L'Homme qui savait la langue des serpents, Andrus Kivirähk, 2007, 422 pages.
Leemet sait la langue des serpents. Il est le dernier homme à la savoir. Être le dernier, ça le connait. Il est aussi le dernier homme à vivre dans la forêt, à avoir résisté à l'appel de la civilisation et des cités qui l'ont dépeuplée. Il est le dernier symbole d'une époque et de ses traditions.
Comment en est-on arrivé là ? C'est la question à laquelle s'efforce de répondre ce roman. C'est en tout cas de cette question que découle l'intrigue, la partie "superficielle" du récit. Entendons-nous bien, l'histoire en elle-même est déjà fort bonne. Bien que la finalité soit connue, le chemin reste intéressant et, bien que l'empathie générale ne soit pas forcément de mise et que l'auteur ne fasse pas dans le feu d'artifice, on prend plaisir à suivre les aventures de Leemet.
Mais L'Homme qui savait la langue des serpents est bien plus qu'une simple histoire. C'est une fable, un conte philosophique, une réflexion sur l'Histoire estonienne qui s'étend à un questionnement général sur la croyance, la tradition, la civilisation et tous les fondements de notre histoire. Roman riche en idées, il n'est pas forcément facile de compréhension au premier abord, dans la manière dont il n'apporte pas de réponses ou de solutions toutes faites. Tout sauf manichéen, il laisse parfois un goût amer en bouche de par le sentiment d'inéluctabilité qui se dégage. Mais Andrus Kivirähk parvient heureusement, grâce à son écriture douce et maîtrisée, à ne jamais tomber dans la tristesse.
Si Andrus Kivirähk offre une oeuvre très forte, il faut souligner le parfait travail de Jean-Pierre Minaudier, traducteur du roman qui distille en cours de lecture les informations essentielles à la compréhension des références estoniennes. Il parvient aussi dans sa postface à soulager le lecteur et mettant les mots sur le sentiment qui l'a animé à la lecture et à rendre compte de l'intelligence du travail d'Andrus Kivirähk.
Si je devais jouer au jeu des comparaisons, je dirais, pour l'utilisation du procédé malgré des sujets légèrement différents, que L'Homme qui savait la langue des serpents est une version bien plus subtile et profonde de Pourquoi j'ai mangé mon père de Roy Lewis. Mais au-delà de ça, c'est surtout un livre malin, qui allie à la fois le plaisir pur de la lecture au plaisir de la réflexion.
Faut que je le lise celui-là, depuis le temps que la libraire de ma maman a essayé de me le vendre ^^.
RépondreSupprimerMaintenant que "La Patrouille du temps" a disparu de ta liste, tu peux passer à celui-ci. =P
RépondreSupprimerIl va falloir que je le lise celui-là, j'en entends du positif partout !
RépondreSupprimerEn effet, les retours sont majoritairement bons. Je n'ai pas été jusqu'au coup de coeur de certains, mais c'est un bon livre, il faut le lire. ^^
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