vendredi 31 janvier 2014

Jack Vance - Le Palais de l'amour

Le Palais de l'amour, Jack Vance, Tome 3/5 de La Geste des Princes-Démons, 1967, 314 pages.

Le Défi Jack Vance de Cornwall est terminé mais ma découverte de l'auteur continue. Avant de m'attaquer à un nouvel univers (comme peut-être Emphyrio, par le plus grand des hasards de ma boite aux lettres...), je poursuis les aventures de Kirth Gersen dans le troisième tome de La Geste des Princes-Démons.

La première chose qu'il me faut dire, c'est que cette couverture est moche (je sais, on ne dit pas "moche" mais "je n'aime pas"... sauf quand c'est moche). Je comprends la symbolique, en relation avec le titre (qui n'est pas non plus des plus seyants, mais qui a une certaine logique vis-à-vis de l'histoire), mais je suis sûr qu'il était possible de faire quelque chose d'un peu plus agréable l'oeil. Cela n'enlève en rien à ce qui est à l'intérieur, mais tout de même.

Passée cette première surprise, une deuxième vient saluer le lecteur : il y a une certaine continuité avec le deuxième tome avec un personnage secondaire encore présent. Étonnant puisque entre les deux premiers livres, dans une situation presque identique, tout avait fait place nette. Qu'on se rassure, la situation ne dure pas et Kirth repart rapidement seul vers sa nouvelle cible : Viole Falushe.

Le Palais de l'amour est jusqu'à présent le tome que j'ai le moins apprécié de la série. Non pas qu'il soit mauvais, cela reste une lecture agréable et une bonne aventure où l'on retrouve globalement tous les éléments que j'ai pu évoquer dans mes billets précédents (Le Prince des étoiles et La Machine à tuer). Il est simplement un peu moins intéressant.

Deux raisons expliquent cette petite méforme. Premièrement, il y a moins d'actions et de grandes aventures. Une grande partie du livre voit Kirth et Viole se côtoyer sans que le héros n'arrive jamais à découvrir l'identité du méchant. Un peu frustrant et parfois un peu improbable. Le Palais de l'amour en lui-même fut un peu décevant aussi, manquant de grandiose et de rebondissements. Au final, j'en viens à penser que c'est le personnage de Viole Falushe qui manque de l'attrait d'un grand méchant comme l'était Attel Malagate ou Kokor Hekkus. J'ai surement été moins sensible à son penchant fanatique qu'à ceux des deux autres.

Deuxièmement, et cela me fait un peu plus peur, c'est le manque de textes introductifs dans toute la seconde partie. Ce qui était une vraie force n'apporte ici pas grand chose. Mettons que la situation ne s'y prêtait pas et que cela reviendra dans les tomes suivants.

Je peux paraître négatif, mais c'est seulement parce que j'ai déjà parlé de tous les points positifs de cette série et qu'il est plus utile de citer les nouveautés, bonnes ou mauvaises. Ne vous y trompez pas : Le Palais de l'amour est un bon livre, qui n'a pas le petit plus qu'avaient ses prédécesseurs, mais qui reste un sympathique divertissement. Une seule question : quelle sera la tendance du quatrième tome ?

mardi 28 janvier 2014

Régis Goddyn - Le Sang des 7 Rois, Livre Deuxième

Le Sang des 7 Rois, Livre Deuxième, Régis Goddyn, Tome 2/7 du Sang des 7 Rois, 2013, 400 pages.

Retour dans l'heptalogie de Régis Goddyn, avec une nouvelle couverture joliment crayonnée de Yann Tisseron. Du Livre Premier, je garde le souvenir d'un bon tome d'introduction avec une super idée : le sang bleu. Le Livre Deuxième réussira-t-il à confirmer ?

Dans la logique du premier tome où Régis Goddyn n'hésitait à proposer plusieurs fois les mêmes explications, ce livre commence par un court résumé de l'histoire lue précédemment, ce qui ne fait jamais de mal. L'occasion de remarquer que le Livre Premier était bien plus riche que ce que je m'en souvenais (c'est à dire le sang bleu dans ses grandes lignes et l'histoire d'Orville). Une impression qui s'étendra tout au long des premiers chapitres, le temps de récupérer à peu près l'ensemble de mes repères.

Le Livre Premier avait mis un peu de temps à véritablement se lancer, le niveau augmentait au fur et à mesure. Pour le Livre Deuxième... c'est la même chose. Cela s'explique : la première partie prend le temps de passer en revue les différents personnages et de relancer les intrigues. Mais surtout le début se concentre principalement sur Rosa, alors que la seconde partie met plus en avant Orville. Et ce dernier est bien plus intéressant que cette première (pour de multiples raisons, comme le fait qu'il fréquentera des pirates, mais essentiellement parce qu'il est intrinsèquement plus intéressant).

