Water Knife, Paolo Bacigalupi, 2015, 486 pages
États-Unis, dans un futur où l'eau est la denrée la plus précieuse, où les pénuries sont nombreuses et où les États s'affrontent à coup de tribunaux et de milices pour le contrôle des fleuves. Angel est un "water knife" pour le compte de la Direction de l'Eau du Sud Nevada. Il envoyé en mission à Phoenix, une ville qui se meurt. Il y croisera Lucie, une journaliste intrépide ne pouvant s'empêcher de mettre son nez dans de dangereuses affaires, et Maria, jeune femme en proie à la misère espérant trouver une porte de sortie pour quitter l'Arizona.
Water Knife est certainement un bon thriller dans son genre, calibré par des chapitres courts et des changements de points de vue réguliers, avec un rythme tout en pression et essoufflement, à défaut d'un énorme suspense. Dans son genre disais-je ? Oui, car plus qu'un thriller, Water Knife est quasiment un blockbuster d'action où le réalisateur l'auteur n'a pas lésiné sur les doses d'hémoglobines, de tortures et de sexe. Que le lecteur soit prévenu.
Mais la vraie question, outre l'intérêt de ces scènes, est de savoir si Water Knife est plus qu'un thriller bourrin. Beaucoup diront - ont dit - qu'il s'agit d'un excellent livre. Je suis plus mitigé. Le cadre est indéniablement réfléchi et basé sur des projections possibles de notre monde. Mais le cadre reste un cadre, et à mon sens il sonne moins fort que dans d'autres ouvrages de l'auteur. Il se résume malheureusement en un simple "le dérèglement climatique va bouleverser, en plus que mal, notre univers". Le lecteur pourra y extrapoler ce qu'il souhaite, Paolo Bacigalupi lui ne dit rien de plus. C'est frappant, certes, mais ça ne prêchera que des convaincus et ça n'apporte rien de plus.
À l'exception peut-être d'une autre idée : tout ça ne sert à rien, c'est la loi du plus fort, il n'y a aucun espoir. Et c'est peut-être là mon problème avec ce roman, moi qui ne suis adepte ni de dystopie ni de post-apo : Water Knife est un livre désespérant et il m'a désespéré.
D'autres avis : Lhisbei, Yogo, Cédric, Lorhkan, Xapur, Lune, Gromovar, Le chien critique, ...
Oooh. C'est la première fois que je lis un avis non enthousiaste sur ce livre. Je croyais qu'il était plus étoffé et documenté que tu ne sembles l'avoir pensé. Bon, ce n'est pas du tout pour moi de toute façon, je n'ai pas besoin d'avoir encore plus de palpitations concernant notre avenir que je n'en ai déjà. :D
RépondreSupprimer@Alys : Tout le monde a eu l'air plutôt satisfait, ça doit être moi qui ai raté quelque chose. Mais en tout cas oui, dans cette optique que je partage, je pense que tu peux t'en passer sans regret. ^^
SupprimerLe côté thriller aurait pu m'intéresser, mais je n'accroche pas trop à l'auteur en général, donc, je passerais mon tour ^^
RépondreSupprimer@shaya : Vu que j'accroche généralement à l'auteur et que ce livre fût l'exception, manquant justement sa patte habituelle, peut-être que ça pourrait l'être aussi pour toi, dans l'autre sens ? ^^
SupprimerSans espoir, sans retour... ce livre fait quand même mouche !
RépondreSupprimer@Yogo : Pas vraiment pour moi, mais tant mieux s'il fonctionne pour d'autres.
SupprimerPeut-être a-t-il voulu être plus facile d'accès ? Je me souviens un peu douloureusement que ce n'était pas le cas de La fille automate (qui, cela dit, est un chef d'oeuvre).
RépondreSupprimer@Tigger Lilly : Sous réserve que le sexe et le sang soient des témoins d'accessibilité...
SupprimerJe me demande si "La Fille Automate" n'est pas l'exception dans l'autre sens. Parce que "Ferrailleurs des mers" était accessible, porteur de messages... et très bon. ^^
La fille automate m'a semblé assez long et pas très passionnant !
Supprimer@Yogo : Les goûts et les couleurs, tout ça tout ça.
SupprimerJ'avais trouvé ce roman trop simpliste, trop too much. Pas aimé du tout. Content d'avoir trouvé un compagnon de dégout !
