vendredi 12 décembre 2025

Christelle Dabos - La Mémoire de Babel

La Mémoire de Babel, Christelle Dabos, Tome 3/4 de La Passe-Miroir, 2017, 483 pages

La Mémoire de Babel fait suite à Les Fiancés de l'hiver et Les Disparus du Clairdelune. Mais là où les deux premiers volumes pouvaient presque être considérés comme un unique tome coupé en deux tant ils se déroulaient dans une continuité directe, La Mémoire de Babel apparait plus unique. Plusieurs mois se sont écoulés depuis la fin du tome 2 et Ophélie va être confrontée à un nouveau lieu et à de nouveaux personnages.

Bien que les deux premiers tomes furent très bons, le changement fait du bien pour renouveler l'intérêt et apporter un peu de fraîcheur. Même si c'est pour mettre en scène le trope de l'école et de l'apprentissage. Un choix étonnant pour un tome 3 mais qui fonctionne plutôt bien. Il est d'ailleurs à l'image de l'ensemble de l'ouvrage : il n'est pas à l'abri de quelques banalités et facilités mais possède aussi de bonnes idées, surtout dans sa dernière partie.

S'il est facilement possible de passer outre les facilités, un autre élément devient de plus en plus pénible : la romance. Je ne suis déjà pas un grand fan du genre quand c'est un élément principal de l'histoire mais c'est encore pire quand cette "romance" a tout de la relation toxique. Je n'ai rien contre les deux personnages en eux-mêmes mais je trouve que leur évolution aurait pu être plus agréable pour tout le monde (et sans affaiblir leurs caractères pour autant). C'est le seul vrai bémol de ce troisième tome, qui à part ça reste une bonne aventure.

Couverture : Laurent Gapaillard
D'autres avis : Vert, Yuyine, Alys, Acr0, Boudicca, ...

samedi 6 décembre 2025

Bulles de feu #80 - Novembre 2025

Un petit récapitulatif de mes lectures BDs/mangas/comics du mois, pour en garder une trace.
Le classement est absolument imparfait, insatisfaisant et un peu aléatoire mais peut donner un ordre d'idée. Les avis sont (ultra)brefs, n'hésitez pas à demander un complément d'informations en commentaire si nécessaire.

Bien / Ok / Correct


Thermae Romae T.5/6 - Mari Yamazaki

« On est donc sorti du manga "d'étude comparée des bains" pour arriver à du grand n'importe quoi » dixit l'autrice elle-même et c'est lucide. Ça reste quand même assez fun surtout que ça ne s'éternisera pas.


Jujutsu Kaisen T.1-3/30 - Gege Akutami

Découverte d'un des shonens les plus importants de ces dernières années. Un bémol sur les dessins des combats et les explications des pouvoirs mais ça reste agréable à lire et le potentiel est évident.


The Bugle Call T.4-6/? - Mozoku Sora et Higoro Toumori

Une série qui gagne à enchaîner les tomes. Il manque un petit quelque chose mais ça reste bien, avec notamment de bonnes idées pour les solutions des batailles.


Au pied des étoiles - Edmond Baudoin et Emmanuel Lepage

Un ouvrage très riche qui parle autant du projet en lui-même (aller voir les étoiles dans le désert d'Atacama) que de tranches de vie des personnages, de la politique passée et présente du Chili, des étoiles ou encore du dessin. Ça oscille entre le bien et le très bien, mais le plaisir d'admirer le travail d'Emmanuel Lepage est lui toujours au plus haut.
Très bien


Slam Dunk T.8-9/20 - Takehiko Inoue

Deux tomes pour un seul match et une même tension du début à la fin. Cerise sur le gâteau : le caractère du héros s'améliore un peu.


Grandville T.1/5 - Bryan Talbot

Il faut quelques planches pour s'habituer tant au style (abordable mais avec un petit quelque chose) qu'à l'univers (uchronie steampunk anthropomorphe avec plein de références) mais ça devient rapidement une très bonne lecture, mi-enquête mi-aventure, au héros fascinant et jubilatoire. À la hauteur de sa réputation.


