jeudi 17 octobre 2024

Lucius Shepard - Aztechs

Aztechs, Lucius Shepard, 1999-2003, 491 pages

Aztechs est un recueil de 6 (longues) nouvelles, entre science-fiction et fantastique, qui fait visiter du pays, du Mexique au Congo, des États-Unis à la Russie. Mais la visite n'a rien de touristique car ce sont plutôt les recoins mal famés qui sont à l'honneur, des prisons aux décombres de Ground Zero, des territoires des cartels à ceux de la mafia. En toute logique, les personnages ne sont pas des enfants de choeur. Ce qui n'en fait pas pour autant des personnages antipathiques. Car ils en ont conscience. Car ils ne sont pas le mal incarné. Ce sont juste des êtres qui cherchent à (sur)vivre dans des vies qui sont loin d'être manichéennes mais qui tendent bien plus vers le noir que vers le blanc.

C'est sûrement là qu'est l'unité de ce recueil qui peut sembler partir dans tous les sens. Il est question de (sur)vie d'individus face à des considérations bien trop grandes pour eux, face à des entités qui flirtent avec le divin ou en tout cas d'une ampleur proche. Comment résister à cela, comment trouver sa place ? Des questions qui se posent pour eux comme elles peuvent se poser pour nous - et dont la réponse shepardienne est presque toujours dans l'amour. C'est bien pourquoi on peut malgré tout se sentir proche de ces personnages avec lesquels on n'a à priori rien en commun et adorer ces textes alors qu'ils sentent à plein nez la drogue, l'alcool et le sexe.

Il faut lire du Lucius Shepard pour vraiment se rendre compte de ce qu'est le style de Lucius Shepard. C'est à la fois cru, violent, direct mais c'est aussi magnifiquement écrit, d'une écriture riche qui emporte et qui peut se faire hypnotisante dans des longs paragraphes hallucinés. Aztechs est un excellent recueil sans fausse note dont les fins ouvertes - à l'exception peut-être du dernier texte, plus déstabilisant - ne laissent aucune frustration. Plus qu'un voyage à travers le monde, c'est un voyage tout court, une expérience comme nul autre que Lucius Shepard ne sait en procurer.

Couverture : Marc Simonetti / Traduction : Jean-Daniel Brèque
D'autres avis : Gromovar, Boudicca, ...

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