Affichage des articles dont le libellé est Actes Sud. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Actes Sud. Afficher tous les articles

vendredi 25 avril 2025

Keigo Higashino - Mondes parallèles, une histoire d’amour

Mondes parallèles, une histoire d’amour, Keigo Higashino, 1995, 333 pages

Takashi travaille chez Bitech, une entreprise spécialisée dans la réalité virtuelle, en compagnie de son ami Tomohiko. Un jour, ce dernier lui présente Mayuko, sa petite amie, dont il tombe amoureux. Le lendemain, Takashi et Tomohiko travaillent toujours chez Bitech mais c'est Takashi qui est en couple avec Mayuko.

Mondes parallèles, une histoire d’amour démarre comme une uchronie personnelle, avec une réalité où Takashi est en couple avec Mayuko et une réalité où il ne l'est pas. Et le titre oriente totalement le lecteurice à y penser ainsi. Mais le fait que Keigo Higashino est avant tout un auteur de polar et que les protagonistes travaillent dans le domaine de la mémoire et des souvenirs sont deux gros indices qu'il se cache en fait quelque chose derrière cette 'réalité', finalement bien plus thriller (assez plat) qu'uchronie.

L'autre élément important du titre, c'est "une histoire d'amour". C'est bien ce qui est au coeur du récit, un triangle amoureux qui n'est vraiment pas bon. Au-delà de mon désamour pour le genre, Takashi est un personnage égoïste et antipathique, ce qui ne crée aucune compassion pour sa situation. Mais le plus dérangeant, c'est sa relation à Mayuko, ponctuée d'une scène d'un autre temps qui ne peut plus passer en 2025. Si je comprends que certains choix sont faits pour les besoins de l'intrigue, ce ne peut pas être une excuse ici tant il y avait très facilement d'autres moyens pour arriver au même résultat.

Mondes parallèles, une histoire d’amour est incontestablement le moins bon roman de Keigo Higashino que j'ai pu lire. L'idée de base est bonne et a du potentiel mais sa réalisation me laisse plus que dubitatif. Ça me rend d'autant plus triste que j'adore l'auteur. Vu le nombre de ses romans encore non-traduits, je m'étonne que celui-ci ait été choisi. Ne vous y trompez pas : lisez Keigo Higashino, mais évitez celui-ci.

Couverture : Kanda Tangtrongchitr / Traduction : Sophie Refle
D'autres avis : Le nocher des livres, ...

lundi 23 septembre 2024

Hiro Arikawa - Les Mémoires d'un chat

Les Mémoires d'un chat, Hiro Arikawa, 2017, 325 pages

Cinq ans auparavant, Satoru a soigné un chat errant, l'a recueilli et l'a nommé Nana. Mais aujourd'hui, pour des raisons personnelles, il doit s'en séparer et lui trouver une nouvelle maison. Dans cette quête, ils vont tous les deux parcourir le Japon pour rencontrer d'anciens camarades de Satoru, ce qui sera l'occasion d'en apprendre plus sur son passé.

J'ai découvert Hiro Arikawa avec l'excellent Au prochain arrêt, qui multipliait les petites tranches de vie au cours d'un trajet en train. C'est en voiture cette fois que l'on parcourt le Japon pour aller à la rencontre de nouvelles tranches de vie, tout aussi excellentes. Mais la principale, celle qui les unit toutes et les transcende, c'est celle de Satoru et Nana. Deux personnages extrêmement attachants, entre la gentillesse de Satoru et l'amusante verve de Nana, lui aussi un des narrateurs du roman.

C'est surement un peu réducteur et cliché tout en étant assez logique mais Les Mémoires d'un chat a un côté très japonais. Dans la société décrite bien sûr, mais aussi dans le ton du roman, avec une certaine douceur, toujours une petite distance respectueuse et quelque chose d'un peu feutré. Ce qui ne veut pas dire que le récit est plat, bien au contraire. C'est une histoire très émouvante, une ode à la vie et à l'amitié, globalement joyeuse mais qui laisse les larmes aux yeux, ce qui ne réduit en rien son côté feel-good. Les Mémoires d'un chat est comme un arc-en-ciel : il a autant besoin de soleil que de pluie pour resplendir de mille feux.

Couverture : Irina Garmashova-Cawron / Traduction : Jean-Louis De La Couronne

jeudi 14 décembre 2023

Keigo Higashino - Les Sept Divinités du bonheur

Les Sept Divinités du bonheur, Keigo Higashino, 2013, 303 pages

Après Les Doigts rouges et Le Nouveau, Les Sept Divinités du bonheur est la troisième enquête de l'enquêteur Kaga Kyōichirō parue en France. Elle porte sur l'assassinat d'un père de famille, poignardé en pleine rue mais qui a étonnamment fait l'effort de venir mourir au pied d'un qilin sur le pont de Nihonbashi à Tokyo.

