Super-Héros, Recueil collectif, 2014, 168 pages.
Alors que les super-héros sont plus que jamais à la mode et que les films, notamment, qui leur sont consacrés déferlent sur nos écrans, Elenya Editions a eu la bonne idée de consacrer un recueil de nouvelles à cette thématique. Avec l'ambition de s'éloigner des habituels clichés et de s'approprier le sujet de diverses manières. Notons dès à présent que chaque récit est accompagné d'un superbe dessin de Jimmy Rogon (à chaque fois sous la forme d'une couverture de comic).
Et l'originalité est au rendez-vous. Ici, point d'aventure classique de gentil contre méchant pour sauver le monde. Car, avant tout, le super-héros, ou tout du moins son pouvoir, n'est pas forcément si exceptionnel que cela. Et puis, il faut réussir à se l'approprier ce pouvoir qui fait rêver les foules. Sans compter que les super-vilains ne sont jamais loin, ni l'attrait du côté obscur de la force. Jusqu'au jour où il faut penser à sa succession...
Attardons-nous rapidement sur chaque texte, en commençant par ceux pour lesquels je dois avouer être passé plutôt à côté. "Colorman" de Christophe Gallo m'a essentiellement mis mal à l'aise et je n'ai pas réussi à envisager un quelconque double sens. "Le Cambrioleur masqué" de Tiphaine Levillain (le plus "classique" des textes avec une tentative de polar en quelques pages) et "Mauvais plan" de Doris Facciolo pâtissent d'un manque de surprise général, deux nouvelles à chute dont les chutes n'étonnent pas vraiment. Quant à "Thérapie" de Rémy Garcia, le texte est maîtrisé et sympathique, mais j'ai eu le problème d'être absolument certain de la chute au bout de la deuxième page...
Je suis plus enthousiaste avec tout le reste. Dans un genre (presque) aussi troublant que la nouvelle de Christophe Gallo, "Mille éclats" de Davy Artero a réussi à me garder jusqu'au bout malgré son étrangeté. "Worms" de John Steelwood et "L'Apocalypse selon Jonas" de O'Scaryne font partie des rares textes du recueil à avoir des fins assez ouvertes : j'ai aimé le côté machiavélique du premier ; le deuxième réussit à avoir une ampleur inattendue pour un sujet déroutant au premier abord.
Si j'ai déjà cité quelques nouvelles à chute ayant fait un flop, il y en a tout de même qui sont parvenus à mieux. "L'interview" de Louise Laurent, où je suis fait avoir comme un débutant, en est le parfait exemple. "Retraite anticipée" de Camille Courtain et "Apprenti" de Florent Baudry, deux nouvelles à la thématique proche, ont tout aussi bien fonctionné. Mais ma préférée du recueil n'est pas un récit qui tient sur sa chute : "Super 8" de Thomas Geha est une nouvelle très drôle de bout en bout, une utilisation parfaitement déjantée du super-héros (j'ai même envie de dire qu'avec cette nouvelle, "ça plane pour moi").
Super-héros est un recueil vif où l'on ne s'ennuie pas. En onze courts textes, on retrouve quasiment onze visions différentes du super-héros, onze idées originales que ce soit dans le style, le genre ou le sujet. Et même si aucune des nouvelles n'est véritablement exceptionnelle, la grande majorité est de bonne qualité et l'on passe un sympathique moment à la lecture de ce recueil.
Livre gagné chez Doris, merci à elle (Ô ingrat que je suis).
Sixième participation au Challenge Francofou
Vingt-sixième participation au challenge SFFF au féminin