Les Chants de Nüying, Émilie Querbalec, 2022, 463 pages
Vingt-sept années. C'est le temps qu'il faudra au Yùtù, le gigantesque vaisseau-monde dirigé par Jonathan Wei, pour rejoindre la planète Nüying où une sonde a, des années plus tôt, enregistré d'étranges chants qui pourraient signaler une forme de vie. C'est pour étudier ces chants que Brume, bioacousticienne, est du voyage. Mais Jonathan Wei n'a peut-être pas que ce seul objectif en tête.
Les Chants de Nüying est un ouvrage étonnant, voire perturbant, car il ne faut pas se fier à ce qu'il laisse entrevoir par son titre, sa couverture et son résumé. Les Chants de Nüying n'est pas un roman de premier contact tel qu'on l'envisage habituellement. En tant qu'élément concret, les fameux chants ne sont qu'une fraction de la troisième partie du roman. Car avant l'exploration de Nüying, il faut d'abord préparer le lancement puis voyager. Ce n'est pas nécessairement un problème, mais il vaut mieux savoir où l'on met les yeux pour éviter une possible déception.
Cette différence entre les attentes et la réalité, cette manière dont les éléments moteurs des débuts laissent finalement la place à d'autres problématiques, m'a un peu rappelé une autre lecture récente, La Débusqueuse de mondes. Dans les deux cas j'ai autant eu de la sympathie pour un déroulé imprévisible et un changement de voies finalement assez réaliste qu'une légère frustration devant la non-concrétisation de ces mêmes voies. Un mot résume bien mon sentiment : c'est déstabilisant. Plutôt négativement au premier abord, à chaud. Plutôt positivement à froid, en y réfléchissant après coup.
Car une fois comprise et acceptée cette différence, et malgré une fin potentiellement grandiose mais surtout assez obscure, Les Chants de Nüying est un livre prenant et agréable à lire. Il n'est pas pleinement satisfaisant, il laisse des questions en tête, mais il crée aussi une aventure assez unique, tant par la culture dans laquelle il puise que par ses nombreuses pistes de réflexion sur la vie - rien que ça.
Il est des romans qui sont carrés, qui suivent leur cours de manière limpide, où chaque chose va gentiment à sa place. Il en est d'autres qui sont là pour surprendre le lecteurice, pour lui faire prendre des chemins qu'il n'aurait pas pu imaginer lui-même. Les Chants de Nüying est clairement de cette deuxième catégorie.
Couverture : Manchu
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