lundi 6 janvier 2014

L.C. Tyler - Étrange suicide dans une Fiat rouge à faible kilométrage

Étrange suicide dans une Fiat rouge à faible kilométrage, L.C. Tyler, Tome 1 d'Elsie & Ethelred, 2007, 229 pages.
« Il y a une différence majeure entre la fiction et la vraie vie. La fiction doit être crédible. »
Ai-je besoin d'expliquer pourquoi ce livre m'a attiré ? Quand j'ai lu ce titre chez Adalana, la question de savoir de quoi il s'agissait était presque superflue. À noter que ce titre est une totale invention de la version française, pour compenser un jeu de mots intraduisible (The Herring Seller's Apprentice en VO, puis une déclinaison sur "Herring" dans les tomes suivants). Un tel titre implique deux choses : il va attirer les gens mais il va aussi augmenter leurs attentes. Un risque donc. Un risque réussi.

Avant tout, ce roman, au titre beaucoup trop long pour être utilisé comme sujet d'une phrase, est un hommage au polar classique, symbolisé entre autres par Agatha Christie. Par l'intermédiaire d'Ethelred puis d'Elsie, les narrateurs, L.C. Tyler s'amuse des codes du genre, les détaillant et les moquant juste avant de les utiliser à son tour. Pas de méchanceté ici, l'esprit est bon enfant et respectueux, avec un tas de références aux anciens.

Mais derrière l'hommage parodique se cache un véritable polar. Bien ficelé, il atteint exactement son but : qu'on le résolve juste avant la fin, après avoir passé un bon moment à imaginé des tas de solutions. L.C. Tyler qualifie lui-même son style de "cosy crime" : pas de sang, pas de violence, pas d'insulte, c'est simple, "gentil" et globalement "traditionnel".

Outre le mystère réussi et l'hommage bien mené, la qualité du livre vient de son humour. Il vient à la fois, comme dit plus haut, de la moquerie des ficelles du genre, mais aussi des dialogues et réflexions (avec un beau lot de citations à copier !) qui ont ce côté absurde à l'anglaise, avec un ton sans rupture par rapport à l'ensemble. Et puis, l'auteur en profite pour égratigner un peu tout l'univers du livre : auteurs, éditeurs, agents et lecteurs en prennent pour leurs grades.

Au final, ce livre est une excellente découverte. Un bon polar agrémenté d'un bel hommage au genre. Le ton est moqueur et drôle, mais sans jamais se départir d'une forme de respect et de tendresse pour l'objet moqué. Un moment agréable à passer dans une ambiance cosy.
« Il serait injuste de laisser croire que mon père n’était rien d’autre qu’un universitaire raté. Bien qu’il ait eu moins de temps à y consacrer, son échec dans le domaine politique était tout aussi et infiniment plus humiliant à la fois pour lui et pour sa famille. »

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