vendredi 25 avril 2025

Keigo Higashino - Mondes parallèles, une histoire d’amour

Mondes parallèles, une histoire d’amour, Keigo Higashino, 1995, 333 pages

Takashi travaille chez Bitech, une entreprise spécialisée dans la réalité virtuelle, en compagnie de son ami Tomohiko. Un jour, ce dernier lui présente Mayuko, sa petite amie, dont il tombe amoureux. Le lendemain, Takashi et Tomohiko travaillent toujours chez Bitech mais c'est Takashi qui est en couple avec Mayuko.

Mondes parallèles, une histoire d’amour démarre comme une uchronie personnelle, avec une réalité où Takashi est en couple avec Mayuko et une réalité où il ne l'est pas. Et le titre oriente totalement le lecteurice à y penser ainsi. Mais le fait que Keigo Higashino est avant tout un auteur de polar et que les protagonistes travaillent dans le domaine de la mémoire et des souvenirs sont deux gros indices qu'il se cache en fait quelque chose derrière cette 'réalité', finalement bien plus thriller (assez plat) qu'uchronie.

L'autre élément important du titre, c'est "une histoire d'amour". C'est bien ce qui est au coeur du récit, un triangle amoureux qui n'est vraiment pas bon. Au-delà de mon désamour pour le genre, Takashi est un personnage égoïste et antipathique, ce qui ne crée aucune compassion pour sa situation. Mais le plus dérangeant, c'est sa relation à Mayuko, ponctuée d'une scène d'un autre temps qui ne peut plus passer en 2025. Si je comprends que certains choix sont faits pour les besoins de l'intrigue, ce ne peut pas être une excuse ici tant il y avait très facilement d'autres moyens pour arriver au même résultat.

Mondes parallèles, une histoire d’amour est incontestablement le moins bon roman de Keigo Higashino que j'ai pu lire. L'idée de base est bonne et a du potentiel mais sa réalisation me laisse plus que dubitatif. Ça me rend d'autant plus triste que j'adore l'auteur. Vu le nombre de ses romans encore non-traduits, je m'étonne que celui-ci ait été choisi. Ne vous y trompez pas : lisez Keigo Higashino, mais évitez celui-ci.

Couverture : Kanda Tangtrongchitr / Traduction : Sophie Refle
D'autres avis : Le nocher des livres, ...

samedi 19 avril 2025

Régis Goddyn - Le Sang des 7 Rois : Livre Sept

Le Sang des 7 Rois : Livre Sept, Régis Goddyn, Tome 7/7 du Sang des 7 Rois, 2016, 430 pages

Après les premier, deuxième, troisième, quatrième, cinquième et sixième tomes, voici venue l'heure de la conclusion pour Le Sang des 7 rois. Avec un tome globalement dans la lignée de son prédécesseur direct, c'est-à-dire à la fois dans une tranquille continuité sans grande surprise mais avec pourtant d'énormes bouleversements.

Ce qui est pratique, c'est que mon avis sur cet ultime livre correspond assez bien à mon avis sur l'ensemble de la série. Le point le plus flagrant, et peut-être le meilleur résumé des deux, c'est qu'ils comportent plein de qualités et plein de défauts. Qui se rapportent d'ailleurs le plus souvent aux mêmes éléments, comme si tous les choix faits par Régis Goddyn sont à la fois appréciables et critiquables, sans que l'un ne prenne réellement le pas sur l'autre. Entendons-nous bien : on ne lit pas près de 3000 pages sans que le positif soit supérieur au négatif. Mais si je devais résumer mon sentiment global, ma réponse la plus honnête serait : je ne sais pas.

Ce que je sais c'est que Régis Goddyn a le mérite d'aller au bout de ses idées et de son projet pour proposer quelque chose d'assez radical et unique. À tel point que, au-delà de mon paragraphe précédent, je ne sais pas du tout à qui cette série est conseillable et je serais assez curieux de connaître les retours que sa fin a pu susciter. Qu'on apprécie ou non cette évolution, le fait de proposer quelque chose de différent est en tout cas respectable. Ça ne compense pas totalement le manque d'émotion et de tension dramatique que j'ai pu ressentir alors que les évènements ont tout pour être marquants vu leur ampleur, ni mon doute concernant certains choix, mais je dois lui reconnaître un certain côté fun quand on se détache de ces préoccupations. Le Sang des 7 Rois n'aura pas eu ce côté 'wahou' qu'il aurait dû avoir, mais il aura tout de même été une bonne aventure.

Couverture : Yann Tisseron
D'autres avis : ...

dimanche 13 avril 2025

Wendy Delorme - Viendra le temps du feu

Viendra le temps du feu, Wendy Delorme, 2021, 252 pages

Viendra le temps du feu prend place dans une dystopie tout ce qu'il y a de plus classique : les frontières sont fermées, la population est contrôlée, la parole n'est pas libre, ... C'est cette société que présente le roman, par la voix de plusieurs narratrices tentant d'y survivre voire d'y résister, pour la plupart issue d'une ancienne communauté de femmes qui vivait à ses abords avant d'être éradiquée.

