La Faim du tigre, René Barjavel, 1966, 215 pages.
La Faim du tigre n'est pas un roman. C'est un essai sur la condition humaine. Son titre est extrait d'une citation de Charles-Louis Philippe, citation qui donne bien le ton et la thématique de l'essai de Barjavel :
« La faim du tigre est comme la faim de l'agneau. C'est la faim naturelle et implacable, mais douloureuse, de vivre. C'est cet appétit insatiable de provoquer ou d'endurer l'atrocité au quotidien, pour perdurer, toujours, ce sinistre théâtre où s'illustrent souffrances, crimes, terreur et esclavage, auxquels seule la Mort peut mettre fin. La Faim du tigre, c'est enfin et surtout la recherche rageuse de la raison pour laquelle, dans un cynisme sordide, ce sont la grâce, la beauté, l'innocence et l'amour, qui ont été choisis pour rythmer cette tragédie. »
Pas de récit politique ici mais un monologue sur les raisons de la vie humaine et sur son apparition, avec comme point d'orgue la recherche du "Créateur" et la redéfinition du terme "Dieu" à une entité primaire non galvaudée par les religions. C'est purement philosophique et métaphysique, et c'est pourtant facile d'accès et grand public grâce à un style très imagé et limpide, accompagné de nombreux exemples et phrases qui font mouche.
De par l'objectif initial du livre et pour quelques idées, je ne peux pas dire que j'ai apprécié ma lecture et que je la recommande. Pour autant, ça reste agréable à lire dans sa grande majorité, il y a de l'intelligence et de belles démonstrations dans un phrasé percutant. Barjavel se fait plaisir et ça se ressent. Un livre bien particulier, étonnant et détonant.
« Coupez en deux un petit ver flamaire, sa tête va reconstituer une queue, et sa queue une tête, et vous aurez deux vers. Essayez d'en faire autant avec un caniche... »