Dans la lignée de ses deux prédécesseurs, et de manière générale de tous les autres livres de l'auteur, Les Sept Divinités du bonheur est un très bon roman. Il possède le ton habituel de Keigo Higashino, tout en simplicité, avec une prédominance des dialogues et sans fioriture, sans jamais donner pour autant l'impression de survoler les choses ou de manquer de consistance. Avec Keigo Higashino, tout est dosé et millimétré. Comme cette nouvelle enquête qui n'a rien d'époustouflant, qui n'est aucunement basée sur des scènes d'action, qui ne tient qu'à la sensibilité aux détails et à la persévérance de son héros et qui est absolument captivante du début à la fin.

En plus de ce mystère imprévisible, maitrisé et hautement efficace, c'est - pour le lecteurice occidental - une plongée dans une culture légèrement différente. Si elle n'est pas diamétralement opposée à la nôtre, elle conserve d'indéniables particularités, notamment dans ses traditions. Cela participe d'un changement de ton et d'atmosphère appréciable, achevant de faire de Les Sept Divinités du bonheur un excellent roman.

Couverture : © Getty Images / Traduction : Sophie Refle

dimanche 9 juillet 2023

Tatsuhiko Shibusawa - Le Voyage sur les mers du prince Takaoka

Le Voyage sur les mers du prince Takaoka, Tatsuhiko Shibusawa, 1987, 205 pages

Japon, IXème siècle. Le prince Takaoka est le troisième enfant de l'empereur Heizel. Déchu de son statut de prince héritier, il devient moine bouddhiste. À plus de 60 ans, il décide de faire un dernier voyage spirituel vers l'Inde. C'est ce voyage qui est retracé dans ce roman au titre parfaitement évocateur.

Le Voyage sur les mers du prince Takaoka est une fiction historique aux accents de fantasy. Le prince Takaoka - attention, petit divulgâchage, sans grande importance, de la fin du roman sur la page Wiki - est un personnage ayant réellement existé, tout comme ce voyage. Si je ne sais pas dire dans quelle mesure les péripéties de ce trajet sont véridiques, elles semblent en tout cas toutes s'inspirer de légendes et récits littéraires de l'époque ou ultérieurs. C'est une sorte d'hommage que rend Tatsuhiko Shibusawa à tout ce folklore du passé en donnant une existence concrète et réelle à tous ces mythes, du dugong sachant parler aux tapirs mangeurs de rêves.

Le Voyage sur les mers du prince Takaoka est un ouvrage étonnant. Je ne peux pas dire que ça soit un très bon livre puisqu'il s'agit surtout d'un enchaînement de péripéties - chaque chapitre correspond à une aventure - sans trop de sens ni finalité réellement satisfaisante. Mais je ne peux pas non plus dire que c'est un mauvais livre. L'intention est louable et intéressante et surtout ça se lit plutôt bien. C'est un ouvrage à part, qui ne se compare à rien d'autre et qui crée sa propre petite bulle. Un roman hors du temps, ce qui correspond parfaitement au petit côté suranné qui saupoudre ses pages.

Couverture : Sujil Sukumaran / Traduction : Patrick Honnoré

dimanche 22 janvier 2023

Keigo Higashino - Les Doigts rouges

Les Doigts rouges, Keigo Higashino, 2006, 237 pages

Maehara Akio est appelé par sa femme, paniquée, qui lui demande de rentrer immédiatement. Chez eux, il découvre le corps d'une petite fille, étranglée par leur fils de 14 ans. Pour le protéger, ils décident de déplacer le corps dans des toilettes publiques et d'effacer toutes les traces. Mais est-il possible d'échapper à la justice quand Kaga Kyōichirō fait partie de l'enquête ?

Les Doigts rouges met donc en scène Kaga Kyōichirō, l'enquêteur holmésien découvert dans l'excellent Le Nouveau. Mais si Kaga y apparaissait sympathique et agréable, ce n'est pas forcément le cas ici, lui qui dédaigne son père qui est aux portes de la mort. De manière générale, Les Doigts rouges est un roman moins engageant que Le Nouveau, avec notamment cette première moitié quasi-entièrement consacrée au point de vue des coupables.

Une fois n'est pas coutume, j'ai gagné à ne pas lire les romans dans leur ordre de publication. Connaissant le personnage de Kaga, je savais qu'il allait forcément se passer quelque chose de remarquable et qu'il fallait passer outre cette étonnante situation de base. J'ai bien fait. Tout semblait pourtant cousu de fil blanc : on connait les coupables, la méthode et l'enquêteur qui va résoudre l'affaire. Comment rendre la lecture intéressante et impactante ? C'est peut-être le plus grand défi pour un auteur de polar. Ça tombe bien, Keigo Higashino en est un excellent.

Malgré toute l'apparente prévisibilité de l'enquête, il y a donc bien un final tout en surprises. Rien de réellement flashy, mais d'une simplicité diablement efficace et admirable. Et en plus de ça, il y a en toile de fond un questionnement sur la place et la gestion des personnages âgées, une problématique particulièrement prégnante dans la société japonaise. Encore une belle réussite de la part de Keigo Higashino.

