Crime, Meyer Levin, 1956, 387 pages.
Cela fait des années que je connais vaguement ce livre, me l'ayant vu conseiller mais sans jamais le trouver (ou véritablement y penser). Et bien voilà, ça y est. Et l'attente valait le coup, ne serait-ce que pour la couverture : tout le monde ne peut pas se targuer d'avoir en couverture un extrait d'un tableau d'Edward Hopper (Room in New York pour être précis).
La particularité de Crime est que le récit est basé sur une histoire vraie. Mais ce n'est pas n'importe quel fait divers que l'auteur aurait choisi de mettre sur le papier, puisque l'auteur a réellement vécu l'affaire Leopold & Loeb (affaire ayant donné lieu à plusieurs autres adaptations, dont un film d'Hitchcock), en tant qu'ancien camarade de classe et reporter. C'est donc d'un point de vue un peu particulier que se déroule l'histoire. Et bien qu'elle s'avère forcément en partie romancée et qu'il faille toujours lire ce genre de chose avec un esprit critique, je pense que l'on peut dire que l'histoire est proche de la réalité.
Je ne peux pas parler de Crime sans évoquer Les mille et une vies de Billy Milligan, puisqu'on y retrouve nombre de faits communs. Outre qu'il s'agisse dans les deux cas d'histoires vraies romancées par un auteur impliqué dans le récit, ces deux affaires ont fait acte de jurisprudence dans la justice américaine. C'est encore plus remarquable dans Crime où le livre est divisé en deux parties : le crime (où s'emmêlent le présent après l'acte, et le passé) et le procès. On notera aussi que les deux livres ne sont pas forcément objectifs, ayant tendance à mettre en avant et à rendre sympathiques les coupables, ne serait-ce que par l'absence d'importance donnée aux victimes. Je peux comprendre le but de ce procédé, mais je sais aussi que cela pourra en rebuter certains.
Pour en revenir plus précisément à Crime, je l'ai trouvé simplement fascinant. Ce n'est pas du voyeurisme autour d'un crime, ce qui importe n'est pas l'acte en lui-même mais bien plus l'approche psychologique et philosophique qu'on peut en avoir (comme l'Übermensch de Nietzsche qui est partie intégrante du récit). Et en me relisant je découvre toute l'ironie de cette dernière phrase, puisque c'est globalement la même optique que Leopold & Loeb.
Ce n'est assurément pas un livre que tout le monde aimera. Mais il ne pourra pas non plus vous laisser indifférent. Et il vous donnera de quoi occuper votre cerveau pendant quelques temps.
J'avais beaucoup aimé ce livre moi aussi.merci pour la redirection sur "Les mille et une vies de Billy Milligan" que je ne connais pas. Tu me donnes envie de le lire !
RépondreSupprimerSi tu as aimé Crime, il y a effectivement une chance pour que tu aimes le livre de Daniel Keyes.
RépondreSupprimerIl est un peu plus compliqué (ne serait-ce que dans son approche, un beau pavé), et a un aspect psychiatrique plus important, mais c'est du tout bon ! N'hésite pas à l'essayer (et à m'en donner des nouvelles si tu le lis). =)