samedi 31 mai 2025

A.E. Van Vogt - Le Cycle de Linn

Le Cycle de Linn, A.E. Van Vogt, 1956-1962, 394 pages

Sur une Terre future, quelques millénaires après une apocalypse nucléaire, les vestiges de cette catastrophe sont devenus à la fois une sorte de religion, un moteur technologique pour l'expansion galactique et un danger toujours vif. C'est à cause de ces radiations que Clane Linn, fils de l'Empereur régnant sur la Terre, est né difforme. Mais alors que les mutants sont d'ordinaire rejetés voire tués, Clane va être protégé et va se révéler d'une intelligence hors norme.

Cette intégrale du Cycle de Linn se compose de deux courts romans dont l'enchaînement est plus que bienvenu car c'est ensemble qu'ils forment un véritable récit. Ou en tout cas quelque chose s'en rapprochant plus que la longue introduction/présentation que semble être le premier tome, L'Empire de l'atome, une fois sa dernière page tournée. Il permet tout de même de découvrir ce monde mi-futuriste mi-ancien et surtout le personnage atypique de Clane Linn, handicapé physique en proie à des difficultés dans les relations sociales et à l'esprit à part. Même si malheureusement les deux premiers éléments vont peu à peu s'atténuer au fil des pages, laissant Clane dans un schéma de "génie différent de la norme" bien plus commun.

Une autre facette du récit est elle aussi atypique : son ambiance. L'atmosphère dégagée est assez étrange, avec peu d'émotions, un peu comme si tout était capitonné. Les enjeux qui finissent par se dévoiler, surtout dans le deuxième tome, Le Sorcier de Linn, sont assez démentiels et pourtant tout se déroule de manière assez clinique, très calmement, sans rendre pleinement compte du caractère extraordinaire des évènements. Ça manque de chaleur et d'un sentiment d'urgence.

Le Cycle de Linn est donc un ouvrage globalement atypique. Mais, une fois n'est pas coutume, ce n'est pas forcément avec une finalité très positive. Ce n'est pas un mauvais récit mais il n'est pas non plus particulièrement bon. Un peu à l'image de son ambiance, et malgré son potentiel, c'est un ouvrage assez neutre.

Couverture : Atelier Octobre Rouge / Traduction : Pierre Billon
D'autres avis : Anne-Laure, ...

dimanche 25 mai 2025

Louise Carey - Aux ordres

Aux ordres, Louise Carey, Tome 1/3 de Le Programme Harlow, 2021, 441 pages

Dans un futur où la société est dirigée par des corpos, Tanta, jeune femme formée depuis l'enfance par InTech, s'apprête à effectuer sa première mission pour l'entreprise : récupérer un disque dur volé. La mission est en apparence simple mais elle va l'entraîner dans une quête plus lointaine et la plonger dans une lutte de pouvoir où elle pourrait bien à son insu avoir un rôle majeur.

Aux ordres prend place dans un futur proche légèrement cyberpunk : outre les territoires divisés entre états-entreprises, les technologies sont encore plus omniprésentes et avancées, chaque individu ou presque étant amélioré pour y accéder directement. L'histoire quant à elle est un mélange d'action et de thriller d'espionnage. Aucun de ces deux éléments n'est révolutionnaire ou grandement original : le cadre est commun et le récit ne comporte pas de grande surprise, les rebondissements se devinant toujours un peu avant qu'ils arrivent.

Pourtant, Aux ordres est un bon roman. Il ne fait rien d'extraordinaire mais ça ne l'empêche pas de faire les choses bien. Il part d'une bonne idée de base et construit autour une intrigue efficace. Il repose surtout sur un duo de personnages sympathiques qui évoluent logiquement. Aux ordres est sans hésitation dans le groupe des bonnes lectures, celles qui ne bouleversent pas le monde mais qu'on lit avec un réel plaisir. Et qui donnent totalement envie de poursuivre l'aventure avec les tomes suivants, ce qui est indéniablement un bon signe.

