vendredi 7 juin 2024

Claire North - 84K

84K, Claire North, 2018, 551 pages

Théo Miller, la personne se faisant appeler Théo Miller, mène une vie moyenne, à dessein. Que ça soit dans son travail au bureau d'audit des crimes ou dans la colocation où il vit, il fait tout pour ne pas faire de vagues et rester dans le rang. Jusqu'au jour où sa petite amie de jeunesse reprend contact, déclenchant une réaction en chaîne qui va peu à peu le voir s'émanciper de sa vie si bien réglée.

Il est possible de présenter l'histoire de 84K sous plus d'un angle. Celui-ci dessus est factuel des premiers éléments de l'intrigue. Mais il ne rend compte que d'une des deux temporalités qui se chevauchent au fil des pages, la plus ancienne. Il ne rend pas non plus compte d'une certaine ambiance road-trip post-apo qui englobe le tout. Ni qu'avant ça, c'est surtout une Angleterre dystopique qui est dépeinte, son capitalisme ayant atteint un cran supérieur, jusque dans la criminalité qui n'est qu'une question d'argent comme une autre. Le panorama n'est peut-être pas encore complet mais il représente déjà un peu plus ce qu'est ce roman : un brassage d'éléments divers qui parviennent à former un tout assez unique.

Évacuons-le tout de suite : 84K a des défauts et des faiblesses. Il est un peu trop long, il comporte quelques facilités ou improbabilités et l'un de ses personnages présenté comme principal n'aboutit finalement à rien, restant un simple figurant. C'est un roman qui est loin d'être parfait, et c'est surement le livre de Claire North que j'ai trouvé le moins excitant à la lecture. Pourtant, c'est aussi un texte tout à fait marquant.

Théo est un personnage qui n'a rien de particulièrement sympathique et qui n'est pas une figure héroïque habituelle. Il a une certaine apathie qui est très bien rendue par l'ambiance du récit, si bien que si je ne devais retenir qu'une seule chose de ce roman, ça serait celle-ci. Malgré cette apathie, le récit n'est pour autant jamais ennuyant ou mou à lire, grâce au style dynamique de Claire North, fait de nombreuses phrases courtes - si courtes qu'elles ne sont même pas toujours terminées - et de changements réguliers de temporalité. Avec aussi une vraie tension dans l'intrigue, à laquelle se mêle constamment une critique sociale via cette dystopie qui semble à portée de main. 84K n'est clairement pas parfait. Mais à défaut de l'être, il a ce petit truc qui en fait un livre unique.

Couverture : © plainpicture/NaturePL/Stephen Dalton / Traduction : Annaïg Houesnard
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10 commentaires:

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    1. @Tigger Lilly : Non, elle avait déjà une bonne expérience et des pépites derrière elle, ce n'est pas ça qui peut expliquer les petits défauts. ^^

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  2. Je l'ai dans ma liseuse et pas encore lu. Ou plutôt je l'avais commencé mais vite abandonné mais je vais lui laisser une seconde chance. ;-)

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    1. @Le Maki : Le début est assez représentatif de l'ambiance générale - même si ses qualités mettent un peu de temps à se dévoiler et à s'apprécier - si ça ne refonctionne pas cette fois je ne sais pas si ça vaut le coup de persévérer.

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  3. Halala... Encore une autrice à suivre, c'est ça?

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    1. @Alys : Après "La Maison des jeux" et "Les Quinze premières vies d'Harry August" je n'en doutais déjà plus. ^^

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  4. Tiens c'est étrange, j'ai l'impression que c'est une des premières chroniques que je vois passer sur ce roman, alors que l'autrice commence à être appréciée de la blogo. Je le note dans un coin, merci.

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    1. @shaya : C'est un peu un roman "d'avant la hype", ça explique sûrement un peu.

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  5. Bon ça tombe bien c'est pas celui-ci que j'ai en stock 😂

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    1. @Vert : Ahah. Mais que ça ne soit pas une raison pour ne pas sortir celui que tu as de la PàL !

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