Evol T.8/10 - Atsushi Kaneko

Encore et toujours excellent. Malgré un pitch basique, ça parvient tout de même à entretenir un vrai fil d'intrigue et c'est étonnamment fin sur la violence du monde
Excellent


Saga T.11-12/? - Brian K. Vaughan et Fiona Staples

Encore un excellent tome (et une toute aussi excellente relecture du tome précédent), où il se passe toujours autant de choses sans que ça ne paraisse jamais précipité.

dimanche 30 novembre 2025

Guillaume Chamanadjian - Une Valse pour les grotesques

Une Valse pour les grotesques, Guillaume Chamanadjian, 2024, 440 pages

À Schattengau - une cité-état sise dans les Alpes et dotée d'une université réputée - Johann est étudiant en obstétrique, discipline où il met à profit ses compétences en céroplastie. Une vie tranquille jusqu'au jour où il se retrouve littéralement embarqué par Sofia, une intrépide mercenaire, dans une aventure qui les mènera sur les traces des secrets les plus importants de Schattengau.

Ce pitch est assez vague et lambda pour deux raisons - trois si on considère que je suis nul en résumé. La première est que l'intrigue en elle-même n'a effectivement rien de particulièrement exceptionnel et est somme toute assez classique. La deuxième est que le principal intérêt du roman, c'est la découverte de son univers absolument fascinant. Une ville perdue dans les montagnes, aux étranges statues à chaque coin de rue, qui accorde autant d'importance aux sciences qu'à l'art et qui semble exister dans un XIXème siècle pas tout à fait palpable.

Je n'en dirais pas plus tant l'exploration et la compréhension de cette cité furent des pages et des pages d'émerveillement, de stupeur et de réjouissance. La première moitié du roman fut donc un enchantement. La deuxième, qui se concentre nécessairement plus sur l'intrigue en elle-même, m'a un peu moins emballé. Pas de quoi me faire déchanter pour autant. Parce qu'il reste toujours, pour passer un agréable moment, de sympathiques personnages ainsi que l'écriture ciselée et sensorielle de Guillaume Chamanadjian.

Une Valse pour les grotesques est une lecture enthousiasmante qui confirme Guillaume Chamanadjian au rang des auteurs remarquables. Un ouvrage plein de bonnes idées qui prouve qu'il est encore et toujours possible d'invoquer la fiction et l'imaginaire pour créer quelque chose de nouveau. Peu importe votre niveau sur la piste, il serait dommage de ne pas entrer dans la danse.

Couverture : Elena Vieillard
D'autres avis : Lhisbei, Gromovar, Le nocher des livres, Sometimes a book, Boudicca, Célinedanaë, ...

dimanche 23 novembre 2025

Louise Carey - Insubordination

Insubordination, Louise Carey, Tome 2/3 de Le Programme Harlow, 2022, 408 pages

Insubordination reprend quelques mois après les évènements de Aux ordres. Tanta et Cole, l'agente et le neuro-ingénieur, vont de nouveau se retrouver au coeur de la lutte de pouvoir entre InTech et Toughfront, les deux corporations qui se partagent Londres.

Dans la lignée du premier tome, Insubordination est un techno-thriller dans un univers cyberpunk. Des grands mots qui ne doivent pas effrayer : l'univers n'est que légèrement futuriste et l'aspect technologique très abordable. Le cadre permet évidemment une réflexion, sur le contrôle des populations notamment, mais il est surtout là pour permettre de vivre une bonne aventure.

Par manque d'un résumé, il faut quelques pages pour se remettre dedans. Heureusement, Louise Carey rappelle les éléments nécessaires dans son récit et les souvenirs reviennent étonnamment assez bien. Ce qui est bien aidé par le fait que les personnages sont peu nombreux. Et ils le resteront dans ce deuxième tome qui évite l'écueil du tome de transition, proposant une vraie aventure en soi, pleine de tension et n'attendant que ses dernières pages pour établir l'enjeu du troisième volume. Et vu l'efficacité de celui-ci, ça donne évidemment envie de le lire.

