Diseur de mots, Christian Léourier, 2019, Tome 1/2 de La Lyre et le Glaive, 371 pages
En suivant son dé à 8 faces, Kelt parcourt le monde à la recherche de la mythique Urskogar, la mère des forêts. En chemin, il prédit l'effondrement d'un pont et se retrouve arrêter en tant que coupable. Car Kelt est un diseur de mots : de sa bouche ne peut sortir que la Vérité. Quitte à ce que le monde autour de lui s'y adapte ?
« Le temps fait moins injure à une cité qu'à ceux qui l'habitent. Néanmoins, qu'on la croie éternelle ne l'empêche pas de s'écrouler. »Les premières pages de Diseur de mots enchainent les tropes de la fantasy. Un prologue abscons aux airs de prophétie, un monde typé féodal, des noms de personnages et de lieux exotiques, quelques termes inventés, ... Nul doute qu'il s'agit d'un livre de fantasy. C'est peut-être le seul défaut de ce roman : la peur d'être devant quelque chose de lambda et de peu engageant lors des premières minutes de lecture. Heureusement, il ne faut pas beaucoup plus de temps pour passer outre et se plonger pleinement dans l'univers et ses personnages. Car si les grandes lignes restent classiques, il y a un détail qui change tout : elles sont tracées par Christian Léourier.
Si la plume de l'auteur m'a d'abord semblé un peu moins marquée que dans ses nouvelles, elle monte en puissance au fil des pages, en même temps que le récit se fait toujours plus humain et touchant. Car l'attachement aux personnages - en tout cas pour Kelt, Varka et Hòggni - est un facteur essentiel du plaisir de lecture. Mais il n'y a pas que ça au sein de ce livre. C'est justement son autre force : il y a à la fois un cheminement d'individus, des péripéties à taille humaine, tout autant que des batailles d'ampleur et des jeux de pouvoir plus politiques. Sans que l'un ne prenne le pas sur l'autre, le dosage de Christian Léourier étant admirable.
Diseur de mots est un très bon roman, une vraie réussite qui est indéniablement un tome 1 tout en offrant un agréable sentiment de complétude et de satiété, tout ça en moins de 400 pages. Et si le test ultime de la qualité d'un premier tome est de savoir si l'on a envie de lire la suite, il le passe haut la main : j'en ai très envie.
Couverture : Jean-Baptiste Hostache
D'autres avis : Yuyine, Zina, Lorhkan, Célinedanaë, Dionysos, Marc, lutin82, ...