Couverture : Simon Prades / Traduction : Florence Bury
D'autres avis : Le Maki, Le nocher des livres, ...

lundi 19 mai 2025

Stuart Turton - Dernier meurtre au bout du monde

Dernier meurtre au bout du monde, Stuart Turton, 2024, 435 pages

Toute la Terre a été recouverte par un mystérieux brouillard tuant tout sur son passage. Toute ? Non, une dernière île résiste encore et toujours à l'envahisseur. Une centaine d'habitants y survit dans une ambiance paisible. Jusqu'à ce qu'un meurtre y soit commis et que le système de protection entourant l'île soit désactivé. Le seul moyen de le remettre en place ? Résoudre le meurtre.

Dernier meurtre au bout du monde prend place dans un univers post-apo qui n'a rien de révolutionnaire mais qui fait le boulot et qui comporte quelques surprises de plus que ce pitch, comme un narrateur réellement omniscient. Ce n'est de toute façon pas un roman post-apo : c'est un polar prenant place dans un univers post-apo. Ce dernier a une fonction essentiellement utilitaire, c'est un cadre permettant de créer des situations inédites et de complexifier l'intrigue.

Assez logiquement, Dernier meurtre au bout du monde n'est donc pas un très bon roman post-apo. Ce n'est pas non plus un très bon polar, étant sur ce point aussi un peu trop limité. Mais l'alliance des deux parvient tout de même à en faire un bon roman, créant quelque chose d'assez différent. Et puis il conserve le plaisir de voir toutes les pièces finir par s'imbriquer.

De tous les romans de Stuart Turton, Dernier meurtre au bout du monde reste toutefois à mon sens le moins bon des trois, notamment parce qu'il ne parvient pas à se départir d'un certain côté trop artificiel, créant une distance et un manque de passion. S'il est à déconseiller à celleux ayant déjà trouvé L'Étrange Traversée du Saardam trop faible, il reste néanmoins tout à fait envisageable pour celleux que ça n'a pas dérangé.

Couverture : Rémi Pépin - David Mano / Traduction : Cindy Colin Kapen
D'autres avis : Le Maki, ...

mardi 13 mai 2025

Paolo Bacigalupi - Les Cités Englouties

Les Cités englouties, Paolo Bacigalupi, Tome 2/3 des Cités englouties, 2012, 342 pages

Mahlia et Mouse sont deux jeunes orphelins qui survivent à Banyan Town, à proximité des Cités englouties. Mais dans un monde où les seigneurs de guerre se battent pour le contrôle du territoire à coup d'enfants-soldats, l'avenir ne peut être que sombre. Encore plus quand on est une bâtarde avec un moignon à la place de la main droite. La rencontre avec Tool, un mi-bête à la puissance dévastatrice, pourrait-elle changer leur destin ?

Les Cités englouties n'est pas réellement la suite de Ferrailleurs des mers. Il se situe dans le même univers post-apocalyptique où les eaux sont montés, modifiant totalement le sens du monde et les avancées technologiques. Et il partage le personnage de Tool, hybride génétiquement modifié, moitié-humain moitié-animal. Pour le reste, et même pour cela, c'est totalement indépendant. La preuve : je l'ai totalement apprécié sans me souvenir du 'premier'.

Les Cités englouties partage une dernière chose avec Ferrailleurs des mers : toutes ses qualités. C'est une bonne histoire, efficace et bien rythmée - sans temps mort mais sans jamais non plus donner l'impression d'aller trop vite -, prenante de la première à la dernière ligne. Le récit est loin d'être gentillet, il baigne dans la guerre et les situations dramatiques, mais est pourtant toujours agréable à lire. C'est de la vraie bonne littérature d'action-aventure, simple mais pas simpliste, efficace dans son déroulé, attachant par ses personnages, intelligent dans son propos en arrière-plan sur la guerre et les décisions impossibles qui font la survie. et le tout accessible au plus grand nombre. Une très bonne lecture.