Couverture : Simon Prades / Traduction : Florence Bury

lundi 17 novembre 2025

Auriane Velten - Cimqa

Auriane Velten, Cimqa, 2023, 295 pages

Là-bas (ici) a lieu une "épidémie" mondiale de déséquilibre et de perte de repères, prélude à un changement majeur dans la vie de tous et toutes, mais particulièrement dans celle de la jeune Sarah. Ici (là-bas), Sara est technicienne dans l'industrie de la cimqa, un théâtre/cinéma 2.0 où elle est spécialisée dans la création et l'invocation de décors grandioses.

Ces deux fils narratifs ont un point commun : la capacité à utiliser son imagination pour faire apparaitre des choses. Littéralement. Les deux femmes vivent dans un monde qui semble correspondre à un futur proche du nôtre, un chouïa plus avancé technologiquement mais avec les mêmes problèmes sociétaux, à la différence près qu'une cinquième dimension existe. Rien que ça. Et pourtant ça s'intègre parfaitement au cadre, donnant des airs de science-fiction à un concept qui a tout de la fantasy.

Cimqa parle du pouvoir de l'imagination et de la liberté qui y est associée. Un thème qui n'a rien de très novateur - si ce n'est peut-être pour son focus sur l'industrie culturelle et son formatage - mais qui parvient à prendre une forme inédite, pour ne pas dire imaginative. Et qui est surtout très bien mené, plein de bonnes intentions et d'une volonté d'espoir sans être pour autant naïf face à la réalité du monde.

Cimqa a globalement plus des airs de tranches de vies que d'une grosse intrigue de science-fiction. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir une tension de bout en bout et un intérêt constant. Et ce, chose rare, pour les deux fils narratifs à parts égales. Une vraie bonne lecture, très agréable à lire.

Couverture : Scott Uminga
D'autres avis : Tigger Lilly, Yuyine, Lectures du Panda, Le chien critique, Jean-Yves, Alias, ...

mardi 11 novembre 2025

Suzanne Palmer - La Vie secrète des robots

La Vie secrète des robots, Suzanne Palmer, 2011-2022, 380 pages

La Vie secrète des robots est un recueil de 13 nouvelles de Suzanne Palmer qui a la particularité de ne pas répondre à l'adage habituel des recueils et anthologies : "il y a du bon et du moins bon". Non, ici, la qualité est constante, et ce à un niveau plus que satisfaisant. Il n'y a peut-être guère que Pierres dans l’eau, cottage sur la montagne qui m'a moins parlé, tout en comprenant et respectant la proposition. Les douze autres nouvelles furent un vrai plaisir à lire.

Pourtant, Suzanne Palmer ne fait pas dans la facilité et la répétition, que ça soit sur la forme ou le fond. Il y a bien une thématique générale de réussir à trouver sa place dans le monde, une place épanouissante dans un univers en décrépitude, mais la manière de l'aborder est toujours différente. Avec par contre une même constance pour brosser un nouveau cadre rapidement compréhensible et créer des personnages vivants et définis, le tout en quelques paragraphes à peine.

S'il n'y a pas de fausse note, le recueil manque peut-être de grands coups d'éclats, dans le sens où je ne sais pas si certains textes parviendront à me marquer durablement. Les deux sympathiques nouvelles mettant en scène Bot-9, qui ouvrent et referment l'ouvrage, sont surement celles qui en ont le plus fort potentiel de par la personnalité de leur héros. Mais cela ne doit même pas être un bémol. Parce que le plaisir immédiat de lecture est lui totalement présent, et c'est bien là l'essentiel.

Couverture : Dofresh / Traduction : Pierre-Paul Durastanti
D'autres avis : Vert, Lhisbei, Yuyine, Le Maki, Gromovar, FeydRautha, Apophis, ...

mercredi 5 novembre 2025

Bulles de feu #79 - Octobre 2025

Un petit récapitulatif de mes lectures BDs/mangas/comics du mois, pour en garder une trace.
Le classement est absolument imparfait, insatisfaisant et un peu aléatoire mais peut donner un ordre d'idée. Les avis sont (ultra)brefs, n'hésitez pas à demander un complément d'informations en commentaire si nécessaire.