Couverture : Billy and Hells / Traduction : Sophie Refle

samedi 17 décembre 2022

Hiro Arikawa - Au prochain arrêt

Au prochain arrêt, Hiro Arikawa, 2008, 184 pages
« Le héros de ce roman est la ligne Hankyū Imazu, l’une des moins connues du réseau Hankyū. »
La ligne Hankyū Imazu est une ligne de train dans la périphérie d'Osaka, reliant les stations de Takarazuka et de Nishinomoya-Kitaguchi - elle se prolonge en fait, comme son l'indique, jusqu'à Imazu, deux stations plus loin, mais cela nécessite un changement de rame. Et comme sur toutes les lignes du monde, des petites histoires se font et se défont le temps d'un court trajet et des rencontres aléatoires que seuls les transports en commun peuvent créer. Ce sont quelques-unes de ces histoires que nous raconte Hiro Arikawa, au fil d'un aller et d'un retour.

Dans mon parcours de lecteur j'ai rapidement perdu le goût pour les cartes qu'on trouve parfois en début d'ouvrage, le plus souvent dans les livres de fantasy. Plutôt que d'aller vérifier sans cesse la position de tel lieu, je préfère pouvoir imaginer librement un monde ne correspondant certes pas à la réalité inventée par l'auteur mais me permettant une visualisation plus efficace et une appréciation plus instinctive. Au prochain arrêt n'est absolument pas un livre de fantasy. Pourtant, c'est un peu l'exception à ma "règle" : j'y ai totalement retrouvé ce plaisir d'aller régulièrement regarder où se situe l'action.

Ainsi j'ai parcouru la ligne Hankyū Imazu au rythme de la plume d'Hiro Arikawa et de mes escapades sur Google Maps - saviez-vous qu'il existe une crêperie bretonne à proximité d'Obayashi ? De station en station, au gré des montées et des descentes, j'ai fait connaissance avec quelques voyageurs. J'ai eu un rapide aperçu de leurs vies, leurs passés se sont quelque peu dévoilés et leurs futurs se sont entrouverts devant moi, jusqu'à ce que nos chemins se séparent à nouveau. Comme un heureux hasard - mais qui n'en est pas réellement un pour quiconque à ses habitudes dans un transport en commun - je les ai recroisés lors d'un voyage retour, quelques mois plus tard. Et cette fois les séparations furent définitives, ne laissant derrière elles que le doux souvenir de ces éphémères rencontres.

Au prochain arrêt est un roman si bien écrit que les héros de l'histoire sont autant - comme l'annonce l'introduction du livre citée plus haut - la ligne de train elle-même que ses personnages, sans déséquilibre, la valse de ces voyageurs étant habilement menée au gré des différents arrêts. Cela donne une collection de tranches de vie simples et douces, qui laisse du baume au coeur mais qui dans le même temps interroge discrètement quelques questions de société. Une réussite complète, une très agréable lecture. Que Le Chat du Cheshire soit amplement remerciée pour cette découverte.

Couverture : ? / Traduction : Sophie Refle
D'autres avis : Le Chat du Cheshire, ...

lundi 26 septembre 2022

Keigo Higashino - Le Nouveau

Le Nouveau, Keigo Higashino, 2009, 330 pages

Keigo Higashino est un auteur japonais de polars dont j'ai déjà lu un bon et un très bon roman dans son genre de prédilection : Un café maison et La Maison où je suis mort autrefois. Plus récemment, je l'ai retrouvé en SF avec l'excellent Les Miracles du bazar Namiya. Qui m'a motivé à lire Le Nouveau. J'ai bien fait : c'est certainement ma meilleure lecture de l'auteur.

Le pitch du roman est on ne peut plus simple : une femme est retrouvée morte étranglée dans son appartement. La préfecture de police de Tokyo est chargée de l'enquête, aidée par le commissariat de Nihonbashi, petit quartier commerçant où se déroule l'affaire. C'est dans ce commissariat qu'a été récemment muté Kaga Kyōichirō - le nouveau - un enquêteur au sens de l'observation très développé - ce n'est pas aussi flashy qu'un Sherlock Holmes, mais l'esprit est là.

Dit comme ça, Le Nouveau semble être un polar lambda. Mais le ton et la construction du récit font la différence. Chaque courte partie va ainsi se concentrer sur un groupe de personnages, le plus souvent lié à une des boutiques traditionnelles de Nihonbashi, qui a un lien indirect avec l'affaire. Les pérégrinations de Kaga - un personnage très simple, profondément gentil, avec une vraie présence malgré sa discrétion - vont lui faire résoudre des éléments à priori anecdotiques de l'affaire tout en démêlant d'autres petits mystères liés aux personnes rencontrées. Évidemment, ce sont des petits détails qui finiront par faire la différence et tout viendra se combiner admirablement lors du dénouement.

Le Nouveau ne propose pas un casse-tête très ardu qui entraînera une résolution excitante et mindblowing. C'est un puzzle, une combinaison de puzzles même, dont on ressent la douce satisfaction de voir toutes les pièces s'emboiter parfaitement. Une douce satisfaction qui s'étend au-delà du mystère. L'ambiance du quartier, les personnages, le ton : tout est calme, agréable, doux. Et c'est pourtant bien un polar. Un polar cosy d'excellente facture.

