L'Anomalie, Hervé Le Tellier, 2020, 327 pages
En mars 2021, un vol Paris-New York fait face à une extraordinaire tempête. Si tout se termine bien et qu'il parvient à se poser, ce vol reviendra interférer quelques mois plus tard dans la vie de ses 243 passagers. Pour quelle raison ? L'explication intervenant après plus d'un tiers du roman, je vous en laisse la surprise.
L'Anomalie est indéniablement un roman d'imaginaire, puisque son élément central, qui fait exister le récit, est science-fictif. S'il apporte quelques thèses intéressantes, son traitement "technique" restera limité. Hervé Le Tellier préfère se concentrer sur l'aspect humain et particulièrement sur les conséquences pour 11 personnes liées à ce vol, chacun et chacune en proie à un basculement dans sa vie.
L'appréciation d'un livre tient évidemment de sa qualité propre, mais aussi de conditions externes, comme les lectures qui l'ont précédé ou les attentes qu'il suscite. Dans mon cas, ces deux exemples ne sont pas fortuits. Ma lecture précédente fut [anatèm] de Neal Stephenson, un roman qui, étonnamment, peut être relié à L'Anomalie sur un certain point. Sauf que la comparaison, injuste, ne tient pas et fait juste paraitre L'Anomalie comme un ouvrage assez pauvre sciencefictivement parlant. Il n'est pourtant pas mauvais, mais il m'est apparu trop limité.
Reste alors l'autre aspect du roman, le principal, l'humain. C'est là que la carte Goncourt entre en jeu. Je ne connais pas particulièrement ce prix - il me semble n'en avoir lu qu'un - mais, vu son "prestige", j'imaginais qu'il récompensait une oeuvre sortant au minimum de l'ordinaire. Or j'ai trouvé L'Anomalie tout à fait lambda. C'est loin d'être un mauvais livre. Il se lit très facilement, il y a quelques très bons éléments et il est bien écrit, dans le sens où toutes les pièces du puzzle - ou les briques de lego rouges - finissent par s'emboîter parfaitement. Mais j'ai trouvé ça assez commun. Il n'y a rien de réellement marquant et j'ai l'impression d'avoir, pour chaque aspect du livre, déjà lu mieux ailleurs, sans que l'agrégat n'apporte un vrai plus.
Mauvais timing donc pour ma lecture de L'Anomalie, même si je pense qu'il n'aurait de toute façon jamais dépassé le stade du 'correct'. Surtout que la petite mise en abyme qui parsème ses pages à travers le personnage de Victor Miesel, qui laisse à penser que le lecteur est trop idiot pour apprécier un tel roman et ses caractéristiques soi-disant inhabituelles, m'aurait de toute façon déplu. Mais vu le nombre de lecteurices apparemment conquis, je me contenterai d'être cette fois l'anomalie.
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