vendredi 18 juillet 2025

Alastair Reynolds - La Maison des Soleils

La Maison des Soleils, Alastair Reynolds, 2008, 504 pages

Campion et Purslane sont deux fragments de la Lignée Gentiane, clones d'Abigail Gentian parcourant l'univers depuis des millions d'années. Tous les deux cent mille ans, les mille clones se réunissent pour faire la fête et partager leurs découvertes. Une réunion est justement sur le point de commencer, à laquelle Campion et Purslane sont en retard. Ce qui s'avèrera être une chance, et le début d'une aventure aux enjeux encore plus gigantesques que leurs périples habituels.

Avoir découvert l'univers de la Lignée Gentiane dans La Millième Nuit permet d'entrer plus sereinement et facilement dans La Maison des Soleils mais les premières pages font tout de même leur effet. Un effet wahou tant les chiffres, de distances et de durées, sont vertigineux. Tout est démesuré dans La Maison des Soleils, inimaginable, et pourtant cela reste constamment à portée d'appréhension. Cela ne veut pas dire que tout est parfaitement compréhensible mais cela se fait sans frustration.

Le sense of wonder est sans aucun doute la qualité première de La Maison des Soleils. Ses personnages sont aussi très bons et l'histoire tient bien la route. J'ai un peu plus de bémols concernant la structure et le rythme du récit. J'y ai discerné trois grandes parties qui ne s'imbriquent pas idéalement les unes dans les autres : une première qui prend le temps de présenter, avec force détails, son univers et ses concepts ; une deuxième bien plus terre-à-terre où des êtres surhumains s'avèrent être aussi bêtes et détestables que des humains lambdas ; un brusque basculement vers une troisième partie finale qui propose une aventure et une conclusion. C'est cette dernière qui est d'ailleurs la meilleure parce qu'elle mélange mieux ses différents éléments pour en faire une lecture à la fois prenante et émerveillante, et avec bien moins de lassitude.

Si ce bémol est l'un des éléments les plus saillants de mon ressenti, il ne doit pas éclipser le fait que La Maison des Soleils est un vrai bon roman. Ça n'aura pas été un coup de coeur et j'ai préféré La Millième Nuit, mieux rythmé et plus constant, mais cela reste rare de pouvoir lire un texte avec un tel sens du gigantisme.

Couverture : Amir Zand / Traduction : Pierre-Paul Durastanti
D'autres avis : Tigger Lilly, Vert, Lhisbei, shaya, FeyGirl, Lorhkan, Gromovar, Le Maki, FeydRautha, Anne-Laure, Apophis, Célinedanaë, Anudar, Cédric, ...


Première escale pour le Summer Star Wars Andor S2

samedi 12 juillet 2025

Claire North - Sweet Harmony

Sweet Harmony, Claire North, 2020, 159 pages

Tout va bien pour Harmony Meads. Un corps parfait, une santé parfaite, un petit ami parfait, un emploi parfait. Jusqu'au jour où apparait, sur son visage, un bouton. Ce qui est strictement impossible puisque les nanos dans son corps font en sorte de lui assurer une apparence parfaite. Mais tous ces abonnements ont un coût... et les finances d'Harmony ne sont pas parfaites, elles.

Sweet Harmony est une novella qui parle, sans surprise, du culte de l'apparence. Et ce sans évoquer les réseaux sociaux. Il n'y en a pas besoin, les relations sociales de la vie de tous les jours suffisent largement à pousser l'envie du corps parfait, confortable, attractif, qui ouvre toutes les portes ou presque. Mais le texte de Claire North ne se limite pas à dénoncer les ravages et les risques de cette beauté à tout prix. Ce n'est qu'un des multiples thèmes évoqués, avec aussi la pression sociale, les relations toxiques ou encore le cercle vicieux de la dette.

Sweet Harmony est un récit qui ne donne pas de leçon mais pousse à réfléchir sur son propre rapport au corps, au sien comme à ceux des autres. Le constat proposé par Claire North n'est pas joyeux. Il est même triste, mais tristement vrai. C'est aussi effarant que lucide, et c'est symbolisé par une héroïne avec laquelle on ne peut ni être complètement dans l'empathie ni être complètement dans le dédain tant elle est aussi imparfaite que réaliste. Indéniablement un texte fort.

Couverture : Aurélien Police / Traduction : Michel Pagel
D'autres avis : Vert, Tigger Lilly, FeyGirl, Yuyine, Le Maki, FeydRautha, Gromovar, Jean-Yves, Xapur, Boudicca, Zoé, Célinedanaë, Herbefol, ...

dimanche 6 juillet 2025

Bulles de feu #75 - Juin 2025

Un petit récapitulatif de mes lectures BDs/mangas/comics du mois, pour en garder une trace.
Le classement est absolument imparfait, insatisfaisant et un peu aléatoire mais peut donner un ordre d'idée. Les avis sont (ultra)brefs, n'hésitez pas à demander un complément d'informations en commentaire si nécessaire.

Bien / Ok / Correct


Thermae Romae T.3/6 - Mari Yamazaki

La série continue de s'améliorer sur la durée : les histoires se permettent de durer plusieurs chapitres et il y a une plus grande continuité globale, sans pour autant délaisser les improbables voyages temporels et le thème des bains.