Bien / Ok / Correct


Retour à Tomioka - Laurent Galandon et Michaël Crouzat

Une BD qui vaut essentiellement pour sa mise en avant abordable des problématiques liées à Fukushima. J'ai trouvé ça un peu trop basique mais ça reste tout à fait ok.


Thunder 3 T.6-7/? - Yuki Ikeda

Un peu plus de surprises qui rendent la lecture meilleure même s'il manque toujours un petit truc pour s'attacher pleinement à ce "One Punch Man X Gantz".


Popeye - Un homme à la mer - Antoine Ozanam et Lelis

Rien de particulièrement enthousiasmant mais une bonne BD néanmoins parce qu'elle a une âme, tant dans son dessin qui tangue que dans son ton un peu bourru.


Frieren T.14/? - Kanehito Yamada et Tsukasa Abe

Un bon tome qui poursuit un arc plus long et plus tendu que d'habitude. Un changement agréable surtout que ça n'oublie pas pour autant le ton particulier de la série.


Alyte - Jérémie Moreau

Un vrai bon conte animalier/fable écologique, simple dans son message (l'impact négatif de l'homme sur la nature) mais sympa dans sa forme (une succession d'aventures d'un crapaud qui découvre la vie).
Très bien


Frnck T.5-6/? - Olivier Bocquet et Brice Cossu

Début du deuxième cycle qui reprend les qualités du premier en les améliorant. Plus développé, plus varié et plus consistant, une vrai bonne série d'aventures.


Evol T.7/? - Atsushi Kaneko

Encore un très bon tome pour cette série imprévisible, si ce n'est dans sa volonté de montrer le pire de l'humanité.
Excellent


Les 5 Terres T.14-15/? - Lewelyn et Jérôme Lereculey

Quoi de mieux que la lecture d'un tome des 5 Terres ? La lecture de deux tomes des 5 Terres. Toujours aussi excellent, parvenant à donner vie à plein de personnages en peu de pages tout en narrant aussi une plus grande histoire. Somptueux à tous les niveaux.


Les Guerres de Lucas - Laurent Hopman et Renaud Roche

Une excellente BD qui raconte la création du premier film Star Wars, aussi instructif sur le film en lui-même que sur l'industrie cinématographique. L'histoire est incroyable - et absolument improbable si elle n'était pas vraie - et en plus elle est admirablement contée, avec une très grande fluidité. L'ouvrage est conséquent mais ça n'empêche pas le dévorer d'une traite.

jeudi 30 octobre 2025

Arkadi et Boris Strougatski - Il est difficile d'être un dieu

Il est difficile d'être un dieu, Arkadi et Boris Strougatski, 1964, 219 pages

Dans le royaume d'Arkanar, Don Roumata est un riche aristocrate, craint de tous, vivant tant dans les hautes sphères que dans les bas-fonds. Mais derrière cette façade se cache en fait un Terrien en mission d'observation avec d'autres de ses semblables. D'un niveau technologique bien supérieur, ils ont pour consigne de ne pas interférer dans l'évolution du monde, même quand le régime se fait de plus en plus dictatorial et terrifiant.

À défaut d'avoir lu la quatrième de couverture, il faut un bon tiers du roman pour réussir à comprendre la situation présentée ci-dessus. Ce premier tiers est particulièrement flou et incompréhensible, au point de m'avoir fait hésiter à arrêter ma lecture ou à la continuer en diagonale. Cela s'améliore par la suite, un peu, notamment parce que la narration est plus concentrée et suivie, avec un semblant d'objectif pour le héros. Mais ça n'est pas pour autant enthousiasmant, l'intrigue restant très limitée.

Plus qu'un roman en tant que tel, Il est difficile d'être un dieu tient plutôt du conte philosophique. Les auteurs y décrivent la mise en place d'un système fasciste et développent quelques réflexions sur la manière de gouverner un peuple. Ce n'est certainement pas inintéressant à analyser d'un point de vue intellectuel, encore plus quand on remet le livre dans son contexte d'écriture, l'URSS en 1964, mais c'est plus compliqué d'un point de vue purement romanesque. C'est un peu tout le paradoxe : je crois que j'aurais été bien plus intéressé par la lecture d'un article le décryptant que par la laborieuse lecture du roman en lui-même.

