jeudi 30 octobre 2025

Arkadi et Boris Strougatski - Il est difficile d'être un dieu

Il est difficile d'être un dieu, Arkadi et Boris Strougatski, 1964, 219 pages

Dans le royaume d'Arkanar, Don Roumata est un riche aristocrate, craint de tous, vivant tant dans les hautes sphères que dans les bas-fonds. Mais derrière cette façade se cache en fait un Terrien en mission d'observation avec d'autres de ses semblables. D'un niveau technologique bien supérieur, ils ont pour consigne de ne pas interférer dans l'évolution du monde, même quand le régime se fait de plus en plus dictatorial et terrifiant.

À défaut d'avoir lu la quatrième de couverture, il faut un bon tiers du roman pour réussir à comprendre la situation présentée ci-dessus. Ce premier tiers est particulièrement flou et incompréhensible, au point de m'avoir fait hésiter à arrêter ma lecture ou à la continuer en diagonale. Cela s'améliore par la suite, un peu, notamment parce que la narration est plus concentrée et suivie, avec un semblant d'objectif pour le héros. Mais ça n'est pas pour autant enthousiasmant, l'intrigue restant très limitée.

Plus qu'un roman en tant que tel, Il est difficile d'être un dieu tient plutôt du conte philosophique. Les auteurs y décrivent la mise en place d'un système fasciste et développent quelques réflexions sur la manière de gouverner un peuple. Ce n'est certainement pas inintéressant à analyser d'un point de vue intellectuel, encore plus quand on remet le livre dans son contexte d'écriture, l'URSS en 1964, mais c'est plus compliqué d'un point de vue purement romanesque. C'est un peu tout le paradoxe : je crois que j'aurais été bien plus intéressé par la lecture d'un article le décryptant que par la laborieuse lecture du roman en lui-même.

Couverture : Lasth / Traduction : Viktoriya Lajoye & Bernadette du Crest
D'autres avis : Gromovar, ...

vendredi 24 octobre 2025

David Bry - La Princesse au visage de nuit

David Bry, La Princesse au visage de nuit, 2020, 355 pages

Hugo est de retour dans son village natal pour l'enterrement de ses parents. Cela fait vingt ans qu'il n'y est pas venu. Vingt ans depuis qu'il fut retrouvé seul dans la forêt, sans souvenirs de cette nuit d'orage. Vingt ans depuis la disparition de ses deux amis. Vingt ans depuis que la princesse au visage de nuit a bouleversé sa vie. Vingt ans qui vont revenir le hanter comme si c'était hier.

La Princesse au visage de nuit est un polar fantastique qui reprend tous les codes de l'enquête dans un petit village de campagne, avec ses habitants qui se connaissent tous, ses secrets bien gardés depuis longtemps et ses légendes surnaturelles. Le 'cahier des charges' est totalement respecté et David Bry propose un récit très bien mené, aux personnages cabossés et à l'ambiance grise et pluvieuse, qui se lit tout seul.

Mon seul petit bémol provient de la dimension fantastique du roman. Je ne peux pas lui reprocher d'exister puisque c'est un aspect explicite dès le départ. Et qui fonctionne indéniablement bien, cela apporte une tension et un mystère qui vont très bien avec le reste de l'histoire. Mais je ne peux pas m'empêcher de trouver que ça apporte un peu trop de "facilités" sur la résolution de l'intrigue, que je n'ai pas trouvé très satisfaisante. J'en suis peut-être le seul responsable : au contraire de ce que j'en disais plus haut et pour l'apprécier pleinement, il ne faut pas lire La Princesse au visage de nuit comme un polar fantastique mais bien comme un conte fantastique.

Couverture : François-Xavier Pavion
D'autres avis : L'ours inculte, Yuyine, Sometimes a book, Zoéprendlaplume, Célinedanaë, ...

samedi 18 octobre 2025

Chloé Chevalier - Le Sans-Soleil

Chloé Chevalier, Le Sans-Soleil, Tome 2/2 de Loin des îles mauves, 2024, 477 pages

Le Sans-Soleil reprend dans la continuité directe de La Sans-Étoiles. On y retrouve la même petite bande de personnages, naviguant tant entre les îles mauves et l'Empire qu'entre leurs désirs personnels et leurs aspirations à une réussite collective.

Le premier tome avait été une très belle surprise. Ce second volume n'en est pas une, il est encore mieux. Parce que cette fois j'avais des espoirs et des attentes. Et Le Sans-Soleil fut totalement à leur hauteur, si ce n'est encore plus haut. J'ai adoré de la première à la dernière ligne.

