Paideia, Claire Garand, 2023, 321 pages
Dix jeunes filles vivent dans des stations orbitales, seules avec leurs parents. Alors que la Terre a été dévastée, elles sont le dernier espoir de l'espèce humaine, destinées à devenir les mères d'une nouvelle humanité sur la Lune. Mais une jeune fille, la narratrice, le souffre-douleur du groupe, a d'autres rêves : l'exploration et la conquête spatiale, à commencer par Mars.
Paideia est un ouvrage étonnant, un quasi-huis-clos spatial qui tourne autour d'enfants de 7 ans génétiquement modifiées, les rendant bien plus adultes que ce que leur âge laisse présumer, mais ayant aussi des comportements totalement enfantins. Au centre de ce groupe inhabituel, la narratrice est encore plus atypique, elle qui est continuellement rabaissée à sa condition de fillette moins intelligente que les autres et qui a des idées différentes, ne se rangeant ni à l'avis général, ni au bien commun. Elle n'est pas particulièrement sympathique, elle n'est pas une grande héroïne classique, mais sa manière de foncer malgré ses erreurs et d'aller au bout de ses idées lui donne une personnalité très forte et remarquable.
Surtout, elle permet de créer une réflexion globale sur l'égoïsme et l'altruisme, sur le libre arbitre et la liberté individuelle. Paideia est un roman qui donne à réfléchir et à aller au-delà de ses premières impressions - un peu, dans un genre totalement différent, comme le faisait L'Incivilité des fantômes de Rivers Solomon. Je ne peux pas dire que j'ai trouvé ma lecture particulièrement enthousiasmante, plutôt même un peu laborieuse par moment. Mais, à froid, je respecte énormément la proposition que Claire Garand fait avec Paideia. L'atypisme est toujours bon à prendre.
Couverture : Anna Parraguette
D'autres avis : Vert, Yuyine, Lhisbei, Marc, ...