Couverture : Lasth / Traduction : Viktoriya Lajoye & Bernadette du Crest
D'autres avis : Gromovar, ...

vendredi 24 octobre 2025

David Bry - La Princesse au visage de nuit

David Bry, La Princesse au visage de nuit, 2020, 355 pages

Hugo est de retour dans son village natal pour l'enterrement de ses parents. Cela fait vingt ans qu'il n'y est pas venu. Vingt ans depuis qu'il fut retrouvé seul dans la forêt, sans souvenirs de cette nuit d'orage. Vingt ans depuis la disparition de ses deux amis. Vingt ans depuis que la princesse au visage de nuit a bouleversé sa vie. Vingt ans qui vont revenir le hanter comme si c'était hier.

La Princesse au visage de nuit est un polar fantastique qui reprend tous les codes de l'enquête dans un petit village de campagne, avec ses habitants qui se connaissent tous, ses secrets bien gardés depuis longtemps et ses légendes surnaturelles. Le 'cahier des charges' est totalement respecté et David Bry propose un récit très bien mené, aux personnages cabossés et à l'ambiance grise et pluvieuse, qui se lit tout seul.

Mon seul petit bémol provient de la dimension fantastique du roman. Je ne peux pas lui reprocher d'exister puisque c'est un aspect explicite dès le départ. Et qui fonctionne indéniablement bien, cela apporte une tension et un mystère qui vont très bien avec le reste de l'histoire. Mais je ne peux pas m'empêcher de trouver que ça apporte un peu trop de "facilités" sur la résolution de l'intrigue, que je n'ai pas trouvé très satisfaisante. J'en suis peut-être le seul responsable : au contraire de ce que j'en disais plus haut et pour l'apprécier pleinement, il ne faut pas lire La Princesse au visage de nuit comme un polar fantastique mais bien comme un conte fantastique.

Couverture : François-Xavier Pavion
D'autres avis : L'ours inculte, Yuyine, Sometimes a book, Zoéprendlaplume, Célinedanaë, ...

samedi 18 octobre 2025

Chloé Chevalier - Le Sans-Soleil

Chloé Chevalier, Le Sans-Soleil, Tome 2/2 de Loin des îles mauves, 2024, 477 pages

Le Sans-Soleil reprend dans la continuité directe de La Sans-Étoiles. On y retrouve la même petite bande de personnages, naviguant tant entre les îles mauves et l'Empire qu'entre leurs désirs personnels et leurs aspirations à une réussite collective.

Le premier tome avait été une très belle surprise. Ce second volume n'en est pas une, il est encore mieux. Parce que cette fois j'avais des espoirs et des attentes. Et Le Sans-Soleil fut totalement à leur hauteur, si ce n'est encore plus haut. J'ai adoré de la première à la dernière ligne.

De la même manière que l'histoire reprend là où La Sans-Étoiles s'arrêtait, toutes les qualités du premier livre reviennent elles aussi exactement comme précédemment. Avec trois d'entre elles particulièrement saillantes : les personnages si attachants, le mélange parfait entre l'intrigue de premier plan et les réflexions socio-politiques en filigrane, le rythme général du roman. C'est ce dernier qui m'a peut-être le plus (agréablement) surpris ici. Tout le roman est une grande marche en avant, avec très peu d'échecs ou de régressions, sans pourtant jamais donner l'impression d'être facile ou évident, laissant au contraire planer tout du long une ambiance assez dure et violente.

Cela correspond finalement assez bien au résumé plus global que l'on peut faire de ce diptyque : c'est un récit d'équilibre. À la fois sombre et lumineux, à la fois engagé et en retrait, à la fois collectif et individuel, ... Et l'équilibre est parfait sur tous les points, très intelligemment dosé par Chloé Chevalier. « Hé ! Ho ! Adieux mes Gingeolines ! » dit la chanson. Je leur dis adieu oui, mais je leur conserve une belle place dans mon esprit et dans mon coeur.