Couverture : Yoshito Hasaka / Traduction : Sophie Refle
D'autres avis : Yuyine, ...

jeudi 8 septembre 2022

Julia Von Lucadou - Sauter des gratte-ciel

Sauter des gratte-ciel, Julia Von Lucadou, 2021, 276 pages

Dans un futur proche toujours plus technologique, des athlètes-artistes sautent du haut des gratte-ciel, virevoltant dans les airs jusqu'à éviter l'impact in extremis grâce à leurs Flysuit™. Suivie par des millions de followers, Riva Karnovsky est la plus célèbre d'entre eux. Jusqu'au jour où elle ne veut plus sauter, sans raison apparente, restant atonique dans son appartement. Engagée par son entraîneur et ses sponsors, Hitomi Yoshida, une jeune psychologue, doit essayer de comprendre et remotiver l'acrobate.
« - Ça ne te rend pas furieuse qu'on ne puisse rien décider par nous-mêmes ? avait-elle dit.
- Ils essaient seulement de révéler notre potentiel et de l'encourager. Tu peux toujours dire non.
- Tu connais quelqu'un qui a dit non ?
- Mais ils ne t'obligent à rien. (...) Ils nous montrent juste la meilleure version possible de nous-mêmes, avais-je dit.
- Tu crois vraiment ?
»
Des vies réglées et poursuivies par la technologie, une société du paraitre, quelques machins™, des anglicismes marketing et managériaux : Sauter des gratte-ciel a des airs de (très) soft Bonheur™. Mais si le cadre et la thématique générale jouent dans des registres qu'on peut éventuellement rapprocher, l'impact à la lecture est lui diamétralement opposé. Là où le livre de Jean Baret est trash et impactant, celui de Julia Von Lucadou est bien plus doux et contemplatif.

Cette relative tranquillité est favorable à une réflexion elle aussi douce sur l'impact des technologies et le contrôle qu'elles apportent, donnant des vies bien cadrées, calculées, froides. À l'image de ces vies, le roman de Julia Von Lucadou est maîtrisé. Peut-être trop. Sauter des gratte-ciel n'est pas un livre d'intrigue mais bien de réflexion. Je ne peux pas dire que j'ai passé un mauvais moment en le lisant, mais je n'en ai pas non plus passé un excellent.. C'est intéressant, à défaut d'être palpitant ou enthousiasmant.

Couverture : © Depositphotos / Traduction : Stéphanie Lux
D'autres avis : Lhisbei, Chut maman lit !, ...

vendredi 21 janvier 2022

Vinciane Despret - Autobiographie d'un poulpe et autres récits d’anticipation

Autobiographie d'un poulpe et autres récits d’anticipation, Vinciane Despret, 2021, 126 pages

Autobiographie d'un poulpe et autres récits d’anticipation est un recueil de trois 'nouvelles' composées d'extraits de lettres, de mails et de conférences, éventuellement annotés. Chaque texte traite de sujets liés à la thérolinguistique et à la théroarchitecture. La première évoque les vibrations des araignées, la deuxième les constructions des wombats à partir de leurs excréments quand la dernière enquête sur les aphorismes d'un poulpe. Tout ça vous parait extrêmement déroutant, voire très bizarre ? C'est normal.

En 1974, Ursula Le Guin écrit la nouvelle The Author of the Acacia Seeds and Other Extracts from the Journal of the Association of Therolinguistics - disponible en français sous le titre L'Auteur des graines d'acacia" dans le recueil Les Quatre Vents du désir. Elle y introduit la thérolinguistique, la science qui étudie les langages non-humains. Dans l'univers développé par Vinciane Despret, un futur indéterminé mais à priori assez lointain, la thérolinguistique est sorti du cadre science-fictionnel et est devenu une science normale. Car oui, les langages non-humains sont innombrables - et difficilement imaginables sans une guide comme Vinciane Despret.
«(...) sans oublier ce genre, toutefois considéré comme mineur, qu'est le roman policier historique du coquelicot aux prises avec les produits phytosanitaires. »
C'est bien là tout l'intérêt de ce recueil : sortir des sentiers battus et envisager les choses sous un angle nouveau, avec un regard neuf, loin de nos certitudes. Sur ce point, ça fonctionne très bien., et chaque texte détaille une proposition qui apparait d'abord impossible mais que l'on se met pourtant à envisager peu à peu. C'est bouillonnant et assez fascinant dans sa faculté à brouiller les contours entre la réalité et la fiction, dans une sorte de hard-sciences-naturelles-fiction.

Mais il y a malheureusement un (très gros) bémol : c'est aussi franchement barbant à lire. Malgré un petit mystère dans chaque texte, il n'y a pas vraiment d'intrigues, le format étant plus à la conférence. Des conférences ardues, où l'on ne saisit pas tout et qui ne sont guère palpitantes. Si ça n'avait pas été des nouvelles, je ne crois pas que j'en aurais vu la fin. Intéressant dans le fond mais désagréable sur la forme : il faudrait certainement inventer une nouvelle spécialité scientifique pour déterminer si cela en fait un livre recommandable ou non.

