BBC Two, 2013-en cours, 2 saisons, 12 épisodes de 60 minutes.
Birmingham, 1919. De retour de France et de la guerre, la famille Shelby, régnant sur une bande de gangsters, est bien décidée à asseoir son pouvoir sur la ville et à agrandir ses richesses. Sous la direction des trois frères Shelby, en particulier de l'ambitieux Tommy Shelby, ils devront entrer en lutte face aux autres factions en place et échapper à l'inspecteur Chester Campbell, de retour d'Irlande, envoyé par Churchill lui-même pour nettoyer la ville.
Bien que prenant de grandes libertés avec la réalité, en premier lieu avec les dates (le gang semble avoir connu son heure de gloire pendant la fin du XIXème siècle), les Peaky Blinders sont un groupe ayant véritablement existé. Leur nom, les visières aveuglantes, vient de leurs casquettes typiques comportant des lames de rasoirs cachées dans leurs visières, leur permettant d'aveugler leurs ennemis par un coup de tête ou par une utilisation manuelle. Ces casquettes sont omniprésentes à l'écran, très caractéristiques et fortement reconnaissables. Avec le reste des tenues, et le décor, elle donne un vrai cachet historique à l'ambiance.
Pour autant, Peaky Blinders n'est pas à proprement parler une série historique. Pas seulement en tout cas. Elle n'en prend que les meilleurs côtés, l'atmosphère, la patine, pour apposer dessus une histoire riche en rebondissements et en actions, où intrigue et personnages se partagent à égalité l'intérêt du visionnage.
Car, qu'ils reviennent de la guerre ou non, les personnages sont torturés et cherchent à se (re)construire. Tommy Shelby, porté par l'épatante sobriété de Cillian Murphy, porte toute la détresse du monde dans son regard. Au contraire de lui, son frère Arthur (Paul Anderson) est l'excentricité et l'extravagance même, bien aidé par la bouteille qui lui tient souvent compagnie. À leurs côtés, le petit John (Joe Cole) semble en retrait, éloigné, pas à sa place, soulignant encore plus les forts caractères de ses frères. Du côté des antagonistes, le détestable Chester Campbell (Sam Neill) est formidable d'antipathie. Les personnages féminins ne sont pas en reste et ne sont pas que des faire-valoir. Polly Gray (Helen McCrory), la tante de Tommy, a tenu les affaires pendant que les hommes étaient à la guerre et compte bien continuer à tenir la famille. Mais l'éclat vient de Grace Burgess, joué par l'éblouissante Annabelle Wallis, qui s'avérera être bien plus qu'une simple demoiselle en détresse.
Peaky Blinders est une excellente série à tous les points de vue : intrigue, personnages, acteurs, rythme. Même si elle peut demander un petit temps pour s'adapter et se mettre à pleinement l'apprécier (elle gagne en puissance au fil des épisodes), elle maîtrise pleinement la science d'être intéressante même dans ses moments de lenteur et de transition.
Et, cerise sur le gâteau, c'est une série "rock". La bande originale est totalement anachronique (Nick Cave, White Stripes, Raconteurs,...) mais offre un côté vivifiant et punchy qui colle idéalement à l'esprit de la série. Le générique sera d'ailleurs surement la citation la plus évidente qui vous restera à l'esprit :
♫ « On a gathering storm comes a tall handsome man in a dusty black coat with a red right hand. » ♫
Depuis jeudi dernier, la saison 1 est diffusée sur Arte. À ne pas louper !