Au programme du jour, deux séries que rien ne rapproche à première vue. Et pourtant, quand on y regarde de plus près, les deux peuvent parfaitement répondre à cette définition : « une première saison, comportant peu d'épisodes, portée par un acteur charismatique qui laisse néanmoins de la place aux rôles secondaires, qui à défaut d'être parfaite est efficace et donne envie de voir la suite sans trop savoir où celle-ci nous mènera ».
Kidding, Saison 1, 2018, 10 épisodes de ~30 minutes
Jeff Pickles est le présentateur, depuis de très nombreuses années, d'une émission de télévision de marionnettes pour enfants. Apprécié de tous, Monsieur Pickles est la gentillesse incarné. Mais la gentillesse peut-elle suffire à vous faire survivre quand vous perdez un enfant dans un accident et que votre famille se délite ?
Kidding c'est indéniablement Jim Carrey. Michel Gondry aussi certes, à la réalisation, qui apporte indéniablement sa patte. Et Mais Jim Carrey est tellement parfait dans le rôle de Jeff Pickles - tellement crédible que cela en devient presque effrayant - qu'il est une raison suffisante pour regarder la série. Il faut bien sûr ne pas être allergique à l'acteur, mais sachez qu'il est ici dans un rôle plus doux, loin de ses grimaces incessantes, mais toujours avec son charisme inimitable. Pour autant les personnages secondaires ne sont pas en reste et l'équilibre se fait très bien.
Kidding est l'essence du tragicomique, entre une histoire sombre d'un homme qui tente de survivre dans un monde violent auquel il n'est pas adapté et la douce folie qui se dégage de nombreuses scènes et histoires secondaires. Kidding n'est pas une série triste ou une série drôle, c'est un réel entre-deux qui vaut surtout pour ses moments de pure poésie et pour l'inventivité qui est mise à l'oeuvre, et ce dès le générique qui change à chaque épisode.
Attention, Kidding est indéniablement une série particulière qui n'est pas nécessairement facile d'accès. J'ai personnellement mis quelques épisodes avant de m'y sentir vraiment à l'aise et d'avoir une vraie envie de la poursuivre, la série trouvant aussi réellement son rythme et son ton dans la seconde moitié de la saison. Mais la récompense est à la hauteur de l'attente, par un style propre, différent et quelques moments magiques.
Taboo, Saison 1, 2017, 8 épisodes de ~60 minutes
Londres, 1814. James Delaney rentre au pays, peu après la mort de son père, alors que tout le monde le pensait mort en Afrique. Homme changé par son récent passé, son retour vient bouleverser les plans de la royauté et de la Compagnie des Indes orientales en pleine guerre anglo-américaine. Pourquoi ? Vous regarderez.
Beaucoup n'auront besoin que d'un argument pour avoir envie de regarder Taboo : Tom Hardy. Et ils auront raison. Outre d'être avec son père et Steven Knight l'un des créateurs de la série, il en joue le personnage principal. C'est d'ailleurs faux, il ne le joue pas, il l'incarne, il l'habite, tant sa présence à l'écran est hypnotisante. Une performance magistrale, dans la lignée (pour la présence) de son rôle d'Alfie Solomons dans Peaky Blinders.
Et dans le même temps, si James Delaney est un personnage éminemment central, la série parvient à créer et faire graviter autour de lui de nombreux autres personnages qui sont chacun très bien caractérisés et s'assemblent très naturellement - exception faite peut-être de Zilpha avec laquelle j'ai eu plus que du mal. C'est d'ailleurs l'une des grandes forces de la série, ce sentiment de logique et de naturel, ce qui ne veut nullement dire que la série est prévisible, bien au contraire.
Du côté des défauts, la série est peut-être un poil lente au démarrage, mais cela monte en rythme et en puissance au fil des épisodes. Il faut aussi parler de la violence. Si celle-ci participe de la noirceur du cadre et des personnages, était-il vraiment nécessaire qu'il y ait toujours une ou deux scènes par épisode qui donnent envie de détourner le regard ?
Taboo est prévue pour durer trois saisons et cette première vient en clôturer le premier arc de manière satisfaisante, bien au-delà d'une simple introduction. Où ira la deuxième saison ? Tout est possible, et c'en est d'autant plus intéressant. Et qu'importe où cela ira : le plaisir de revoir Tom Hardy suffira.