Antoine Bello, Les Falsificateurs, Tome 1/3 des Falsificateurs, 2007, 501 pages
Fraichement sortie de ses études, Sliv Dartunghuver s'engage dans un cabinet d'études environnementales. Mais rapidement, son supérieur lui propose un deuxième travail : entrer au Consortium de Falsification du Réel. Organisation secrète internationale, le CFR travaille à subtilement modifier la marche du monde, en inventant et en modifiant des évènements plus ou moins importants. Dans quel but ? Seules les plus hautes sphères du CFR le savent - et nombreux sont les échelons à gravir avant d'y arriver.
Les Falsificateurs part d'un principe incroyable (littéralement) : une gigantesque organisation qui tire les ficelles en coulisses et réécrit l'Histoire à sa guise. Une sorte de paradis pour amateurices de théories du complot. Et pourtant c'est un roman qui parvient, miraculeusement, à ne justement pas tomber dans le complotisme. Oui, la manipulation des faits est au centre du récit. Mais c'est surtout un moyen pour disséquer les mécanismes de cette manipulation et la manière d'orienter les opinions.
Plus que le CFR en lui-même, ce sont bien les différents scénarios élaborés par Antoine Bello qui sont le plus fascinant à découvrir. Des mini-histoires dans l'histoire où l'on sent un gros travail de recherche et de réflexion pour parvenir à un résultat aussi érudit que limpide - c'est d'ailleurs, assez ironiquement vu le sujet et les habitudes d'Antoine Bello, peut-être le roman le plus clair et 'honnête' de l'auteur. Et le tout en réussissant à donner une bonne dose de crédibilité à l'ensemble.
Tout n'est pas parfait dans Les Falsificateurs. Le culte du secret sur les intentions du CFR risque de ne mener à rien et les personnages sont assez basiques - et pas franchement sympathique dans le cas du héros, même si cela sert son évolution. Mais le projet en lui-même et la réflexion qu'il permet de mener restent supérieurs à ces bémols, surtout en ces temps où la question de la désinformation est toujours plus prégnante.
Couverture : Photo © Michael Cogliantry - Getty Images
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