L'Homme qui en savait trop, Laurent Alexandre & David Angevin, 2015, 332 pages.
Mathématicien et cryptologue, entre autres qualités, de la première moitié du XXème siècle, Alain Turing est notamment le fondateur conceptuel de l'ordinateur et l'un des participants au décryptage d'Énigma, la machine à coder nazie. Il aura pourtant fallu attendre les années 2000 pour que ses actions pendant la guerre soient officialisées et qu'il soit réellement sur le devant de la scène : des excuses publiques du gouvernement anglais en 2009, une grâce en 2013 par la reine Élisabeth II pour sa condamnation en 1952 pour homosexualité, un film à succès sur sa période de cryptologue en 2014 (l'excellent - bien qu'imparfait historiquement - "Imitation Game") et donc ce livre.
À la différence de "Imitation Game", L'Homme qui en savait trop s'emploie à décrire l'ensemble de la vie d'Alan Turing, passant finalement rapidement sur le décryptage effectif d'Énigma. En cela, les deux œuvres ne sont pas redondantes et se complètent même agréablement.
L'Homme qui en savait trop est un roman efficace. Écrit comme un thriller, les chapitres sont courts et sont surtout portés par la passionnante vie d'Alan Turing. Très prenant au démarrage, le récit a pourtant tendance à s’essouffler. Car si les chapitres concernant Alan Turing restent intéressants, le désintérêt pointe rapidement concernant la seconde trame du livre. En effet, jouant sur le doute concernant la mort du mathématicien et le contexte politique de l'époque, les auteurs proposent une petite chasse à l'assassin.
Finalement, le seul véritable problème de ce livre est qu'il a tendance à ne pas trouver son style, ou en tout cas à ne pas l'assumer jusqu'au bout. Le titre, le bandeau de couverture, la quatrième de couverture,... laissent à penser qu'il va y avoir plus que la simple vie d'Alan Turing. Or cette partie-là est franchement faible et globalement inutile. Et si l'intérêt de l'oeuvre se trouve juste d'être une bonne biographie romancée d'Alan Turing, alors elle se serait suffit en soi et toute la partie "sensationnaliste" se trouve être de trop.
Je reconnais parfaitement que ma légère déception provient d'une mauvaise attente de ma part vis-à-vis de ce livre - une attente bien guidée par les atours du roman - m'attendant à quelque chose de plus qu'une simple biographie romancée. Malgré ça, la lecture reste globalement passionnante tant il est intéressant d'en apprendre plus sur Alan Turing. N'hésitez donc pas à le lire si vous avez envie d'en savoir plus - si vous avez aimé "Imitation Game" par exemple. Mais lisez-le bien en tant que biographie romancée, et ayez bien à l'esprit que finalement, vous ne serez jamais certain de ce qui est vrai et de ce qui est inventé...
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