lundi 17 novembre 2025

Auriane Velten - Cimqa

Auriane Velten, Cimqa, 2023, 295 pages

Là-bas (ici) a lieu une "épidémie" mondiale de déséquilibre et de perte de repères, prélude à un changement majeur dans la vie de tous et toutes, mais particulièrement dans celle de la jeune Sarah. Ici (là-bas), Sara est technicienne dans l'industrie de la cimqa, un théâtre/cinéma 2.0 où elle est spécialisée dans la création et l'invocation de décors grandioses.

Ces deux fils narratifs ont un point commun : la capacité à utiliser son imagination pour faire apparaitre des choses. Littéralement. Les deux femmes vivent dans un monde qui semble correspondre à un futur proche du nôtre, un chouïa plus avancé technologiquement mais avec les mêmes problèmes sociétaux, à la différence près qu'une cinquième dimension existe. Rien que ça. Et pourtant ça s'intègre parfaitement au cadre, donnant des airs de science-fiction à un concept qui a tout de la fantasy.

Cimqa parle du pouvoir de l'imagination et de la liberté qui y est associée. Un thème qui n'a rien de très novateur - si ce n'est peut-être pour son focus sur l'industrie culturelle et son formatage - mais qui parvient à prendre une forme inédite, pour ne pas dire imaginative. Et qui est surtout très bien mené, plein de bonnes intentions et d'une volonté d'espoir sans être pour autant naïf face à la réalité du monde.

Cimqa a globalement plus des airs de tranches de vies que d'une grosse intrigue de science-fiction. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir une tension de bout en bout et un intérêt constant. Et ce, chose rare, pour les deux fils narratifs à parts égales. Une vraie bonne lecture, très agréable à lire.

Couverture : Scott Uminga
D'autres avis : Tigger Lilly, Yuyine, Lectures du Panda, Le chien critique, Jean-Yves, Alias, ...

mardi 11 novembre 2025

Suzanne Palmer - La Vie secrète des robots

La Vie secrète des robots, Suzanne Palmer, 2011-2022, 380 pages

La Vie secrète des robots est un recueil de 13 nouvelles de Suzanne Palmer qui a la particularité de ne pas répondre à l'adage habituel des recueils et anthologies : "il y a du bon et du moins bon". Non, ici, la qualité est constante, et ce à un niveau plus que satisfaisant. Il n'y a peut-être guère que Pierres dans l’eau, cottage sur la montagne qui m'a moins parlé, tout en comprenant et respectant la proposition. Les douze autres nouvelles furent un vrai plaisir à lire.

Pourtant, Suzanne Palmer ne fait pas dans la facilité et la répétition, que ça soit sur la forme ou le fond. Il y a bien une thématique générale de réussir à trouver sa place dans le monde, une place épanouissante dans un univers en décrépitude, mais la manière de l'aborder est toujours différente. Avec par contre une même constance pour brosser un nouveau cadre rapidement compréhensible et créer des personnages vivants et définis, le tout en quelques paragraphes à peine.

S'il n'y a pas de fausse note, le recueil manque peut-être de grands coups d'éclats, dans le sens où je ne sais pas si certains textes parviendront à me marquer durablement. Les deux sympathiques nouvelles mettant en scène Bot-9, qui ouvrent et referment l'ouvrage, sont surement celles qui en ont le plus fort potentiel de par la personnalité de leur héros. Mais cela ne doit même pas être un bémol. Parce que le plaisir immédiat de lecture est lui totalement présent, et c'est bien là l'essentiel.

Couverture : Dofresh / Traduction : Pierre-Paul Durastanti
D'autres avis : Vert, Lhisbei, Yuyine, Le Maki, Gromovar, FeydRautha, Apophis, ...

mercredi 5 novembre 2025

Bulles de feu #79 - Octobre 2025

Un petit récapitulatif de mes lectures BDs/mangas/comics du mois, pour en garder une trace.
Le classement est absolument imparfait, insatisfaisant et un peu aléatoire mais peut donner un ordre d'idée. Les avis sont (ultra)brefs, n'hésitez pas à demander un complément d'informations en commentaire si nécessaire.

Bien / Ok / Correct


Retour à Tomioka - Laurent Galandon et Michaël Crouzat

Une BD qui vaut essentiellement pour sa mise en avant abordable des problématiques liées à Fukushima. J'ai trouvé ça un peu trop basique mais ça reste tout à fait ok.


Thunder 3 T.6-7/? - Yuki Ikeda

Un peu plus de surprises qui rendent la lecture meilleure même s'il manque toujours un petit truc pour s'attacher pleinement à ce "One Punch Man X Gantz".


Popeye - Un homme à la mer - Antoine Ozanam et Lelis

Rien de particulièrement enthousiasmant mais une bonne BD néanmoins parce qu'elle a une âme, tant dans son dessin qui tangue que dans son ton un peu bourru.


Frieren T.14/? - Kanehito Yamada et Tsukasa Abe

Un bon tome qui poursuit un arc plus long et plus tendu que d'habitude. Un changement agréable surtout que ça n'oublie pas pour autant le ton particulier de la série.