Ce deuxième tome est dans la droite lignée du premier. C'est sympathique, de plus en plus au fil des pages. Le nombre de personnage continue de grimper et commence à être conséquent. Cela offre un panel d'informations tout aussi conséquent et une belle vue d'ensemble de la situation. Je n'arrive par contre pas à évaluer si l'histoire avance vraiment. Mon impression globale est qu'il n'y a pas de grands éclats, que l'histoire suit son cours "normalement". 

De manière naturelle, à la suite du paragraphe précédent, j'avais écrit ceci : "il n'y a pas - pas encore ? - le petit truc pour faire passer la série au niveau supérieur". Je vous le raconte car je trouve que ça résume bien le sentiment que me laisse ce livre : bien, mais pas inoubliable. Sauf qu'en réfléchissant, je me suis souvenu que ce "petit truc" était peut-être déjà là. Sous la forme d'un court chapitre. Plus qu'intriguant. Qui a le potentiel de modifier considérablement la série. Mais nous n'avons le droit pour le moment qu'à un court aperçu, presque un teasing. Juste ce qu'il faut pour donner envie de lire la suite, pour découvrir si Régis Goddyn saura concrétiser tout ce potentiel. En espérant que cela commence dès le Livre Troisième, prévu pour Février 2014.

Et une lecture pour le Challenge Francofou

vendredi 24 janvier 2014

Les Lectures du Barouveur #1 : Ursula Le Guin - La Main gauche de la nuit

La Main gauche de la nuit, Ursula Le Guin, 1969, 331 pages.
« Le jour est la main gauche de la nuit,
et la nuit la main droite du jour.
Deux font un, la vie et la mort
enlacés comme des amants en kemma,
comme deux mains jointes,
comme la fin et le moyen. »
Un jour, un certain Kissifrott, Dévoreur de livres de son état, est venu me voir et m'a proposé de faire une lecture commune (et d'autres si affinités). Il apportait même un nom de projet terrifiant : Les Lectures du Barouveur. L'objectif premier, outre se faire plaisir et partager pleinement des lectures, est de lire des vieux livres qu'on ne croise plus tous les jours dans la blogosphère.

Kissifrott a eu l'idée de commencer par La Main gauche de la nuit, l'occasion pour moi de découvrir Ursula Le Guin, une auteure qui me faisait, je l'avoue, un peu peur. Pourquoi ? Aucune idée. Surement un mélange de préjugés : c'est ancien, c'est de la SF spatiale, ça a l'air compliqué, ... Oui, ma bêtise me fait moi-même peur. Car vous vous en doutez, j'étais totalement dans l'erreur. Mes remerciements publics à Kissifrott pour m'avoir ouvert les yeux.

La Main gauche de la nuit est un livre intelligent. Les réflexions s'enchaînent sur de nombreux sujets, notamment toutes les facettes du genre humain et la politique, avec souvent une pensée différente, voire novatrice. Mais le plus important, c'est que rien de cela ne semble forcé. Le Guin ne nous sert pas un semblant d'histoire pour pouvoir faire passer ses idées. Au contraire, chaque moment de réflexion vient naturellement dans la continuité du récit.

L'histoire en elle-même n'est pas des plus compliquées : un homme, représentant l'Ekumène, une association de 83 mondes, arrive sur la planète Géthen pour tenter de la rallier. On suit majoritairement cet Envoyé et l'on découvre avec lui cette planète hivernale, pas à pas, "sur le tas". La première partie se mélange entre l'aspect découverte et l'aspect politique et parvient à joliment se renouveler dans une seconde partie qui ressemble plus à de l'aventure (avec même un petit côté Horde du Contrevent).

L'ensemble est beau. Il y a une poésie qui se dégage de l'écriture de Le Guin. Ainsi qu'une profondeur touchante (le chapitre 13 est bouleversant, tout comme la fin). Ce livre foisonne de bonnes choses. Je suis incapable de rendre suffisamment hommage à ce qui s'apparente à un sans faute : intelligent, poétique, beau, touchant. Que vous faut-il de plus pour aller le lire ?
« - Dites-moi, Genry, que sait-on de certain, de prévisible, d’inéluctable… la seule chose sûre que vous sachiez sur votre avenir et sur le mien.
- Je sais que nous mourrons.
- Oui. Il n’est vraiment qu’une seule question à laquelle nous puissions répondre, et nous connaissons déjà la réponse… Ce qui seul rend la vie possible, c’est cette incertitude permanente, intolérable : ne pas savoir ce qui vous attend. »
L'avis de Kissifrott

mardi 21 janvier 2014

Eduardo Mendoza - Sans nouvelles de Gurb

Sans nouvelles de Gurb, Eduardo Mendoza, 1991, 125 pages.

08h.42 Je lis un billet d'AcrO du mois de décembre. Récapitulant son mois de septembre. Mais publié en décembre. Donc je lis en décembre son billet de septembre en décembre.