Couverture : ?
D'autres avis : TmbM, ...

lundi 19 octobre 2020

Keigo Higashino - Les Miracles du bazar Namiya

Les Miracles du bazar Namiya, Keigo Higashino, 2012, 371 pages

Après leur méfait, trois voleurs se réfugient dans une vieille boutique abandonnée, le bazar Namiya. Une lettre déposée à travers le rideau métallique va modifier leur soirée, et peut-être leur vie. Ils vont ainsi découvrir une vieille tradition de l'ancien propriétaire qui recevait toutes les demandes de conseil et y répondait, lui aussi par lettre, le plus sérieusement possible. Sauf que cette lettre, et les suivantes, ne viennent pas du présent, mais du passé...

Les Miracles du bazar Namiya est un très bon roman, positif, qui traite notamment de rêves, de décisions cruciales et de résilience - de vies humaines, donc. S'il pourrait laisser croire, après quelques dizaines de pages, qu'il va proposer une trame décousue, il s'avère en fait créer tout un microcosme dans lequel le lecteur se balade avec plaisir.

Auteur connu pour ses polars, Keigo Higashino ne change pas réellement de style ici en proposant très peu de descriptions et une écriture très simple pour une lecture fluide. Surtout, on retrouve bien son genre de prédilection dans la manière qu'ont les sous-histoires qui composent le roman de se lire comme des mini-énigmes. Nulle surprise alors à ce que tout soit admirablement construit et maitrisé et que la boucle soit joliment bouclée une fois la dernière page tournée.

Couverture : CoMix Wave Films Inc. / Traduction : Sophie Refle
D'autres avis : Tigger Lilly, Lhisbei, Chut... maman lit !, Lune, Brize, Yogo, Alias, gepe, Yuyine, Ksidra, ...

Dixième escale, en Asie, pour le #DéfiCortex

lundi 3 décembre 2018

Hugh Howey - Phare 23

Phare 23, Hugh Howey, 2015, 233 pages.
« Et je me dis que jusqu'à ce qu'on arrive à surpasser l'Intelligence Artificielle, la Nasa aura toujours besoin de singes comme nous dans l'espace. Pour prendre ce genre de décisions stupides. »
Milieu du XXIIIème siècle. Le narrateur vit seul dans une balise, dans l'espace, au bord d'un champ d'astéroïdes. Gardien de phare moderne, il doit gérer les imprévus tout en ressassant son passé de soldat.

Le pitch n'est pas forcément des plus enthousiasmants, mais pourquoi pas. Surtout que le démarrage est plutôt actif, au contraire de ce que l'on pourrait imaginer dans l'histoire d'un gardien de phare solitaire. L'intérêt est là dans toute la première moitié, entre plaisir d'observer un phare de l'espace et quelques étrangetés du narrateur.

Et puis ça se tasse. Ce n'est pas mauvais en soi, mais le désintérêt pointe un peu dans la seconde moitié. La lecture n'est pas nécessairement désagréable mais il manque quelque chose d'accrochant, de marquant, de réellement intéressant. Un sentiment qui n'est pas aidé par un cinquième chapitre - ou cinquième nouvelle tant on peut considérer, dans la forme et dans le fond, que Phare 23 est un fix-up de 5 nouvelles - qui est sûrement le plus faible malgré une bonne idée de fond. Reste au final une lecture mitigée sans réellement réussir à cerner les points négatifs.

D'autre avis : Lune, Samuel Ziterman, Yogo, AcrO, ...

jeudi 26 décembre 2013

Keigo Higashino - Un café maison

Un café maison, Keigo Higashino, 2008, 335 pages.

La lecture japonaise du mois de décembre, toujours dans le cadre du Challenge Écrivains Japonais d'Adalana. Ce mois-ci aucun auteur n'est imposé, le choix est libre (et d'autant plus compliqué). Pour boucler la boucle et parce que ma première lecture de l'auteur m'avait donné envie de recommencer, j'ai décidé de rencontrer une nouvelle fois Keigo Higashino.

La Maison où je suis mort autrefois m'avait marqué pour son ambiance très minimaliste et son quasi-huis clos. J'ai encore quelques frissons et un peu d'angoisse rien que d'y penser. Un café maison, ce n'est pas pareil. Même si on retrouve ce côté minimaliste avec finalement très peu d'éléments abordés et aucune "action", tout étant axé sur les détails et l'avancée très petit à très petit, l'ambiance n'est pas au rendez-vous. Je ne trouve qu'un mot pour la désigner : c'est plat. Les personnages n'ont pas de profondeur, j'ai parfois eu l'impression de suivre des robots.

Heureusement, l'histoire tient la route. Kusanagi et Yukawa, un duo déjà apparu dans Le Dévouement du suspect X (que je n'ai pas lu, cela ne gêne rien la lecture de celui-ci), mène l'enquête sur ce qui ressemble à un meurtre parfait. On sait assez rapidement qui a fait le coup, mais il est impossible de comprendre comment et pourquoi il a eu lieu. Même si je ne l'ai jamais lu (à vrai dire cela m'a rappelé que je devais le faire), cela m'a fait penser au Mystère de la chambre jaune (donc peut-être à tort - cette phrase est vraiment d'une utilité toute relative).