Thunder 3 T.2-3/? - Yuki Ikeda

Ça s'avère être une sorte de One Punch Man en plus sérieux. Ça manque peut-être d'un enjeu dramatique plus fort et d'un peu de tension, mais c'est agréable et surprenant à lire.


The Private Eye - Brian K. Vaughan et Marcos Martin

Un bon polar/thriller dans un futur où Internet n'existe plus, portant une réflexion sur la vie privée. Une histoire noire aux dessins énergiques et aux couleurs lumineuses.
Très bien


Evol T.5/? - Atsushi Kaneko

Ça évolue juste ce qu'il faut pour ne pas être répétitif.


Célestin et le coeur de Vendrezanne, Les Contes de la Pieuvre T.3/? - Gess

Une nouvelle très bonne histoire qui continue de faire grandir un univers riche et fascinant, autant dans son aspect fantastique qu'historico-géographique, peuplé de personnages charismatiques.


Shin Zero T.1/3 - Mathieu Bablet et Guillaume Singelin

Un duo d'auteurs qui fait rêver et un ouvrage à la hauteur des attentes, sur le fond et sur la forme. C'est un hommage aux sentai qui fait bien plus que ça, c'est une bonne aventure mais surtout de très bonnes tranches de vie de personnages qui se cherchent.


Blue Giant T.1-5/10 - Shinichi Ishizuka

Un manga sur un jeune homme voulant devenir le meilleur saxophoniste de jazz au monde. Ça sonne comme un manga d'apprentissage classique mais ça ne tombe pas du tout dans cette routine ou dans le didactique. C'est absolument excellent et très intelligemment écrit. Le jazz y est décrit comme une musique d'émotions et c'est exactement ça que rend le manga : des émotions. C'est puissant, ça prend au coeur, à mettre les larmes aux yeux de joie.

lundi 30 juin 2025

Christelle Dabos - Les Disparus du Clairdelune

Les Disparus du Clairdelune, Christelle Dabos, Tome 2/4 de La Passe-Miroir, 2015, 551 pages

Les Disparus du Clairdelune prend place dans la continuité directe de Les Fiancés de l'hiver. Ce premier tome ne se terminait pas sur un énorme cliffhanger mais il s'arrêtait clairement avant le début d'une nouvelle phase pour Ophélie. Une nouvelle phase qui ne révolutionne pas l'histoire mais effectue un léger changement de cadre et de rapports de force, juste ce qu'il faut pour donner une couleur un peu différente à ce deuxième tome.

Mais dans l'ensemble il n'y a guère de surprise : celleux qui ont aimé Les Fiancés de l'hiver devraient aimer Les Disparus du Clairdelune tant le récit suit le même rythme, l'univers continue de se développer peu à peu et les personnages restent attachants, Ophélie en tête. Ce qui change un peu, c'est l'ampleur que commence à prendre l'histoire. Quelques premières réponses apparaissent et les enjeux ne cessent de prendre de l'envergure.

J'ai évité de faire la comparaison dès le premier tome mais il est difficile de ne pas penser à la saga Harry Potter. Les deux séries sont évidemment différentes sur bien des points, mais l'attrait de l'univers, la croissance des personnages et des enjeux et le côté très prenant de l'histoire rappellent tout le côté positif qui peut ressortir de la lecture d'Harry Potter. La Passe-Miroir ne doit pas être résumée à cette comparaison mais elle permet de comprendre rapidement ce qui peut être attendu de sa lecture : une vraie grande aventure, une immersion totale et un très grand plaisir.

Couverture : Laurent Gapaillard
D'autres avis : Vert, Yuyine, Alys, Acr0, Elessar, ...

mardi 24 juin 2025

Antoine Bello - Enquête sur la disparition d'Émilie Brunet

Enquête sur la disparition d'Émilie Brunet, Antoine Bello, 2010, 252 pages

Émilie Brunet a disparu en compagnie de son amant. C'est son mari, Claude Brunet, qui a signalé la disparition, mais il se révèlera rapidement le principal suspect. Pour aider à résoudre l'affaire, il est fait appel à Achille Dunot, un enquêteur qui a la particularité de souffrir d'amnésie antérograde, ce qui l'oblige à tenir un journal quotidien pour pouvoir se remémorer chaque matin ses avancées sur l'enquête.

Ce cas rare d'amnésie a le mérite de donner une raison à la narration de type journal, ce qui correspond à une présentation classique des romans d'Agatha Christie. Cette comparaison n'est pas qu'un détail puisque Enquête sur la disparition d'Émilie Brunet est un hommage aux romans policiers classiques et à ceux d'Agatha Christie en particulier.

Mais plus qu'un hommage, c'est une grande restitution de connaissances et d'analyses sur les oeuvres de l'autrice anglaise, divulgâchage d'un grand nombre d'intrigues inclus. Cela plaira peut-être aux spécialistes mais cela aura sinon de grands risques de ressembler à un vain étalage de savoirs. Et ce n'est pas l'intrigue qui pourra rattraper ça. Elle n'est là que pour permettre des digressions sur Agatha Christie mais n'est absolument pas un bon polar en elle-même. Il ne faut en fait presque pas considérer Enquête sur la disparition d'Émilie Brunet comme un roman : c'est entre l'essai et l'exercice de style. Et ce n'était pas pour moi.

Couverture : Pauline Daniel - Picturetank
D'autres avis : TmbM (dont j'aurais mieux fait de me souvenir de l'avis), ...