Couverture : Lucille Clerc
D'autres avis : Xapur, ...

dimanche 12 octobre 2025

Luis Sepúlveda - Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler

Luis Sepúlveda, Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler, 1996, 119 pages

Au large du port d'Hambourg, Kengah, une mouette, se retrouve piégée par une marée noire. À l'agonie, elle parvient tout de même avec ses dernières forces à atteindre la terre ferme. Elle y atterrit sur un balcon où elle rencontre le chat Zorbas, à qui elle confie son dernier oeuf, lui demande d'en prendre soin et de lui apprendre à voler.

Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler est un petit conte très simple dans son déroulé et dans son écriture. Parfaitement adaptée à un jeune public, c'est une nouvelle qui ne casse pas trois pattes à une mouette mais qui est tout à fait plaisante à lire et ce peu importe son âge. C'est une gentille et mignonne histoire avec des personnages charismatiques et un final plein d'émotions. Une sympathique petite friandise.

Couverture : ? / Traduction : Anne-Marie Métailié

lundi 6 octobre 2025

Bulles de feu #78 - Septembre 2025

Un petit récapitulatif de mes lectures BDs/mangas/comics du mois, pour en garder une trace.
Le classement est absolument imparfait, insatisfaisant et un peu aléatoire mais peut donner un ordre d'idée. Les avis sont (ultra)brefs, n'hésitez pas à demander un complément d'informations en commentaire si nécessaire.

Mouais


Mascarade, Batman DC Renaissance T.7/9 - Scott Snyder, James Tynion IV et plein de dessinateurices

Encore plus que les autres tomes, juste un enchainement d'actions - à tendance glauque - et de 'toujours plus' qui ne donne pas de raison de s'investir dans le récit.
Bien / Ok / Correct


Thunder 3 T.4-5/? - Yuki Ikeda

Ça tourne un peu en rond et en pur manga d'action, sans grande histoire, c'est dommage. À noter que l'auteur cite "Gantz" dans un avant-propos et l'influence me parait maintenant évidente.


Thermae Romae T.4/6 - Mari Yamazaki

Une lecture plus aérée que les premiers tomes, avec une histoire ayant plus de continuité et jouant plus sur l'humour avec le décalage entre passé et présent.
Très bien


Ajin T.11-12/17 - Gamon Sakurai

Est-ce que l'histoire est complexe et poussée ? Non. Est-ce que c'est extrêmement efficace dans son genre ? Oui.


Hirayasumi T.7-8/? - Keigo Shinzô

Entre le bien et le très bien, c'est de la pure tranche de vie qui par je ne sais quel miracle ne tombe pas dans le trop plan-plan alors qu'il ne s'y passe pas grand chose.


Blue Period T.16/? - Tsubasa Yamaguchi

Encore un très bon tome, l'autrice a trouvé son rythme de croisière et le dosage parfait entre un récit entraînant et une réflexion philosophique/artistique, entre le concret et le technique.


Asadora ! T.9/? - Naoki Urasawa

Est-ce que l'histoire avance ? Pas vraiment. Est-ce que c'est toujours aussi plaisant de suivre les personnages, comme dans une bonne série télé ? Totalement.


Evol T.6/? - Atsushi Kaneko

C'est toujours aussi unique et ça continue d'évoluer, avec de nouveaux personnages et de nouvelles ambitions, pour une qualité constante.


Plus loin qu'ailleurs - Christophe Chabouté

« J'ai rêvé de partir, j'ai été contraint de rester... Alors, je suis parti en restant. »
Une très belle BD de peu de mots, qui n'est pas révolutionnaire dans son propos (l'importance des petites choses et de ce qui nous entoure) mais qui le fait sous une forme très maline et très réussie.


La Terre verte - Alain Ayroles et Hervé Tanquerelle

Un ouvrage massif qui permet de développer une grande histoire ou plutôt une grande tragédie shakespearienne. Rien de révolutionnaire mais c'est très bien mené - ce qui ne surprend personne avec Alain Ayroles au scénario - et joliment dessiné, c'est du très bel ouvrage.

mardi 30 septembre 2025

Antoine Bello - Les Falsificateurs

Antoine Bello, Les Falsificateurs, Tome 1/3 des Falsificateurs, 2007, 501 pages

Fraichement sortie de ses études, Sliv Dartunghuver s'engage dans un cabinet d'études environnementales. Mais rapidement, son supérieur lui propose un deuxième travail : entrer au Consortium de Falsification du Réel. Organisation secrète internationale, le CFR travaille à subtilement modifier la marche du monde, en inventant et en modifiant des évènements plus ou moins importants. Dans quel but ? Seules les plus hautes sphères du CFR le savent - et nombreux sont les échelons à gravir avant d'y arriver.