08h.45 J'y découvre un livre d'Eduardo Mendoza, Sans nouvelles de Gurb, qui me semble intéressant. Humour et péripéties d'extraterrestres sur Terre ? Avant d'oublier, j'en prends note sur un bout de papier que je glisse dans ma poche. J'ai tendance à avoir une mémoire à effacement rapide.

09h.21 Je me téléporte à la bibliothèque.

09h.22 J'arrive à la bibliothèque.
09h.26 J'y découvre un livre d'Eduardo Mendoza, Sans nouvelles de Gurb, qui me semble intéressant. Humour et péripéties d'extraterrestres sur Terre ? Je l'emprunte.

09h.27 Je me demande si je n'ai pas oublié quelque chose. Je jette à la poubelle un papier qui traîne dans ma poche.

10h.12 J'entame ma lecture. L'histoire se lance immédiatement, le cadre est posé dès la première page. Je me force à ne pas commencer à tout copier en citations.

10h.28 Je trouve l'idée, un extraterrestre débarquant sur la planète Terre et la découvrant avec sa sensibilité, bonne et efficace. Elle est loin d'être révolutionnaire mais elle est bien utilisée. Ce sont surtout les détails et toutes les micro-idées qui font sa force. Ça foisonne.

10h.49 Je continue de remarquer ce qui est remarquable depuis le début : ce livre est drôle. Que cela soit par des situations insolites tel qu'un extraterrestre peut en créer ou par toutes les petites critiques de notre société et de notre vie. Même en étant conscient d'en rater une bonne partie, cela reste très amusant. Les lecteurs barcelonais d'El Pais en 1990 ont dû vraiment passer d'excellents moments.

12h.00 Je m'arrête pour manger des beignets.

12h.12 Je m'arrête pour boire. Je reprends une douzaine de beignets.

12h.24 Je reprends ma lecture.

12h.25 Je décide finalement d'aller me laver les mains avant de reprendre ma lecture.

12h.42 J'arrive déjà à la fin de ce qui doit pouvoir s'appeler une novella. Le livre ne fait que 125 pages mais la lecture est rendu encore plus facile et rapide par le style utilisé. Écrit comme un journal de bord, c'est une succession de courts paragraphes, très majoritairement, toujours introduits par un horaire. Cela donne un rythme effréné et permet l'enchaînement des péripéties sans grands temps morts ni transitions.

12h.47 Je ressors de l'aventure avec un bon sentiment. Une lecture facile et drôle, aux accents satiriques et dotée d'une fin sympathique. Sympathique, c'est vraiment le mot qui définit le mieux l'ensemble.

18h.42 Je parodie sans vergogne la forme du roman pour tenter de lui rendre hommage. Que Señor Mendoza me pardonne.

vendredi 17 janvier 2014

Barry Hughart - La Magnificence des oiseaux

La Magnificence des oiseaux, Barry Hughart, Tome 1/3 des Aventures de Maître Li et Boeuf numéro Dix, 1984, 343 pages.

Illusion d'optique ou non, j'ai eu l'impression de voir récemment de nombreuses chroniques de La Magnificence des oiseaux, un livre qui n'est pourtant pas vraiment récent, lui. En tout cas, cela a suffi pour attiser ma curiosité. Il ne manquait plus que le Winter Mythic Fiction pour me donner le déclic.

L'idée semblait bonne : des aventures au parfum d'enquêtes dans une Chine ancienne et mythologique. Je ne peux pas critiquer cela, c'est une plutôt bonne définition de ce que l'on trouve, surtout l'aspect vieille Chine, peut-être complètement cliché (surtout au niveau des noms) mais qui crée l'ambiance voulue.

Ma prochaine phrase ne va peut-être pas vouloir dire grand chose, mais elle résume bien dans mon esprit ce que j'ai ressenti. J'ai eu l'impression d'obtenir plein de réponses mais sans jamais avoir les questions. Tout s’enchaîne assez vite, sans comprendre vraiment pourquoi. Les scènes "d'action" ne m'ont pas été du tout visuelles, trop brouillonnes et fouillis.

Beaucoup ont loué l'humour du récit. Je n'en ai absolument pas trouvé trace. Je peux à la rigueur comprendre qu'il se situe dans la répétition des scènes (que j'ai mis plus de 200 pages à remarquer) et dans certaines situations. Mais ça ne m'a rien fait. Il n'y avait pas assez de décalage entre l'improbabilité et l'histoire, cela restait juste improbable et bizarre.

J'ai réalisé une chose après plus de 250 pages de lecture. Ce livre s'apparente en fait à une pièce de théâtre, dans la manière dont les personnages et les retournements de situation sont utilisés. Un vaudeville un peu trop grotesque pour être drôle ?

Je suis vraiment embêté de n'avoir pas apprécié tant j'ai lu des critiques positives. La fin remonte un peu le niveau général, mais ce n'est pas suffisant. Je suis passé à côté et je ne suis toujours pas sûr de savoir pourquoi.

Deuxième participation au Winter Mythic Fiction

Lire aussi les avis de BlackWolf, Endea, ...