RépondreSupprimer@Le chien critique : Et évidemment, c'est ta chronique que j'ai raté en recensant les autres avis. >.<
SupprimerJe suis bien d'accord avec ce que tu en dis en tout cas. J'aurais préféré que le roman soit bon, mais à défaut je suis content de ne pas être seul dans cette galère. ^^
J'en garde plutôt un bon souvenir (et Monsieur aussi). C'est vrai que l'intrigue n'a rien de mémorable (d'ailleurs j'ai tout oublié xD) mais le cadre m'a plus marqué que pour La fille automate en fait. Les goûts et les couleurs, tout ça...
RépondreSupprimer@Vert : En fait, le souvenir a deux facettes : le souvenir du livre en lui-même - l'histoire, les personnages, le cadre, ... - et le souvenir de l'émotion ressentie en le lisant. "La Fille-Automate" fut plus marquant pour moi sur ce dernier point, mais le cadre de "Water Knife" reste peut-être plus facilement en mémoire, c'est vrai. ^^
SupprimerJ'avais été pas mal tentée par La fille automate à l'époque où tout autour de moi, ça le lisait et en disait du bien. Et j'ai laissé passer ma chance de découvrir l'auteur.
RépondreSupprimer"désespéré et désespérant" : :p ça me tente de m'y confronter... (le côté obscur tout ça hein... oui je me justifie d'être tentée par ce type de mots! ;) )
@itenarasa : Tu sais que "La Fille Automate" n'est pas périmé et que tu peux encore le lire ? =P
SupprimerNe te justifie pas, j'ai bien compris que tu aimais ça, je t'ai déjà rangée dans la catégorie des "pas nettes" de toute façon. =P
ahahahah. Ok ben merci pour le "pas nette" :p (non mais j'ai éclaté de rire)
Supprimer@itenarasa : CQFD.
SupprimerJe trouve toujours intéressant de pouvoir lire une chronique dont l'avis ne pas pas dans le même sens que la majorité. Cela étoffe de buissons le paysage (plaît-il ?). Je l'avais noté à sa sortie, je n'ai pas accédé à sa requête de rejoindre mes étagères. D'ailleurs, je n'ai lu aucun texte de l'auteur. Ce n'est pas faute d'avoir aussi marqué La fille automate, la fabrique de doute, la fille-flûte. Il va falloir que je fasse un peu de ménage dans ma liste :)
RépondreSupprimer@Acr0 : Je suis donc un buisson ? Euh... oui, pourquoi pas, je le prends bien.
SupprimerTu te doutes bien qu'à mon avis celui-ci peut faire partie du ménage. L'auteur reste néanmoins à découvrir. "La Fille-Automate" est un grand livre, même s'il n'est pas facile d'accès. J'avais sinon bien apprécié "Ferrailleurs des mers", dont je me dis qu'il pourrait te plaire*.
*avis non contractuel, ne pourra pas faire l'objet d'un remboursement.
"Water Knife est un livre désespérant et il m'a désespéré."
RépondreSupprimerMerci, ça me redonne espoir de le finir, après avoir claqué ma paye aux Utopiales, je l'avais lâché au premier tiers. La fille aux tomates ne décrivait pas un avenir radieux non plus...
@John Warsen : Je ne suis pas certain de voir le rapport de cause à effet, mais bon, pourquoi pas. Cela dit, hormis encore plus d'improbabilité, les deux tiers suivants sont dans la lignée du premier.
Supprimer(Je ne suis définitivement jamais aussi bon pour donner envie de lire des livres que quand je ne les apprécie pas, huhu.)
Pour avoir trainé mes bottes dans le coin, le déficit hydrique structurel de l'ouest des Etats-Unis n'a rien d'une vue de l'esprit, et ne peut que s'aggraver.
RépondreSupprimerEn tout cas je ne vois pas comment ça peut s'arranger.
Après, pour l'affronter, t'as deux écoles d'effondrologues : les survivalistes, et les humanistes ("l'entr'aide" de Pablo Servigne etc)
Aux Etats-Unis la culture survivaliste est prépondérante.
C'est certain que ça risque pas de s'arranger avec ce type de fiction.
@John Warsen : Merci pour les précisions. Je ne doute pas de la pertinence du problème conté par Bacigalupi, mais clairement le survivalisme, surtout déshumanisé à ce point comme ici, je n'y vois guère d'intérêt.
Supprimer