Les Falsificateurs part d'un principe incroyable (littéralement) : une gigantesque organisation qui tire les ficelles en coulisses et réécrit l'Histoire à sa guise. Une sorte de paradis pour amateurices de théories du complot. Et pourtant c'est un roman qui parvient, miraculeusement, à ne justement pas tomber dans le complotisme. Oui, la manipulation des faits est au centre du récit. Mais c'est surtout un moyen pour disséquer les mécanismes de cette manipulation et la manière d'orienter les opinions.

Plus que le CFR en lui-même, ce sont bien les différents scénarios élaborés par Antoine Bello qui sont le plus fascinant à découvrir. Des mini-histoires dans l'histoire où l'on sent un gros travail de recherche et de réflexion pour parvenir à un résultat aussi érudit que limpide - c'est d'ailleurs, assez ironiquement vu le sujet et les habitudes d'Antoine Bello, peut-être le roman le plus clair et 'honnête' de l'auteur. Et le tout en réussissant à donner une bonne dose de crédibilité à l'ensemble.

Tout n'est pas parfait dans Les Falsificateurs. Le culte du secret sur les intentions du CFR risque de ne mener à rien et les personnages sont assez basiques - et pas franchement sympathique dans le cas du héros, même si cela sert son évolution. Mais le projet en lui-même et la réflexion qu'il permet de mener restent supérieurs à ces bémols, surtout en ces temps où la question de la désinformation est toujours plus prégnante.

Couverture : Photo © Michael Cogliantry - Getty Images
D'autres avis : Alys, ...

mercredi 24 septembre 2025

Catherine Dufour - Les Champs de la Lune

Catherine Dufour, Les Champs de la Lune, 2024, 284 pages

La Terre étant devenue inhabitable, les humains se sont déplacés sur la Lune. La majorité réside sous la surface mais quelques habitants vivent "à l'extérieur", sous des dômes, pour y faire pousser des plantes. C'est le cas d'El-Jarline, une fermière solitaire - à l'exception de son chat parlant - qui rend compte de ses activités dans des rapports qu'elle transmet à l'administration de sa cité.

Les Champs de la Lune est un ouvrage étonnant et particulier. L'intrigue y est infime. C'est un journal personnel, une tranche de vie, qui conte les quelques péripéties d'El-Jarline mais surtout présente un futur où l'humanité a colonisé la Lune, avec tous les problèmes afférents, dont la plupart ne dépareillent pas de ceux de la Terre. En plus de cette présentation, on observe aussi l'évolution du personnage d'El-Jarline, dans ce qui ressemble beaucoup à un coming of age, qu'on pourrait même qualifier de coming of conscience.

Le tout est très contemplatif. Un peu trop pour moi. Je dois avouer avoir par moment trouvé le temps long. La proposition est bonne, différente et bien réalisée, avec un vrai ton dans l'écriture. Mais elle n'a jamais réussi à m'enthousiasmer. J'ai trouvé ça objectivement bien mais subjectivement je n'ai pas réussi à y prendre beaucoup de plaisir.

Je commençais en disant que Les Champs de la Lune est un ouvrage étonnant et particulier. Ce qui est en somme la définition d'un ouvrage de Catherine Dufour. Parfois ça accroche, parfois moins. Mais une chose est sûre : Catherine Dufour parvient toujours à écrire des livres qui ne se ressemblent pas et qui ont quelque chose d'unique.