Alyte - Jérémie Moreau

Un vrai bon conte animalier/fable écologique, simple dans son message (l'impact négatif de l'homme sur la nature) mais sympa dans sa forme (une succession d'aventures d'un crapaud qui découvre la vie).
Très bien


Frnck T.5-6/? - Olivier Bocquet et Brice Cossu

Début du deuxième cycle qui reprend les qualités du premier en les améliorant. Plus développé, plus varié et plus consistant, une vrai bonne série d'aventures.


Evol T.7/? - Atsushi Kaneko

Encore un très bon tome pour cette série imprévisible, si ce n'est dans sa volonté de montrer le pire de l'humanité.
Excellent


Les 5 Terres T.14-15/? - Lewelyn et Jérôme Lereculey

Quoi de mieux que la lecture d'un tome des 5 Terres ? La lecture de deux tomes des 5 Terres. Toujours aussi excellent, parvenant à donner vie à plein de personnages en peu de pages tout en narrant aussi une plus grande histoire. Somptueux à tous les niveaux.


Les Guerres de Lucas - Laurent Hopman et Renaud Roche

Une excellente BD qui raconte la création du premier film Star Wars, aussi instructif sur le film en lui-même que sur l'industrie cinématographique. L'histoire est incroyable - et absolument improbable si elle n'était pas vraie - et en plus elle est admirablement contée, avec une très grande fluidité. L'ouvrage est conséquent mais ça n'empêche pas le dévorer d'une traite.

jeudi 30 octobre 2025

Arkadi et Boris Strougatski - Il est difficile d'être un dieu

Il est difficile d'être un dieu, Arkadi et Boris Strougatski, 1964, 219 pages

Dans le royaume d'Arkanar, Don Roumata est un riche aristocrate, craint de tous, vivant tant dans les hautes sphères que dans les bas-fonds. Mais derrière cette façade se cache en fait un Terrien en mission d'observation avec d'autres de ses semblables. D'un niveau technologique bien supérieur, ils ont pour consigne de ne pas interférer dans l'évolution du monde, même quand le régime se fait de plus en plus dictatorial et terrifiant.

À défaut d'avoir lu la quatrième de couverture, il faut un bon tiers du roman pour réussir à comprendre la situation présentée ci-dessus. Ce premier tiers est particulièrement flou et incompréhensible, au point de m'avoir fait hésiter à arrêter ma lecture ou à la continuer en diagonale. Cela s'améliore par la suite, un peu, notamment parce que la narration est plus concentrée et suivie, avec un semblant d'objectif pour le héros. Mais ça n'est pas pour autant enthousiasmant, l'intrigue restant très limitée.

Plus qu'un roman en tant que tel, Il est difficile d'être un dieu tient plutôt du conte philosophique. Les auteurs y décrivent la mise en place d'un système fasciste et développent quelques réflexions sur la manière de gouverner un peuple. Ce n'est certainement pas inintéressant à analyser d'un point de vue intellectuel, encore plus quand on remet le livre dans son contexte d'écriture, l'URSS en 1964, mais c'est plus compliqué d'un point de vue purement romanesque. C'est un peu tout le paradoxe : je crois que j'aurais été bien plus intéressé par la lecture d'un article le décryptant que par la laborieuse lecture du roman en lui-même.

Couverture : Lasth / Traduction : Viktoriya Lajoye & Bernadette du Crest
D'autres avis : Gromovar, ...

vendredi 24 octobre 2025

David Bry - La Princesse au visage de nuit

David Bry, La Princesse au visage de nuit, 2020, 355 pages

Hugo est de retour dans son village natal pour l'enterrement de ses parents. Cela fait vingt ans qu'il n'y est pas venu. Vingt ans depuis qu'il fut retrouvé seul dans la forêt, sans souvenirs de cette nuit d'orage. Vingt ans depuis la disparition de ses deux amis. Vingt ans depuis que la princesse au visage de nuit a bouleversé sa vie. Vingt ans qui vont revenir le hanter comme si c'était hier.

La Princesse au visage de nuit est un polar fantastique qui reprend tous les codes de l'enquête dans un petit village de campagne, avec ses habitants qui se connaissent tous, ses secrets bien gardés depuis longtemps et ses légendes surnaturelles. Le 'cahier des charges' est totalement respecté et David Bry propose un récit très bien mené, aux personnages cabossés et à l'ambiance grise et pluvieuse, qui se lit tout seul.

Mon seul petit bémol provient de la dimension fantastique du roman. Je ne peux pas lui reprocher d'exister puisque c'est un aspect explicite dès le départ. Et qui fonctionne indéniablement bien, cela apporte une tension et un mystère qui vont très bien avec le reste de l'histoire. Mais je ne peux pas m'empêcher de trouver que ça apporte un peu trop de "facilités" sur la résolution de l'intrigue, que je n'ai pas trouvé très satisfaisante. J'en suis peut-être le seul responsable : au contraire de ce que j'en disais plus haut et pour l'apprécier pleinement, il ne faut pas lire La Princesse au visage de nuit comme un polar fantastique mais bien comme un conte fantastique.

Couverture : François-Xavier Pavion
D'autres avis : L'ours inculte, Yuyine, Sometimes a book, Zoéprendlaplume, Célinedanaë, ...