Dominium Mundi, Livre I, François Baranger, Tome 1/2, 2013, 603 pages.
2202. L'Empire Chrétien Moderne règne sur Terre. Et elle s'apprête à lancer la plus grande croisade de tous les temps. Vers Akya du Centaure, où des colons semblent avoir trouver le tombeau du Christ avant d'être exterminés par la population locale.
Avant ma lecture, j'avais connaissance d'un "schisme" (pour être thématique) entre blogueurs : une moitié l'a adoré, l'autre a eu bien du mal. De quel côté vais-je me situer ?
Reconnaissons au premier groupe que Dominium Mundi a des qualités non négligeables. C'est sympathique à lire, l'écriture est fluide et l'histoire est intéressante. L'idée générale est bonne, la religion a toujours été un terreau fertile pour les mystères, les complots et les aventures, et c'est le cas ici (tout du moins potentiellement). Je ne me suis pas ennuyé tout au long des 600 pages, j'ai toujours eu envie de continuer.
Mais je suis tout de même obligé de souligner de nombreux problèmes. Le premier, le plus important, est un problème au niveau de la suspension d'incrédulité concernant le cadre de l'histoire. Entre autres, le récit est centré sur la religion chrétienne et l'Europe de l'Ouest. Qu'en est-il du reste du monde ? Comment en est-on arrivé là ? On ne le saura pas. Pourtant, une phrase ou deux nous donne à penser qu'il s'est passé quelque chose. Tout comme on croise de temps en temps une phrase qui nous tease un grand mystère, des complots sous-jacents, des luttes de pouvoir. Juste de quoi penser qu'on aura bientôt de quoi se mettre sous la dent. Mais quand ?
Dominium Mundi, Livre I est en fait un vaste teaser de 600 pages pour son Livre II. On n'y apprend presque rien, on ne fait qu'effleurer tout ce qui pourrait être intéressant. C'est un tome sans surprise dont toutes les informations essentielles se résument en quelques pages. Surtout, malgré un volume si important, on est loin d'être rassasié (et pas dans le bon sens). Pour aller encore plus loin, j'ai trouvé que ce roman est symptomatique d'une certaine écriture moderne, qui tire à la ligne et cherche trop le détail et l'exhaustivité, oubliant bien souvent d'aller à l'essentiel et de faire vivre son histoire.
Malgré ces nombreux points négatifs, je ne regrette pas ma lecture et j'y ai même pris du plaisir. J'ai même l'envie de lire le deuxième tome. Histoire de savoir si François Baranger peut faire oublier ce presque inutile premier tome et bonifier les qualités et le potentiel qui affleurent.
Dixième participation pour le Summer Star Wars : Episode II
Y a pas à dire, ça me rassure de pas être le seul. :-)
RépondreSupprimerMalgré les quelques points positifs, ton avis me dissuade définitivement de le lire. Merci d'alléger ma PAL ;)
RépondreSupprimerEt bien moi j'ai bien aimé, c'est sûr que c'est un prologue à la croisade mais je n'ai pas trop "souffert" des longueurs ;)
RépondreSupprimer@Herbefol -> Et c'est aussi bien plus facile d'écrire une chronique négative quand on sait qu'on n'est pas le seul. ^^
RépondreSupprimer@Plume -> À ton service ! ^^
@Xapur -> Et du contexte improbable, pas trop souffert non plus ? =P
Enfin, tant mieux s'il peut plaire. ^^
Je l'avais noté dans un coin, du coup je vais attendre que les 2 tomes soient à la bibliothèque pour y jeter un oeil ^^
RépondreSupprimerMoi j'ai aimé le voyage !
RépondreSupprimer@Vert -> Tu peux peut-être même directement passer au deuxième tome... =X
RépondreSupprimer@Lune -> Celui de Tancrède et Liétaud jusqu'au vaisseau ? =P
Un livre ne peut pas plaire à tout le monde, mais j'avoue ne pas comprendre l'argument sur le cadre de l'histoire puisque c'est expliqué par la Guerre d'une Heure.
RépondreSupprimerBien sûr, il est peu probable que suite à un scénario de ce genre on retombe dans un système féodal, mais expliqué de cette façon, ça reste pas moins cohérent qu'une autre hypothèse.
En ce qui concerne l'aspect teaser, il est certain, il s'agit juste d'une question de goût, j'ai bien (beaucoup) aimé perso :p
Justement, non la Guerre d'une Heure ne suffit pas pour expliquer le cadre de l'histoire.
RépondreSupprimerLe principe est quand même que suite à cette guerre, l'humanité (mais il semble que ça se résume à l'Europe en fait) s'unit sous la bannière papale. Et là, j'ai du mal. Pourquoi ?