Couverture : Aurélien Police
D'autres avis : Tigger Lilly, Lhisbei, Le Maki, Zoéprendlaplume, Le chien critique, Chut maman lit !, Célinedanaë, Sometimes a book, Marc, ...

jeudi 18 septembre 2025

Stéphane Desienne - La Fille qui sauva Hiroshima

Stéphane Desienne, La Fille qui sauva Hiroshima, 2025, 153 pages

En 1960, Grant, un historien, est chargé par le président des États-Unis d'enquêter sur l'échec du bombardement d'Hiroshima, le 6 août 1945. Un raté tenu top secret et qui serait lié à la présence d'une mystérieuse jeune fille japonaise.

Même sans résumé, le titre de La Fille qui sauva Hiroshima donne toutes les informations nécessaires pour comprendre le pitch de l'histoire. Il s'agit d'une uchronie 'douce', dans le sens où l'Histoire ne s'est pas déroulée comme nous la connaissons mais sans pour autant remettre en cause la marche du monde, le bombardement de Nagasaki ayant bien eu lieu le 9 août 1945. Et tout est lié à une jeune fille, soeur d'un kamikaze, et à un médaillon magique.

Et une fois qu'on a dit ça, on a à peu près tout dit concernant La Fille qui sauva Hiroshima. Ce n'est pas une lecture désagréable, loin de là, mais c'est étonnamment linéaire malgré les deux narrations/trames temporelles. Je l'ai terminée en ne sachant pas trop quel est le but ou le message. Ce qui n'est pas toujours nécessaire mais qui en l'occurrence m'aurait permis de compenser une absence de surprises et d'émotions. Ça se lit bien mais il m'a manqué un petit truc en plus pour que je ne trouve pas la lecture malheureusement un peu vaine.

Couverture : Paul Cosquer (Hiroshima Peace Memorial Museum/Depositphotos/Pixabay)
D'autres avis : Gromovar, Zoéprendlaplume, Sometimes a book, ...

vendredi 12 septembre 2025

James S.A. Corey - L'Éveil du Léviathan

James S.A. Corey, L'Éveil du Léviathan, Tome 1/9 de The Expanse, 2011, 694 pages

Sur Cérès, l'inspecteur Miller enquête sur la disparition d'une jeune femme, Julie Mao, dont les dernières traces seraient liées à un vaisseau, le Scopuli. C'est pour ce même Scopuli que va se dérouter le Canterbury, un vaisseau transportant de la glace entre Saturne et la Ceinture, en réponse à sa balise de détresse. Un détour qui va changer son destin, et particulièrement celui de son second, Jim Holden, en le plaçant au centre d'une potentielle guerre galactique entre les trois grandes puissances que sont la Terre, Mars et l'Alliance des Planètes Extérieures.

L'Éveil du Léviathan est le premier tome de la massive et renommée série The Expanse. Un succès qui se comprend facilement au vu de la qualité et de l'efficacité de ce volume. C'est du space opera à l'état pur, avec un sens de l'émerveillement et de la grandeur grâce à une intrigue qui se balade dans l'espace et fait intervenir toute la galaxie, voire plus. Mais si le cadre et ses implications sont gigantesques, le récit en lui-même est narré à hauteur humaine, alternant entre les points de vue d'Holden et de Miller - dont les routes vont inévitablement finir par se croiser -, ce qui rend la lecture facilement abordable.

L'Éveil du Léviathan est une grande aventure spatiale. Ça ne révolutionne pas forcément le genre mais c'est hyper efficace et très bien réalisé. Les quelques personnages ont du caractère - et sont forts sympathiques pour l'équipage d'Holden -, les rebondissements sont réguliers mais sans donner l'impression d'être forcés et plus globalement les développements ne sont pas cousus de fil blanc. Ce qui fait que les près de 700 pages coulent toutes seules et se lisent avec grand plaisir, voire avec avidité, tout du long, sans jamais perdre en intérêt ce qui est déjà un bel exploit. Si j'avais un peu peur de me lancer dans cette volumineuse saga, mon état d'esprit a bien changé : je me réjouis d'avoir encore 8 pavés à arpenter !

Couverture : Daniel Dociu / Traduction : Thierry Arson
D'autres avis : Monsieur Lhisbei, Lorhkan, Gromovar, Célinedanaë, Elessar, Anudar, Apophis, Herbefol, Lune, Anne-Laure, ...


Quatrième escale pour le Summer Star Wars Andor S2