Le mot-clé est "présente". Il n'y a pas réellement d'intrigue dans ce roman, pas de destination claire et concrète, au-delà de la croisée des chemins des personnages. Viendra le temps du feu est surtout une grande exposition d'une dystopie bien trop crédible. Et comme souvent dans les dystopies, l'important n'est pas la dystopie en elle-même mais la résistance qui s'y oppose, à base ici de sororité, de livres et de mémoire.

Il m'a manqué quelque chose pour être vraiment transporté par le roman, pour qu'il décolle et ne reste pas juste au stade de l'exposition. J'en ressors malgré tout avec un sentiment assez positif. Parce que c'est un ouvrage très respectable dans ce qu'il raconte et parce que l'écriture est accrocheuse, ayant cette capacité à rester fluide tout en étant teintée de poésie.
« Souvent, c'est moins le sens des mots qui rend pleinement ce qu'ils tentent de décrire, que le rythme qu'ils prennent à l'oreille qui entend, sans même qu'on les prononce. Car les mots qu'on écrit présentent ceci d'étrange qu'ils s'égrènent en musique résonnant seulement pour l'être qui les lit. Et c'est cette musique silencieuse et secrète qui dessine le mieux la forme de ce qu'ils disent. »
Couverture : Karine Rougier
D'autres avis : Yuyine, Zoéprendlaplume, Shaya, ...

lundi 7 avril 2025

Margaret Killjoy - L'Agneau égorgera le lion

L'Agneau égorgera le lion, Margaret Killjoy, Tome 1/? de Danielle Cain, 2017, 132 pages

Danielle Cain débarque à Freedom, une ancienne ville délabrée où vit désormais une communauté anarchiste. Elle est à la recherche de réponses sur ce qui a pu pousser son ami Clay, ancien citoyen de Freedom, à se suicider. Sa quête commencera par la découverte d'Uliksi, un cerf rouge à trois bois qui rend la justice et est suivi par un cortège d'animaux morts-vivants.

La première qualité de L'Agneau égorgera le lion, c'est de parvenir à rendre ce pitch parfaitement normal et logique dès les premières pages. Ça fait bien lever un sourcil à la première mention d'Uliksi - voire un deuxième à la vue de la vitesse d'intégration de l'héroïne, même si cela peut se justifier - mais il se rebaisse très rapidement tant cela laisse immédiatement place à une très bonne histoire fantastique, simple et efficace, à l'intrigue resserrée mais qui n'a aucun goût de 'pas assez'.

Mais ce qui fait passer la novella dans une autre dimension et lui donne tout son intérêt, c'est que cette part fantastique n'est pas juste là pour faire jolie, elle sert un propos. Avec tact et par petites touches, L'Agneau égorgera le lion questionne les fondements de la liberté, du pouvoir et de la justice. Elle traite d'anarchisme en somme, sans tomber dans le dithyrambique ou le prosélytisme. C'est donc tout autant une bonne base de réflexion qu'une plaisante histoire à lire, ce qui est globalement la définition d'une excellente novella.

Couverture : Anouck Faure / Traduction : Mathieu Prioux
D'autres avis : Vert, Yuyine, Le nocher des livres, Boudicca, Célinedanaë, ...

mardi 1 avril 2025

Bulles de feu #72 - Mars 2025

Un petit récapitulatif de mes lectures BDs/mangas/comics du mois, pour en garder une trace.
Le classement est absolument imparfait, insatisfaisant et un peu aléatoire mais peut donner un ordre d'idée. Les avis sont (ultra)brefs, n'hésitez pas à demander un complément d'informations en commentaire si nécessaire.

Mouais


Deep It, "Deep" T.2/? - Marc-Antoine Mathieu

La suite du très marquant Deep Me. Sauf que ça ne reprend pas le côté fascinant du premier, seulement son aspect philosophique entrevu dans la conclusion et qui m'avait moins plu. Ce n'est pas mauvais mais ce n'est pas pour moi, j'ai trouvé ça assez vain.
Bien / Ok / Correct


Le Bateau de Thésée T.3-7/10 - Toshiya Higashimoto

Une bonne série, pas extraordinaire mais prenante et qui se lit toute seule. Malheureusement le fort potentiel laisse de plus en plus place a un côté assez artificiel.


Demeus Lor - Lewelyn et Sylvain Guinebaud

Un petit tome spin-off de l'excellente série Les 5 Terres prenant place entre les cycles 2 et 3. C'est tout à fait correct mais son format plus réduit fait que ça n'a pas l'ampleur et l'impact de la série principale.


Slam Dunk T.3-5/20 - Takehiko Inoue

Ça serait toujours mieux en pur manga de sport mais l'aspect "bastons lycéennes" a le mérite de faire sens dans cette partie. Le seul bémol c'est l'excentricité du héros, lassante et énervante.


Vagabond T.7-10/37 - Takehiko Inoue

Un manga de pur combat avec aussi peu d'actions et de mouvements et pourtant tellement de tension et d'intensité, c'est quelque chose d'assez unique.
Très bien

Au loin, une montagne - Chongrui Nie

Un très bon récit autobiographique où l'auteur retrace quelques moments marquants de sa jeunesse en tant qu'ouvrier dans la campagne chinoise. Ça parle d'amour de la montagne et de la nature mais surtout des affres de la Révolution culturelle, le tout dans un style crayonné beau et puissant, particulièrement dans les grands paysages magnifiés par le format à l'italienne.