aventures de Guan Yu, le dieu de la guerre, et lui fera découvrir toutes les saveurs de la cuisine chinoise.

Il y a bien une petite intrigue dans Toutes les saveurs, une histoire de hors-la-loi et de justice, mais c'est accessoire. La véritable intrigue, c'est la découverte de cette émigration chinoise du XIXème siècle aux États-Unis, des migrants rêvant de fortune pour leurs familles mais se retrouvant arnaqués par leurs passeurs et devant se débrouiller seuls pour survivre face à la méfiance des locaux. Autre époque, même problématique.

La part d'imaginaire de Toutes les saveurs est - au choix selon la sensibilité de chaque lecteurice - infime ou inexistante. Ce qui ne l'empêche pas d'être une novella passionnante. Autant pour la sympathie de la rencontre entre ce charismatique colosse chinois et cette accueillante petite fille américaine que pour l'aspect culturel chinois ou ce que cela dit de l'émigration en tous temps et toutes époques, au-delà de l'aperçu et hommage à celle-ci en particulier. Un texte qui n'a peut-être rien d'époustouflant mais qui n'a pas besoin d'effets de manche pour être pleinement enthousiasmant.

Couverture : Aurélien Police / Traduction : Pierre-Paul Durastanti
D'autres avis : Vert, Yuyine, Gromovar, Célinedanaë, Le Maki, Le nocher des livres, Lorhkan, Boudicca, ...

mardi 21 février 2023

Michael McDowell - La Digue

Michael McDowell, La Digue, Tome 2/6 de Blackwater, 1983, 250 pages

La Digue est le deuxième tome de la saga Blackwater et la suite directe de La Crue, poursuivant les aventures de la ville de Perdido et particulièrement de la famille Caskey. Comme son titre l'indique, une certaine digue sera au centre des enjeux de ce volume.

La Digue n'est pas que dans la continuité des évènements, il est aussi dans la continuité du ressenti. Ainsi il est toujours fascinant et un peu étonnant de vouloir prendre parti pour Elinor face à Mary-Love, l'un des personnages les plus haïssables que j'ai pu rencontrer. Il est aussi étonnant que ce soient quasiment les passages un peu plus fantastico-horrifiques qui me plaisent le plus. Cela s'explique pourtant assez facilement : La Digue est une bonne lecture, mais elle n'est quand même guère palpitante. C'est un peu la limite du genre me concernant, je ne sais pas combien de volumes ma satisfaction peut tenir sur ce rythme ronronnant. En attendant, je croise les doigts pour que le tome 3 apporte un peu de rebond.

Couverture : Pedro Oyarbide / Traduction : Hélène Charrier et Yoko Lacour
D'autres avis : Lorhkan, FeyGirl, Gromovar, L'ours inculte, Célinedanaë, MarieJuliet, Brize, ...