On a envie de découvrir la solution de l'énigme et cela porte entièrement le récit. La réponse est globalement satisfaisante. L'histoire va à l'essentiel et ne traite d'aucun détails inutiles ou d'histoires parallèles. Cela permet de rester toujours dans l'expectative d'une avancée et donne un suspense constant. Malheureusement, cela participe aussi d'un manque d'ambiance général et de profondeur. Un bon livre tout de même qui repose sur une ficelle dans une atmosphère bizarre.

samedi 30 novembre 2013

Hiromi Kawakami - Abandons

Abandons, Hiromi Kawakami, 1999, 153 pages.

La lecture japonaise du mois de novembre, toujours dans le cadre du Challenge Écrivains Japonais d'Adalana. Ce mois-ci est consacré à Hiromi Kawakami.

Abandons est un recueil de 8 nouvelles sur le thème... du couple, et plus généralement de l'amour sous toutes ses formes. On pourrait peut-être, en trifouillant un peu les mots, se dire que le thème de l'abandon est présent (les personnages cherchent très souvent à être aimé, et donc à ne pas être abandonner), mais "Abandons" est surtout le titre d'une des nouvelles.

Outre le thème commun, les 8 textes sont comparables pour leur structure : des récits courts (une vingtaine de pages) racontés d'un point de vue interne par une narratrice. Le résultat en est un panorama de situations à la fois toujours différentes et toujours identiques. Deux textes penchent vers le fantastique, les autres sont des instants de vie communs, faisant parfois penser à une photographie. Le tout sent le minimalisme.

Il y avait du potentiel dans ce recueil, mais le plaisir n'a pas été au rendez-vous. Outre quelques histoires franchement bizarres, à la limite d'être mal à l'aise, les autres manquent d'un petit truc pour être bonnes. Dû en grande partie au format très court, il n'y a pas de sympathie pour les personnages et les histoires s'enchaînent, répétitives, sans qu'il se passe véritablement grand chose. À vous donner envie d'abandonner.


Une participation de plus pour le JLNN

mercredi 28 août 2013

Akira Yoshimura - L'arc-en-ciel blanc

L'arc-en-ciel blanc, Akira Yoshimura, 1953-1966, 182 pages.

La lecture japonaise du mois d'août, toujours dans le cadre du Challenge Écrivains Japonais d'Adalana. Ce mois était consacré à Akira Yoshimura. Et comme j'aime souvent le faire pour découvrir un auteur, et qu'en plus cela fera une lecture de plus pour le JLNN de Lune, j'ai lu L'arc-en-ciel blanc, un recueil de nouvelles.

Ce recueil comporte quatre nouvelles, qui partagent globalement le thème de la mort et du deuil. Oui, ce n'est pas vraiment joyeux, et même plutôt sombre. Quoiqu’à bien y réfléchir, ce n'est finalement pas si sombre que ça, vu la difficulté des sujets. Et bien que cela rende la chose encore plus particulière, peut-être que la présence d'enfants ou de jeunes en tant que personnages principaux des récits est un élément qui permet de donner un peu de clarté.

L'arc-en-ciel blanc, outre d'être le titre du recueil, est la première nouvelle. On y suit un jeune couple dans ces premiers mois de cohabitation, où tout ne se passe pas bien puisque la jeune femme semble en retrait, en proie à un malaise. Bien que l'on comprenne rapidement ce qui va se passer, l'auteur parvient à traiter un sujet difficile assez simplement et sobrement, et parvient ainsi à créer de l'empathie pour ce couple. Sobre mais fort.

Un été en vêtements de deuil est l'histoire d'un jeune garçon qui vit avec sa grand-mère qui le rejette, ainsi qu'avec de la famille éloignée remisée au fond de la résidence. La nouvelle est un peu longue dans son milieu où il ne se passe rien d'essentiel (je ne nie pas être passé à côté des réflexions sur le deuil), mais tout cela s'oublie quand on arrive à la fin. Une fin choquante et inattendue, qui ne peut laisser indifférent.

Étoiles et funérailles conte la vie de Jirô, jeune fasciné par les funérailles. A l'image de la deuxième nouvelle, je suis un peu passé à côté du milieu du récit, et des réflexions sur la pauvreté et l'amour familial. Mais une nouvelle fois, la fin est choquante et inattendue, et fait oublier le reste de l'histoire.

Le mur de briques conclut le recueil. On y découvre deux enfants tentant de faire échapper un cheval d'un centre d'expérimentations pharmaceutiques. La naïveté et la simplicité du regard des deux enfants permet une histoire touchante, remplie de rêves et d'espoirs. La conclusion est de nouveau inattendue, à la fois dure et belle.

Je me rends compte en écrivant cette chronique qu'avec un peu de recul j'ai plus apprécié ce recueil que je ne le croyais en le refermant. Akira Yoshimura arrive à traiter de sujets durs et tristes avec une sorte de sobriété et de simplicité, aidé en cela par ses personnages jeunes, ce qui donne de la justesse à ses histoires. De plus, il sait parfaitement utiliser l'une des forces de la nouvelle : un dénouement surprenant. Impossible de rester indifférent à la lecture de ces histoires, même si l'on ne sait pas quoi penser. Oh, si, il faut penser à une chose : refermer la bouche et recommencer à respirer.


mercredi 3 avril 2013

Yōko Ogawa - La formule préférée du professeur

La formule préférée du professeur, Yōko Ogawa, 2003, 247 pages.