Couverture : Olivier Fontvieille / Traduction : Sara Doke
D'autres avis : Xapur, ...

mercredi 7 mai 2025

Jocelyn Nicole Johnson - Mon nom dans le noir

Mon nom dans le noir, Jocelyn Nicole Johnson, 2021, 211 pages

Le chaos règne à Charlottesville. Les avions ne volent plus, l'électricité est coupée, les services sociaux sont à l'arrêt. Des groupes de suprémacistes blancs prennent les armes pour faire régner leur loi. C'est dans ce contexte qu'un groupe d'habitants de First Street, mené par Da’Naisha, va parvenir à fuir à bord d'un bus. Et trouver refuge dans les collines, dans un lieu abandonné : Monticello, l'ancienne plantation de Thomas Jefferson.

Mon nom dans le noir n'est pas un post-apo, c'est une apocalypse tout court. Pas une apocalypse avec bombe nucléaire ou épidémie de zombies mais une apocalypse à petite échelle, totalement réaliste et crédible au vu des évènements passées et présents. Mais ce qui est surement le plus apocalyptique dans tout ça, c'est son côté inéluctable et désespérant.

Mon nom dans le noir n'est pas un livre joyeux. C'est un livre de survie qui fait peur et qui fait mal, mais qui ne tombe pourtant pas dans l'angoisse pure, qui parvient à rester une lecture 'agréable', toute proportion gardée. Si le cadre est apocalyptique, le ressenti est à un degré moindre. En partie grâce à ce qui se dégage de positif et de solidaire de ce groupe hétéroclite de personnages. Aussi parce que le récit est ramassé sur quelques jours et ne se prolonge pas sur des centaines et des centaines de pages. Il n'y a pas besoin de plus. Mon nom dans le noir est un condensé, pas si exacerbé que ça, des préoccupations et du climat racial actuel.

Couverture : Kishan Rajani / Traduction : Sika Fakambi
D'autres avis : Le nocher des livres, ...

jeudi 1 mai 2025

Bulles de feu #73 - Avril 2025

Un petit récapitulatif de mes lectures BDs/mangas/comics du mois, pour en garder une trace.
Le classement est absolument imparfait, insatisfaisant et un peu aléatoire mais peut donner un ordre d'idée. Les avis sont (ultra)brefs, n'hésitez pas à demander un complément d'informations en commentaire si nécessaire.

Mouais


Le Bateau de Thésée T.8-10/10 - Toshiya Higashimoto

Une déception dans la continuité des tomes précédents. C'est trop long pour pas grand chose et la résolution est ok mais fait de la série un manga purement "fantastique aléatoire" et pas un bon polar.
Bien / Ok / Correct


Vagabond T.11/37 - Takehiko Inoue

Un tome de transition, plus métaphysique qu'actif.


Midnight Tales T.1/4 - Mathieu Bablet, Gax, Guillaume Singelin et Sourya

Un ouvrage comportant 4 BDs et 1 courte nouvelle consacrées à l'Ordre de Minuit, une organisation de sorcières gérant et combattant les forces obscures via des groupes de magical girls, ainsi que quelques courts dossiers sur l'histoire de la magie et des mythes. Les histoires n'ont rien d'extraordinaire mais le projet est vraiment original et sympa dans son principe, ça donne envie de poursuivre juste pour ça.
Très bien


Là où gisait le corps - Ed Brubaker et Sean Phillips

Une BD très bien menée et très maline, dans sa présentation et son déroulé, qui est loin d'être le polar qu'elle laisse imaginer, se concentrant plus sur des portraits de personnages dont les vies vont se croiser.


La petite lumière - Grégory Panaccione et Antonio Moresco

Une jolie petite histoire fantastique qui correspond très bien au style de Grégory Panaccione, touchante et avec une vraie aura malgré un sujet peu joyeux.