En 1903, lors du sixième Congrès sioniste, Théodore Herzl propose la création d'un état juif en Afrique. C'est le "Projet Ouganda", projet qui sera rejeté après l'envoi d'une mission sur place. Et si... Et si l'État d'Israël ne s'était pas créé au Moyen-Orient mais en Afrique ?
"Et si... ?". La phrase synonyme d'uchronie. Aucune terre n'est promise est une uchronie, indéniablement. Mais si l'expression n'était pas irrémédiablement galvaudée, on pourrait presque dire qu'elle est plus qu'une uchronie. Car si l'on s'attend à juste découvrir ce qui aurait pu se passer avec une installation juive massive en Afrique, on risque d'être surpris devant la tournure des évènements qui fait appel à d'autres tropes de la SF. En tout cas moi j'ai été surpris. Agréablement, je crois.
Aucune terre n'est promise a une qualité primordiale : bien qu'il s'agisse d'un ouvrage à message, ou tout du moins à réflexion, son récit tient la route et s'apprécie pour lui-même, sans que l'enjeu intellectuel prenne le pas sur l'enjeu 'physique'. C'est un roman agréable à lire, qui a de légères tendances mindblowing, notamment dans ses petites mises en abyme, mais qui réussit l'exploit de rester toujours suffisamment palpable.
Aucune terre n'est promise m'a un peu rappelé Ring Shout de P. Djèli Clark. Plus pour mon ressenti à la lecture que pour les histoires en elles-même - et encore, les deux se servant finalement des codes de l'imaginaire pour évoquer de manière flagrante une situation de notre réalité. Ainsi, si je ne peux pas dire que j'ai eu un attachement immense pour les personnages, le récit m'a gagné à sa cause au fil des pages. Et si ce n'est pas le grand coup de coeur, j'ai un profond respect pour cette oeuvre dont je n'ai certainement pas réussi à saisir toutes les subtilités et intelligences. La "faute" à une certaine nébulosité qui - et c'est un peu un comble - est aussi l'élément qui m'a sûrement permis de trouver mon chemin et mon plaisir entre ses pages. Une seule chose compte : c'est très respectable et très recommandable.
Couverture : Kévin Deneufchatel / Traduction : Julien Bétan
D'autres avis : Tigger Lilly, Lhisbei, Gromovar, TmbM, Yuyine, Cédric, Marc, Sometimes, ...