De la même manière que l'histoire reprend là où La Sans-Étoiles s'arrêtait, toutes les qualités du premier livre reviennent elles aussi exactement comme précédemment. Avec trois d'entre elles particulièrement saillantes : les personnages si attachants, le mélange parfait entre l'intrigue de premier plan et les réflexions socio-politiques en filigrane, le rythme général du roman. C'est ce dernier qui m'a peut-être le plus (agréablement) surpris ici. Tout le roman est une grande marche en avant, avec très peu d'échecs ou de régressions, sans pourtant jamais donner l'impression d'être facile ou évident, laissant au contraire planer tout du long une ambiance assez dure et violente.

Cela correspond finalement assez bien au résumé plus global que l'on peut faire de ce diptyque : c'est un récit d'équilibre. À la fois sombre et lumineux, à la fois engagé et en retrait, à la fois collectif et individuel, ... Et l'équilibre est parfait sur tous les points, très intelligemment dosé par Chloé Chevalier. « Hé ! Ho ! Adieux mes Gingeolines ! » dit la chanson. Je leur dis adieu oui, mais je leur conserve une belle place dans mon esprit et dans mon coeur.

Couverture : Lucille Clerc
D'autres avis : Xapur, ...

dimanche 12 octobre 2025

Luis Sepúlveda - Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler

Luis Sepúlveda, Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler, 1996, 119 pages

Au large du port d'Hambourg, Kengah, une mouette, se retrouve piégée par une marée noire. À l'agonie, elle parvient tout de même avec ses dernières forces à atteindre la terre ferme. Elle y atterrit sur un balcon où elle rencontre le chat Zorbas, à qui elle confie son dernier oeuf, lui demande d'en prendre soin et de lui apprendre à voler.

Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler est un petit conte très simple dans son déroulé et dans son écriture. Parfaitement adaptée à un jeune public, c'est une nouvelle qui ne casse pas trois pattes à une mouette mais qui est tout à fait plaisante à lire et ce peu importe son âge. C'est une gentille et mignonne histoire avec des personnages charismatiques et un final plein d'émotions. Une sympathique petite friandise.

Couverture : ? / Traduction : Anne-Marie Métailié

lundi 6 octobre 2025

Bulles de feu #78 - Septembre 2025

Un petit récapitulatif de mes lectures BDs/mangas/comics du mois, pour en garder une trace.
Le classement est absolument imparfait, insatisfaisant et un peu aléatoire mais peut donner un ordre d'idée. Les avis sont (ultra)brefs, n'hésitez pas à demander un complément d'informations en commentaire si nécessaire.

Mouais


Mascarade, Batman DC Renaissance T.7/9 - Scott Snyder, James Tynion IV et plein de dessinateurices

Encore plus que les autres tomes, juste un enchainement d'actions - à tendance glauque - et de 'toujours plus' qui ne donne pas de raison de s'investir dans le récit.
Bien / Ok / Correct


Thunder 3 T.4-5/? - Yuki Ikeda

Ça tourne un peu en rond et en pur manga d'action, sans grande histoire, c'est dommage. À noter que l'auteur cite "Gantz" dans un avant-propos et l'influence me parait maintenant évidente.


Thermae Romae T.4/6 - Mari Yamazaki

Une lecture plus aérée que les premiers tomes, avec une histoire ayant plus de continuité et jouant plus sur l'humour avec le décalage entre passé et présent.
Très bien


Ajin T.11-12/17 - Gamon Sakurai

Est-ce que l'histoire est complexe et poussée ? Non. Est-ce que c'est extrêmement efficace dans son genre ? Oui.


Hirayasumi T.7-8/? - Keigo Shinzô

Entre le bien et le très bien, c'est de la pure tranche de vie qui par je ne sais quel miracle ne tombe pas dans le trop plan-plan alors qu'il ne s'y passe pas grand chose.


Blue Period T.16/? - Tsubasa Yamaguchi

Encore un très bon tome, l'autrice a trouvé son rythme de croisière et le dosage parfait entre un récit entraînant et une réflexion philosophique/artistique, entre le concret et le technique.


Asadora ! T.9/? - Naoki Urasawa

Est-ce que l'histoire avance ? Pas vraiment. Est-ce que c'est toujours aussi plaisant de suivre les personnages, comme dans une bonne série télé ? Totalement.


Evol T.6/? - Atsushi Kaneko

C'est toujours aussi unique et ça continue d'évoluer, avec de nouveaux personnages et de nouvelles ambitions, pour une qualité constante.


Plus loin qu'ailleurs - Christophe Chabouté

« J'ai rêvé de partir, j'ai été contraint de rester... Alors, je suis parti en restant. »
Une très belle BD de peu de mots, qui n'est pas révolutionnaire dans son propos (l'importance des petites choses et de ce qui nous entoure) mais qui le fait sous une forme très maline et très réussie.


La Terre verte - Alain Ayroles et Hervé Tanquerelle

Un ouvrage massif qui permet de développer une grande histoire ou plutôt une grande tragédie shakespearienne. Rien de révolutionnaire mais c'est très bien mené - ce qui ne surprend personne avec Alain Ayroles au scénario - et joliment dessiné, c'est du très bel ouvrage.