Šukran, Jean-Pierre Andrevon, 1989, 296 pages.
Marseille, futur proche. Roland Cacciari est un "démo", un militaire démobilisé de la dernière guerre/croisade contre la fédération panislamique, survivant comme il peut en jouant de son guitarion devant les restaurants. Jusqu'à ce qu'un concours de circonstances le fasse engager comme vigile pour un patron d'extrême-droite et que sa vie bascule dans un engrenage de complications.
Je ne peux pas dire que le démarrage fut glorieux. La faute peut-être à un cadre qui m'a mis un peu mal à l'aise, sans que je ne sache expliquer pleinement pourquoi. Parce qu'il se rapproche bien trop d'une certaine réalité ? Peut-être. Là est finalement le génie de Jean-Pierre Andrevon, où ce futur imaginé en 1989 a des consonances très actuelles, malheureusement. Et aussi parce que, comme le héros, je n'avais surement pas envie de me faire rattraper par des questions de géopolitique. Pourtant, comme lui, on se retrouve obligé de les prendre en pleine tête. Sauf que lui prend aussi des coups, des vrais, dans la figure et ailleurs.
Šukran est un roman qui monte en puissance au fil des pages, jusqu'au bout, pour notre plus grand plaisir. Une fois passée la première impression, on s'attache à Roland et sa gouaille. Cela se lit comme un thriller noir, avec une certaine tension qui augmente sans cesse et un fort penchant pour la castagne et le sexe. Ça peut paraitre un peu cru par moment, et on se demande ce que l'on doit en tirer/comprendre. Peut-être rien après tout, si ce n'est un reflet, anticipé, de ce que devient notre monde. Reste à apprécier l'histoire, et c'est déjà très bien.