D'abord parce qu'en Europe y a pas que des chrétiens, y a aussi des athées (en particulier en France), des musulmans, des juifs et quelques représentants d'autres religions. Ensuite, au sein des chrétiens moins de la moitié sont des catholiques romains puisque les protestants et les orthodoxes représentent plus de 50% des chrétiens d'Europe. Hors, ces deux courants chrétiens non seulement ne reconnaissent pas l'autorité du pape, mais ne risquent pas de s'y soumettre, quand bien même la moitié du monde aurait été vitrifié. En particulier pour les protestants qui ont été persécutés pendant plusieurs siècles par l'Eglise (et ça a encore parfois une influence dans certains groupes protestants). Ce n'est pas un détail pour ces gens-là, c'est au contraire fondamental. Ne pas le comprendre et donc ne pas en tenir compte, c'est n'avoir pas compris grand chose aux divisions entre chrétiens.
Qu'on raconte des bêtises sur la religion ou sur autre chose d'ailleurs ne me dérange pas si ça n'est qu'un détail dans une histoire. Par exemple dans l'Aube de la Nuit, Peter F. Hamilton indique dans sa chronologie une réunification chrétienne en 2044, c'est franchement risible mais ça n'a aucun impact sur l'histoire, donc pas de soucis. Mais ici on parle quand même d'un élément clé, pour ne pas dire fondateur, de l'univers mis en scène par l'auteur. J'en attends donc nettement plus de cohérence, en particulier pour un ouvrage sur lequel l'auteur aurait travaillé pendant dix ans, de ce qu'en dit l'éditeur (conseil aux éditeurs : ne dites jamais qu'un auteur a passé x années sur son ouvrage). Et donc le gros problème de suspension d'incrédulité (pour moi, Baroona ne va pas aussi loin dans la spécificité catho/protestants/orthodoxes mais l'idée est là). Partant de là, difficile de d'accorder du crédit à un ouvrage qui se prend les pieds dans le tapis dès son postulat de départ. :-)
Alors pas du tout d'accord avec ce que tu avances Herbefol.
RépondreSupprimerCe qui est dit dans Dominium d'un point de vue chrono, c'est Guerre d'une heure, chaos et donc société fragmentée propice à la restauration d'un système féodal du fait de l'effondrement des valeurs antérieures, puis instauration de l'ECM et donc unification du système féodal en Europe grâce à l'érection de valeurs communes préexistantes (valeurs préexistantes qui explique la non-universalité de l'ECM).
Ensuite, c'est bien beau les chiffres que tu avances, mais depuis quand est-il nécessaire d'être en majorité pour prendre le pouvoir ? Ex : prise de pouvoir des bolcheviks en 1917. Les divisions théologiques importent peu au final à partir du moment où la loi du Talion est de mise. Mais l'instauration de l'ECM, ça ne veut pas dire que la société est homogène, on le voit bien avec les inermes qui ne sont pas pratiquants.
Bref, j'aurais encore des choses à dire sur la religion en Europe (50% de protestants et orthodoxes en Europe, c'est en comptant la Russie j'imagine, parce que je ne crois pas qu'elle appartienne à l'ECM ; des athées en Europe oui, mais de culture chrétienne tout de même). Mais il est tard. En tout cas, je vous trouve tous les deux extrêmement tatillon sur le postulat de base qui est cohérent dans l'univers créé par François Baranger.
Il faudrait se faire des tchats-débats, parce que j'aurais tant de chose à dire sur la recontextualisation historique. Mais c'est l'heure du dodo, j'ai un peu de mal à faire un texte bien construit à cette heure-ci.
Au plaisir de discuter ;)
Pour faire vite, puisque de toute façon vous ne changerez pas d'avis ni l'un ni l'autre, la cohérence n'est pas forcément un problème, c'est bien la crédibilité qui est gênante.
RépondreSupprimerUne unique religion, j'ai du mal à y croire vu la situation actuelle du monde (même en gardant seulement l'Europe). La cohabitation aussi totale entre féodalité, religion et technologie, j'ai du mal à y croire.
Quant à l’homogénéité de l'ECM, elle me semble tout de même implicite, étant donné que nous n'avons aucune indication d'une situation contraire. Les inermes (qui sont tous croyants ou de culture catholique d'ailleurs...) ont justement l'air bien minoritaires. Et puis, quand on voit le nombre de personnes engagées dans la croisade et le nombre supposé de personnes restantes dans le monde, cela ne laisse pas énormément de place pour un contre-pouvoir...
Et pour information, ce problème de "suspension d'incrédulité" m'est venu très rapidement et très naturellement, sans que je cherche à intellectualiser la chose ou à chercher un problème.