Aquaforte, K.J. Bishop, 2003, 376 pages.
Dans ma chronique précédente, Le Diable chuchotait, j'ai dit que le hasard faisait parfois bien les choses. Peut-être aurez-vous noté la présence du "parfois", qui n'était pas là par hasard. Car parfois, le hasard ne fait pas bien les choses. Comme avec Aquaforte.
Tout commençait pourtant mieux que prévu, les personnages de Gwynn et Raule étant plus intéressants et moins antipathiques que prévu après lecture de la quatrième de couverture. On les suit se retrouvant et fuyant ensemble vers la ville-état d'Escorionte. Bien que le style d'écriture soit basé en très grande partie sur la description, avec peu de dialogues, c'est plutôt sympa, dans une ambiance un peu western. Puis ils arrivent à Escorionte. Et rien ne va plus.
Vous pensez que l'histoire va vraiment commencer ? Au contraire. Il y a bien 150 pages, si ce n'est 200, où il ne se passe rien. On suit nos deux personnages, mais ils n'ont aucun but, et ils ne leur arrivent pratiquement rien. On les regarde vivoter de-ci de-là, et voilà. Raule est assez rapidement mise en retrait, avec un semblant de petite histoire qui ne mènera à rien. Quant à Gwynn, il trouve une eau-forte (un tableau gravé à l'acide), représentée sur la couverture du livre (en gros, et si j'ai bien compris), et s'en va chercher la femme dont la tête est représentée par le sphinx. J'ai envie de dire que l'utilisation de la couverture est le bon point du livre, sauf que ce n'est pas l'originale... Donnons un bravo à l'Atalante.
En fait, le peu d'histoires qu'il y a sont basées sur des histoires d'amour. L'amour entre Gwynn et Beth la graveuse, assez bizarre, entre l'artiste et sa muse autant qu'entre le sphinx et le basilic. Une sorte de rencontre entre âmes soeurs, fusionnelle et dévorante. Et puis il ne faut pas oublier l'amour à sens unique d'un autre personnage masculin pour un autre personnage féminin (je vous laisse du suspense... ou alors je n'ai juste pas les noms là comme ça), qui lancera la dernière partie du livre, où il y a un peu plus d'actions. En tout cas, tant qu'à n'avoir pas apprécié ce livre, je peux au moins me réjouir de le voir intégrer le challenge de Vert MSO(SFFF)L (si si, vraiment, même Wikipédia le dit (en anglais, et mieux que moi) : « The Etched City is a fantasy about love, unexplainable magics, and exile. »).
Bon, je suis assez négatif, mais vous pouvez y trouver de bonnes choses. C'est un roman exigeant à la lecture, du fait de la prépondérance des descriptions, mais qui doit pouvoir créer une vraie atmosphère pour peu de rentrer dedans. Surtout, il y a un vrai travail de réflexion sur, entre autres, l'art, la magie, l'amour et la religion. Sauf que cela manque pour moi d'une histoire de fond, où il se passe quelque chose. Parce qu'écrire pour écrire c'est bien beau, c'est artistique, et c'est surement très intéressant, mais moi ça m'ennuie.
Mais tu as une excellente excuse pour coller un coucher de soleil avec des palmiers à la fin de ta chronique, tout n'est pas perdu :D
RépondreSupprimerExactement !
RépondreSupprimerEt plein de rose en plus, ça égaye ce roman sombre. \o/