Le mois de mars est terminé, mais j'inclus tout de même cette lecture dans le cadre du Challenge Écrivains Japonais d'Adalana, en tant que troisième pierre de mon triptyque Yōko Ogawa. Parce que oui, même si mes deux premières lectures de recueils de nouvelles (Le réfectoire un soir et une piscine sous la pluie et La mer) ne m'ont pas emballé, j'ai persisté dans mon idée, et j'ai lu La formule préférée du professeur. En espérant qu'un roman saura plus me satisfaire.

Pourquoi ce roman ? Et bien, parce qu'il fallait choisir. Et je crois que j'en avais déjà vaguement entendu parler (ou lu quelqu'un en parler, plus vraisemblablement), le titre ne m'était pas inconnu. Après un coup d'oeil à la quatrième de couverture (qui est diablement complète), je fus suffisamment intrigué pour avoir envie d'en savoir plus. A raison. C'est beau. C'est dur et c'est beau. Je ne sais pas quoi dire de plus.

Le livre tourne autour de trois sujets principaux : la maladie du professeur, les mathématiques et le baseball. Ça ne fait pas forcément rêver, mais ces deux derniers sont traités de manière à être compris par le plus grand monde (peut-être un peu moins pour le baseball, mais les détails sont peu importants pour comprendre le sens global). Je ne vais pas aller jusqu'à dire que cela nous fait aimer les mathématiques et que tout devient clair. Mais quand même, on voit les choses un peu différemment. Le sujet est très bien amené (tout est question d'approche) et bien plus sympa et beau qu'il peut y paraître au premier abord.

Mais l'essentiel reste la maladie du professeur, qu'on va être amené à comprendre plus concrètement au fil des pages. Une augmentation de notre compréhension de l'horreur de la situation qui va aller de pair avec une hausse de notre empathie pour ce professeur. Ainsi que pour cette aide-ménagère et son fils qui lui deviennent dévoués. On suit leurs vies, et on les sent vivants, réels. Et on ressent des choses (enfin ! je le savais qu'Ogawa était capable de faire passer des sentiments).

Je le vends très mal (encore plus que d'habitude), mais c'est un livre à lire. Il n'est pas très long, juste comme il faut. Entre joie et tristesse, une belle histoire d'amitié intergénérationnelle. Du concret saupoudré d'une touche de poésie, sur tous les sujets.

dimanche 31 mars 2013

Yōko Ogawa - La mer

La mer, Yōko Ogawa, 2006, 149 pages.

Une nouvelle lecture dans le cadre du Challenge Écrivains Japonais d'Adalana, où le mois de mars est consacré à Yōko Ogawa. Après Le réfectoire un soir et une piscine sous la pluie, c'est ma deuxième lecture d'Ogawa, après une première mitigée mais teintée d'espoir. Une nouvelle fois il s'agit d'un recueil de nouvelles, 7 précisément (et donc des nouvelles plutôt courtes). Pas forcément rassurant quand on se souvient qu'un des problème du premier recueil était le non-décollage des histoires (oui, j'ai le droit de dire "non-décollage"), mais ne jugeons pas avant de lire.

Un recueil de nouvelles tire très souvent son titre de la première ou de la dernière nouvelle qui le compose. Je ne sais pas si c'est une règle implicite ou si je me fais juste des idées, mais c'est ce que j'ai remarqué... Ici, le titre provient de la première nouvelle : La mer. Hum. Il n'y a pas d'évocation de la détresse ou de l'Allemagne (deux éléments trouvés dans les deux premières nouvelles que j'avais lu...). Je ne dirai rien d'autre, je me laisse de l'espoir et je passe à la suite.

J'ai raison : Voyage à Vienne remonte le niveau. Est-ce juste l'ajout d'un élément de surprise ? Pas totalement, il me semble l'avoir apprécié avant le dénouement. Poursuivons avec Le bureau de dactylographie japonaise "Butterfly" : un récit assez mystérieux sur les mots, mais où mon occidentalisme m'a fait, à mon avis, perdre une partie de sa saveur. Et la fin m'a mis plutôt mal à l'aise... Mitigé. S'en suivent Le crochet argenté et Boîtes de pastilles, faisant respectivement 3 et 2 pages. Je n'ai absolument rien ressenti.

La lecture est pour le moment en demi-teinte, mais il reste deux nouvelles : Le camion de poussins et La guide. Enfin des histoires avec un peu de fond, et où on ressent quelque chose. C'est un peu mon problème récurrent avec Ogawa jusqu'à maintenant : je ne saisis pas ce que l'auteure veut faire passer. Ça me parait souvent plat et sans intérêt. Et pourtant, dans un genre approchant, des histoires du quotidien de personnages normaux, j'aime énormément ce que fait Haruki Murakami. Est-ce le grain de folie et d'absurde de Murakami qui fait la différence ? Je ne saurais dire, surtout que ces deux dernières nouvelles m'ont plu, sans avoir cet accent murakamiesque (ou murakamien, c'est vous qui voyez).

