Les Contes suspendus, Guillaume Chamanadjian, Tome 5/6 de la Tour de Garde, Tome 3/3 de Capitale du Sud, 2023, 501 pages
Après
Le Sang de la Cité et
Trois lucioles,
Les Contes suspendus est la conclusion de
Capitale du Sud et le début de la fin pour l'inédite saga de
La Tour de Garde menée avec Claire Duvivier. Et si quelqu'un hésitait encore à se lancer en se demandant si la qualité serait au rendez-vous jusqu'au bout, iel peut maintenant commencer sans crainte.
S'il y avait peu de doute, après deux excellents premier romans, que Guillaume Chamanadjian allait nous offrir un nouveau très bon livre, la seule petite interrogation qui subsistait concernait la rencontre concrète entre les personnages des deux trilogies parallèles et comment chaque histoire allait se raconter, et encore plus se conclure, sans empiéter sur le récit de l'autre. Toute inquiétude est à dissiper : comme tout le reste de la série, c'est parfaitement maitrisé. Les espaces libres pour l'histoire de Claire Duvivier sont évidents et visibles, mais cela ne semble jamais forcés, chaque personnage gardant son histoire propre au sein de cet univers partagé, d'une manière qui fait totalement sens.
C'est admirable, au même titre que tout ce que propose Guillaume Chamanadjian ici.
Les Contes suspendus est une nouvelle fois un tome qui se dévore - quasi-littéralement tant il conserve jusqu'au bout son ambiance unique où la nourriture est importante. Les personnages sont mémorables, les petits rebonds et surprises sont régulières, la temporalité est palpable et l'ensemble fait sens en toutes occasions. Jusqu'au final qui parvient à la fois à être absolument logique, ne pouvant que se conclure ainsi, tout en ne faisant jamais ressentir un quelconque "passage obligé" plus faible, gardant de la fraîcheur jusqu'au bout pour un aboutissement parfait.
La fraîcheur, c'est un terme qui caractérise très bien cette lecture. Le confort aussi, tant il est confortable de retourner à Gemina et ses environs, où quelques pages seulement sont nécessaires pour s'y retrouver pleinement à l'aise. Et puis il y a le plaisir.
Capitale du sud est simplement un immense plaisir de lecture, de la première à la dernière page. Et je n'ai même pas évoqué l'habileté avec laquelle Guillaume Chamanadjian utilise la notion de conte, entre invention et réalité, et joue avec jusqu'au terme d'un intelligent épilogue. Il y aurait beaucoup à dire tant tout ce qui fait les trois tomes de cette série est excellent. Mais aucun mot ne vaudra la lecture de ceux de l'auteur.
«
Une pièce d'argent pour un conte en or » dit l'adage repris régulièrement durant la trilogie. Nul doute que le conte de Guillaume Chamanadjian est fait de l'or le plus pur, mais il vaut certainement bien plus d'une pièce d'argent.
Couverture : Elena Vieillard
D'autres avis : Tigger Lilly, Le Nocher des livres, Célinedanaë, Boudicca, Sometimes a book, ...