Les mille et une vies de Billy Milligan, Daniel Keyes, 1982, 464 pages.
Si le nom de Daniel Keyes ne vous dit rien, c'est que vous êtes passés à côté d'un must-read absolu : Des fleurs pour Algernon. Je ne sais comment cela peut être possible (non non, je ne l'ai absolument pas personnellement découvert il y a seulement quelques mois...), mais si c'est le cas, vous devez vous ruer dessus immédiatement ! Les yeux fermés ! (sauf au moment de la lecture, bien sûr)
L'ayant lu, je connaissais le talent de Daniel Keyes pour évoquer toutes les facettes d'un être humain, et nous les faire partager et ressentir. Il me semble que ce talent est encore à l'oeuvre ici, bien que la forme soit complètement différente. En effet, outre le fait que cela soit une histoire réelle, tout est raconté de la manière la plus objective et neutre possible. Pourtant, ce qui pourrait sembler être une lecture plate et ennuyante s'avère être prenante et captivante.
Pour ceux qui n'ont pas lu le synopsis, il s'agit de l'histoire vraie de Billy Milligan, individu souffrant de personnalité multiple (grossièrement, plusieurs personnes habitant un même corps), accusé de viols, dont l'histoire fera jurisprudence aux Etats-Unis et la une des journaux pendant des années. Personnellement, je ne saurais expliquer d'où cela vient, mais j'ai toujours été fasciné par les troubles dissociatifs de l'identité. Forcément, je partais avec un à priori positif. Et je n'ai pas été déçu : c'est fascinant, et tout bonnement incroyable.
Attention, c'est un livre qui n'est pas forcément facile d'accès, le sujet n'étant pas des plus gais. Il peut aussi être exigeant d'un point de vue psychologique. Peut-on avoir de l'empathie pour un violeur ? Une maladie excuse-t-elle tout ? C'est un livre qui apporte des faits, et nous laisse des questions personnelles, sur un sujet compliqué. Un livre qui fait réfléchir et qui pousse à vouloir en débattre ou partager plus en profondeur ses avis avec d'autres personnes (si certains sont intéressés, je suis là).
J'ai un seul regret : ne pas avoir l'avis des victimes. Ceci n'est pas de la curiosité malsaine, mais cela aurait été simplement pour apporter un point de vue qui me semble difficilement imaginable. Hormis cela, il ne me semble pas avoir de critiques à émettre. Certains n'accrocheront pas, mais c'est une expérience à tenter (en connaissance de cause).
Convaincu ou non, je ne peux que vous conseiller, si ce livre passe à portée de votre main, d'en lire au moins la préface de Daniel Keyes, qui explique la démarche, la méthode, et les bases de la vie de William Stanley Milligan, dit Billy Milligan.
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