Au final, je suis vraiment partagé, il y a du bon et du moins bon. Peut-être trouverai-je plus à mon goût ce potentiel dans un récit de taille plus longue ? C'est ce qu'on verra prochainement, puisque mon triptyque Yōko Ogawa se terminera par un roman.

vendredi 29 mars 2013

Yōko Ogawa - Le réfectoire un soir et une piscine sous la pluie

Le réfectoire un soir et une piscine sous la pluie, Yōko Ogawa, 1991, 110 pages.

Une lecture dans le cadre du Challenge Écrivains Japonais d'Adalana. Le mois de mars était consacré à Yōko Ogawa, romancière japonaise (la répétition c'est pour être sûr que tout le monde suit). Il est temps de publier cette chronique me direz-vous, le mois est presque terminé... C'est vrai. Mais il était surtout temps de commencer à lire du Yōko Ogawa, puisqu'en ce matin du 29 mars, je n'avais rien commencé (non pas que je n'ai rien lu d'autre, mais vous savez ce que c'est, on se dit qu'on a bien le temps de lire celui-ci avant celui-là, et au final, on est un peu juste...). Bref, pour moi qui comptait faire un petit triptyque de lectures concernant Ogawa, cela semblait mal engagé. Mais rien n'est encore joué.

Pourquoi commencer par Le réfectoire un soir et une piscine sous la pluie ? Pour trois raisons : il faut bien débuter quelque part ; ce sont des nouvelles, et ça peut être pas mal pour se faire un petit avis ; le livre fait 110 pages (oui, j'ai assuré...). Et encore, 110 pages dans un format où tiennent 7 mots sur chaque ligne... Bref, peu de pages, et pourtant deux nouvelles : Le réfectoire un soir et une piscine sous la pluie (un titre bien pratique pour faire du remplissage) et Un thé qui ne refroidit pas.

La première nouvelle, dont-je-ne-rappellerai-pas-le-nom-parce-qu'il-est-long-quand-même, a un titre étonnamment explicite. Lisez le premier paragraphe de la quatrième de couverture, et vous saurez tout. Sauf pour la mélancolie qui s'installe, parce qu'honnêtement, non, j'ai pas trouvé... J'ai un peu de mal à exprimer ce que j'ai ressenti, mais dans l'ensemble cela équivaut à penser que l'histoire ne décolle pas. J'ai rien contre le fait de raconter un moment anodin, pour essayer de faire passer des sentiments notamment, mais là ça ne prend pas, ça reste plat, au niveau de l'anecdote.

Pour la deuxième nouvelle, même chemin, lisez le deuxième paragraphe de la quatrième de couverture. Un peu plus de mystères et d'histoires dans celle-ci. Mais de la même manière, je ne vois pas en quoi cela bascule dans l'absurde. En fait, je ne vois pas dans trop dans quoi cela bascule. Il y a pourtant quelques pistes, des possibilités d'idées sur la mort, la routine, les livres, ... Mais tout tombe à l'eau avant de prendre de l'ampleur. On se retrouve au final avec quelque chose dont on ne sait pas quoi penser ou comprendre, et où il n'y a pas cette pointe de poésie et de beauté qu'est capable de dégager un Murakami.

Mais je réserve ma comparaison avec Haruki Murakami pour une future chronique, après en avoir lu un peu plus. A l'heure actuelle, après cette première plongée avec Yōko Ogawa, je ne suis pas convaincu, mais je sens qu'il y a du potentiel. A suivre.

samedi 26 janvier 2013

Keigo Higashino - La Maison où je suis mort autrefois

La Maison où je suis mort autrefois, Keigo Higashino, 1994, 254 pages.

Une lecture faite dans le cadre du Challenge Écrivains Japonais d'Adalana, qui permet de découvrir chaque mois un auteur japonais différent. Ma connaissance de la littérature japonaise se limitant aux mangas, c'est un bon moyen de pallier ce manque. Le mois de janvier étant consacré à Keigo Higashino, je me suis essayé à La Maison où je suis mort autrefois, l'un de ses trois livres traduits en français.

Cela faisait quelques temps que je n'avais pas lu de polar. Encore moins un de ce genre (l'avais-je déjà fait ?). Nous ne sommes pas dans un roman bourré d'actions et d'aventures, où tout s'enchaîne sans nous laisser le temps de reprendre notre souffle. Non, ici, seulement deux personnages (physiquement présents) et, globalement, un lieu, une maison.

J'ai eu un peu peur d'une mauvaise ambiance "film d'horreur", d'un huis-clos oppressant. Pas du tout. Pas de monstres sortant des placards, juste des souvenirs et un passé oublié. Ce qui n'en est pas moins stressant (dans le bon sens). On rentre complètement dans cette maison, on l'imagine, on la visualise. Là est le gros point fort : l'immersion dans une atmosphère toute particulière.
Ajoutez à cela des personnages pas tout à fait lisses, et une intrigue qui se dévoile petit à petit (j'ai plusieurs fois cru comprendre certains éléments en avance... en fait non), et vous obtenez un bon moment à passer.

Pour finir, un dernier élément : la crédibilité. Forcément relative quand il s'agit d'un roman, mais tout de même, l'histoire se tient bien, et on n'a pas vraiment d'éléments sortis de nulle part. Ça laisse toujours un meilleur goût en bouche.